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Le nom de Reza Hark hante les pensées d'Erine depuis la veille. La voilà installée dans l'une des salles d'étude de Laorelon à côté de Sehan et Miolaine, tous deux plongés dans un livre qu'ils ont rapporté de la bibliothèque. Si Lanara Hask et son fils ont été des Contrôleurs, ils sont forcément passés par Laorelon. Et par chance pour Erine et ses amis, la liste de toutes les personnes ayant étudié à l'école est accessible. La jeune femme pianote sur sa tablette et fait défiler les noms. Depuis plus de deux mille six cent ans que Laorelon existe, il y en a eu des élèves ! Quatre colonnes comportant le nom, le prénom, les années de présence et le type de Contrôleurs, se déroulent progressivement depuis de nombreuses minutes.

Les yeux d'Erine fatiguent. Parmi les noms qu'elle voit passer, elle en reconnaît certains très célèbres, d'autres parce qu'elle est en classe avec leur descendant.

— Oui ! s'exclame-t-elle, un sourire triomphal sur les lèvres.

Miolaine et Sehan interrompent leur lecture et la dévisagent :

— T'as trouvé ?

L'air pas peu content, elle tourne son écran vers ses amis et pointe les deux noms : Lanara et Reza Hark. D'autres les précédent, des parents, sûrement.

— 2.5.9.8 à 2.6.0.2, relève Erine, lisant les dates à côté du nom de Reza. Ça correspond.

— Il n'avait que dix ans, déplore Miolaine, déduisant l'âge du garçon grâce à son année d'entrée à Laorelon.

— Et on l'a expulsé dès qu'il n'a plus été un Contrôleur, ajoute Sehan.

Cette information permet, en plus, à Erine de calculer l'âge qu'il aurait aujourd'hui.

— Tu vois, il est peut-être encore en vie, dit-elle à Sehan.

Elle voit son ami plisser les yeux, il est en train de réfléchir à l'âge qui pourrait bien avoir leur homme aujourd'hui.

— Quatre-vingt ans cette année ! déclare Sehan.

— Ce n'est pas si vieux, reprend Erine.

Erine se laisse quelques secondes pour apprécier sa trouvaille. Elle n'a aucune idée de ce qu'elle va bien pouvoir faire de cette information, mais elle est heureuse de se dire qu'une personne à qui on a retiré ses dons est peut-être en vie quelque part et qu'il détient sûrement un secret pour sauver son amie.

— Si seulement on pouvait lui parler, soupire Erine.

— Pour ça, il faudrait le retrouver ... dit Sehan, sur le même ton.

Mais comment retrouver un homme qui a disparu de la circulation et des radars de la Ligue depuis soixante-dix ans. Sa mère avait été traité de folle et de traitre envers les Contrôleurs, selon les dires de plusieurs articles. Le nom de Hask n'est jamais réapparu dans aucune revue.

Les yeux d'Erine se baladent sur le répertoire. Elle voit les noms sans les lire, jusqu'à ce que l'un d'eux retiennent son attention. La liste de tous les « Harmin » ayant étudié à Laorelon avec Sehan en fin. Cinq noms en tout. Erine les connaît tous, sauf un :

— C'est qui Meran Harmin ? s'enquiert-elle auprès de Sehan.

Elle pointe du doigt le nom en question sur son écran.

— Le cousin de mon père, répond Sehan.

— Il était à l'école en même temps que ton père et le mien, poursuit Erine, de 2.6.3.4 à 2.6.4.9... Pourquoi on ne le voit jamais ?

— Il est mort l'année de notre naissance, fait Sehan sans aucune considération.

Erine hoche la tête, tout de même un peu surprise de découvrir de cette manière l'existence de ce cousin.

La sonnerie annonçant la reprise des cours retentit dans tout Laorelon, forçant la jeune femme à arrêter son enquête. Sa tablette sous le bras, Erine s'oriente, suivie de Sehan, vers son cours de combat élémentaire. Miolaine, quant à elle, les laisse pour rejoindre une leçon de science qu'Erine surnomme le cours de l'ennui. Lorsque la jeune Contrôleuse et son ami pénètrent dans la salle d'entraînement, la plupart de leurs camarades ont déjà débuté leurs échauffements. Ici, il n'y a que des quadri manipulateurs, aucun risque, donc, que quelqu'un soit touché par le dérèglement des éléments.

Un sourire d'excitation anime aussitôt le visage d'Erine. Exit son enquête et la peur de perdre Anaiel, le moment d'évacuer toute la tension est venue. Elle a hâte d'incendier des androïdes et congeler des armes de pointes. Et si, au passage, elle peut taper et ridiculiser certains de ses camarades, la satisfaction n'en sera que plus grande.

