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Chapitre 7 : L'attentat

Erine ouvre doucement les yeux en fin de matinée. Au travers de ses rideaux, elle devine que le soleil brille haut dans le ciel. Elle se lève et va les entre-ouvrir pour laisser quelques rayons pénétrer dans la pièce avant de se rallonger quelques instants pour profiter de son grand lit et de ses douces couvertures. Ce soir, déjà, elle rentrera à Laorelon. Elle a beau aimer sa vie à l'internat, elle n'était pas aussi confortable.

La jeune femme se sente encore la tête lourde de la nuit qu'elle avait passée et de la pénible discussion qu'elle a eu avec Loan avant d'aller au lit. Au bord de son matelas, traîne encore la robe qu'elle a portée lors du spectacle de l'opéra.

— C'est la dernière fois avant longtemps que tu portais une aussi belle robe, dit-elle pour elle-même, un peu morose.

Elle la ramasse et en hume le parfum typique de l'opéra qui imprègne le tissu et puis la pose délicatement sur le dos d'une chaise près de son armoire. Toutes ses robes de soirée sont confectionnées par les couturières de l'opéra. Celles-là mêmes qui font les costumes des danseuses qui, chaque soir, foulent la scène du majestueux théâtre de l'opéra d'Orfey.

Erine ouvre sa penderie. À l'intérieur, des pièces d'artistes, des robes cousues à la main, sont parfaitement rangées. Des vêtements uniques faits sur mesure qu'elle a l'honneur extrême de porter à chaque fois que sa mère l'emmène avec elle dans une soirée mondaine.

Un autre pan de l'armoire contient ses habits du quotidien. Erine chope une douce combinaison en coton rose poudrée, encore une pièce tirée à la garde de robe des danseuses de l'opéra. Ses petits chaussons souples aux pieds, elle s'extrait de sa chambre. L'appartement qu'elle partage avec sa mère semble désert. Comme toujours, il est impeccablement rangé, de quoi mettre Erine mal à l'aise. Elle qui est habituée au bazar de sa chambre d'internat qui démontre la vie qui s'y passe, a toujours du mal avec la demeure de sa mère où tout est toujours parfaitement aligné comme si personne n'y vivait. Après tout, c'est le cas. Swana Hanz passe le plus clair de son temps à l'opéra.

Se doutant du lieu où sa mère se trouve actuellement, Erine file vite de cet espace monotone. En sortant, elle croise son voisin, monsieur Livook, un vieil homme venu habiter l'immeuble peu de temps après sa mère. Erine l'a toujours connu. Toute sa vie, il a travaillé à la bibliothèque de la Ligue en tant que directeur du service littérature et contes. Enfants, Sehan et Erine ont passé de nombreuses heures à l'écouter lire des histoires. Lors de la saison chaude, il s'assoit souvent sous un grand arbre reposant sur l'une des plateformes arborées à mi-niveau de la tour. Là, il ouvre un livre et fait la lecture pour lui ou pour tous ceux qui s'arrêtent pour quelques minutes.

Elle lui sourit poliment alors qu'ils s'engouffrent tous les dans l'ascenseur.

— Une bien belle journée s'annonce aujourd'hui, remarque-t-il en souriant.

Erine acquiesce d'un poli signe de tête et remarque alors un bel ouvrage qu'il tient sous son bras. Elle essaye d'en lire le titre.

— C'est un recueil de nouvelles qui traversent les saisons, lui dit-il, je le trouve de circonstances.

En effet, depuis quelques semaines, les saisons semblent déréglées. Les jours filent toujours plus vite vers le froid, faisant mourir la nature et ses belles couleurs. Erine ne lui répond pas et se contente d'esquisser un sourire timide... un peu triste. En ce moment-même, leur président doit être en train de diriger une assemblée pour discuter de ces circonstances.

L'ascenseur s'arrête et l'homme se dirige vers la sortie.

— Bonne journée, Mademoiselle Hanz. Peut-être aurez-vous envie de venir écouter quelques lignes ?

