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Chapitre 10 : Certaines étapes sont malheureusement nécessaires


— Qu'est-ce qu'on fait ce soir ? me demanda Saoirse alors que je rangeais les dernières courses que je venais de faire dans le frigo.

— Tu voulais faire quelque chose de spécial ce soir ? lançai-je en m'arrêtant subitement.

— C'est juste qu'on est samedi et qu'aucun d'entre nous ne travaille ce soir, alors pourquoi pas faire quelque chose ?

— En effet...

Je repris de plus belle mon rangement et l'achevai enfin en posant délicatement les œufs qui avaient déjà failli se casser tout à l'heure. Heureusement, Saoirse avait eu le réflexe de les attraper juste avant leur rencontre avec le sol. Sur le ton de la plaisanterie, elle avait prétendu s'être sentie coupable d'avoir interrompu cette probable romance entre les œufs et le sol.

— Tu penses encore à ton père, affirma-t-elle, les sourcils obliques.

— Bien sûr que j'y repense. Ça fait un an et la dernière fois, ça s'est très mal passé... Il a juste critiqué mon look et Anna n'existait pas encore à cette époque. Et je ne me considérais pas comme bisexuel non plus.

— Tu veux que je reste ? me proposa-t-elle.

— Je ne voudrais pas t'imposer ça... Et tu n'as pas à faire ça.

— Au pire, j'aurais rencontré tes deux parents. Il faut bien que ça arrive un jour ou l'autre, me rassura-t-elle d'une tendre voix.

Alors que mes inquiétudes ne cessaient de s'amplifier, elle s'approcha pour me prendre dans ses bras et sa douceur me calma quelque peu. J'ignorais comment appréhender la situation. Qu'allais-je bien pouvoir dire à mon père ? Et est-ce que lui présenter Saoirse serait une bonne idée ? Après tout, il aurait peu de choses à lui reprocher aux premiers abords, sauf s'il aperçoit la petite colombe encrée sur son poignet. Mis à part ce détail, il y avait peu de chances que leur rencontre se passe mal. En fait, je craignais déjà l'attitude qu'il aurait à mon égard, elle n'allait pas changer du jour au lendemain.

— Si ça passe bien, tu le rencontreras une prochaine fois, annonçai-je, la voix tremblante. Je pense qu'il vaut mieux qu'on fasse comme ça...

Elle acquiesça, même si c'était à contrecœur. J'ignorais si elle voulait le rencontrer par principe ou par curiosité, mais peu importe la raison, ça ne pouvait qu'être une mauvaise idée...

*

S'il y avait un mot pour décrire mon père, charismatique lui correspondrait à la perfection. Malgré la cinquantaine tout juste passée, il faisait encore bonne figure et ne paraissait pas être atteint par le temps. D'ailleurs, de nombreuses personnes associaient son charisme à une certaine forme de virilité. Mon père était l'archétype de l'homme mature qui pouvait séduire de nombreuses femmes, à moins que ce ne soit plutôt son compte en banque. Il représentait ce genre d'hommes que j'appréciais peu. Si je l'avais écouté, je serais devenu un de ces connards qui n'ont pas le moindre respect pour les femmes...

Ainsi, lorsqu'il s'approcha de l'entrée de l'immeuble et que je l'attendais à l'extérieur, serrant fermement mon écharpe contre moi, ce n'était pas sans appréhension. Comme la dernière fois que je l'avais vu, son look n'avait pas changé. Il avait ces mêmes cheveux poivre et sel coiffés en arrière qui durcissaient son regard et ces mêmes vêtements pour montrer son importance aux autres. Ce simple costume noir, cette simple chemise et ce simple long manteau. Son seul tue-l'amour était sa petite taille, ou du moins, la seule chose qui le dérangeait par rapport aux femmes, il refusait toujours qu'elles soient au-dessus de lui.

