Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

5. Hieronymus (2/2)

— Eh bien, répond Heinrich, cela me paraît clair : nous demandons au Seigneur de soulever ses augustes pieds pour nous donner la relique – à condition de le croiser dans les environs – puis nous fouillons les multiples chapelles de ce monastère pour trouver un livre sacré. Un jeu d'enfant !

— Chut, je réfléchis sérieusement, moi, rouspète Guy.

J'ai beau me creuser la cervelle, je ne vois pas comment nous allons pouvoir tout rassembler avec si peu d'indices. La troupe quitte la ville au lever du soleil et nous devons partir avec elle. Je sautille d'un pied sur l'autre pour me réchauffer, sans qu'aucun éclair de génie m'apporte l'illumination.

Guy rompt le silence d'une voix pleine d'autorité assurée.

— Voilà ce que je propose : commençons par trouver la relique. Cela ne devrait pas être trop difficile.

— Pas difficile ? Tu en as de bonnes, toi ! grommelle Heinrich.

— Jerome faisait sans doute référence à une effigie du Seigneur. Je pense à une représentation du Christ, sûrement dans l'un des bâtiments accessibles aux pèlerins.

— C'est une hypothèse raisonnable, confirme l'Allemand, se prenant au jeu de la réflexion.

— Très bien ! Restons ensemble et examinons les parties communes. L'un de nous fera le guet. Cela vous convient-il ? demande Guy d'une voix sèche de commandement.

— Oui, Monseigneur, s'incline Heinrich sur le ton de la plaisanterie.

J'acquiesce d'un hochement de tête avant de me rendre compte que Guy ne me voit pas dans l'obscurité.

— Oui... mais nous n'avons pas de lanterne. Comment veux-tu que nous trouvions quoi que ce soit dans le noir ?

Guy étouffe un juron.

— Diable ! Je n'y ai pas songé ! Voilà qui va nous compliquer la tâche !

— Ah ah ! Pour une fois, c'est moi qui ai la solution ! Et en plus, je crois savoir où ce pauvre Hieronymus a facilement pu dissimuler sa relique, triomphe Heinrich.

Sans répondre à nos interrogations fébriles, le spécialiste des lieux nous entraîne derrière lui. Maintenant que mes yeux sont de nouveau acclimatés à la pénombre, je distingue les formes des arbres autour de nous. Le vent dans leurs branches les transforme en géants menaçants aux doigts filandreux. La lumière de la lune à son dernier quartier filtre faiblement à travers les nuages et baigne le paysage d'une pâle lueur diffuse. La masse sombre d'un bâtiment au toit pointu se dresse face à nous.

Nous nous arrêtons devant une porte de bois arrondie et je reconnais l'entrée de la petite église Sainte-Marie. Le battant s'ouvre en grinçant sous la poussée de Heinrich. Dans le silence nocturne, la protestation se réverbère entre les murs, enfle et s'expulse en râle de quelque géant de pierre agonisant. Nous pénétrons dans ce lieu de recueillement sur les pas d'une prudente circonspection. L'haleine froide de la nuit s'engouffre avec nous, les flammes des cierges vacillent.

Nous découvrons une chapelle assez ancienne à la nef ramassée autour de six rangées de bancs. La lumière jaunâtre danse sur les saints aux mines sévères alignées le long des deux collatéraux. Au fond de l'abside, Jésus nous domine, du haut de sa croix.

Hélas, nous ne sommes pas seuls. Sur le premier banc, deux formes sombres enveloppées dans de longs manteaux sont agenouillées en prière. Je retiens mon souffle. Nous sommes-nous stupidement jetés dans les griffes des Hospitaliers ? En y regardant de plus près, je reconnais avec soulagement les capes de pèlerins et les grands bourdons. Plongés dans leur méditation, les deux voyageurs ne détournent pas la tête.

— Aux pieds du Seigneur ! s'exclame Guy dans un souffle. Évidemment ! Cette petite église ouverte à toute heure représente la cachette idéale !

— Attendons que la voie soit libre, suggère Heinrich sur le même ton.

Nous nous agenouillons sur le dernier banc, le plus près de la porte. Je profite de ce moment de paix dans la maison de Dieu pour Lui recommander nos âmes et prier pour le succès de notre mission. À côté de moi, Guy murmure un Pater en latin. Du coin de l'œil, j'aperçois Heinrich baiser la gourmette dorée qui ne quitte jamais son poignet.

