Seule - Rinna
Rinna était seule.
Depuis longtemps elle avait cessée d'espérer que quelqu'un la prenne dans ses bras.
Depuis longtemps elle s'était habituée à s'asseoir dans un coin en écoutant les conversations au alentours.
Depuis longtemps elle avait oublié jusqu'au visage de ses parents.
Elle était seule, et cela l'étouffait.
Les rares moments où elle se sentait vraiment exister était lorsqu'elle ressentait le besoin de sortir son violon et que quelques personnes tournaient la tête pour savoir qui jouait cette mélodie.
Mais ces personnes ne venaient jamais la voir pour lui dire un mot, ni sur sa musique, ni sur le fait qu'elle était seule.
Alors pourquoi elle attend encore avec espoir que quelqu'un ne soit pas comme les autres ?
Qu'il la regarde et lui porte de l'attention ?
Cela faisait souffrir Rinna et l'empêchait parfois de s'endormir.
Vous savez les phrases que vos parents vous disaient quand vous étiez petit ?
Quelque chose du genre "Bonne nuit ma chérie, fais de beaux rêves !".
Rinna ne l'avait jamais entendu.
Un jour, un soir de Noël, Rinna était passée devant la vitrine d'un magasin de jouet. Elle s'imaginait jouer avec et s'était prise de sympathie pour une poupée rigolote avec des habits multicolores.
Mais l'instant d'après, une petite fille qui était dans le magasin, avec de grosses joues et une sucette dans la bouche, s'approcha de la poupée et la réclama à sa mère.
Rinna était partie quand elle a vu les mains collantes de la fillette prendre sans aucune délicatesse la poupée qu'elle regardait.
Aujourd'hui, Rinna s'était arrêtée sur la place publique d'une petite ville.
Son violon calé entre son épaule et son menton, elle tournait d'une main les pages d'une de ces partitions et tenait de l'autre son archet.
Deux enfant d'environ 5 ans s'assirent, intrigués, puis leurs parents arrivèrent.
Rinna prit une grande inspiration.
Puis joua !
Son archet glissa sur les cordes, les frôlant à peine.
Ses doigts se déplacèrent instinctivement sur les cordes en jouant ce morceau qu'elle connaissait par cœur.
Elle l'avait imaginé, mettant à l'intérieur toute son âme et sa tristesse.
Elle vit l'admiration dans les yeux des enfants et continua de plus belle.
Ses notes vibraient d'une telle intensité qu'elle se sentit emportée dans sa musique.
Elle s'imagina jouer devant des personnes qui la connaissaient, sa famille.
La fin du morceau arriva, elle revint sur la place publique qu'elle n'avait quitté qu'en esprit et observa le monde si gris dans lequel elle évoluait.
Les enfants demandèrent des pièces à leurs parents puis les jetèrent dans sa casquette.
Puis ils partirent, tous.
Mais elle eu le temps de voir une larme glisser le long de leurs joues.
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