Arrivé devant moi, il tira une dernière fois sur sa cigarette et le jeta par terre avec nonchalence. Dire qu'il m'avait seulement appris à fumer en disait long sur nos rapports et son éducation. Jamais cette réflexion ne m'avait autant fait réagir.

— Tu t'es coupé les cheveux, c'est une bonne chose. Ça fait moins femme, mais ça reste assez long.

Évidemment, sa première remarque était sur mon physique. Je me retins de lever les yeux au ciel et de lui montrer à quel point c'était déplacé, je n'avais pas envie de perdre mon temps.

— Tu as trouvé une place pour te garer ? demandai-je pour détourner le sujet alors que nous entrions dans l'immeuble.

— Heureusement.

Je lui adressai un timide sourire, plutôt par gêne. J'allais devoir trouver un moyen pour que cette conversation ne soit pas trop épuisante et j'avais tellement envie de me plonger dans mon lit pour essayer d'y dormir. Rapidement, nous montâmes jusqu'à mon appartement dans un silence assez embarrassant.

Une fois à l'intérieur, il n'émit pas le moindre commentaire mais je voyais bien à son visage qu'il était prêt à critiquer le moindre centimètre carré de ma demeure.

— Tu veux quelque chose à boire ? Un café ? lui proposai-je poliment.

— Je veux bien, s'il te plaît.

Je déposai mon écharpe et mon manteau tandis qu'il me fixait intensément.

— Tu as toujours ce piercing à ce que je vois, ajouta-t-il avec désobligeance.

— Tu veux du sucre dans ton café ? éludai-je de nouveau.

— Tu comptes détourner le sujet encore longtemps ?

— Tu es vraiment venu pour critiquer mon physique ? demandai-je, assez incertain.

J'étais persuadé que mon malaise se répercutait sur mon corps, surtout ma voix tremblante, alors que je tentais de faire de mon mieux pour le dissimuler. Je n'avais pas envie qu'il l'utilise ça à son avantage.

— J'espérais que tu aies abandonné tout ça, soupira-t-il, déçu. Merle, tu es un adulte désormais.

— En effet, je suis un adulte, c'est pour ça que je n'écoute pas les soi-disants conseils de mon père sur mon physique.

Il avait toujours voulu que je sois à son image et le suive dans sa quête de la fortune. Heureusement, cette manière de vivre m'avait toujours dérangé. J'avais surtout constaté les conséquences de celles-ci alors que mes parents étaient encore ensemble. Il travaillait souvent très tard, annulait de nombreux moments en famille pour le travail tout en prétendant qu'il le faisait pour nous. Puis parfois il s'excusait en m'offrant quelques cadeaux toujours de plus en plus chers, persuadé que ça rachèterait son absence. Les années avaient passé, mais il ne pouvait pas s'empêcher de vouloir m'intégrer à son monde, comme s'il avait besoin d'un héritier.

— Merle, je veux juste ton bien, affirma-t-il d'un ton parfaitement serein. Je veux t'assurer un bon avenir... D'ailleurs, ne me dis pas que tu travailles encore dans cet hôpital !

— Oui, j'y travaille encore et je m'y plais beaucoup, ripostai-je un peu trop vivement. Je préfère aider des gens dans le besoin plutôt que d'enrichir des personnes qui en ont assez.

Mes émotions étaient en train de prendre le dessus et maintenant, je ne comprenais pas pourquoi la seule personne que je craigne qu'elle me rejette pour ma bisexualité était mon père. J'étais capable de tout lui dire pour qu'il me lâche enfin et abandonne son idée de me remettre sur le "droit chemin". Cependant, si inconsciemment, je lui disais, sa notion de "droit chemin" prendrait une tout autre tournure.

— Tu n'as même pas essayé tout ce que je t'ai proposé... Tu pourrais travailler avec ma nouvelle collaboratrice qui est une ravissante jeune femme.