J'ai l'impression que nous patientons ainsi une éternité. L'humidité de ces vieilles pierres s'insinue dans mes os ; je serre les dents pour les empêcher de claquer. Enfin, les deux hommes se lèvent, nous adressent un signe de tête poli au passage et quittent les lieux. Je pousse un profond soupir.

Guy bondit le premier avant de s'avancer dans l'allée d'un pas prudent, comme si un moine pouvait surgir à l'improviste. Pendant ce temps, Heinrich se dirige vers la réserve de cierges et en dérobe quatre ou cinq. Je masse mes jambes ankylosées.

— Venez voir ! appelle Guy, une excitation palpable dans la voix.

Nous le rejoignons, le cœur battant. Le Français pointe un grand clou en fer, logé entre deux pierres mal équarries, à l'aplomb de la croix.

— Euh, ça ne ressemble pas vraiment à un gobelet de bois, remarqué-je.

— C'est René qui a rapporté une coupe de son voyage, explique-t-il avec un brin d'exaspération. Je n'ai jamais su quelle était la relique de Jerome. Voyons voir...

Les yeux mi-clos, il effleure le métal du bout des doigts, comme s'il testait sa texture, puis s'en saisit. Le morceau de ferraille s'extrait du mur sans effort.

— Oui, je pense que c'est ce que nous cherchons.

— Tu en es sûr ? lâché-je avec une moue dubitative.

— Vois par toi-même, rétorque-t-il en me tendant l'objet.

Je l'attrape et le tourne sous tous les angles pour l'observer : un clou tout ce qu'il y a de plus banal, d'un empan [1] de long environ, un peu tordu, parsemé de taches de rouille. Il pèse plus lourd que ce à quoi je m'attendais. J'ai besoin de quelques instants pour me rendre compte qu'une vibration sourde en émane. Je m'Éveille et constate avec étonnement que la Toile oscille en douceur autour de l'étrange artefact.

— Que se passe-t-il ? m'interrogé-je à voix haute. Ce clou semble Tisser les fils de lui-même.

Un pli préoccupé se glisse entre les sourcils de Guy.

— Il a perçu ton don et entre en résonance à ton contact. Cet objet est puissant, très puissant. Il permet d'amplifier toute manipulation sur la Toile. Il vient d'une époque ancienne où les lois des hommes ne s'étendaient pas encore partout sur le monde, une époque où les trolls, fées et autres farfadets foulaient le même sol que les enfants d'Adam. Avec un tel artefact, un Veilleur sans scrupule pourrait éveiller ces créatures, les attirer de ce côté de la Toile, décupler l'effet de ses Tissages.

— C'est tout mignon, les fées ! Je n'ai rien contre ces gentilles demoiselles. Une fois, j'en ai aperçu une dans la forêt derrière le monastère...

Heinrich s'interrompt devant le regard furibond de Guy.

— Les fées n'obéissent pas aux lois des hommes, reprend le Français d'une voix chargée de menace. Et derrière la Toile rôdent bien d'autres cauchemars, chassés au cours des siècles par notre civilisation. Veux-tu donc libérer les ogres, les géants, les dragons, les gnomes, les gobelins et toutes les créatures que nous tenons habituellement pour légendes ?

— Hem, tu as raison : chacun chez soi, c'est beaucoup mieux ! Je l'ai toujours dit !

— Bien, mieux vaut garder cette relique en lieu sûr.

Guy reprend le clou et le glisse dans la bourse de cuir sous sa tunique.

Nous nous concertons à mi-voix sur la suite des opérations. Hieronymus nous a enjoint de retrouver un livre sacré, soi-disant caché dans l'une des chapelles.

— Encore un manuscrit poussiéreux, se plaint Heinrich non sans un coup d'œil circonspect vers l'amateur de vieux recueils.

Le Français ne relève pas le sarcasme. Il réfléchit en se tapotant les lèvres, les yeux perdus dans une méditation intérieure.

— Je me demande si ce livre sacré est lié à saint Augustin, s'interroge-t-il à voix haute. Nous sommes dans l'abbaye qu'il a fondée. Pourrait-il s'agir de l'ouvrage mentionné par l'archiviste ? Celui que le saint homme a écrit à la fin de sa vie, qui rassemble ses préceptes de sagesse ?

