Chapitre 40 : L'histoire
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— Regardez ça ! lance Miolaine, visiblement émerveillée par tous les symboles aux murs.
Loan pénètre dans ce qui lui semble être un ancien sanctuaire de la civilisation Tehrenienne. Les dessins reliés entre eux représentent des paysages. Sont-ce de vieux reliefs de la planète. Il appose ses doigts sur la paroie et les glisse le long des traits creusés dans la roche.
Les dessins ont en premier attiré son attention, mais la pièce, plutôt petite, une douzaine de mètres carrés à peine, contient aussi différents objets. Certains sont posés à même le sol, sans protection autour. N'importe qui pourrait marcher dessus. Quelque chose craque, d'ailleurs, sous des pieds. Il osa à peine baisser les yeux, de peur d'avoir écrasé un objet millénaire. Fort heureusement, il s'agit de vieux morceaux de poterie déjà brisés. Erine en piétine également plusieurs à quelques mètres de là.
Une épée à la lame blanche, translucide, étincelante attire l'attention de Loan. Elle est installée dans une niche et posée sur un fin socle. Sa poigne, si petite que même Erine aurait du mal à glisser ses fins doigts dedans, brille sous l'effet d'un rayon de soleil.
Il s'approche de l'objet, intrigué par les fins filaments lumineux qui semblent animer la lame. Il lève sa main dans sa direction, prêt à poser ses doigt dessus, elle doit être douce.
— Je ne ferai pas ça si j'étais toi !
Loan se retourne brusquement, une voix féminine inconnue le sortant de sa contemplation. Elle se tient dans l'encadrement de la porte ou tout du moins, le trou dans la roche qui sert d'entrée à ce lieu. Une petite brune aux cheveux coupés en carré plutôt sévère. Contrairement à la majorité des gens qu'ils ont croisés jusqu'à maintenant, elle ne porte pas un manteau aussi gros qu'elle, mais une simple tunique verte, une teinte assez similaire à celle de la planète.
— On ne sait pas si elle a encore des propriétés magiques, qui sait, tu pourrais exploser ou prendre une chose à laquelle tu tiens, reprit la brune devant le regard surpris de Loan.
— Une chose à laquelle je tiens ? répéte le jeune homme.
— Cette lame a servi lors de la guerre contre la Ligue, taillée dans un éclat de cristal pur.
Loan reporte ses iris ébaillis sur l'objet, puis à nouveau sur la jeune femme. Elle ne doit pas être bien plus âgée qu'eux. Surement intriguée, Erine s'amène devant l'arme. Elle en étudie les contours et enroule ses doigts sur le pommeau, évitant soigneusement la lame.
— Je peux ? demanda-t-elle, alors qu'elle s'est déjà permise de mettre la main sur un objet qui, pour son peuple, doit être sacré.
— Bien sûr, acquiesce la brune.
Loan observe son amie soulever l'épée de son socle et fendre l'air de quelques coups rapides. Elle fait tourner la poignée dans ses doigts, affichant un sourire satisfait.
— C'est si léger, fait-elle remarquer.
Loan tend une main vers l'arme qu'elle lui cède. Il imite ses précédents gestes. En effet, l'objet est d'une légèreté sans égal, aucune arme qu'il a déjà maniée ne lui obéissait avec autant de souplesse. Sous le regard amusé de la jeune brune, tous approuvent les qualités de la lame avant de finalement la reposer sur son socle.
— Vous disiez qu'elle est en Cristal Pur ? s'enquiert Miolaine sans cesser de regarder l'épée.
— C'est ce que dit la légende, rétorque l'autochtone.
— Et vous, vous en pensez quoi ? surenchérit Loan.
— Que Cristal Pur ou non, c'est assurément un vestige du génocide retrouvé ici même, enterré, à l'époque, sous la terre de la montagne par un éboulement. Ça amuse les gens de passage, comme vous, de voir une antiquité datant du génocide.
— Génocide ? répètent Loan, Aven et Sehan, en choeur.
Aux yeux des locaux, l'invasion de la planète par les soldats de la Ligue voilà plus de mille s'apparente surement à une tuerie plutôt qu'à une conquête pacifique.
— Ce que la Ligue veut, la Ligue obtient, récite Erine. Jamais les autorités de l'organisation n'appelleront cela ainsi, mais c'est pourtant ce qui s'est passé.
Loan voit son amie regarder la brune, cherchant son approbation. Elle n'ose qu'à demi confirmer, après tout, Tehren est une planète de la Ligue depuis des centaines d'années et au même titre que lui, ses habitants en sont des citoyens.