— Sans faute, Monsieur Livook, répond Erine avec politesse.

La porte se referme sur le vieil homme qui sourit avec bienveillance et l'ascenseur mène Erine jusqu'à la porte des Harmin.

En entrant dans l'immense appartement, elle aperçoit en premier sa mère sur la terrasse discutant avec Ivy. Erine se rend dans l'un des petits salons de l'appartement, là où doivent probablement l'attendre Sehan et Loan. Elle les retrouve assis dans le canapé, devant un écran holographique sur lequel sont projetées les informations du jour.

Erine est immédiatement interpellée par la violence de certaines images diffusées. Plusieurs explosions à la suite qui projettent des corps à des mètres de là. On entend des gens hurler et on en voit d'autres courir dans tous les sens alors que des hommes encagoulés leur tirent dessus à l'aide d'armes à feu. Une seconde séquence montre de nombreux corps calcinés et sans vie étendus sur le sol.

Erine déglutit et un certain mal-être l'envahit soudain. Loan se retourne et voyant sa tête, il se lève et enroule ses bras autour de son amie. Elle demeure stoïque quelques secondes devant ces images, comprenant qu'elles relatent des faits survenus quelques heures plus tôt. La caméra pivote et filme les rues saccagées d'une ville, Erine reconnaît l'endroit. Il s'agit d'une planète proche de la leur. Terra, réputée pour sa faune et sa flore exceptionnelles, elle est l'une des destinations touristiques les plus prisées par les résidents fortunés d'Orfey. Le paysage représente des forêts de plantes géantes à perte de vue au milieu desquelles serpentent de magnifiques fleuves aux eaux turquoise. La planète assez petite compte seulement trois grandes villes richement bâties.

L'année précédente, Erine, Miolaine, Déanna et Anaiel s'y sont rendues, après que leurs parents leur ont offert quelques jours parmi ces forêts luxuriantes. Erine reconnaît sans mal certains des lieux où elles sont allées. Les murs des maisons sont noircis et criblés de trous créés par les impacts de balles. Énormément de plantations ont été réduites à néant, brûlées par un incendie que les autorités parviennent tout juste à maîtriser. De nouvelles images défilent, montrant des cadavres flottant à la surface du fleuve.

Lorsque les images de deux enfants à moitié brûlés, allongés sur le sol, sont diffusées, des larmes se mettent à couler sur les joues d'Erine. Cette vision d'horreur, d'apocalypse, lui donne envie de vomir. Son estomac se contracte et elle a la sensation qu'un fil invisible lui étreint la gorge.

La voyant, Sehan coupe le son. Loan la force à venir s'asseoir sur le canapé. Une certaine douleur déforme également les traits de son visage. Il est horrifié par ce qu'il s'est passé, mais également navré qu'elle assiste à ça à son réveil. Plus que jamais, elle réalise, qu'en effet, la soirée d'hier était la dernière du genre.

— Que s'est-il passé ? finit par demander Erine, alors que les images reviennent à la présentatrice du journal.

— Un attentat, répond Loan. Au petit matin, un groupe armé a attaqué les zones touristiques de Terra. Ils ont fait exploser le centre politique et gouvernemental de la planète, ainsi que la principale base d'amarrage des vaisseaux. D'autres explosions ont retenti dans la ville, faisant sortir les gens de chez eux. Là, ils ont été pris d'assaut par des groupes qui n'ont pas hésité à ouvrir le feu.

Erine le regarda, horrifiée. Au petit matin, alors qu'elle profitait des doux rayons du soleil qui pénétraient dans sa chambre par la fine ouverture de ses rideaux et lui caressaient le visage, des gens agonisaient sur la planète voisine.