— Comment trouver en une nuit un grimoire que ces moines n'ont jamais découvert en mille ans ? se lamente Heinrich. Autant rejoindre tout de suite les autres au campement et partir demain à la première heure, avec la relique en poche ! Je suis sûr qu'il doit y avoir un moyen de faire le mur pour sortir discrètement d'ici, ajoute-t-il sur un clin d'œil.

Guy secoue la tête avec un début d'agacement. Je comprends au frémissement de ses lèvres minces, au froncement buté de ses sourcils qu'il n'a pas l'intention d'abandonner si vite.

— Nous avons encore de longues heures de nuit devant nous. Il faut en profiter jusqu'au bout ! Si nous restons bredouilles, nous pourrons toujours suivre ton plan avant le lever du soleil.

— Si le livre sacré n'a jamais été déniché par quiconque, commencé-je, alors c'est que...

— Alors, c'est qu'il se trouve encore dans la plus ancienne des chapelles, celle qui fut fondée par saint Augustin lui-même, termine Guy d'une voix convaincue.

— Très bien, allons jeter un coup d'œil là-bas, soupire Heinrich.

— Ne pourrait-on pas d'abord s'habiller plus chaudement ? demandé-je. Allons récupérer nos affaires dans notre cellule.

Glacé par ma tenue élimée et l'atmosphère humide, je me languis de mon épais pourpoint.

— Pas maintenant, me souffle Guy avec une moue réprobatrice. Nous pourrions encore croiser quelqu'un. Gardons nos vêtements de pèlerins.

— Cependant, ne serait-il pas plus prudent de conserver notre sac avec nous ? intervient Heinrich en soutien de ma requête.

Le Français pince les lèvres, puis se range à son argument avec un signe de tête.

— Entendu, faisons un détour par le bâtiment des pèlerins.

Dehors, nous retrouvons le froid vif de la nuit. Je me frictionne les bras en grommelant. Les nuages se sont légèrement dissipés ; un voile diaphane drape le pâle quartier de lune. Des ombres tissées d'une menace larvée se dressent sur notre chemin.

En dépit de tout constat rationnel, le corridor austère, parfaitement désert, me donne la chair de poule. Je ramasse le sac de toile abandonné sur la paille humide de notre cellule et nous ressortons aussitôt, non sans avoir jeté un coup d'œil inquiet en direction de l'extrémité du couloir où logent les deux Hospitaliers.

Dans le parc, Guy et Heinrich avancent à grandes enjambées en direction de la chapelle Saint-Pancrace. Une étrange sensation me saisit sous la lumière diffuse, qui hérisse les cheveux sur ma nuque. Je me retourne à plusieurs reprises, persuadé d'entendre des pas, des craquements ou encore d'entrevoir un mouvement furtif. Mais tout est calme et paisible. Mon imagination me joue des tours. Le monastère est endormi et nous sommes les seuls fous à nous promener à cette heure indue.

Au loin, les cloches sonnent matines, appelant les moines à la prière de la mi-nuit. Pour ne pas risquer d'être découverts, nous hâtons le pas jusqu'au porche de l'église. Heinrich pousse le battant de bois, mais celui-ci ne bouge pas.

— C'est fermé !

— Frère Jacob nous avait prévenus : la chapelle est verrouillée à cause de l'état de la voûte, rappelé-je.

— Nous sommes loin des deux chevaliers. Je vais essayer un tour de ma connaissance, propose le jeune Allemand.

Joignant le geste à la parole, il se penche sur le loquet. Piqué de curiosité, j'Ouvre les yeux. Les fils de la Toile, guidés par ses mains, s'enroulent en douceur autour de la serrure et se resserrent progressivement, jusqu'à ce qu'un léger claquement de métal retentisse. Mes oreilles bourdonnent ; les pièces s'entrechoquent dans mon escarcelle. La porte pivote avec un couinement aigu. Apeuré, je regarde autour de moi, mais nulle alerte ne se déclenche.

Sans plus attendre, nous nous faufilons par le battant entrebâillé, que nous repoussons derrière nous.


*  *  *

1. L'empan est l'espace maximum entre l'extrémité du pouce et le petit doigt d'une main ouverte, soit 20 cm environ.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro