Chapitre 14 : Encore un
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Assise dans le fauteuil près de la fenêtre, Erine écoute Anaiel raconter sa journée. Rythmée par des examens, les repas, les siestes et l'arrivée de nouveaux patients, ce troisième jour semble être passé rapidement. Le sourire qu'elle affiche arrive presque à faire oublier son teint livide et les cernes bleus qui creusent ses yeux.
— Le plus âgé a été déréglé en aidant le plus jeune, précise-t-elle, parlant des nouveaux arrivés.
Erine hoche la tête. Depuis que le dérèglement des pouvoirs a été révélé à tous les élèves, elle a l'impression que le nombre de contaminations s'est accéléré. Où est-ce seulement parce que maintenant, on en parle ?
— Le grand... hmmm, Davin, je crois, est en treizième année. Figurez-vous qu'il n'a pas perdu connaissance. J'étais dans le couloir quand il est arrivé, explique Anaiel. Il titubait et il était un peu pâle...
Erine émet un rire bref. Anaiel est mal placée pour dire des autres qu'ils sont pâles. Avoir la peau complètement décolorée, quoi que, bleutée ou violacée pour certains, est le critère d'acceptation numéro un dans l'unité des déréglés.
— Mais, il est resté éveillé tout du long depuis son arrivée. A midi, il a déjeuné avec nous !
La petite blonde s'interrompt une seconde et semble réfléchir.
— Il est plutôt costaud, vous pensez que c'est pour ça qu'il ne s'est pas évanoui ?
Erine et Miolaine haussent les épaules en se consultant du regard.
— Alors que moi, je suis un petit gabarit et j'ai été inconsciente trois jours !
Sa voix veut marquer une exclamation, mais la faiblesse de son corps fait partir son intonation dans un aiguë presque imperceptible, comme si elle était aphone. Encore un élément qui rappelle à Erine la situation précaire de son amie.
Plusieurs jours d'affilée et ce malgré les condition météo qui se dégradent de plus en plus et rendent tout déplacement à l'extérieur désagréable, Erine et Miolaine retournent voir leur amie. Des visites qui se suivent et se ressemblent. Anaiel, vit de plus en plus le fait de ne pas pouvoir utiliser ses pouvoirs et se plaint de ne pas pouvoir s'exercer pour son futur concours d'entrée à l'Opéra. Erine s'est bien gardée de lui dire que certains médecins planchent sur la solution radicale d'enlever leurs dons aux déréglés.
Rentrant de sa visite quotidienne, Erine retrouve la chaleur de l'internat et de sa chambre. Elle s'y changea, enfila un collant épais et un vieux sweat qui traine. Il est trop grand pour elle et elle se demande quelques secondes si elle a piqué le vêtement à Loan ou à Sehan. Rangeant quelques affaires, elle trouve sa chambre subitement bien vide. Pourtant Déanna et Miolaine sont là et discutent. À elle deux, elles font autant de bruit qu'une classe entière. Mais, le lit impeccable d'Anaiel fait réaliser à Erine que, sans elle, il manque quelque chose à son décor.
Le dîner se déroule dans une ambiance conviviale. Pour une fois depuis plusieurs jours, personne n'affiche une mine triste ou préoccupée. Erine eut une pensée pour Anaiel, surement être seule dans sa chambre d'hôpital, mais se force à chasser cette idée de ses pensées. Déanna est en tailleurs, prête à basculer de l'autre côté du banc et a le nez plongé dans le journal holographique affiché au-dessus de son assiette. Erine zieute sur la rubrique météo et y lit les mêmes informations que la veille : aucune remontée des températures n'est prévue et pire, un peu plus de dix mètres de neige sont attendus sur certaines planètes de la Ligue.
— L'année dernière, à la même époque, on se baignait encore dans le lac, soupire Déanna en faisant défiler les pages. Et là, on est obligé de rester à l'intérieur à l'abri des rafales de vent.
— Garde ce type de réflexions pour toi ! rétorqua Sehan.