Depuis plusieurs heures, les images sont diffusées en direct et il est facile de voir que les gens sont perdus, apeurés et désorientés. Les commentateurs ne cessent de marteler que les hôpitaux sont engorgés par les blessés. Certaines images montrent des personnes encore valides qui essayent de venir en aide aux autorités, aident à fouiller les débris des maisons à la recherche de survivants, pour les plus vaillants, alors que les autres apportent les premiers soins aux blessés légers et rassemblent toutes les affaires en bon état qu'ils trouvent.

Selon les informations dont disposent les journalistes, un premier camp de réfugiés a été installé dans un grand hôtel à proximité, accueillant les équipes de secours de la Ligue arrivant au fur à mesure de la journée. Plusieurs des planètes voisines avaient immédiatement mobilisé des centaines de soldats, médecins, secouristes et techniciens pour stabiliser au plus vite la situation sur Terra. Le président de la Ligue, Nuha, est attendu sur place dans les prochaines heures.

— Ils sont en train de faire leur réunion ? demande Erine à Loan, en entendant la présentation prononcer le nom du président.

— Je pense, je n'ai pas de nouvelle de mon parrain. Notre père est parti tôt ce matin.

Alexan Harmin compte parmi les ministres du gouvernement, mais ne parle jamais de son travail à ses fils. Aussi, les informations top secrètes que Loan arrive régulièrement à glaner lui sont transmises par Malcombe.

Avec ces tragiques évènements, les informations révélèrent au grand jour que l'attentat de Terra n'est pas le premier à survenir en peu de temps. Selon les renseignements dont disposent les journalistes, cinq autres planètes de la Ligue proches du noyau ont essuyé des attaques ces dernières semaines. L'ampleur n'a, cependant, pas été telle que celle que vient de subir Terra.

Erine regarde ses amis avec stupeur. Des planètes de la Ligue subissent des attentats réguliers depuis des jours et les citoyens l'apprennent seulement aujourd'hui ! Afin de ne pas alarmer et effrayer les populations, le gouvernement avait probablement souhaité placer ces récentes affaires sous silence, tout comme l'étrange mal qui affecte les élèves de l'école.

Erine se tourne vers Loan qui, silencieux, ne détache pas ses yeux des images à l'écran.

— Tu étais au courant, n'est-ce pas ? lui reproche-t-elle.

Il acquiesce.

— Il y a un rapport avec les problèmes survenus à l'école récemment ? enchaîne-t-elle. Lorsqu'Anaiel s'est sentie mal à cause des éléments la semaine dernière, tu nous as dit que les autorités redoutaient des choses graves. Les attentats en font partie et c'est de ça dont tu n'as pas voulu nous parler ?

Il soupire.

— La peur que je lis dans tes yeux me prouve que j'ai eu raison, rétorque son ami.

— Nous cacher des choses ne fera qu'aggraver cette peur !

Lors de l'incident avec Anaiel, Erine a eu très peur des révélations que pourrait faire son ami. Une boule s'est formée dans son ventre et une part d'elle-même préférait ne rien savoir. Mais l'ignorance alimente les angoisses. Erine est capable de s'imaginer le pire alors que la réalité n'est peut-être pas si terne.

— Tous ces phénomènes sont liés ? demande-t-elle à nouveau. Les malades et les morts à l'école, les bouleversements climatiques, ces attentats survenus récemment ?

— Ils le sont sans l'être, répond évasivement Loan.

Erine arque un sourcil. Elle est bouleversée et les connexions ont du mal à se faire dans son cerveau.

Loan se saisit du petit projecteur qui renvoie l'écran holographique sur lequel sont diffusées les informations depuis le matin. À l'aide d'un petit clavier, il le sépare en six et des images différentes apparaissent dans chacun d'entre eux.

À part le dernier, sur lequel tournent encore en boucle les images diffusées en direct de Terra, Erine ne reconnaît aucun lieu. Cependant, tous montrent les mêmes scènes de désolation. Des bâtiments saccagés, des blessés et des morts, des gens hurlant et pleurant alors qu'une pluie de feu tombe sur eux. Les images sont d'une qualité médiocre, il est évident qu'elles n'ont pas été prises par les équipes de journalistes de la Ligue.

