Rinna courait dans les rues désormais remplies de monde qui se pressaient pour rentrez chez eux à cause des dizaines de gouttes d'eau froides qui se glissaient dans leur cou et leur provoquaient un frisson.

Chez eux

Un mot bien trop abstrait pour Rinna qui, depuis deux ans arpentait les rues et les routes, ne se rappelant même plus du tendre visages de ses parents qui l'avait mainte fois étreignée dans leurs bras.

Rinna essuya avec rage l'eau qui coulait le long de ses joues mais qui, bizarrement, était salée.

Son violon dans ses bras, elle se faufilant parmi les présences qui ne la remarquait jamais, ne sachant où aller mais souhaitant seulement s'éloigner de la cabane de Théo.

Pour une fois que quelqu'un l'avait regardé ! Pour une fois que quelqu'un lui avait accordé de l'importance !! Mais Rinna s'était sentie trahie quand elle a vu ce petit carnet vert, gisant innocemment sur les coussins multicolores.

Elle revoyait le visage de ses parents, figé à jamais dans la terreur et la tristesse. Sa petite sœur qui devrait supporter éternellement le poids d'un couteau enfoncé dans son cœur et sentirait sa lame froide traverser ses organes pour ressortir de l'autre côté.

La petite violoniste courrait toujours et aperçue bientôt l'abri d'un vieux pont en pierre qui semblait suffisamment accueillant pour qu'elle aille se coucher en-dessous  et s'endormir quasi instantanément trempée de larmes salées.

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Théo n'avait pas réussi à s'endormir, se réveillant constamment pour revoir le visage baigné de larmes de la violoniste qui avait touché son cœur.

En se préparant, il se dit qu'il aurait dû lui courir après, lui dire qu'il s'excusait pour les actes de Luc qui n'était pourtant pas les siens.

Mais avec des si on peut refaire le monde.

Et Théo sentit bien que le vide qu'il venait de remplir revenait petit à petit et que la tristesse s'emparait de plus en plus de son âme brisée.

Ce matin, Théo déambulait entre les rues, à la recherche de quelque chose qui le réconforterait.

Il vit bientôt un gros attroupement près d'une des sorties de la ville et s'en approcha, curieux.

Les chuchotements qu'il parvient à entendre furent "le vieux pont s'est écroulé" "il y avait une fille en-dessous non ?"

Théo comprit immédiatement et fendit la foule avec une terreur immense.

Non !! Ce n'était pas possible ! Cela devait être quelqu'un d'autre, après tout, il y avait des dizaines de jeunes filles dans cette ville !

Cela ne pouvait pas être Rinna !!

Il vit plusieurs hommes qui déplaçaient des pierres grises qui paraissaient bien lourdes et le sang de Théo se figea dans ses veines quand il vit les morceau d'un violon gésir dans les débris.

Certes il y avait des dizaines de filles dans cette ville...

...mais combien étaient accompagnée d'un violon aux reflets rouges qui produisait une mélodie si douce et triste ?

Combien ?

Une seule.

La seule qui comptait pour Théo.