Chapitre 3 : Premières impressions
Le temps semblait s'être figé depuis l'apparition des frères Morningstar. Une semaine s'était écoulée, et pourtant, leur présence - ou plutôt leur absence - continuait de hanter les couloirs du lycée de Silvergrove. C'était comme si un sort avait été jeté sur l'école entière, plongeant tout le monde dans une attente fébrile.
J'avais passé chaque jour à scruter les visages dans la cafétéria, à guetter une chevelure dorée ou des yeux verts perçants dans les couloirs. Mais Gabriel et Lucifer semblaient s'être évaporés aussi mystérieusement qu'ils étaient apparus. Les rumeurs allaient bon train, chacun y allant de sa théorie sur la raison de leur disparition soudaine. Certains disaient qu'ils avaient été renvoyés pour une raison obscure, d'autres qu'ils étaient tombés malades. Les plus imaginatifs parlaient même d'un enlèvement extraterrestre.
Quant à moi, je ne savais plus quoi penser. Une partie de moi était soulagée de ne pas avoir à faire face à l'intensité troublante de Lucifer ou à la sagesse déconcertante de Gabriel. Mais une autre partie, une partie que je n'osais pas examiner de trop près, ressentait un manque inexplicable.
Les nuits n'apportaient aucun répit à mon esprit tourmenté. Chaque soir, je sortais le livre mystérieux de sa cachette sous mon matelas, espérant y trouver des réponses. Mais chaque fois, je me heurtais à un mur de frustration. Les pages étaient couvertes de symboles étranges, de glyphes et de dessins complexes qui n'appartenaient à aucune langue que je connaissais. J'avais même essayé de chercher des correspondances sur internet, mais en vain. C'était comme si ce livre venait d'un autre monde, tout comme les Morningstar semblaient l'être.
Ce matin-là, alors que je me préparais pour une nouvelle journée de cours, je ne pus m'empêcher de jeter un coup d'œil au livre, posé sur ma table de nuit. Il semblait me narguer, gardien silencieux de secrets que je brûlais de découvrir.
"Olivia ?" La voix d'Ethan me tira de mes pensées. "Tu es prête ? On va être en retard."
Je sursautai, réalisant que j'étais restée immobile devant mon miroir pendant Dieu sait combien de temps. "J'arrive !" criai-je, attrapant mon sac à la hâte et fourrant le livre à l'intérieur presque par réflexe.
Le trajet jusqu'au lycée se fit dans un silence confortable. Ethan semblait perdu dans ses pensées, et je ne pouvais m'empêcher de me demander s'il était lui aussi hanté par l'apparition - et la disparition - des Morningstar.
Alors que nous nous garions sur le parking du lycée, je remarquai immédiatement que quelque chose avait changé. Il y avait une effervescence inhabituelle, des groupes d'élèves qui chuchotaient avec animation en pointant du doigt quelque chose que je ne pouvais pas voir.
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Étaient-ils de retour ?
"Qu'est-ce qui se passe ?" demanda Ethan, son regard suivant le mien.
"Je ne sais pas," répondis-je, essayant de garder une voix neutre. "On ferait mieux d'y aller, tu ne veux pas être en retard pour ton cours de maths."
Ethan hocha la tête, mais je vis une lueur d'inquiétude dans ses yeux. "Fais attention, Liv," dit-il doucement avant de s'éloigner vers son bâtiment.
Je le regardai partir, une boule se formant dans ma gorge. Parfois, j'oubliais à quel point Ethan était perspicace. Il avait dû sentir mon trouble ces derniers jours, malgré mes efforts pour le cacher.
Prenant une profonde inspiration, je me dirigeai vers l'entrée principale. À chaque pas, je sentais mon cœur battre plus fort, anticipant ce que j'allais découvrir.
Et c'est là que je le vis.