— Sur ces écrans, je vous ai projeté les rares images des attentats précédents, les informe Loan. À l'exception de Terra, ces différentes planètes se trouvent au-delà de la zone quatre.

L'espace sous le contrôle de la Ligue est divisé en dix zones. La première étant celle autour du noyau central que représente Orfey. Terra se situe à la frontière entre les zones une et deux.

— Tous les attentats perpétrés ces derniers jours ont été revendiqués par des groupes terroristes armés que la Ligue a l'habitude de combattre, poursuit Loan.

— Pourquoi ont-ils soudain décidé de semer le chaos ? proteste Erine avec animosité.

— C'est là que le changement climatique intervient.

Loan appuie sur un bouton qui fait changer les écrans. Les images des massacres et des coups de feu sont remplacées par celles de catastrophes naturelles. Les enregistrements passent d'une planète à une autre, montrant diverses perturbations. Des tempêtes emportent tout sur leur passage, des vagues géantes s'abattent sur des maisons, des nuées de sable qui se soulèvent sous l'effet du vent et des explosions volcaniques qui ne laissent derrière elles qu'une nature noire et calcinée.

— Tout ceci est le résultat des soudains changements climatiques. La Ligue s'est retrouvée débordée, incapable de gérer tous ces phénomènes. Le gouvernement a envoyé énormément d'hommes pour secourir les populations et tenter de contrôler les éléments.

Erine continue de regarder ces images. Elle a vaguement entendu parler de certaines catastrophes naturelles survenues au cours des dernières semaines. Les médias ont évoqué le sujet, expliquant que la Ligue viendrait en aide à ses citoyens et ferait son maximum pour réparer les dommages dans les plus proches délais. Cependant, elle n'a pas réalisé l'ampleur des choses. Tout a été minimisé. On leur a relaté les faits, mais pas suffisamment pour que les gens s'y intéressent et prennent conscience du danger. Pourtant, ils les atteignent doucement eux aussi.

Erine jette un œil par la fenêtre. De là, elle aperçoit au loin les montagnes. Ces mêmes reliefs qu'elle observe souvent depuis sa chambre d'internat. Elle a cette même vue depuis toute petite et connaît par cœur le cycle de la nature. Elle sait qu'il est bien trop tôt pour que les sommets soient déjà enneigés.

— Des centaines de Contrôleurs ont été appelés pour contenir les feux des volcans ou empêcher les eaux des océans de balayer les villes côtières, reprend Loan. En très peu de temps, la Ligue s'est focalisée sur une seule chose : protéger les gens des catastrophes climatiques, oubliant de les protéger des menaces humaines.

— C'est ainsi que les terroristes ont pu mener leurs actions, il n'y avait plus personnes pour les en empêcher, conclut Sehan.

Selon les médias, tous les attentats ne semblent pas avoir été menés par un même groupe. Ils sont quasiment tous indépendants, sévissant à différents endroits de la galaxie. Si les problèmes persistent, la Ligue finira par se retrouver dépassée. Contrainte de devoir tenir face à diverses menaces.

Loan se remet à zapper sur les différentes chaînes d'informations. Erine remarque alors qu'aucune d'elles ne parle des élèves récemment hospitalisées à l'école. Pourtant, n'est-ce pas le plus grave ? Grâce à ses soldats, la Ligue pourra contrôler les catastrophes climatiques et les groupes terroristes. Mais comment comptent-ils enrayer une épidémie qui se répand aussi vite que l'air ?

Il y a une source commune à tous ces événements, Erine en a l'intime conviction. Quelqu'un ou quelque chose a touché à l'équilibre naturel. L'univers entier repose sur la fusion de ces quatre éléments et chacun a un rôle à remplir dans la création et la stabilité du monde et certains ont la chance de savoir les manipuler pour en tirer le meilleur ou le pire.

