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40. L'honneur est sauf (3/3)

Les gardes nous entourent avec des froncements de sourcils méfiants, tandis que le grand maître de France nous conduit à la tente de la salamandre. Jacques suit derrière, tenant les rênes du cheval et de la mule et secouant la tête d'un air attristé.

Devant le pavillon royal, Guy se retourne vers son ami resté en retrait.

— Attends-moi ici, Jacques, et ne laisse personne s'approcher de ce chariot tant que le roi lui-même n'en a pas donné l'ordre.

Jacques acquiesce d'un signe de tête et Anne de Montmorency nous emmène sous la haute tente.

Sans surprise, le souverain ne nous y attend pas seul. Plusieurs guerriers et nobles seigneurs sont rassemblés autour de lui, semés de regards avides et de rictus voraces. Ont-ils tous accouru pour assister à la disgrâce d'un fils de Lorraine ou bien se trouvaient-ils déjà sur place quand l'annonce de notre arrivée s'est répandue dans le campement ? Quoi qu'il en soit, nous ne pouvons compter sur aucun soutien dans cette assemblée qui se délecte à l'avance du spectacle.

Assis sur une simple chaise de camp, devant une table couverte de cartes et de croquis, le roi François nous regarde avancer d'un air dur, empreint d'une colère froide, à cent lieues de la bonhomie de son précédent accueil.

À distance respectable, Guy descend un genou à terre et baisse la tête en signe d'humilité.

— Sire.

Je l'imite, un pas en retrait.

Un silence d'expectative funeste s'installe sous l'abri de toile. Je tremble légèrement. À genoux ainsi, sous le regard distant du monarque, une inquiétude pernicieuse grignote ma confiance : et si je m'étais trompée ? Si les paroles que Guy s'apprête à prononcer ne faisaient qu'attiser sa fureur ? Hélas, il est trop tard pour reculer, maintenant. Nous devons aller jusqu'au bout.

Le roi rompt enfin le silence d'un ton sec.

— Je ne pensais pas vous revoir un jour devant moi, Monsieur de Tréveray.

Sans lever les yeux, Guy répond d'une voix ferme.

— Je suis navré pour le temps qu'il m'a fallu, sire, mais je vous rapporte les cinq cent mille écus que vous m'avez demandé de retrouver. Vous aviez raison : votre surintendant des finances avait traîtreusement dérobé cet argent dans vos caisses.

Le roi bondit sur ses pieds, estomaqué.

— Cinq cent mille écus !

— Oui, sire, reprend Guy d'un ton égal. Le baron s'est laissé tromper par votre ruse. J'ai ainsi pu mettre la main sur les lettres qu'il a échangées avec sa conspiratrice à Venise et qui sont la preuve de sa félonie. Enhardi par l'annonce de ma disgrâce, Monsieur de Semblançay ne s'est pas méfié de moi.

Je retiens mon souffle. Le roi va-t-il réfuter les paroles de mon compagnon, admettant ainsi devant toute la cour qu'il a été trompé par Jacques de Beaune ? Ou bien va-t-il accepter la fable que nous lui proposons et reconnaître du même coup que Guy a agi sur son ordre, que l'annonce de sa traîtrise était une ruse pour mieux endormir la vigilance du félon ?

Le roi demeure songeur un instant. Il tapote machinalement les cartes sur la table.

— Relevez-vous, Monsieur de Tréveray.

Dans sa voix encore empreinte de stupéfaction, le timbre s'est adouci.

— Vous allez me montrer ces écus et ces lettres, reprend-il d'une intonation liserée d'un reste de méfiance.

Je laisse échapper un discret soupir de soulagement tandis que je me relève à mon tour. Le roi veut des preuves, toutefois il a clairement mordu à l'hameçon. Guy a vu juste. Un monarque n'a pas droit à l'erreur. Nous lui offrons un moyen de ne pas perdre la face, de sauver son honneur. Il a saisi l'occasion au bond.