Gabriel Morningstar se tenait près des casiers, aussi magnifique et irréel que dans mes souvenirs. Sa chevelure dorée semblait briller d'une lumière propre, contrastant avec la grisaille ambiante de Silvergrove. Il était en grande conversation avec M. Hawkins, le professeur de littérature, qui semblait boire ses paroles.
Comme s'il avait senti ma présence, Gabriel tourna la tête dans ma direction. Nos regards se croisèrent, et je sentis mon souffle se couper. Ses yeux bleus, d'une clarté surnaturelle, semblaient voir directement à travers moi, perçant les couches de mes secrets et de mes peurs.
Un léger sourire étira ses lèvres parfaites, et il m'adressa un signe de tête poli avant de reporter son attention sur M. Hawkins.
Je restai là, figée, incapable de détourner le regard. C'était comme si le monde autour de moi avait cessé d'exister, réduit à ce seul point focal : Gabriel Morningstar.
"Terre à Olivia !" La voix de Léa me ramena brutalement à la réalité. "Tu comptes rester plantée là toute la journée ?"
Je clignai des yeux, réalisant que j'étais restée immobile au milieu du couloir. "Désolée," marmonnai-je, sentant mes joues s'empourprer. "J'étais... distraite."
Léa suivit mon regard et un sourire malicieux apparut sur son visage. "Je vois ça. Il faut dire qu'il y a de quoi être distraite. Gabriel Morningstar en chair et en os, de retour parmi nous."
"Il... ils étaient où cette semaine ?" demandai-je, essayant de garder un ton désinvolte.
Léa haussa les épaules. "Personne ne sait vraiment. Il y a plein de rumeurs qui circulent. Apparemment, ils auraient eu des 'affaires familiales' à régler. Mystérieux, non ?"
J'acquiesçai distraitement, mon regard revenant malgré moi vers Gabriel. Il était toujours en grande conversation avec M. Hawkins, mais je remarquai que ses yeux glissaient régulièrement dans ma direction.
"Et... Lucifer ?" demandai-je, le nom me brûlant presque les lèvres.
"Pas encore vu," répondit Léa. "Mais cette journée promet d'être intéressante."
La cloche sonna, nous tirant de notre contemplation. Je réalisai avec un mélange d'excitation et d'appréhension que mon premier cours de la journée était Littérature Avancée.
Alors que nous entrions dans la salle de classe, je sentis mon cœur s'emballer. Gabriel était la, assis, son regard fixé sur la porte comme s'il m'attendait. Quand nos yeux se croisèrent à nouveau, je sentis cette même décharge électrique me traverser.
"Mademoiselle Carter," la voix de M. Hawkins me fit sursauter. "Pourriez-vous prendre place à côté de M. Morningstar ? Il aura besoin d'aide pour rattraper le cours de la semaine dernière."
J'acquiesçai, incapable de former des mots. Mes jambes semblaient faites de plomb alors que je me dirigeais vers le bureau de Gabriel. Il se leva galamment pour me laisser passer, et je sentis son odeur m'envelopper - un mélange enivrant de miel, de soleil et de quelque chose d'indéfinissable...
"Bonjour, Olivia," dit-il doucement alors que je m'asseyais. Sa voix était comme une caresse, envoyant des frissons le long de ma colonne vertébrale.
"Salut," réussis-je à articuler, gardant les yeux fixés sur mon cahier.
Je sentais le regard de Gabriel peser sur moi, et malgré ma nervosité, je ne pus m'empêcher de lever les yeux. Son expression était douce, patiente, comme s'il attendait que je trouve le courage de parler.
Prenant une profonde inspiration, je me lançai : "Où étiez-vous cette semaine ? Je veux dire... vous êtes arrivés et puis... disparus."
Un sourire énigmatique se dessina sur les lèvres de Gabriel. "Des affaires familiales urgentes," répondit-il d'une voix calme. "Je suis désolé si notre départ soudain a pu paraître... impoli."