Déanna s'apprête à lui répondre, Erine le voit à la grimace qui commence à se dessiner sur le visage de la blonde, mais des cris s'élèvent de l'autre bout de la salle. Tous bondissent et se dirigent dans la direction des hurlements où déjà la foule se fait dense autour d'un corps gisant sur le carrelage. Erine a le souffle coupé l'espace d'une seconde. L'image de ce jeune garçon allongé entre deux tables lui rappela celle de celui de troisième année qu'elle et Sehan ont amené à l'infirmerie quelques jours plus tôt. Rapidement, des étudiants plus âgés dissipent les élèves. Deux d'entre eux s'occupent du garçon. Une sphère bleue gît près de ce dernier. Erine garde les yeux rivés sur les étudiants de garde et leur mine bouleversée fait rapidement comprendre aux initiés qu'il n'a pas survécu. Comment a-t-il pu se retrouver en présence d'une perle élémentaire alors que le directeur a demandé à tous de les remettre aux autorités de Laorelon ?
Vite, plus rapidement que ce qu'il faut de temps à Erine pour pleinement réaliser la situation, les surveillants évacuent le garçon. Ils n'ont même pas appliqué les mesures de secours. Ils n'ont pas essayé de réchauffer son corps, ce qui signifie qu'il n'y avait plus rien a faire. Quand la grande porte du réfectoire se referme, les élèves regagnent silencieusement leurs tables. Erine se rassoit également, elle est sonnée par ce qu'elle vient de voir. Mais, étrangement, elle ne se sent pas mal comme lorsque le jeune Olsen est mort dans le couloir. Autour d'elle, personne n'a cédé à la panique. Ce qui l'étonne presque. Tous viennent de voir mourir l'un de leurs camarades et tous reprennent pourtant leurs activités comme si rien ne s'était passé.
— Encore un qui va finir à l'hôpital.
Ces mots parviennent à Erine depuis une table voisine et lui font comprendre pourquoi personne ne s'est affolé. La plupart des apprentis s'imaginent que le nouveau déréglé s'est évanouie, comme tous les autres... ou presque. Seuls quelques personnes dont les proches ont déjà été touchés savent reconnaître la mort lorsqu'ils la voient. Les élèves de l'école vivent dans l'ignorance et doivent leurs amis mourir sans rien pouvoir faire pour les sauver.
Erine avale son verre d'eau d'un trait et abandonne ses amis. Dans le couloir, elle croise le groupe d'élèves qui s'est occupé du garçon, discutant avec le surveillant général de l'internat et le directeur de l'école. Ils se taisent sur son passage, mais elle devine à leurs airs affligés que leur conversation n'a rien de joyeuse. Elle s'empresse de monter l'escalier. Dans sa chambre, elle enfile ses bottes et son manteau. En fermant la porte de l'internat, elle baisse sa capuche devant ses yeux et s'engage dans les allées du parc. Elle marche, déterminée, dégageant, grâce à ses pouvoirs, les bourrasques qui lui mordent les joues. Certaines l'atteignent encore, mais leur intensité est supportable.
Erine arrive vite au bâtiment des classes et des salles d'entraînement où elle sait que Loan se trouve. La plupart des pièces sont encore allumées et occupées par des étudiants qui révisent encore pour leurs prochains examens. L'utilisation des pouvoirs étant désormais interdite au sein même de l'internat, tous les pyro-manipulateurs viennent dorénavant pratiquer ici. Même pour des exercices simples et sans risque qu'ils travaillaient avant dans leur chambre ou dans les salles communes.
Quand Erine atteint la pièce où se trouve son ami, elle le voit debout au centre avec les quatre éléments qui flottent autour de lui. Utiliser les quatre éléments à la fois est un exercice difficile qu'il effectue plutôt bien. Toutes les fois où Erine s'y essaye, elle échoue lamentablement avant même d'avoir réussi à en contrôler deux.
Erine s'appuie contre le mur en prenant soin de ne faire aucun bruit. Loan est concentré et elle ne veut pas le déranger au milieu de son exercice. Même si elle se doute qu'il se rendra vite compte de sa présence. Peut-être sait il qu'elle arrive depuis l'instant où elle a quitté l'internat.
