🔥🌪🌿💦

Loan pousse la porte de l'internat, la lumière du soleil descendant qui se réverbère dans le métal de cette dernière l'aveugle quelques secondes. Puis, c'est la douce chaleur du hall d'entrée qui l'enveloppe. Il inspire l'odeur familière du lieu. En le quittant la veille, il ne s'imaginait pas aussi heureux d'y revenir. Les élèves qui traversent la pièce ne prêtent aucune attention aux nouveaux entrants. Après tout, ce ne sont que Loan Harmin et Aven Valdes qu'ils voient tous les jours et même toutes les nuits depuis quelque temps. La plupart ne savent pas où ils ont passé les dernières vingt-quatre heures.

Loan passe devant l'immense carte de l'espace gravée dans le mur et imagine une croix cocher Novlia : une planète de plus. Il suit la carte des yeux jusqu'à ce qu'elle sorte de son champ de vision. Laquelle sera la prochaine ?

Suivi d'Aven, il marche jusqu'à la salle commune du rez-de-chaussée, encore bien remplie après le déjeuner. Loan s'est habitué à ce que cette pièce soit occupée en permanence. En effet, les restrictions liées au dérèglement ont poussé l'école à annuler de nombreux cours autour des éléments, allégeant ainsi l'emploi du temps d'une majorité des étudiants. Loan ne met pas longtemps à repérer la chevelure de feu de Noreen. Il balaye la salle du regard et ne repère aucun autre de ses proches. La rouquine se lève et vient, souriante, à sa rencontre. Elle les étreint, lui et Aven, d'une même accolade. Quel plaisir pour Loan de sentir son parfum sucré. Cela lui permet de sortir de ses narines l'odeur persistante de brûlé qui le suit partout depuis Novlia.

— Vous avez une sale mine ! ne se retient pas Noreen.

Loan et Aven se contemplent mutuellement. Certes, ils ont des vêtements propres, ils ont pu prendre une douche à bord du vaisseau avant d'atterrir, mais leur visage porte les séquelles de cette première mission. Loan se contente d'acquiescer.

— Où sont les gosses ? demande-t-il, surpris de ne voir ni son frère, ni Erine.

Noreen hausse les épaules.

— À l'hôpital, je suppose, répond la rouquine. Quasiment personne n'a cours aujourd'hui, ils ont dû en profiter pour filer.

Loan fait la moue, mais hoche la tête. Malgré son dernier échange un peu houleux avec Erine il y a deux jours, il aurait aimé la voir et retrouver son décor au complet.

L'eau chaude coule à flot sur la peau de Loan, malgré la chaleur et la fumée provoquée par la vapeur, il grelotte. Une sensation désagréable que des gouttes glaciales lui coulent le long du dos persiste. Il tourne un peu plus le robinet jusqu'à ce que l'indicateur atteigne son maximum. Sont-ce les séquelles de sa première mission qui le rendent ainsi sensible ? Loan s'agace. Il tape sur le levier du robinet pour l'éteindre. L'eau cesse de couler, pourtant les perles froides continuent de s'insinuer dans son cou. Il attrape une serviette, s'enveloppe dedans et demeure debout, immobile, dans la douche pendant quelques minutes. Des flashs de Novlia hantent son esprit. Il a l'impression que les mains carbonisées qui ressortaient des écoulements de lave vont percer le carrelage et lui attraper les chevilles. Loan secoue la tête pour en chasser ses idées ridicules.

— Si j'avais su que ça serait aussi violent, je ne vous aurais pas emmené, avait dit Malcombe sur le trajet du retour.

Loan resserre un peu plus la serviette autour de ses épaules. Sans nul doute, il aurait préféré effectuer sa première mission dans de meilleures conditions. Tous les jeunes de Laorelon rêvent d'aventures et d'actes héroïques, mais ce voyage sur Novlia lui a prouvé qu'il ne faut pas brûler les étapes. Il sait depuis l'enfance que la voie qu'il a choisie lui fera voir la mort sous toutes ses formes, mais il n'était peut-être pas encore prêt à la voir de manière aussi violente.

Loan inspire lentement, il se frotte les yeux. Son cœur bat difficilement et il a l'impression de manquer de souffle. Décidé à sortir de sa léthargie, il enroule sa serviette autour de sa taille et retourne dans sa chambre où il entend Aven et Noreen discuter. À peine sort-il dans cette tenue, il voit les yeux verts de son ex le détailler de haut en bas. Ce simple battement de cils suffit à faire déguerpir Aven. Loan ignore qu'elles étaient les véritables intentions de Noreen en lui portant un regard aussi carnassier, mais ça lui a passé l'envie de s'habiller. Cherchant chaleur et réconfort, il rejoint la rouquine sur son lit et la bascule sur le dos avant de la dominer. Elle semble surprise de cette soudaine initiative, mais se laisse faire et l'encourage lorsqu'il commence à l'embrasser et la démet de ses vêtements. Le seul élément que Noreen manipule est le feu et Loan apprécie les léchouilles des flammes sur son dos. Il laisse son esprit vagabonder et son corps s'imprégner des caresses. Tout son épiderme est à fleur de peau. Le corps de la jeune femme sous le sien est chaud, pourtant, le sensation d'humidité glaciale ne disparait pas. Le froid lui mord les bras jusqu'à l'os. Peu à peu, il cesse ses cajoleries, ses pensées s'éloignent, quittent sa chambre, l'attirent vers des endroits sombres.