— Je m'appelle Mikai, finit par lâcher la brune, affichant un air sympathique. Vous venez du noyau, je suppose.
— D'Orfey, en effet, répond Erine.
Loan la fusille du regard. Comment peut-elle aussi facilement révéler des informations les concernant. Il scrute la réaction de la dénommée Mikai, mais rien. C'est comme si cette nouvelle ne lui importe pas. Elle hoche simplement la tête sans se départir de son sourire avenant.
— Et qu'est ce qui vous amène sur Tehren ?
— J'étudie la géologie, s'empresse d'expliquer Miolaine avant que quelqu'un ne donne la vraie raison de leur voyage. Une chose dont Erine ou Sehan, souvent trop francs, sontt tout à fait capables. Et dans le cadre d'une thèse sur la formation de cristaux dans la roche, j'ai entendu parler des carrières de Tehren et j'ai eu envie de les explorer.
— Vous êtes des contrôleurs, oui ou non ?
La question ne répond en aucun cas à l'explication fournie par Miolaine. Cependant, Mikai ne semble leur témoigner aucune animosité, seulement de la curiosité. Comme un enfant qui vient de se faire des nouveaux amis.
Ils se consultent du regard. Est-ce si important pour elle de savoir ça ? Après tout, ils peuvent bien se dévoiler, qu'est-ce cela changera-t-il ?
Affichant un sourire malin, chacun leur tour, ils animent un élément. Toute la terre et les cailloux dans la grotte de mirent à voltiger, rattraper tantôt par des branchages, des racines attirées depuis le haut de la montagne par la pensée de Loan. Une végétation qui devient rapidement cendre, une fois qu'Erine les arrose d'une flamme dévastatrice.
— C'est génial ! s'écrie Mikai. J'ai toujours adoré voir ce que vous, Contrôleurs, pouvez faire avec vos dons. Cela me fascine. Même si je comprends pourquoi mes ancêtres ont voulu vous défaire de ces pouvoirs, je trouve ça dommage.
Loan se perd un court instant dans la contemplation d'un dessin gravé dans la paroie rocheuse. Celui-ci montre un homme à genoux, une corde au cou et tenu par deux colosses pendant qu'un troisième appose la pointe d'une épée sur son torse. Est-ce ainsi qu'ils procédaient à l'époque pour retirer leurs dons aux Contrôleurs ?
— Ce sont les récits du génocides que l'on voit sur les murs ? s'enquiert-il.
— Oui, ces fresques sont là depuis sept-cents ans, répond Mikai, se perdant à son tour dans les dessins.
— On vous narre ces légendes à l'école ? demande Erine
Mikai rit et Loan voit les prunelles paniquées de son amie se tourner vers lui. A-t-elle commis une maladresse ?
— Il n'y a pas d'école sur Tehren, explique Mikai, nous allons suivre l'enseignement de la Ligue sur Nerpin, une sorte de planète pensionnat où sont accueillis tous les jeunes de la zone. Et oui, vous n'êtes pas les seuls à vivre dans une communauté privilégiée. Je ne sais pas comment est votre internat, votre foyer, ce lieu tant fantasmé par tous les gamins de l'univers, mais je suis certaine que le mien n'avait rien à lui envier.
Loan ne peut retenir un sourire heureux à l'évocation de Laorelon. En effet, il ne connaît pas meilleur endroit dans l'univers. Il n'y a nulle part ailleurs où il se sent autant chez lui. Le jeune homme se sent, cependant, un peu honteux de ne rien connaître des autres écoles de l'univers. Comment peut-il prétendre devenir gardien de la galaxie s'il n'en connaît pas tous ses édifices ?
— Les légendes, ce sont nos grand-parents qui nous les racontent le soir avant de dormir, reprend la brune. Si vous voulez les entendre, je me ferai un plaisir de vous les narrer autour d'une part de Jeurak, je meurs de faim.
Et sans un mot de plus, elle se retourne, leur faisant signe de la suivre. Loan, ses amis sur les talons, la main d'Erine dans la sienne, ne voyant rien dans l'obscurité de l'escalier, il remonte à la surface. Le soleil a entamé sa descente et son couché est agréable à voir de là où ils sont. Avant de disparaître, l'astre fait reluire la ville en face. C'est là que Mikai est née, du moins, c'est ce qu'elle leur explique alors qu'elle regarda la cité avec fierté.
Loan, Erine blottit contre lui, apprécie le spectacle. Il ne s'attendait pas à ça en débarquant ici. Bien au contraire, il pensait trouver des cailloux, de la roche et de la poussière. Pourtant, quelques habitants peuplent encore la planète, entretenant ses légendes et ses vieux lieux de cultes.
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