Je hochai la tête, pas vraiment satisfaite de cette réponse vague. Rassemblant mon courage, je poursuivis : "Et... pourquoi Silvergrove ? C'est un peu... enfin, ce n'est pas vraiment l'endroit le plus excitant du monde."
Gabriel me regarda avec une intensité qui me fit frissonner. Ses yeux bleus semblaient contenir des océans de secrets. "Parfois, Olivia, les endroits les plus inattendus cachent les trésors les plus précieux. Silvergrove a... quelque chose de spécial."
Il y avait quelque chose dans sa voix, une note de mystère qui piqua ma curiosité. "Quelque chose de spécial ? Comme quoi ?" Je ne pus m'empêcher d'ajouter avec un petit sourire ironique : "Ce n'est certainement pas le temps en tout cas."
Gabriel esquissa un petit rire, un son mélodieux qui attira l'attention de plusieurs élèves autour de nous. "Effectivement," dit-il, ses yeux pétillant d'amusement. "Le climat de Silvergrove n'est pas exactement ce qu'on pourrait appeler... ensoleillé."
Son rire et sa réponse détendirent légèrement l'atmosphère, mais je pouvais sentir qu'il y avait plus derrière ses paroles.
M. Hawkins commença son cours, nous plongeant dans une analyse de "Roméo et Juliette". Mais j'avais du mal à me concentrer. La présence de Gabriel à mes côtés était électrisante, chacun de ses mouvements attirant mon attention comme un aimant.
"Qu'en penses-tu, Olivia ?" La voix de M. Hawkins me tira de ma rêverie. "Le concept d'amour au premier regard dans 'Roméo et Juliette' - réaliste ou pure fantaisie romantique ?"
Je clignai des yeux, prise au dépourvu. "Je... euh..."
"Si je puis me permettre," intervint Gabriel, sa voix douce mais assurée, "l'amour au premier regard, tel que décrit par Shakespeare, n'est peut-être pas tant une réalité tangible qu'une représentation poétique de la reconnaissance d'une âme sœur. C'est l'idée que deux êtres peuvent être liés par le destin, leurs chemins destinés à se croiser malgré les obstacles."
Le silence tomba sur la classe. Même M. Hawkins semblait ébahi par cette réponse.
"C'est... une interprétation fascinante, M. Morningstar," dit-il finalement. "Pourriez-vous développer ?"
Et c'est ainsi que Gabriel se lança dans une analyse profonde et nuancée de "Roméo et Juliette", citant non seulement Shakespeare mais aussi des philosophes anciens et des poètes que je n'avais jamais entendus. Sa voix était hypnotique, ses mots tissant une tapisserie complexe d'amour, de destin et de libre arbitre.
Je l'écoutais, bouche bée, me demandant comment un adolescent pouvait posséder une telle sagesse, une telle profondeur de pensée. C'était comme si Gabriel avait vécu mille vies, accumulant des siècles de connaissance et d'expérience.
Quand la cloche sonna, annonçant la fin du cours, c'est comme si un sort avait été rompu. Les élèves commencèrent à ranger leurs affaires, chuchotant avec animation sur la performance de Gabriel.
"C'était... impressionnant," dis-je doucement alors que nous nous levions.
Gabriel me sourit, et je sentis mon cœur faire un bond dans ma poitrine. "Merci, Olivia. J'ai toujours eu un faible pour Shakespeare. Il avait une façon unique de capturer l'essence de l'âme humaine."
Il y avait quelque chose dans sa façon de parler, comme s'il avait personnellement connu Shakespeare. Je secouai la tête, chassant cette pensée ridicule.
"Tu as le cours de chimie, maintenant, n'est-ce pas ?" demanda-t-il alors que nous sortions de la salle.
Je hochai la tête, surprise qu'il connaisse mon emploi du temps.
"Ah," dit-il, son expression devenant soudainement indéchiffrable. "Bon courage alors."
Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas vraiment cette réaction. Pourquoi aurais-je besoin de courage pour un simple cours de chimie ?
"Merci, je suppose," répondis-je, hésitante. "Mais pourquoi..."
Avant que je ne puisse finir ma question, Gabriel avait déjà disparu dans la foule d'élèves, me laissant seule avec plus de questions que de réponses, et un sentiment grandissant que les frères Morningstar cachaient bien plus que de simples "affaires familiales".
Prenant une profonde inspiration, je me dirigeai vers le laboratoire de chimie, mon esprit encore préoccupé par l'étrange comportement de Gabriel. Pourquoi m'avait-il souhaité "bon courage" ? Et pourquoi son expression avait-elle changé si brusquement ?
J'entrai dans la salle de classe, mes yeux scannant automatiquement les visages familiers de mes camarades. Le brouhaha habituel des conversations remplissait l'air, mêlé à l'odeur caractéristique des produits chimiques.
C'est alors que je le vis, et mon cœur rata un battement.
Au fond de la salle, nonchalamment appuyé contre la paillasse, se tenait Lucifer Morningstar. Sa présence inattendue me frappa comme un coup de poing dans l'estomac. Soudain, les paroles énigmatiques de Gabriel prirent tout leur sens.
Nos regards se croisèrent, et je sentis mon monde basculer. Ses yeux verts brillaient d'une lueur presque surnaturelle, un mélange de malice et de désir qui me cloua sur place. Un lent sourire étira ses lèvres parfaites, révélant des dents d'une blancheur éclatante.
"Eh bien, eh bien," dit-il d'une voix grave qui envoya des frissons le long de ma colonne vertébrale. "Regarde qui voilà. Ma partenaire de labo préférée."
Je déglutis difficilement, réalisant soudain que la seule place libre était à côté de lui. Le destin, ou peut-être quelque chose de plus calculé, semblait déterminé à nous rapprocher.
Prenant mon courage à deux mains, je m'avançai, consciente de chaque regard posé sur moi alors que je traversais la salle. L'avertissement voilé de Gabriel résonnait dans ma tête, ajoutant une couche de tension à une situation déjà électrique.
"Lucifer," dis-je en guise de salutation, essayant de garder une voix ferme malgré le tourbillon d'émotions qui m'envahissait.
Son sourire s'élargit. "Tu m'as manqué, tu sais," murmura-t-il alors que je m'asseyais. "Une semaine loin de toi, c'était comme une éternité en enfer."
Je levai les yeux au ciel, trouvant soudain le courage de répliquer face à son arrogance. "On se connaît à peine, Lucifer. Et tu ne crois pas que tu prends un peu trop ton nom au pied de la lettre avec ces références à l'enfer ?"
Ses yeux s'écarquillèrent légèrement, surpris par ma répartie, avant qu'un sourire appréciateur ne vienne étirer ses lèvres. "Oh, Olivia," dit-il, se penchant si près que je pouvais sentir son souffle sur ma joue. "Tu n'as pas idée à quel point je peux être fidèle à mon nom."
Je sentis un frisson me parcourir, mélange de fascination et d'appréhension. Il y avait quelque chose dans sa voix, une note de vérité qui me troublait plus que je ne voulais l'admettre.
"Eh bien," répliquai-je, essayant de garder une voix stable, "j'espère que tu es aussi doué en chimie qu'en références bibliques. On a un TP à faire, je te rappelle."
Lucifer rit doucement, un son riche et mélodieux qui attira l'attention de plusieurs élèves autour de nous. "Ne t'inquiète pas pour ça, chérie. La chimie et moi, on est de vieux amis. Surtout quand il s'agit de... réactions explosives."
Il y avait quelque chose dans sa façon de dire cela, un double sens que je n'arrivais pas tout à fait à saisir. Avant que je ne puisse répondre, le professeur commença son cours, nous sauvant d'une conversation qui devenait de plus en plus dangereuse.
