Chapitre 2: Un réveil mouvementé
Des formes et des couleurs s'offrent devant ses yeux. Etonnant cette nouvelle façon d'appréhender le monde. Après un temps interminable passé dans le noir, elle peut enfin distinguer les nuances qui parsèment son nouveau champ de vision.
Cependant, ses yeux lui font encore mal. Ils n'étaient pas habitués à être ouverts.
Elle mit un certain temps à distinguer ce qui l'entourait. Ces formes et ces couleurs claires étaient des hommes et des femmes. Ils la regardaient de haut vu qu'elle était allongée.
Elle ne parvenait pas à bouger, ses muscles étant trop faibles. Tout ce qu'elle pouvait faire c'était regarder ces nouveaux visages, les analyser, les comparer.
C'était une toute nouvelle expérience de découvrir la forme d'un visage, la couleur des cheveux, les imperfections des traits. Cette imperfection justement rassurait Maëlli. Ils étaient des hommes après tout. Mais où était-elle en réalité ?
- Où suis-je ? demanda-t-elle d'une voix enrouée.
- Tu es à l'hôpital Maëlli, lui répondit une voix timide et féminine.
La personne qui lui avait répondu avait les cheveux coupés courts. Il s'agissait d'une femme apparemment. Elle le remarquait par la finesse de ces traits, mais surtout par un maquillage discret.
- Hôpital ? tenta-t-elle de dire.
- Oui, mais ne t'inquiète pas, s'empressa de répondre cette femme en se précipitant au chevet de Maëlli. Tout ira bien.
Elle prit la main de Maëlli au creux de la sienne. Ce contact qui se voulait calme et réconfortant la surprenait. D'instinct, Maëlli effaça ce semblant d'intimité en rejetant ce contact.
- Qui êtes-vous ? demanda-t-elle méfiante et sur ses gardes.
- Nous sommes tes parents, ma chérie. Répondit un homme démesurément grand, aux cheveux poivre et sel et au regard fatigué.
- Mes...parents ? Mais qu'est-ce que... ? Où est Dimitri ?
Elle s'affolait à présent en repensant à ce qui s'était passé auparavant. La vie bien au chaud dans cette cuve. La conversation quotidienne avec Dimitri. Ses soi-disant parents se regardèrent, davantage inquiets à présent.
- Ma chérie, qui est ce Dimitri ? demanda la femme tout en remontant la couverture de Maëlli jusqu'à ses épaules. Un ami à toi ?
- Il est plus que ça, s'emporta-t-elle en se relevant quelque peu. Où est-il ?
- Je...je ne sais pas, répondit la femme, quelque peu mal à l'aise.
- Vous mentez ! Vous l'avez capturé, avouez ! C'était vous dans la salle des cuves !
- Ooooh docteur, faites quelque chose, elle divague.
En une seconde, un grand homme en blouse blanche, accompagné de deux autres hommes, eux aussi en blouse blanche, lui prit le bras, tandis que ses acolytes la retenaient de tout geste brusque. Malgré tout, Maëlli tenta quand même de ne pas leur faciliter le travail.
Agitée, elle n'eut cependant pas l'énergie de contrer la force de ces trois hommes. Le « médecin » lui administra une sorte de tranquillisant qui fit effet rapidement.
Encore une fois, elle retombait dans l'obscurité, l'inconnu. En rouvrant les yeux, elle constatait qu'elle était seule.
Il faisait nuit, car les lampes de sa « chambre » étaient toutes allumées.
Elle voulait sortir de cet état de léthargie, mais quelque chose entravait ses mouvements. Ils l'avaient attaché. S'il s'avérait qu'ils étaient ses parents, pourquoi lui faire subir un traitement pareil ?
Elle avait eu raison de se méfier de ces gens, et de cet endroit. Elle était toutefois trop faible pour sortir d'ici. Encore une fois, elle dépendait des autres ou de quelque chose qui la dépassait.
Elle en profita néanmoins pour s'habituer à sa nouvelle capacité : la vue. Même si le décor environnant n'était pas exceptionnel, elle avait une chance inouïe de recouvrir un sens important.
La chambre était blanche du sol au plafond. Il y avait une petite table au bout de la pièce avec un lavabo rudimentaire, blanc lui aussi. Peut-être sa vue lui faisait défaut. Elle aurait donné n'importe quoi pour vivre ça avec Dimitri. Qu'était-il devenu ? Que lui avait-on fait ?
En réponse à ses questions, elle aperçut une petite tête dépasser de la porte d'entrée. Cette dernière étant entièrement ouverte, cela permettait sans doute à ses geôliers de garder un œil sur elle.
Cette tête donc lui semblait familière. Les cheveux noirs, les yeux noirs, le teint pâle, l'homme qui se matérialisait face à elle était sans hésitation Dimitri. Il devait avoir une trentaine d'années.
- Dimitri ! cria Maëlli en essayant de lever les bras.
- Sois discrète, murmura-t-il en s'approchant d'elle. Ils peuvent nous entendre.
Sans l'avoir jamais vu, elle savait que c'était lui. Sa voix et sa démarche ne trompaient personne.
Il s'assit aux côtés de Maëlli et la dévisagea longuement. Elle aurait voulu crier pour qu'il la sorte de là, mais elle restait tout autant fascinée par lui que lui par elle.
- Qu'est-ce que tu attends ? lui demanda finalement Maëlli en secouant ses poignets retenus par des sangles.
- Laisse-moi te regarder avant, dit-il en touchant délicatement le visage de la jeune fille. Je veux profiter de cet instant.