Le mélange de feu et de poussière qui voltige dans l'espace a vite fait de piquer les yeux de la jeune femme. Elle se les frotte et retire son manteau. Loan porte encore son unforme. Comment fait-il pour le supporter par cette chaleur ? Erine détaille la silhouette de son ami : son gilet déboutonné, ainsi que les premiers boutons de sa chemise, laissent apercevoir la peau de son torse rougie sous la pression de l'effort .
— Un élève est décédé au réfectoire ?
Erine est surprise en entendant sa voix. Il a posé cette question sur un ton détaché sans abandonner les éléments.
— Comment le sais-tu ?.
Loan cesse d'utiliser ses pouvoirs et ils se retrouvent plongés dans le noir. Une fraction de seconde s'écoule avant que le jeune homme ordonne au système de rallumer les lumières. Leur lueur étant bien plus douce et supportable, Erine aurait préféré que son ami maintienne quelques flammes pour seule source d'éclairage.
— Le professeur Taimer et le capitaine Malcombe étaient ici avec moi lorsque c'est arrivé. Quelqu'un est venu les chercher en hurlant la nouvelle. Ils sont immédiatement partis et ne sont toujours pas revenus.
Erine hoche la tête, ne se souvenant pas les avoir vu. Elle fait quelques pas en direction de Loan, l'air pensive, essayant de mettre un mot sur les émotions éprouvées suite à cet événement.
— C'est étrange, dit-elle doucement, je ne ressens rien.
— C'est-à-dire ? demande Loan, son regard bienveillant se posant sur elle.
— Un élève vient de mourir sous mes yeux et ça me laisse indifférente, comme si c'était banal... Autant quand j'ai vu le garçon la semaine dernière, j'ai eu de la peine, mais là, rien.
Erine s'en veut pour ses pensées. Elle a la sensation d'être un monstre sans cœur. Comment peut-on assister à la mort d'un enfant et en ressortir comme si rien ne s'était produit ? Ce n'est pas tant l'événement qui l'a poussé à quitter le réfectoire et venir trouver Loan, mais plutôt son absence totale de réaction. Loan ne lui répond pas tout de suite et demeure un instant plongé dans ses pensées. Ses yeux, noirs comme la nuit, semblent perdus dans le vague.
— Tu sais, Erine, dans les jours qui arrivent, de plus en plus d'élèves vont être hospitalisés, perdre la vie, même. Les moins de dix ans résistent très mal au déréglement. Personne ne sait comment empêcher ce phénomène, alors s'il faut qu'on s'apitoie à chaque fois qu'un élève décède, autant tout de suite s'arrêter de vivre.
— On dirait que leur mort ne compte pas à tes yeux, dit-elle la voix tout aussi détachée que lui.
— Si, bien sûr que si. Mais on nous a demandé de rester forts et de nous préparer psychologiquement à toute éventualité. Je ne peux pas me laisser abattre par les morts qui m'entourent. Un soldat de la Ligue ne doit pas se laisser submerger par ce type d'événements. J'ai choisi une voie qui m'amènera à rencontrer la mort plus d'une fois... La moindre contrariété peut nous affaiblir et nous, qui sommes chargés de veiller sur vous, nous n'avons pas le droit de faillir. Nous ne pouvons pas nous laisser atteindre par le chagrin que vous, petits élèves innocents, allez de plus en plus ressentir.
Même si un petit sourire soulève le coin de ses lèvres grâce au ton plus léger sur lequel il a prononcé sa dernière phrase, tout le reste de son visage est sérieux. Il connaît déjà si bien son discours, les règles que les soldats de la Ligue doivent appliquer. Ce mantra qui le liera à l'organisation, celui qui l'obligera à donner sa vie pour la cause.
— J'ai peur, Loan, murmure Erine en venant se glisser dans ses bras.
— Moi aussi, soupire-t-il en resserrant ses bras autour de la taille de son amie.