— On ne connaît toujours pas la cause exacte du dérèglement climatique ? s'enquiert la jeune fille auprès de Loan, espérant qu'il aurait plus d'informations à lui fournir que lors de leur dernière conversation sur le sujet.

— Non, répond simplement ce dernier. La première étape est de déterminer si les éléments se sont déréglés tout seuls ou si un facteur extérieur est intervenu.

— Quelle est ta théorie ? demande son frère.

— L'équilibre des quatre éléments a toujours été stable, alors je trouve simplement suspect que le chaos surgisse sans raison apparente du jour au lendemain. Il y a une perturbation des éléments, c'est certain et il en découle une série d'événements que l'on peut répertorier dans deux catégories distinctes, explique-t-il.

L'écran holographique se divise alors en trois. D'un côté, des images des récentes catastrophes climatiques sur les diverses planètes de la Ligue, de l'autre les informations en direct de Terra et enfin, une photo de l'école.

— Le dérèglement climatique et la maladie sont des conséquences directes du bouleversement des éléments, alors que les attentats profitent simplement de la situation.

— Mais la Ligue ne pourra pas se battre très longtemps sur les deux tableaux ?

Loan ne répond pas à la question et finit par éteindre la projection. Il se lève et part. Ils connaissent tous la réponse. La Ligue a sous son commandement des millions d'hommes, mais tous ne sont pas qualifiés pour affronter ce qui les attend. L'organisation est attaquée de toutes parts, les Contrôleurs risquent d'être rapidement affaiblis et ne pourront plus assurer la sécurité des populations.

Erine se lève à son tour pour rejoindre sa mère sur le balcon. Avec toutes ces nouvelles, elle n'a toujours rien avalé. Son estomac a beau se tordre et crier famine, mais rien sur la table ne lui donnait envie. Un sale gout de fer persiste dans sa bouche, elle est écœurée par les images terribles qu'elle a vues. Assise sur la terrasse ensoleillée, elle demeure là un long moment, le visage fermé. Des rires lui parviennent des étages inférieurs où des gamins s'amusent sur parcs aériens, des plateformes élevées entre les différents niveaux des immeubles. Orfey et sa superbe, son éternelle joie de vivre n'a pas l'air d'être endeuillée ce matin. La capitale apparait comme un noyau intouchable. Les Orfeyiens ont, comme tout le monde, vu les informations, mais ne s'en sont sûrement pas inquiétés. Orfey est un cœur impénétrable à leurs yeux.

Erine sort de sa léthargie quand une brise fraîche et très désagréable vient lui chatouiller le cou. Le ciel s'est assombri et l'atmosphère lui paraît lourde. De loin, elle entend la voix du président de la Ligue s'élever depuis l'intérieur du salon. L'homme donne un discours depuis la planète Terra. Elle l'écoute vaguement parler des mesures qu'il compte prendre suite à cette vague d'attentats. Cependant, il n'évoque pas le dérèglement climatique, ni le mal qui affecte les Contrôleurs.

Frissonnant, Erine se redresse pour rentrer à l'intérieur, mais aperçoit Monsieur Livook, assis au bord d'un petit bassin sur l'une des plateformes entre les immeubles. Comme à son habitude, il est plongé dans un épais livre. Surement celui qu'il lui a montré tout à l'heure.

Faisant comme chez elle, Erine se rend dans la cuisine de l'appartement de la famille Harmin et sert deux tasses de thé bouillant. En faisant bien attention de ne pas renverser le liquide, elle rejoint le vieil homme à l'extérieur.

— Merci beaucoup, dit-il en la voyant lui tendre la tasse.

Erine lui sourit amicalement et s'assoit à côté de lui.

— Que lisez-vous ? demande-t-elle avec curiosité.

Il referme à demi le livre pour qu'elle puisse en voir la couverture. Cette dernière est très simple et assez terne et il ne s'y trouve que le titre.

— C'est un très vieux recueil de nouvelles sur des histoires datant d'avant la création de la Ligue telle que nous la connaissons aujourd'hui.