Beaucoup penseraient qu'il était attiré par cette femme, en revanche, je le connaissais suffisamment pour comprendre qu'il voulait me caser avec cette femme. Mon père était le parfait exemple de ce géniteur qui décider toute la vie de leur enfant sans leur consentement. Heureusement, ma mère m'avait protégé de ce genre de destin.

— Je m'en fiche. Je pensais que tu revenais pour qu'on ait une vraie relation père-fils, mais je me suis encore fait avoir visiblement et ça me désolera toujours que tu n'arrives pas à voir au-delà de ton travail.

— Ce qui me désole, c'est que tu ne comportes pas comme un vrai homme, souffla-t-il avec mépris.

— Peut-être parce que je n'ai pas envie d'être un "vrai homme" si c'est ça ta définition. Peut-être que je préfère mon travail de femme, mon look de femme, ou de trans comme tu aimes tant le dire.

Notre conversation fut alors interrompue par l'arrivée de Saoirse. Que venait-elle faire là ? Elle était au courant que mon père serait présent, pourtant, elle ne fit pas attention à lui et se tourna vers moi, souriante.

— Et si on mangeait japonais ce soir ? s'enquit-elle.

Mon regard se posa brièvement vers mon père et elle comprit qu'elle était intervenue au mauvais moment. Elle se tourna vers mon paternel, assez gênée.

— Vous devez être son père, Merle m'avait prévenu de votre venue, mais je ne penserais pas que vous seriez encore là.

Elle s'arrêta un instant, puis elle reprit de plus belle en lui tendant sa main avec son air le plus adorable :

— Au fait, je ne me suis pas présentée, je suis Saoirse, la copine de votre fils.

— Enchanté. Kylen. Bien que ça ne se voit pas, je suis bel et bien le père de Merle, se présenta-t-il en lui serrant la main.

Il ne s'était pas gêné pour enfoncer le clou et j'affichai un sourire forcé. Cette situation me dépassait complètement, surtout parce que je savais que Saoirse était venue de son plein gré pour le rencontrer. Je l'avais remarqué à son air complètement faux. Désormais, je pouvais créer une liste pour ses défauts et y mettre celui de "mauvaise actrice" tout en espérant que ce soit le seul.

Après cette rapide présentation, mon père croisa ses mains et dévisageait ma copine de haut en bas de manière très indiscrète. Je savais qu'il était en train de l'évaluer sur ses propres critères et Saoirse devait en remplir de nombreux physiquement. D'ailleurs, il semblait presque étonné que je puisse sortir avec quelqu'un comme Saoirse.

— Je vais m'en aller, mais il faudrait qu'on se revoie, lança-t-il après avoir longuement regardé Saoirse.

— Je ne pense pas que ce soit nécessaire, le contredis-je aussitôt.

— J'ai quand même une proposition à te faire et le minimum serait que tu l'écoutes.

— D'accord et je ne me gênerai pas pour la refuser, rétorquai-je froidement.

Jamais je n'avais eu une telle attitude avec mon père. D'habitude, je tentais toujours de garder une certaine forme de politesse, mais j'étais complètement usé par ça désormais. Je n'en pouvais plus et il fallait bien que tout ceci cesse un jour ou l'autre. Si mon père ne pouvait pas le comprendre de lui-même, alors que je lui ferais comprendre que je n'ai pas besoin de lui et que je n'aurais jamais besoin de lui.

Lorsqu'il s'en alla, je soupirai de soulagement. J'avais complètement oublié son comportement. Je m'étais contenté de tout excuser parce qu'il s'agissait de mon père, mais depuis Anna, je faisais bien trop attention à chaque détail pour laisser passer ça.

Je me tournai alors vers Saoirse, l'air triste. Je ne pouvais pas lui en vouloir et de toute façon, je ne voulais pas. Elle voulait rencontrer mon père, c'était chose faite, même si elle n'avait pas pu voir qui il était vraiment.

— Ton père m'a...

— ...fait un drôle d'effet ? tentai-je de compléter.