— Ça joue les durs, mais au fond, tu paniques autant que nous, rit-elle doucement.
— J'ai peur pour toi, pour mon frère, pour mes amis...
— Pourtant, nous sommes immunisés contre la maladie, le coupe-t-elle.
— Vous ne l'êtes pas tous, fait-il remarquer, tristement. J'ose à peine imaginer l'état dans lequel vous serez lorsque vous perdrez Anaiel.
Erine recule, quittant ainsi ses bras chauds. Elle le regarde, consternée. Manque-t-il à ce point-là de confiance en les médecins ? A-t-il déjà perdu espoir ?
— Nous ne perdrons pas Ana ! s'écrie Erine. Nous ne perdrons pas Ana !
Elle ressent le besoin de le répéter plus fort pour qu'il comprenne bien.
— Je ne compte pas laisser mon amie mourir. S'il le faut, je la guérirai personnellement, je remuerai ciel et terre pour la sauver.
Les larmes lui montent aux yeux. Loan a raison, elle ne peut garantir qu'Anaiel survivra. Elle est infectée par ce dérèglement et la médecine ne peut rien pour l'aider. Loan s'avance pour la reprendre dans ses bras, mais Erine a un mouvement de recul, le forçant à la regarder dans les yeux. Elle attend de lui qu'il soit honnête, quitte à ce que la vérité lui paraisse insupportable. Si son amie doit y rester, elle préfère s'y préparer. Anaiel est à l'hôpital depuis seulement cinq jours, et pourtant, Erine a l'impression que cela fait des semaines. Les événements s'enchaînent si vite qu'elle a le sentiment de les subir sans pouvoir en prendre la pleine mesure.
— Écoute, dit posément Loan, ce matin, Aven et moi sommes allés à l'hôpital pour un cours. Nous en avons profité pour rendre visite à Anaiel et avons tenté d'extirper des informations à la soignante venue distribuer le déjeuner. Elle nous a expliqué que les scientifiques travaillaient sur une piste pour ralentir la progression du déréglement. Ils ont constaté que l'état de santé des patients qui utilisaient leurs pouvoirs se dégradait plus rapidement. Donc, un arrêt total d'utilisation de nos dons est déjà du temps de gagné.
— Je sais, grommele Erine.
Elle grimace, elle aurait aimé qu'on lui transmette d'autres informations que celles dont son père lui a fait part quelques jours plus tôt. Là, Loan ne fait que lui confirmer qu'en cinq jours, le médecins n'ont trouvé aucun autre rémède exploitable.
— C'est maigre comme piste, soupire Erine.
— Je sais bien, murmure-t-il en la prenant à nouveau dans ses bras.
Cette fois, elle se laisse faire et demeure quelques minutes blottie contre lui, la tête contre son torse, écoutant les battements réguliers de son cœur. Depuis qu'elle était bébé, elle se tourne toujours vers lui lorsqu'elle a peur. Petite, elle s'endormait souvent dans ses bras. Lors des moments de tourmente, elle arrive toujours à trouver le sommeil à ses côtés en se concentrant sur les battements de son cœur. Ce son si familier.
Si Erine ne sortait pas rapidement de cette étreinte, elle risque de s'endormir. Sa meilleure berceuse commence à faire effet. Loan l'entraîne à côté de la petite cheminée encastrée dans l'un des murs et sans qu'il ait besoin d'esquisser le moindre mouvement, un feu s'y allume. Erine se laisse tomber sur un coussin qui traine et plonge son regard dans les flammes. La jeune contrôleuse enfonce ses mains dans l'âtre. Ainsi en contact avec le feu, sa peau vire au rouge, pourtant, elle ne ressent aucune douleur. Au contraire, son sang se réchauffe et à mesure que son cœur pompe, le liquide se propage dans son être. Ses joues s'empourprent et elle ressent vite le besoin d'enlever une couche de vêtements supplémentaire. Malgré la fièvre, elle peut rester ainsi des heures à profiter du chatouillis des flammes sur le bout de ses doigts.
