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Chapitre 26 - Kayn ☀️ : Le saut de l'ange.

« Commencer un livre, ce sont les ténèbres à traverser. Pire encore, c’est un voyage au pays des morts. »

    Je prends le chemin inverse. Je ne veux plus la voir. Pas tout de suite. J’ai raison ? Elle gâche mon amitié avec Rubis, du moins, ce qu’il en reste, maintenant. Dans l’aile Ouest, je me perds sans aucun but. 

    Si. Celui de ne pas croiser Marie. Il faut que je retrouve Rubis. Je lui ai dis de se casser mais finalement je ne sais pas où est-ce qu’elle s’est posée. Moi qui pensais qu’elle allait s’asseoir là, à même le sol, au bout de ce couloir sans fond. Mais non. Il n’y a que de la poussière et du vide. Au bout du compte, lorsque je grimpe les escaliers en colimaçon, je tombe sur une ribambelle de professeurs au premier étage. Grace au son de leurs voix et à leurs pas, je les entends se rapprocher dangereusement de moi. Planqué derrière le mur séparant la torsade de marches au couloir, je les écoute discuter, et ils sont particulièrement remontés :  

— J’espère que notre directrice prononcera quelques mots ce soir à propos de cette lune rouge qui nous a plongé dans le noir le plus absolu ! 

— Notre cher dhampire va avoir des problèmes, s’amuse Langford. 

— Dès le début je savais que c’était une mauvaise idée de le faire entrer ici, s’égosille O’Brian, le professeur de magnétisme. 

Mais Langford. Cette raclure. Il ne paie rien pour attendre.  Pas le temps de réfléchir, j’agrippe les rainures de la façade provoquées par l’usure et commence à escalader, presque à la manière d’une araignée.  Le corps entier à l’envers, regard rivé en bas, à environ trois mètres du sol, j’observe les cinq enseignants commencer à descendre en direction du rez-de-chaussée. Aucun d’eux ne se retourne vers moi, et tant mieux. Lorsque je les vois enfin disparaitre derrière le pilier central de la tourelle, je me laisse tomber à terre, les écoute encore parler de ma personne durant quelques secondes, puis soupire. On peut jamais être tranquille. Accroupi, main droite posée sur le tapis rouge des escaliers, je me redresse et me dégauchit avant de m’engouffrer dans le couloir. Là, j’y trouve avec surprise Rubis, adossée contre le mur coté fenêtre. 

— T’as croisé les professeurs ? 

— Croiser est un bien grand mot, je dirais juste que je les ai aperçus mais qu’ils ne m’ont pas vu. J’étais accroché quelques mètres au-dessus pour ne pas être repérés. 

— Je sais, ils m’ont ordonné de te trouver, et de te ramener à la salle commune. 

— Je suis dans la merde, c’est ça ?  

— Fallait y réfléchir à deux fois, maintenant que c’est fait, on va te sortir de là. On va vous sortir de là, se rectifie-t-elle, gênée.

Sans plus de parole, elle commence à s’en aller, mais je reste figé tout en repensant à la merde dans laquelle j’ai entrainé absolument tout le monde en faisant ça. Qu’est-ce qui m’a pris ? Mes sourcils se froncent, j’ai du mal à voir le bout du tunnel. Jusqu’à maintenant, j’apercevais une fine lumière, dans mes cauchemars, une fine clarté vers laquelle je n’avais qu’à tendre la main pour la toucher. C’était ma mère. Aujourd’hui, bien que toujours vivante, ce point lumineux a disparu, c’est le début de la fin pour moi.

— Kayn, tu bouges ? 

— Ouais, j’arrive.

Aussitôt, je la rejoins et nous rebroussons chemin afin de regagner la salle commune où je suis censé être regardé et pointé du doigt comme une vulgaire bête de foire. Nous descendons au rez-de-chaussée sans croiser qui que ce soit, même pas ces fouineurs de professeurs. Silencieusement, je marche derrière Rubis, les mais dans les poches. J’écoute ma respiration, étrangement calme pour quelqu’un qui vient de se faire prendre en flagrant délit par absolument toute l’école. Je me demande encore comment j’ai fait pour oublier cette satanée lune. Comment j’ai pu, ne pas penser à quelque chose d’aussi important que cela ? Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? 

