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Entrecoupée par le déjeuner, puis le dîner, cette journée défile rapidement. Les grands se reposent de leur nuit blanche et Erine, Miolaine et Sehan s'abîment les yeux sur les pages des livres qu'ils ont glané ici et là.

— Après avoir effectué son long périple, l'homme s'en retourna chez lui en possession de du trésor qui lui permettrait de sauver celle qu'il aimait. Cette folie qui lui avait fait frôler la mort, ne serait bientôt qu'un mauvais souvenir. De retour auprès de sa douce, il déposa la pierre blanche et pure, tel un diamant brillant sous la lumière de la lune, sur sa poitrine. Les minutes furent longues et douloureuses. Chaque inspiration de sa bien aimée provoquait des soubresauts dans la poitrine du pauvre amant. Ce en quoi il avait fondé tous ses espoirs, sa seule solution de la sauver, allait-elle fonctionner ? La femme ne se tortilla point et demeura silencieuse. Pourquoi rien ne se passait ? Le seul éclat de vie dans la chambre était ce cristal qui semblait semplir d'une teinte plus laiteuse. Sa surface transparente devenait opaque jusqu'à sa brillance s'estompe, replongeant la chambre dans l'obscurité. Dans les rayons de la lune qui perçaient entre les rideaux, l'homme discerna un nouvel éclat. Une prunelle dorée le fixait. Un sourire doux, aimant, lui était adressé. Ses lèvres s'étirèrent d'un bout à l'autre de son visage et dans un éclat de voix incontrôlé, il hurla. Il cria sa joie au monde, son bonheur de revoir la couleur si particulière de ses yeux. L'homme porta toute son attention et son amour sur sa femme. Il l'étreignit et elle lui sembla forte, vive, dans ses bras. La fragilité l'avait quitté en même temps que le mal et... que ses pouvoirs.

La voix de Miolaine traîne sur la dernière phrase. L'esprit d'Erine divague encore dans cette chambre baignée dans l'obscurité avec pour seule source de lumière un caillou magique. Elle s'imagine cette femme aux yeux d'or, elle la voit revenir à la vie, esquisser un geste, lever une main au bout de laquelle aucun élément ne s'anime. Erine grimace, ressentant soudain un grand vide. C'est sûrement ce qu'elle ressentait si elle perdait ainsi ses pouvoirs, une partie d'elle-même s'en serait allée, creusant son corps et son âme.

Erine entend le crissement d'une page qu'on tourne. Miolaine attaque la lecture des paragraphes suivants.

— À jamais, la femme conserva cette pierre qui renfermait ce qui, autrefois, avait été plus précieux que tout pour elle.

— Il faut vraiment être désespéré pour vouloir y laisser ses pouvoirs, commente Sehan.

— Hmmm, fait Erine, les yeux ouverts, fixant le plafond.

Sa tête est doucement bercée par la respiration de Loan et son torse qui se soulève à intervalles réguliers.

— Son ancienne vie résidait désormais dans cette prison de roche blanche qui retenait ses éléments fous qui avait failli la tuer, Miolaine poursuit-elle son récit, semblant ignorer les commentaires de ses amis. Chaque matin, elle frôlait du doigt ce désormais impur de ses dons. Elle s'imaginait une flamme, ne serait-ce qu'une étincelle jaillir de dessous sa peau, mais chaque matin, la pierre demeurait inerte. Et alors que les regrets menaçaient, les cris de ses enfants la tiraient de sa douce mélancolie. Caressant leur tête blonde, elle se rappelait sa chance, celle d'une vie sans la puissance des éléments, plutôt qu'une mort en leur compagnie.

— Mais c'est ça !

Déanna s'écrie avec tant d'entrain qu'Erine sursaute. Elle se redresse et peste contre son amie de l'avoir sorti aussi brusquement de ses rêveries. La lumière de la salle commune agresse soudain sa rétine et elle n'a qu'une envie, c'est que Miolaine tourne les pages, reprennent ses récits et permettent encore à son esprit de s'échapper de la triste réalité qu'est devenu l'internat de Laorelon.

— C'est ça quoi ? lui demande Ervan ensommeillé.

— Mais enfin, fait-elle, l'air excédé, la solution pour sauver Anaiel.

Cela fait soudain tilt dans l'esprit d'Erine. L'idée de Déanna est-elle de se mettre en quête de cette pierre pure absorbeuse de pouvoirs ? Erine a, ici et là, entendu parler de l'éventualité de retirer le dons aux déréglés, sans qu'aucune méthode ne soit parvenue à retenir l'attention des scientifiques. Celle du cristal magique est-elle arrivée jusqu'à leurs oreilles ?

Un silence de plomb s'abat sur leur groupe. Les iris d'Erine croisent ceux de Sehan, puis dévient vers Miolaine, puis Déanna.

— Si on s'entête à lire des contes depuis des semaines, c'est bien qu'on y croit, non ? argumente soudain Déanna.

Erine hoche très lentement la tête, ses pensées tournées vers l'histoire qu'elle vient d'entendre, et puis, elle pivote vers Loan, demeuré silencieux, inerte, sans aucune réaction apparente. Mais s'il sait rester de marbre face à tous les autres, feignant de dormir, les émotions qui s'emparent de son corps n'échappent pas à Erine. La lassitude est le sentiment qui domine à cet instant. La jeune femme se met à le dévisager avec insistance, jusqu'à ce que l'une de ses paupières de soulève. Il soupire et croise ses bras sur son torse.