- On n'a pas le temps, s'énerva-t-elle petit à petit. Ils vont revenir.
- D'accord, d'accord.
Il prit toutefois son temps pour lui enlever les sangles. Cette nonchalance commençait à l'inquiéter. N'était-il pas lui aussi pris au piège ?
Libérée de ses chaînes, elle quitta rapidement son lit pour se diriger vers la sortie. Mais elle fut arrêtée net par Dimitri.
- Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda-t-elle en essayant de le pousser hors de la porte.
- Je ne te conseille pas de partir de cette manière, lui dit-il calmement.
- Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?
- Ils ? Mais il n'y a personne ici.
- Quoi ?
- On est seuls, tu n'as donc aucune raison de quitter cet endroit, lui répondit-il calmement tout en posant sa main sur l'épaule de Maëlli.
Elle recula instinctivement. Même si elle portait à présent une longue blouse blanche jusqu'aux genoux, elle se sentait nue et vulnérable. Comme s'il avait cette étrange capacité de l'analyser jusqu'au plus profond de son être.
- Bon...reprit-elle avec précaution. Alors je peux passer non ?
- Il vaut mieux que tu restes ici, continua-t-il en la fixant avec insistance.
Ses yeux noirs étaient perçants et inquiétants. Il ne ressemblait en rien finalement à celui avec qui elle discutait auparavant. Pourtant, sa sensation n'était pas une erreur. Il s'agissait bien de Dimitri. Ou alors son impression était faussée par son envie de le retrouver.
- Qu'est-ce qui se passe Dimitri ? Tu me fais peur, dit-elle en essayant de s'éloigner un peu plus de lui.
- Détends-toi et profite de cette nouvelle vie, dit-il en s'approchant de plus en plus de Maëlli.
L'espace entre elle et lui se rétrécissait davantage. Assise malgré elle sur le lit, elle se recroquevilla le plus possible pour éviter tout contact. Cette situation la perturbait, car elle sentait que tout allait basculer.
A son tour, il prit place sur le lit et l'empoigna assez violemment.
- Profitons-en avant que tout ceci ne nous échappe, lui susurra-t-il au creux de l'oreille tout en serrant davantage son emprise.
Au moment où il allait se vautrer sur Maëlli, elle enfonça une seringue, cachée dans la manche de sa blouse, dans son cou. Il s'évanouit en une seconde. Elle poussa délicatement son corps par terre.
Elle le regarda quelques secondes pour essayer de trouver la faille, l'erreur. Elle ne l'avait jamais vu, pourtant c'était bien lui, gisant par terre. Il paraissait paisible à présent. Mais son comportement n'avait fait que réveiller en elle des interrogations encore plus grandes.
Que lui avait-on fait subir ? Etait-il vrai que le bâtiment était vide ? Qui étaient ces gens ?
Elle se décida à mener l'enquête. Toutefois, avant de quitter cette chambre, elle posa délicatement une couverture sur le corps inerte de Dimitri. Il était tellement grand et costaud qu'il lui était difficile de le reposer sur le lit.
Elle aurait également aimé trouver une tenue plus appropriée et plus discrète pour arpenter ce nouvel endroit. Mais elle devait se contenter d'une simple blouse blanche.
Une fois devant la porte ouverte de la chambre, elle mit un certain temps avant de franchir le pas. Comme si quelque chose en elle la sommait de ne pas bouger. Ce quelque chose était en réalité l'avertissement laissé par Dimitri. Même s'il avait un comportement inapproprié, une part d'elle-même gardait une confiance aveugle envers lui. Elle prit une profonde inspiration et sortit de cette chambre.
Elle se trouvait à présent dans un long couloir blanc, comme immaculé. Dans ce couloir, une multitude de portes noires étaient fermées, excepté celles situés à droite et à gauche.
Aux premiers abords, il n'y avait personne. Mais elle ne se découragea pas et quitta la chambre. Au moment où elle mit un pied dehors, une sorte d'éclair traversa le couloir. En une seconde, une multitude de personnes déambulaient comme si de rien n'était.
Elle ignorait s'ils la voyaient ou non. Mais elle eut vite la réponse à sa question quand l'homme se prétendant être son père accourut auprès d'elle.
Il avait l'air sorti de nulle part. Terrifiée, elle se précipita le plus loin possible de lui à travers ce couloir sans fin. Mais tout lui semblait aller au ralenti. Ses jambes étaient lourdes ou les siennes étaient légères. Dans tous les cas, il la rattrapa et la porta dans ses bras.
Cela n'avait rien de violent. Le corps de Maëlli le ressentit en devenant comme flasque et sans défense.
De retour dans sa chambre, elle constata que rien n'avait changé. Il la posa sur le lit et resta à son chevet, sans rien attendre en retour. Elle le regarda longuement pour pouvoir déceler une faille. Mais tout ce qu'elle percevait était la fatigue et le stress.
En se retournant dans le lit, elle regarda le sol. Là où quelques instants auparavant gisait Dimitri ne restait plus à présent qu'une simple couverture parsemée de minuscules tâches de sang.
Dimitri avait une fois de plus disparu. Doucement, elle demanda où il était :
- Ma chérie, il n'y a personne ici, lui répondit-il. Tu ne dois pas te créer de tensions comme ça. Tu dois te reposer au maximum.
- Mais, je...
- Chuuut, repose-toi.
Il lui prit la main et sourit. Mais au fond, elle distinguait une petite larme couler au coin de son œil droit.
Pour la première fois, elle ressentit de l'affection pour cet homme. Sa détresse semblait sincère.
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