Je viens de foutre en l’air ce que je m’étais promis de faire : paraitre le plus normal possible aux yeux des nouveaux. Et par ailleurs, je viens probablement de foutre en l’air le reste de ma scolarité, de donner une raison à Dorian de m’étriper, quitte à le faire devant ma mère. Nous arrivons dans l’encadrement de la double-porte, et une étrange sensation vient se loger dans mon corps, comme si je n’étais plus à ma place. Je peine à avancée derrière Rubis, surtout lorsque je croise le regard méprisant de Langford et de sa boule à zéro au fin fond de l’allée. Je le dévisage avec insistance tout en prenant soin de m’installer près de Rubis. Il finit par détourner le regard et ne plus me faire chier, lui-même sait qu’il ne ferait pas le poids face à leur cher dhampire. 

— On est dans le cambouis, les mecs, annonce Ruby avec sérieux. 

— Pas faute de t’avoir prévenu, Kayn, soupire Cæsar.  

—  Gardes tes leçons de morale pour toi, j’ai pas l’envie. 

— Tu n’as jamais envie de rien à part de te taper une Mage Blanche, bizarrement. 

— Tu commences vraiment à me casser les couilles, par contre, je l’assène aussitôt. 

— Je ne vais rien dire mais je n’en pense pas moins, renchérit froidement Sindy, l’index entortillé dans ses cheveux crépus. 

J’attends que Simon en rajoute une couche, mais l’air totalement embarrassé, il ne dit rien. Contrairement à nous autres, Cæsar se tient le dos droit, les poings joints devant lui. Ouais, je l’imagine bien en directeur, toujours en train de remonter les bretelles de ses élèves comme il le fait aisément avec moi. En attendant, il recommence à parler, d’autre chose, cette fois. Il entraine tout le monde dans son élan, sauf moi. Ses yeux marron chocolat passent de personne en personne lorsqu’ils se mettent tous à discuter. Lorsque Simon s’aperçoit que je ne parle plus, il se met à son tour à ouvrir sa bouche en compagnie des autres. Lui aussi, il est bizarre… 
Le regard dans le vide durant plusieurs dizaines de minutes, ma rêverie s’arrête lorsque j’entends la voix aigue de la directrice. Depuis le début de cette année, c’est la première fois qu’elle se prononce, comme par hasard au moment où il s’agit de moi. Cela prouve néanmoins qu’elle ne se préoccupe pas forcément de ses élèves alors qu’à Axsilver, nous avions droit à un discours du directeur le matin, le midi, mais aussi le soir. Et c’était bien la seule chose conviviale dans cette école, c’était agréable. Là, la voix de la doyenne résonne froidement dans la pièce : 

— Vous l’avez tous vu, aujourd’hui. Notre cher Kayn Osiris ici présent s’est épris d’une Mage, je veux savoir où se trouve-t-elle et dans quelle spécialité afin d’éviter tout malentendus concernant une possible relation Hybride. 

Je me morfonds aussitôt dans ma chaise pour paraitre le plus petit possible lorsque toute la salle me reluque comme un bout de viande. J’ai cette sensation ignoble, celle qui m’habitait lorsqu’on me prenait de haut à Hatlas. Ce sentiment d’être de la charogne sur le point d’être bouffée par les corbeaux. Ironie du sort. Je suis inconfortable, et ma gorge commence à me démanger, non pas de faim mais d’anxiété. Elle s’assèche, et j’ai la vague impression de me glisser de plus en plus sous cette table pour me cacher du monde entier. 

— Eh ! demi-thérianthrope, on te cause ! 