— Tu sais quelque chose ? l'attaque Erine, sans détour.

Les yeux noirs de Loan la fusillent.

— Tu sais quelque chose ! affirme-t-elle, cette fois.

— Tout ce je sais, c'est que la Ligue n'aura jamais recours à ce type de moyens radicaux, répond-il, la voix posée, mais ferme.

— Les enquêteurs connaissent l'existence de ce caillou pur ? embraie Erine, faisant fi du ton de son ami.

— Je ne sais pas, rétorque-t-il sur le même ton.

— Les enquêteurs se sont-ils penchés sur ce cristal ? répète Erine, froidement.

Loan a une expression qui signifie « oui », mais pas suffisamment. Evidemment, ils cherchent du concret et de vieilles légendes sur une telle pierre ne peuvent qu'être imaginaires. De plus, si l'existence d'une entité pareille venait à être connue, les Contrôleurs se retrouveraient menacés.

— Qui t'en a parlé ?

Cette fois, il se redresse, relève même. Ses iris noires, témoignant de son irritation, sont braquées sur Erine.

— On ne nous en parle pas, répond-il, agressif. On écoute ce que disent les professeurs. Si tu veux savoir exactement, tu n'as qu'à questionner ton père, il dirige les opérations, il sait donc tout ce qui est dit et fait !

Erine le regarde, choquée. Elle a l'impression d'entendre l'un de ses adultes incapables de croire en autre chose que ce qui était prouvé par la science. A-t-il, lui aussi, perdu tout espoir de sauver les déréglés ? Loan n'a, Erine en est désormais convaincue et ce n'est pas faute non plus de lui l'avoir dit, jamais eu grand espoir de sauver Anaiel. Cependant, il les a encouragé chaque soir dans leurs recherches.

Un petit rire rauque s'échappe de la bouche de Loan.

— Et puis quoi après ? Tu vas aller brandir ton conte de fée sous le nez de ton père ?

Erine prend son propos comme une gifle. Il ne lui parle jamais de cette manière. C'est sûrement égoïste de penser qu'il ne s'adresse qu'à elle, mais c'est sur elle que sont fixées ses pupilles dilatées.

— Peu importe le moyen, on ne retire pas leurs dons aux Contrôleurs ! Question d'éthique !

Erine ne comprend pas cet accès de colère. Il est moralement épuisé, elle le sait et elle le voit. Il a peut-être de plus en plus de mal à supporter leurs inepties et leurs rêves fous de trouver un remède, mais ce n'est pas une raison pour s'emporter.

— Grandissez, ce n'est pas un caillou qui sauvera Anaiel.

Nouvelle gifle.

Est-ce une expression de son raz le bol ou un véritable avertissement qu'il leur sonne là ? Comme il l'a si bien dit : on ne retire pas leurs dons aux Contrôleurs ! Ils sont le joyau de la Ligue, ses super soldats inébranlables. Mais quand sera-t-il de leur puissance lorsqu'ils seront décimés de moitié ?

Les yeux exorbités, hésitant entre lui sauter la gorge pour lui avoir parlé ainsi et pour n'être plus qu'un robot façonné par la Ligue ou pleurer, Erine le regarde se passer une main dans les cheveux. Sa tignasse brune ébouriffée lui retombe vite devant les yeux qu'il se frotte ensuite. Machoir serrée, Erine le dévisage. Tout ce qu'elle ressent provenant de lui, c'est cette lassitude qui le suit depuis quelques jours.

Elle s'attend à ce qu'il se radoucisse. Il se radoucit toujours. Il n'accepterait pas de la voir pleurer par sa faute. Cependant, les larmes ne viennent pas, et les excuses non plus. En poussant un soupire qui a dû s'entendre jusqu'aux confins de la galaxie, il dépasse Erine et s'en va se vautrer dans un fauteuil un peu plus loin, près d'Aven et Noreen. Contrariée, Erine reprend le livre de contes des mains de Miolaine. Ni elle, ni Sehan n'ont osé dire quoi que ce soit. Miolaine, sûrement parce qu'elle est encore plus terre à terre que Loan et qu'en effet, un caillou magique ça relèverait du miracle. Et Sehan, parce qu'il n'a aucune envie d'affronter son grand-frère. Le bouquin dans les mains, prête à étudier chaque ligne de ce récit, Erine se rassoit lourdement dans le canapé. Fermée, plus personne n'ose lui parler, la laissant osciller entre espoir et rage. 

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Coucou les plumes ! Voilà pour la 2nd partie de ce 21 ème chapitre ! Comme quoi, on avance tout doucement, mais surement cette réécriture ! Et on avance aussi dans l'intrigue ! Pensez-vous qu'on tient là un remède pour Anaiel ? 

J'aimerais avoir votre avis sur la d'inspire Loarine ? Est-elle crédible ? 

Je vous laisse me dire et on se retrouve vite pour le chapitre suivant (il est déjà prêt, je le posterai dans quelques temps) 

See u