— Ils sont juste là dehors, sire, répond Guy. Vous n'avez qu'un mot à dire pour les faire chercher.

Sur un signe du roi, Anne de Montmorency et deux gardes sortent de la tente, pour revenir l'instant d'après avec un coffre rempli d'or, un Jacques de Beaune tremblant et une pile de lettres. Le souverain jette à peine un regard au vieil homme qui s'effondre à genoux près de lui. Il s'empare des missives et les parcourt rapidement pendant que Anne dévoile aux yeux de tous le contenu du trésor. L'assistance pousse une exclamation ébahie devant les bijoux et les écus scintillants. Même pour les nobles seigneurs rassemblés, il s'agit d'une fortune colossale.

Satisfait de ce qu'il vient de lire, le roi affiche maintenant un sourire réjoui.

— Excellent travail, comme toujours, Monsieur de Tréveray, conclut-il d'un ton redevenu cordial. Je savais bien que vous seriez à même de démasquer ce traître.

— Merci, sire, répond Guy en levant les yeux pour la première fois vers son souverain.

Sa voix assurée trompe peut-être l'auditoire, mais je décèle à la commissure de ses lèvres le reflux de la tension et l'éveil du soulagement. Je lui attrape le bras et serre sa main en signe de réconfort. Il pose ses doigts sur les miens en retour. Nous avons surmonté cette dernière épreuve.

Mon regard balaie l'assemblée des nobles qui commentent à mi-voix cet étonnant retournement de situation. Qui est véritablement dupe ici ? Personne peut-être, mais les apparences sont respectées. L'honneur est sauf [1].

Les yeux du roi se posent enfin sur la silhouette craintive de son surintendant. Une grimace de répugnance assombrit son visage.

— Monsieur de Montmorency, ordonne-t-il d'un ton sec et impérieux, veuillez emmener ce félon hors de ma vue, je vous prie. Trouvez-lui un logement digne de son rang, mais maintenez-le sous bonne garde. Je lui parlerai plus tard.

Soudain, du bruit s'élève à l'entrée de la tente.

— Laissez-moi passer ! s'exclame une voix bourrue qui fait bondir mon cœur. On me dit que ma fille est ici, avec le roi !

Mon sang ne fait qu'un tour. Je me rue à l'extérieur sans même réfléchir.

Un garde barre le passage à un Charles de Crussol furieux. Quand mon père m'aperçoit, jaillie devant lui comme un diable hors de sa boîte, il se fige sur place. Mes yeux dévorent avidement la silhouette trapue si familière. Je réalise qu'il porte le simple pourpoint de cuir qu'il enfile habituellement sous sa cuirasse. Sans doute s'est-il précipité ici en apprenant de mes nouvelles, sans même prendre le temps de se changer dans une tenue adaptée. Il me paraît plus vieux que dans mon souvenir. Mon cœur se serre devant les cheveux blanchis, le front creusé de rides soucieuses.

J'hésite l'espace d'un remords, incertaine de son accueil.

Ses yeux bruns s'illuminent du radieux soleil de Provence. Une joie intense efface les plis d'un simple coup d'éponge et étire ses lèvres d'un sourire soulagé. Il ne m'en veut pas.

Je me précipite à son cou.

— Père !

— Aurore ! C'est donc bien vrai ! Tu es en vie ! Je croyais t'avoir perdue !

Ses bras solides referment sur moi leur cocon protecteur. Il m'étreint à m'étouffer, comme pour s'assurer de ma présence, comme s'il craignait que je ne m'envole à nouveau. Des éclats de bonheur perlent de ses yeux, roulent sur sa figure, tombent sur ma joue et se mêlent aux miens.

— Est-ce bien toi qui as laissé ce mot dans ma tente ? J'étais si soulagé et si furieux. Comment as-tu pu repartir sans même me parler !

— Je ne pouvais pas rester, un devoir m'attendait, expliqué-je, la gorge serrée autour de cette décision.

Il m'observe avec un vestige de sourcils froncés qui s'efface dans un profond soupir.