Alors que nous nous lancions dans l'expérience du jour, je réalisai que travailler aux côtés de Lucifer allait être un défi bien plus grand que je ne l'avais imaginé. Chacun de ses mouvements semblait calculé pour me distraire, pour attirer mon attention.
"Passe-moi l'éprouvette, s'il te plaît," demanda-t-il, sa voix basse et mélodieuse.
Je saisis le tube de verre, consciente de la chaleur qui irradiait de sa main lorsque nos doigts se frôlèrent pendant l'échange. Une étincelle sembla jaillir à ce contact, et je retirai ma main rapidement, comme si j'avais été brûlée.
Lucifer sourit, un sourire qui semblait dire qu'il savait exactement l'effet qu'il avait sur moi. "Tu sais, Olivia," murmura-t-il en versant soigneusement le liquide dans le bécher, "la chimie n'est pas seulement une science. C'est un art. L'art de combiner des éléments pour créer quelque chose de nouveau, de puissant."
Ses yeux verts se levèrent pour rencontrer les miens, et je sentis mon cœur s'accélérer. "Et parfois," continua-t-il, "les combinaisons les plus improbables sont celles qui produisent les réactions les plus... explosives."
Je déglutis difficilement, essayant de garder mon calme. "Tu parles toujours de l'expérience, n'est-ce pas ?"
Son sourire s'élargit, révélant des dents parfaites. "Qu'en penses-tu ?"
Avant que je ne puisse répondre, le professeur s'approcha de notre paillasse. "Comment avancez-vous, vous deux ?"
"Parfaitement bien, monsieur," répondit Lucifer avec une assurance tranquille. "Nous sommes sur le point d'ajouter le catalyseur."
Le professeur hocha la tête, impressionné. "Excellent. Continuez comme ça."
Dès qu'il s'éloigna, je me tournai vers Lucifer. "Comment as-tu su pour le catalyseur ? On n'en est pas encore là dans le protocole."
Lucifer haussa légèrement les épaules, un geste qui semblait presque trop gracieux pour être réel. "Disons que j'ai une certaine... affinité avec la chimie. Les réactions, les transformations, c'est un peu ma spécialité."
Il y avait quelque chose dans sa façon de dire cela, une profondeur dans ses yeux qui me faisait penser qu'il ne parlait pas seulement de la matière scolaire.
Alors que nous continuions l'expérience, je ne pouvais m'empêcher d'être impressionnée par son habileté. Ses mains bougeaient avec une précision presque chirurgicale, mélangeant les produits, ajustant les quantités avec une assurance qui semblait dépasser de loin celle d'un simple lycéen.
"Tu as déjà fait ça avant, n'est-ce pas ?" demandai-je, incapable de contenir ma curiosité.
Lucifer me lança un regard énigmatique. "On peut dire ça. J'ai eu... beaucoup de temps pour pratiquer."
Je fronçai les sourcils, intriguée par cette réponse cryptique. "Qu'est-ce que ça veut dire ?"
Il se pencha vers moi, son visage si proche que je pouvais voir les nuances d'or dans ses yeux verts. "Ça veut dire, ma chère Olivia, que j'ai bien plus d'expérience que tu ne peux l'imaginer. Dans beaucoup de domaines."
Je sentis mes joues s'empourprer, à la fois gênée et fascinée par son audace. Une partie de moi voulait le repousser, lui dire d'arrêter ce jeu de séduction. Mais une autre partie, une partie que je ne reconnaissais pas, voulait en savoir plus, voulait se rapprocher du feu même si cela signifiait se brûler.
Soudain, un sifflement aigu attira notre attention. Notre mélange commençait à bouillonner de manière alarmante, une fumée violette s'élevant du bécher.
"Attention !" cria le professeur, se précipitant vers nous.
Mais avant qu'il ne puisse atteindre notre paillasse, Lucifer avait déjà agi. Avec une rapidité et une précision surhumaines, il saisit un autre produit, en versa quelques gouttes dans le mélange, et instantanément, la réaction s'arrêta.