Dans son dos, Loan reprend son entraînement. Erine apprécie la douce lumière tamisée qui se fait lorsque, par une commande vocale, son ami éteint les néons. De temps en temps, elle jette un œil en direction de son aîné. Il travaille si sérieusement. Depuis qu'elle est en âge d'utiliser ses pouvoirs, il lui a appris tant de choses. Elle aime par-dessus tout s'exercer avec lui. Bien qu'il ne la ménage pas durant ces exercices, il est d'une grande patience et n'hésite pas à lui remontrer les mêmes mouvements pendant plusieurs heures. Elle en abuse parfois, savourant de le voir entièrement dévoué à elle. Maintenant qu'elle est plus grande, plus expérimentée, ces leçons particulières se font moins régulières. Leurs rares entraînements se transforment davantage en affrontement et en démonstration de force comme lors des compétitions interclasses. Loan reste évidemment le plus puissant des deux, mais elle arrive parfois à l'emporter sur lui, même si elle le soupçonne de la laisser gagner.
Mourant de chaud, elle déboutonne son sweat et d'un coup d'épaule, le fait tomber. Elle sent alors ses perles de sueurs dégouliner le long de son coup et dans son dos.
— Retire tes mains du feu, Erine, lui ordonne Loan. La chaleur est intenable.
Prise d'une envie de s'amuser, elle dégage ses deux mains de l'âtre, en sortant également le feu qu'elle envoit en direction de son ami. Il pare l'amas rouge et orange en croisant ses deux bras devant son visage et le fait disparaître. À nouveau, ils se retrouvent plonger dans le noir.
— Ça t'amuse ? fait-il, exaspéré.
Erine affiche une moue enfantine semblable à celle d'une gamine fière de sa bêtise, heureusement dissimulée par la pénombre.
— Si je porte de la lumière sur ton visage, je vais me retrouver face à ton petit minois innocent, n'est-ce pas ? lance-t-il.
Elle sait qu'il la connaissait par cœur et qu'il n'a besoin d'aucune lumière pour voir les expressions qu'elle aborde. Tout comme, même s'il feind l'agacement, elle ressent toute la douceur qui émane de lui.
Interrompant cet échange, l'éclairage artificiel se remet en route. Erine découvre Loan à quelques mètres d'elle. Sa chemise blanche a fait les frais de l'amas de braises et les manches sont toutes noires. Là, elle perçoit une vraie colère envahir son ami.
La jeune femme se redresse rapidement, reconnaissant le professeur Taimer et Malcombe, sur le pas de la portes. Les deux hommes avancent dans la pièce silencieuse, affichant des mines préoccupées, mais un sourire se dessine sur le visage de Taimer.
— C'est bien, Loan, tu es resté travailler, le félicite-t-il, il faut que tu continues dans cette voie. Par contre, Erine, que fais-tu là ?
Elle se sent rougir. Le regard plein de malice de son professeur est posé sur elle.
— Eh bien, bégaye-t-elle, gênée, j'étais partie prendre l'air, puis j'ai vu Loan s'entraîner, alors j'ai voulu faire de même.
— Loan et toi avez une notion assez différente de l'entraînement, rit le vieil homme.
— Au départ, j'étais partie pour m'entraîner. J'ai voulu regarder Loan pour voir comment il s'y prenait, parce que j'aimerais bien apprendre à le faire aussi, mais... commence-t-elle à argumenter.
— Tu souhaites apprendre à manipuler les quatre éléments à la fois ! la coupe joyeusement son professeur. Pourquoi ne l'as-tu pas demandé plus tôt ? Jahnathan se fera un plaisir de te l'enseigner.
Erine se raidit et dévisage le professeur Taimer avec un air tout aussi surpris que rebuts. L'homme sait quelle haine elle voue son père et quel dégoût il lui inspire. Le vieux professeur ne peutt pas la forcer à travailler avec lui. À moins de souhaiter un drame.
— Vous voulez qu'on travaille ensemble ? s'enqueirt le Capitaine Malcombe, prudent.