L'histoire du monde n'a pas débuté avec la création de la Ligue il y a deux mille ans de cela. Cependant, cette période demeure floue pour la plupart des gens. La grande époque précédant celle de la Ligue ne compte pas parmi les leçons qu'on enseignent aux jeunes générations. Seuls les curieux comme Monsieur Livook ont accès à ce savoir.

— Sont-elles vraies ?

Il affiche un petit air malin.

— C'est à vous de décider si vous y croyez ou non.

— Quel est votre avis ? s'enquiert-elle.

Il a l'air de réfléchir quelques secondes.

— Je pense que les textes ne reflètent pas la réalité telle qu'elle a été, mais ils s'en inspirent.

Elle l'observe, songeuse et intéressée par ce qu'il lui dit. Jamais elle n'a porté un grand intérêt à tous ces vieux ouvrages et leurs histoires. La Ligue éleve ses habitants dans l'idée que les siècles qui se sont déroulés avant son avènement n'ont aucune importance. Une nouvelle civilisation et un nouveau système est né grâce à l'organisation et personne n'explique jamais ce qui a fait s'écrouler l'ancien. Qu'est-ce qui a causé la fin d'une ère peut-être aussi longue que la leur ? La version officielle de l'histoire est qu'après des années de persécutions où les Contrôleurs ont dû faire face à la haine des sans-pouvoirs, une nouvelle page de l'histoire a été bâtie sur des bases solides où rien n'échappe au gouvernement : la Ligue.

— De quoi parlent ces nouvelles ? demande Erine en se saisissant du livre pour le feuilleter.

— Des contes sur d'anciennes familles qui gouvernaient autrefois. Une lecture légère relatant la vie de ces privilégiés.

Il soupira à nouveau.

— Cela m'aide à ne pas regarder les horreurs projetées sur tous nos écrans depuis ce matin.

Erine relève les yeux vers lui avec gravité. Elle saisit alors l'occasion de lui poser une question qui la taraude depuis quelques minutes.

— Avez-vous déjà lu des histoires relatant des faits similaires à ceux qui se déroulent actuellement ?

Il ferme complètement le gros livre, retire ses petites lunettes et sort de sa poche un petit mouchoir pour les nettoyer. Au travers des verres, il contemple alors l'horizon avant de les replacer délicatement sur son nez.

— J'ai lu tant et tant d'histoires au cours de ma vie, mademoiselle Hanz. Les éléments sont présents dans grand nombre d'entre elles. Ils ont su, depuis des siècles, alimenter l'esprit des écrivains. Le tout, comme à chaque fois, est de savoir si la vérité a été rendue telle qu'elle s'est produite.

— Est-ce votre manière de me dire que ce qui se passe actuellement s'est déjà produit ?

Le vieil homme se pare d'un sourire malin alors qu'il fixe toujours l'horizon. Erine sait au fond d'elle qu'il en a lu plus qu'il ne veut bien le dire. Elle sait d'autant plus qu'elle n'a pas précisé si elle parlait du dérèglement du temps ou des attentats et des soulèvements. Peut-être en connait-il plus que tous les autres sur ces événements. Peut-être connaît-il la suite de l'histoire ?


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Lecture de ce 7 ème chapitre terminée ! 

Avec ce chapitre, on rentre dans le dur. C'est là que les personnages commencent à se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond et que leur quotidien s'apprête à être bouleversé. 

Il y a des images dures dans ce passage. Il contraste énormément avec le précédent. 

J'ai hâte de lire vos retours, positifs, comme négatifs, mais s'il vous plait, avec bienveillance. Ce chapitre n'était pas dans la première version du roman, mais je l'ai rajouté afin d'apporter un aspect plus dramatique et de permettre aux lecteurs (et aux personnages de l'histoire) de se rendre compte de la gravité et de l'inédit de la situation. 


Préférez vous les chapitres divisés en 2 parties ou complète, en une seule ? 

A très vite 💋

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