Le silence tomba sur la classe, tous les yeux rivés sur nous. Le professeur arriva, essoufflé, examinant le bécher avec incrédulité.
"Comment... comment avez-vous fait ça ?" demanda-t-il, stupéfait.
Lucifer haussa les épaules avec une nonchalance étudiée. "Simple question d'équilibre chimique, monsieur. N'est-ce pas ce que vous nous enseignez ?"
Le professeur le regarda bouche bée pendant un moment avant de se reprendre. "Eh bien, oui, mais... c'était une réaction de niveau universitaire. Comment avez-vous su quoi faire ?"
Je regardai Lucifer, tout aussi curieuse d'entendre sa réponse. Son visage était un masque de calme, mais je pouvais voir une lueur d'amusement dans ses yeux.
"Disons que j'ai un don naturel pour... manipuler les éléments," répondit-il avec un sourire énigmatique.
Le professeur secoua la tête, visiblement impressionné. "Eh bien, M. Morningstar, il semble que nous ayons un véritable prodige parmi nous. Excellent travail."
Alors que le professeur s'éloignait et que le reste de la classe reprenait lentement ses activités, je me tournai vers Lucifer, incapable de contenir ma curiosité plus longtemps.
"D'accord, comment as-tu vraiment fait ça ?" demandai-je à voix basse. "Ce n'était pas juste un 'don naturel', n'est-ce pas ?"
Lucifer me regarda, et pendant un instant, je crus voir ses yeux briller d'une lueur surnaturelle. "Tu es perspicace, Olivia," murmura-t-il. "C'est une qualité dangereuse, tu sais. La curiosité a déjà causé la chute de bien des gens."
Je frissonnai, pas sûre de comprendre pleinement le sens de ses paroles. "Qu'est-ce que tu veux dire ?"
Il se pencha vers moi, si près que je pouvais sentir la chaleur de son souffle sur ma joue. "Je veux dire que parfois, les réponses que nous cherchons peuvent changer notre monde à jamais. Es-tu prête pour ça, Olivia ? Es-tu prête à voir au-delà du voile ?"
Je le regardai, mon cœur battant la chamade. Une partie de moi voulait reculer, fuir cette intensité qui semblait émaner de lui. Mais une autre partie, une partie que je commençais à peine à découvrir, voulait plonger tête la première dans ce mystère.
"Je... je ne sais pas," répondis-je honnêtement.
Lucifer sourit, un sourire qui semblait contenir des secrets millénaires. "Ne t'inquiète pas," dit-il doucement. "Tu le sauras bientôt. Nous avons tout le temps du monde, toi et moi."
La cloche sonna, marquant la fin du cours, mais j'avais l'impression que quelque chose de bien plus grand venait de commencer. Alors que je rangeais mes affaires, je ne pouvais m'empêcher de penser que ma vie à Silvergrove ne serait plus jamais la même.
Lucifer Morningstar avait fait irruption dans mon monde, et avec lui, il avait apporté le chaos, le mystère, et la promesse d'un avenir que je n'aurais jamais osé imaginer.
La journée de cours touchait à sa fin, et mon esprit tourbillonnait encore des événements du cours de chimie. Alors que je me dirigeais vers la cafétéria, je fus assaillie par Léa et notre ami Alex, tous deux visiblement excités.
"Olivia !" s'exclama Léa, ses yeux brillants de curiosité. "On a entendu dire que tu as fait équipe avec Lucifer Morningstar en chimie. C'est vrai ?"
Je sentis mes joues s'empourprer légèrement au souvenir de cette expérience intense. "Oui, c'est vrai," admis-je, essayant de garder un ton neutre.
Alex siffla d'admiration. "Wow, quelle chance ! Alors, il est comment ? Aussi mystérieux qu'on le dit ?"