— ...matée, me reprit-elle. Il est d'ailleurs resté rivé sur ma poitrine... Je comprends pourquoi tu ne voulais pas que je le rencontre...

Elle s'avança vers le salon et s'installa dans le canapé. Je la suivis silencieusement, faisant de même.

— Je suis désolé, murmurai-je.

— Tu n'as pas à t'excuser pour ton père, me corrigea-t-elle aussitôt. Et je n'aurais pas dû venir, désolée, j'étais trop curieuse...

— Ce n'est pas grave. Tu as juste loupé la partie où il ne me considérait pas comme un "vrai homme", où il critiquait mon physique... Ah oui, il a aussi sous-entendu que j'étais immature et sa proposition, c'est pour me présenter une femme qu'il aimerait avoir comme belle-fille. En gros, tu n'as pas loupé grand-chose.

Ses yeux s'ouvrirent un instant, le temps d'assimiler tout ce que je venais de lui déballer en quelques secondes.

— Il me fait le coup à chaque fois, ajoutai-je en haussant les épaules comme si ça m'importait peu.

— Je ne m'attendais pas à ce que ton père soit aussi...

— Con ? Parce que là j'ai pas d'autre mot pour le qualifier, lâchai-je, laissant mes émotions prendre de nouveau le dessus.

Elle fit une légère grimace, n'appréciant sûrement pas que je traite ainsi mon père, sauf que j'avais un sentiment de ras-le-bol qui était en train d'exploser. Durant des années j'avais accepté les caprices de bourge de mon père, mais ça ne pouvait pas durer éternellement.

— J'ai hésité à lui balancer que je suis bi pour qu'il me renie totalement... mais je ne devrais pas...

— En effet, ça ne t'apporterait que des ennuis, me confirma-t-elle. Et puis, il ne comprendrait pas...

Désormais, tout me semblait si différent et j'avais excusé le comportement de mon père par son statut de père et tout en pensant que le divorce ne l'avait pas aidé, mais je ne pouvais pas l'excuser indéfiniment.

— Tu comptes lui reparler ? s'enquit Saoirse avec hésitation.

— Aucune idée... En tout cas, il veut me revoir pour une stupide proposition de travail ou un autre truc tordu dans le genre... Ça aurait pu être une occasion pour parler... Mais je sais qu'il ne sera pas attentif, il ne l'a pas été tout à l'heure, je ne vois pas pourquoi ça changerait. Peut-être... peut-être qu'il vaudrait mieux que je l'oublie...

— Tu veux renier ton père ? demanda-t-elle avec une pointe d'horreur.

Malgré le peu qu'elle avait vu de lui, elle avait compris qu'il pouvait être assez toxique, néanmoins, elle avait le même ressenti que moi : abandonner une part de sa famille n'avait rien d'aisé, même quand ces personnes étaient peu recommandables.

— Renier, le mot est un peu fort, répliquai-je, commençant à me perdre dans mes pensées. Mais il est peut-être temps de mettre les choses au clair...

Elle n'ajouta rien de plus et se contenta de me prendre dans ses bras, comprenant ce que j'allais endurer dans les jours qui suivent puisqu'elle-même avait coupé les ponts avec ses parents après sa rupture avec Mason. J'ignorais à quel point ça pouvait être compliqué de son côté, n'ayant aucune idée de son rapport avec ses parents. Peut-être que c'était bien pire qu'avec mon père... Néanmoins, je ne pouvais m'empêcher d'y penser le cœur serré parce que cet homme restait mon père et que d'une certaine manière, je l'aimais. Malgré son comportement à mon égard, la culpabilité de l'éloigner de moi continuerait de me hanter, mais j'allais devoir faire avec... Du moins, je n'avais pas d'autres choix, parce qu'espérer le changer serait vain. Je ne pouvais m'épuiser dans ce genre de relations encore une fois, pas après Anna...

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