Déjà en tenue de sport, elle s'élance dans l'arène, se faufile entre les flammes et saute avec souplesse par-dessus les branches qui émergent du sol. La salle d'entraînement n'est autre qu'une grosse boîte dont les murs lisses et gris en métal résistent à la puissance dévastatrice des pouvoirs des Contrôleurs. Ici, il n'y a aucun élément à la base, tous sont créés par les étudiants. Erine se saisit d'un filet orange et rouge qui passe devant ses yeux et le jette à Sehan qui le fait grossir et le retourne à son premier propriétaire.

Erine s'immobilise devant un squelette robotique auquel elle assène une gifle de vent pour l'activer. La tête du mannequin s'incline avant de reprendre sa position.

— Il fonctionne, dit-elle.

— À toi l'honneur, l'invite Sehan.

Le jeune homme a à peine le temps de terminer sa phrase que le bras technologique du robot s'empare du poignet d'Erine. Malgré les apparences, ces pantins sont agiles et souples. Certes, pas autant qu'un humain, mais ils servent bien pour les entraînements. Erine sent les doigts métalliques, fins, mais puissant enserrer son poignet. Une douleur désagréable ne met pas longtemps à arriver. Affichant une grimace à mi-chemin entre la douleur et la colère, elle enflamme sa poigne libre et l'abat dans le torse du robot. Il est déséquilibré, recule de quelques pas, desserre légèrement son étreinte, mais entraîne la Contrôleuse avec lui. Erine part en avant, se cogne contre le pantin et peste. Les membres en carbones de son adversaire se couvrent de givre et un jet d'eau interne fait cesser l'incendie qu'Erine a provoqué dans ses entrailles.

— Lâche-moi ! râle-t-elle après le robot.

Bien sûr, il n'obéit pas, ce n'est pas ce pourquoi il a été programmé. Ces parfaites reproductions des méchants que rencontrent régulièrement les soldats de la Ligue ne sont pas faits pour ménager les étudiants, aussi, il reprend vivement ses assauts. Erine s'emploie à faire fondre la glace qui parcourt le squelette. Quand elle est lasse de ce petit jeu et qu'elle estime son échauffement suffisant, elle lève la jambe avec souplesse et déploie son pied pour asséner un coup derrière les genoux de la bête en métal. La poussant avec l'aide du vent, elle ploie rapidement, jusqu'à se retrouver au sol, étouffée. Le robot couché et hors-jeu, Erine s'assoit dessus, satisfaite.

Elle lève les yeux vers Sehan, mais perd rapidement son sourire, voyant qu'il n'a pas l'air de lui avoir accordé la moindre attention. L'air pensif, il s'assoit à ses côtés et elle entend les os métallique craquer sous leur poids.

— J'ai peut-être une idée pour retrouver Reza Hask, dit-il. Mais elle ne va pas te plaire.

— Dis toujours.

D'un signe du menton, il désigne Elric Malcombe. La simple vision de son demi-frère braque Erine. Elle croise les bras et fronce les sourcils.

— Il est doué en informatique, il saurait s'infiltrer dans les réseaux de la Ligue pour trouver davantage d'infos sur l'homme, explique Sehan.

Erine ignore si c'est lié à son désespoir face à la situation actuelle, mais elle ne réfute pas l'idée immédiatement. Cependant, elle ne peut contenir un gloussement nerveux.

— On ne peut pas lui faire confiance et il n'acceptera jamais, dit Erine, calmement sans lâcher son demi-frère du regard.

Elric semble avoir terminé son échauffement depuis un petit moment déjà. Il est nonchalamment assis sur les gradins qui bordent l'arène. Même de loin, Erine peut voir une pellicule de sueur luire sur son front. De courtes mèches châtains, l'exact même marron que celui de la chevelure d'Erine ou celle de leur père, collent la peau poisseuse de son front. De temps à autres, il encourage ses camarades en pleine lutte contre les robots.

— Ça ne coûte rien de lui demander, rétorque Sehan.

Erine fait la moue en soupirant. D'un geste de la main, elle invite son ami à y aller pendant qu'elle restera là à observer ce désastre.

— Ah non, non, tu lui demandes ! réplique instantanément Sehan.

— T'es malade ! Il n'acceptera jamais de me rendre service.

— En effet, mais il sera trop content de te voir ramper à ses pieds pour obtenir un service que lui seul peut te fournir.

Erine peste. Il ne faut qu'une demie seconde pour que son cœur s'emballe et que ses mains deviennent moites. La dernière fois qu'elle et Elric se sont adressé la parole, ils ont bien failli s'étriper.

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Eeeeeh les plumes ! J'espère que ça va bien 😃

Voici un nouveau chapitre ! Lui, c'est inédit de la réécriture ! Je trouvais bien l'idée d'inclure un petit peu plus Elric. C'est un personnage que j'ai hésité à supprimer, mais plusieurs lecteurs/lectrices m'ont dit qu'ils l'aimaient bien, que c'était un personnage qu'il voudrait mieux developper un peu que supprimer (à savoir qu'il est aussi bien plus présent au tome 2), donc voila, j'ai essayé de bosser des chapitres avec Elric. 

Maintenant place à l'échange entre le frère et la soeur dans le 2nd partie du chapitre ➡️