— Ne recommence plus jamais ça, murmure-t-il avec tendresse.

— Je suis désolée, soufflé-je d'une voix brisée d'émotion. Je te demande pardon.

Nous restons longtemps enlacés ainsi, sans prêter attention aux allées et venues. Je pose ma tête contre son épaule, comme je le faisais enfant et qu'il me portait dans ses bras, respire le mélange inimitable de cuir tanné et de familiarité. Je n'avais même pas réalisé jusqu'à présent à quel point il m'avait manqué.

Quand il relâche enfin son étreinte, je le prends par la main et l'entraîne sous la tente. Le garde nous laisse passer sans intervenir. L'intérieur s'est vidé de sa population de curieux sur un cercle de courtisans bien plus restreint.

Guy et le roi se retournent à notre entrée. Le souverain s'approche de mon père avec un sourire avenant.

— C'est donc là votre fille, Monsieur d'Uzès ? Je croyais qu'elle avait péri. Elle devait épouser le fils de mon surintendant des finances, si je me souviens bien. Je crains malheureusement que cette union ne puisse finalement avoir lieu, au vu de ce que je viens de découvrir.

J'ai toutes les peines du monde à retenir le sourire radieux qui force sa place sur mes lèvres. Jamais demoiselle à marier ne fut plus heureuse que moi ce jour-là d'apprendre la rupture de ses fiançailles !

Guy s'avance à son tour et s'incline devant Charles de Crussol avec un profond respect.

— Monsieur d'Uzès, je vous dois déjà la vie, il y a fort longtemps, sur un champ de bataille non loin d'ici. Me trouveriez-vous présomptueux si je vous demandais maintenant la main de votre fille ?

Mon cœur tressaute de joie sur ces quelques mots, si simples, si précieux. Mes derniers doutes sur les sentiments de Guy sont balayés aussi radicalement que les nuages d'orage au-dessus de la lagune de Venise, un matin d'automne. J'ose enfin me l'avouer. Je l'aime ; et cet amour est partagé.

Je retiens mon souffle dans le silence stupéfait qui suit sa déclaration. Mon père hésite. Ses yeux incertains glissent dans ma direction. Je lis une question dans son regard, ainsi peut-être qu'une pointe de circonspection.

J'esquisse la révérence d'une digne fille soumise.

— Père, votre décision sera la mienne, mais je serais plus qu'honorée d'avoir un si noble et si vaillant époux ! affirmé-je en proie à une confusion d'émotions indescriptible.

Son visage s'éclaire. Sa tête de mule de fille se range enfin à la raison. L'occasion est trop belle pour la laisser passer.

— Monsieur de Tréveray, je serai heureux de vous compter pour fils, accepte-t-il avec chaleur. La main de ma fille est vôtre pour autant que je puisse en disposer. Vous avez manifestement déjà conquis son cœur.

*  *  *

Je repars au bras de mon père, heureuse, tout simplement, comme je ne l'avais plus été depuis bien longtemps. Les mots se bousculent sur mes lèvres. J'ai tant d'aventures à lui raconter, tant de retard à rattraper !

Derrière nous, Guy et le souverain restent seuls. Je les entends discuter tandis que je m'éloigne ; le roi et son chevalier. Les deux hommes s'adressent l'un à l'autre avec un respect mutuel, comme si aucune ombre ne s'était jamais immiscée entre eux.

— Dites-moi, Monsieur de Tréveray, et votre grimoire, qu'en avez-vous fait ?

— Oh, il n'était pas si important que cela finalement, sire, répond Guy négligemment. J'ai bien peur de l'avoir égaré.


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1. Au soir de la terrible défaite de Pavie, François 1er prisonnier écrivit dans une lettre à sa mère Louise de Savoie les mots suivants : « Madame, pour vous avertir comme se porte le reste de mon infortune, de toute chose ne m'est demeuré que l'honneur et la vie qui m'est sauve », ce que la postérité a retenu sous l'adage « Tout est perdu fors l'honneur ».


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