— T'es plus avec moi là ! entend-il la voix de Noreen, lointaine.

— Non, je pensais à Erine.

En parlant, il se rend compte de sa bêtise. Il a tout juste le temps de voir les yeux de Noreen s'écarquiller avant qu'elle ne l'écarte violemment.

— Pousse-toi ! lui ordonne-t-elle.

En soupirant, agacé, Loan se laisse retomber sur le dos. Il tire la couverture sur son visage et se frotte les yeux avec. Il entend Noreen souffler. Elle s'est assise en tailleur sur le lit et entortille ses cheveux autour de ses doigts.

— Je ne pensais pas à Erine de cette manière, essaye-t-il de se défendre en désignant le corps de la rouquine.

Noreen ricane, puis le dévisage, mais elle ne semble pas en colère. Finalement, Loan sourit à son tour.

— Erine est toujours passée et passera toujours avant tout et tout le monde, mais en sept ans de relation, tu me ne l'avais encore jamais faite celle-là ! lui balance Noreen sur un ton léger. Tu m'as posé des lapins pour l'aider à faire ses devoirs, tu m'as mise de côté dans les tournois pour concourir avec elle, tu m'as éjecté de ton lit pour qu'elle y dorme après qu'elle ait fait un cauchemar, mais penser à elle alors que je suis toute nue devant toi, jamais !

Loan prend un air angélique et lui fait les yeux doux, sincèrement désolé. Noreen dodeline, à ses pommettes arrondies, il voit qu'elle est plus amusée qu'autre chose, même si cette sortie lui a clairement coupé l'envie de faire des câlins et c'est sûrement mieux ainsi. Elle lui assène une tape sur le torse pour lui faire ravaler sa moue. Malgré sa fausse indignation, il est heureux qu'elle ne se soit pas vexée. Un rictus attendrie sur ses lèvres, il contemple le visage de son premier amour. Chaque fois, il y revoit les traits de l'adolescente timide à qui il a donné son premier baiser il y a quelques années, puis celle contre qui il s'est retrouvé nu, dans ce même lit, pour la première fois et enfin, la jeune femme avec qui s'était disputé et déchiré sans jamais cesser de la chérir. Il l'estime, l'adore, mais trop de choses se sont passées entre eux pour que leur amour puisse désormais être autre chose qu'une amitié. Il a repoussé cette idée, l'invitant dans son lit, le serrant dans ses bras encore et encore, mais maintenant, l'évidence est là. S'il en arrive au point de rire alors qu'une autre fille est dans ses pensées dans un moment aussi intime, c'est bien que leur relation a pris un autre tournant.

— Tu penses encore à Erine ? s'enquiert gaiement Noreen.

Loan revient à lui, mais ne relève pas les yeux. Tendrement, il caresse la peau dénudée du bas du dos de son ex.

— T'imagines Erine à ma place, là tout de suite ? le taquine-t-elle.

— Non, Noreen ! s'exclame Loan. J'avais réussi à ne pas y penser !

Il met ses deux mains devant ses yeux, comme si cela allait l'empêcher d'imaginer ce que Noreen a en tête. Pourtant, la vision l'a effleuré une fraction de seconde un peu plus tôt, mais il a réussi à la remiser au plus profond de son esprit.

Loan ferme les yeux et secoue la tête.

— Je ne vois pas Erine de cette manière et tu le sais très bien, râle-t-il.

— Hmm, hmm, fait Noreen, l'air apparemment sceptique.

Est-elle sérieuse ou se joue-t-elle de sa patience ? Loan grogne, puis se redresse. Il saute du lit et attrape le premier t-shirt qui lui passe sous la main. Il est temps de mettre un terme à cette conversation ridicule. Il saisit les vêtements de Noreen qui trainent au pied du lit et lui les tend. Avant qu'elle n'enfile son haut, il profite une dernière fois de la vue. 

🔥🌪🌿💦

Heelllooooooo les plumes plumes 🪶 Si vous cherchiez encore à comprendre la véritable nature de la relation entre Loan et Noreen, cette première partie de chapitre à du vous y aider 😅 On est encore sur un ajout de la réécriture, j'ai longuement hésité à mettre cette scène, mais elle m'amusait beaucoup, et un peu légèreté, ça ne fait pas de mal 😊 

J'attends vos retours ^^