Nous nous installâmes à notre table habituelle, et je me retrouvai au centre de l'attention, tous avides d'en savoir plus sur les mystérieux nouveaux arrivants.
"Il est... différent," répondis-je prudemment, cherchant mes mots. "Brillant en chimie, c'est sûr. Mais il y a quelque chose en lui... je ne sais pas comment l'expliquer."
"J'ai entendu dire que leur père était une sorte de diplomate secret," chuchota Léa, se penchant en avant comme si elle partageait un secret d'État. "Ça expliquerait pourquoi ils ont tant voyagé et pourquoi ils sont si... sophistiqués."
Alex hocha la tête avec enthousiasme. "Et apparemment, leur mère serait une célèbre mannequin. Ça explique leur beauté surnaturelle."
Je fronçai les sourcils, sceptique. "Je ne sais pas... Ça me semble un peu tiré par les cheveux."
"Oh allez, Olivia," insista Léa. "Tu dois bien avoir remarqué quelque chose. Gabriel est dans ton cours de littérature, non ? Comment est-il ?"
Je repensai à la sagesse presque surnaturelle de Gabriel, à la façon dont il parlait de Shakespeare comme s'il l'avait connu personnellement. "Il est... intelligent. Très intelligent. Et gentil, je suppose."
"Gentil ?" répéta Alex, l'air déçu. "C'est tout ?"
Je haussai les épaules, ne sachant pas quoi dire de plus sans révéler à quel point les frères Morningstar m'avaient troublée.
Alors que mes amis continuaient à spéculer, mon regard balaya la cafétéria. Ni Gabriel ni Lucifer n'étaient visibles. Où pouvaient-ils bien être ?
La journée se termina dans un flou de cours et de chuchotements excités. Partout où j'allais, j'entendais le nom des Morningstar, chaque rumeur plus extravagante que la précédente.
Quand je retrouvai enfin Ethan sur le parking, je fus soulagée de pouvoir échapper à ce tourbillon de commérages. Mais à peine étions-nous montés dans la voiture qu'Ethan se tourna vers moi, l'air préoccupé.
"Liv," commença-t-il, hésitant. "Ces nouveaux, les Morningstar... qu'est-ce que tu en penses vraiment ?"
Je le regardai, surprise par son ton sérieux. "Je ne sais pas trop," répondis-je honnêtement. "Pourquoi ? Tu les as rencontrés ?"
Ethan secoua la tête. "Pas vraiment. Mais je les ai vus dans les couloirs. Il y a quelque chose chez eux qui me met mal à l'aise."
Je sentis une pointe d'inquiétude. Ethan avait toujours eu un sixième sens pour ce genre de choses. "Mal à l'aise comment ?"
Il fronça les sourcils, cherchant ses mots. "C'est difficile à expliquer. C'est comme s'ils n'étaient pas... vraiment là, tu vois ?"
Ses paroles firent écho à mes propres impressions d'une manière troublante. "Je comprends ce que tu veux dire," murmurai-je. "Ils sont... différents."
Ethan me regarda intensément. "Fais attention, Liv. Je sais que tu es attirée par les mystères, mais parfois... parfois, il vaut mieux laisser certaines choses inexpliquées."
Je sentis un frisson me parcourir. Les avertissements d'Ethan, combinés à mes propres expériences étranges de la journée, me laissaient avec un sentiment de malaise. Mais en même temps, je ne pouvais nier la fascination que j'éprouvais pour les frères Morningstar.
Alors que nous rentrions à la maison, je ne pus m'empêcher de penser que j'étais au bord de quelque chose d'énorme, quelque chose qui pourrait changer ma vie à jamais. La question était : étais-je prête à franchir ce pas ?
Le livre mystérieux dans mon sac semblait peser une tonne, comme pour me rappeler que j'avais déjà commencé à m'aventurer dans l'inconnu. Et quelque part au fond de moi, je savais que ce n'était que le début.
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