— Professeur ! s'écrie Erine, je ne peux pas ...
— Vous ne pouvez pas faire ça, ajoute Loan.
— Ne t'en mêle pas, mon petit, c'est une histoire de famille.
Le professeur Taimer semble avoir la ferme intention de faire travailler le père et la fille ensemble. Erine se rend vite à l'évidence qu'il attend l'opportunité de les réunir depuis longtemps et a su saisir l'occasion.
Erine sait que travailler avec des personnes du même sang apporte beaucoup. Elric a toujours mieux réussi ce qu'il a appris avec son père. Mais même pour cette raison, elle n'est pas prête à s'entraîner avec Malcombe. Les pouvoirs se transmettent génétiquement et les membres d'une même famille les appréhendent souvent de la même façon. Ainsi, toutes les années d'expériences du Capitaine et toutes les connaissances qu'il possède sur ses propres pouvoirs serviront sans aucun doute à ses enfants.
Erine, la gorge entravée par une boule presque étouffante, zieute dans la direction de son père. Lui non plus n'a pas l'air enchanté par l'idée. Mais, le vieux professeur ne changea pas d'avis. Remarquant la profonde aversion de la jeune femme pour ce plan, il lui vante les bienfaits que cette expérience leur apporterait. Elle comprend qu'il ne parle pas seulement de leurs pouvoirs. Erine serre les poings, se retenant d'exploser. Loan s'est rapproché d'elle et pose ses mains sur ses épaules, comme pour la contenir.
Quand elle quitte la pièce, elle entend son professeur lui crier d'être là à huit heures le lendemain. Grommelant son mécontentement, elle sort sans même prendre la peine de répondre. Le professeur Taimer a toujours été son professeur favori, il vient de passer en bas de la liste.
Dehors, elle explose. Loan, toujours avec elle, fait les frais de sa colère. Il ne tente même pas de la calmer, savant la partie perdue d'avance. Erine shoote violemment dans tous les cailloux qui se trouvent sur son passage. Elle peste contre son professeur et pousse parfois des grognements sourds, ce qui a l'air d'amuser Loan. Elle l'entend glousser à plusieurs reprises.
— Tu sais, ce n'est peut-être pas ...
— Tais-toi ! crie-t-elle avant qu'il ne se mette à parler comme le professeur Taimer.
— J'aimerais bien t'y voir, hein ! T'aurais dis quoi si on t'avais collé un entraînement avec ton père ?
Elle ne voit pas meilleure arme que de lui parler de son propre père avec lequel il ne s'entend pas. Elle a beau ne pas supporter Malcombe, pour des raisons qui échappent à Erine, l'aversion que Loan porte à Alexan est peut-être pire encore.
— Ça n'a rien à voir ! contrecarre Loan.
— Beh voyons !
Et comme à chaque fois qu'elle aborde le sujet de sa famille, Loan fuit. Il ne prend même pas la peine de poursuivre et d'argumenter en quoi Malcombe est un bon professeur et un meilleur père qu'Alexan. En y réfléchissant bien et même si elle ne l'avoue pas, elle aussi préfère encore passer une heure avec son géniteur qu'avec Alexan Harmin. Le père de son ami lui a toujours flanqué la frousse.
— De toute façon, rien ne m'oblige à y aller, marmonne-t-elle alors qu'ils entrent dans l'internat.
— Erine.. soupire Loan. Si tu veux voler dans l'espace à mes côtés plus tard, tu vas devoir en passer par là !
"Car moi, j'irai avec lui" se complète-t-elle la phrase dans sa tête. Mais il a visé juste. Malgré son air renfrogné, Erine hoche la tête. Demain matin, elle se présentera à huit heures à l'entraînement.
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Hello hello les plumes ! voici encore un chapitre bien long ! Qu'en avez-vous pensé ? Que pensez-vous du comportement des élèves et d'Erine face à l'évanouissement/mort du l'élève ?
Et les futurs entrainements Erine/Malcombe, ça promet ?
A bientôt pour la suite
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