Visage baissé, seul à ma table, je continuais de fixer mes pieds afin d’éviter le plus de regard possible. Tous les yeux qui se posaient sur moi depuis maintenant trois mois. Quotidiennement, à tous les repas, je me prenais des déchets alimentaires sur la gueule. Peaux de fruits, pots de yaourt, couverts, assiettes… Assiettes qui se brisaient en milles morceaux sur ma tête tellement ma résistance était hors norme. Elle l’est toujours… Les fourchettes et les couteaux se plantaient dans mes bras, mais la sensation n’était pas si terrible. Ma guérison accélérée m’empêchait d’en crever littéralement mais ça leur donnait l’occasion de recommencer encore et encore, inlassablement. Certains dhampires sont réputés pour leur maladresse, moi, je n’avais pas besoin de ça pour me prendre des balayettes ou des coins de tables que les autres mettaient en travers de mon chemin toujours à la dernière minute. Je me battais aussi, souvent. Et c’est moi qui perdais, psychologiquement. Le combat, c’est la seule chose à laquelle j’étais bon là-bas, et pourtant, c’était toujours moi qui prenais cher vis-à-vis des professeurs. Toujours moi le fautif, toujours moi le demi-thérianthrope, l’intru qui devait fermer sa gueule. Aucun dhampire n’avait mit les pieds dans cette école, jusqu’à moi, et je comprends maintenant. 

C’est le silence. Personne ne se dénonce. Loin devant moi, Marie est recroquevillée sur elle-même, les bras croisés sur la table et visage à l’intérieur de ceux-ci. Ses longs cheveux ondulés et volumineux descendent sur son échine. C’est l’un des seuls détails que j’arrive à voir d’elle. 

— Une fois mort, le Mage Noir est condamné à hanter l’esprit de son enfant, à le contrôler psychologiquement, à faire de lui son pantin. Une réelle possession se produit, et le Mage Hybride perd tout contrôle de son corps, peut sombrer dans la rage et le chaos.

Le chaos… Un puits sans fond où l’on y fait une chute sans fin. 

— Kayn, en plus de son statut de Nécromancien, est un demi-vampire. Plus très ouvertement, puisqu’il a eu un éclair de génie il y a quelques années en voulant se faire passer pour un humain le plus longtemps possible. Chose qu’il n’a indéniablement pas réussi à faire, le passé le rattrapera toujours à grandes enjambées. Son enfant sera non seulement Hybride, mais en plus de ça, demi-dhampire. La plupart du temps, si ce n’est dans tous les cas, n’a pas conscience de son statut, ils se fondent encore plus dans la masse que leur ascendance et c’est ce qui les empêche d’intégrer des écoles telles qu’Axsilver. Il sera néanmoins doté d’une capacité surnaturelle et d’un caractère remarquable, souvent poussé à l’extrême : soit très calme, altruiste, sociable, généreux, soit excentrique, égoïste, égocentrique et orgueilleux. C’est quelque chose de très contradictoire avec les principes d’un enfant Hybride censé possédés des caractéristiques complètement opposées les unes des autres. Ce côté paradoxal sèmera la zizanie dans l’esprit de l’hybride, tantôt insensible, tantôt hypersensible. Un jour réfléchie, l’autre totalement improviste. Et je pourrais continuer durant des heures concernant cette partie… sourit-elle en se tournant lentement vers moi. 

C’est bon, j’en ai ma claque. Je me redresse presque d’un seul mouvement, attend qu’elle me tourne complètement le dos tout en continuant de parler à toute la salle. Mon cul quitte ma chaise, silencieusement. Tout d’abord à pas de loup, puis à pas de dhampire, je me retrouve dans son dos en deux temps, trois mouvements, sa nuque dans ma main. Mes dents sortent de mes gencives aussitôt, viennent se planter allègrement dans sa carotide. Je sens ses artères s’éclater sous la pression qu’exerce ma mâchoire. Son oxygène déferle à l’extérieur de son pauvre corps. Le sang ne me nourrit pas, mais l’aspirer me provoque une sensation de satisfaction qui contrebalance celui de l’inconfort qui régnait en moi depuis bien trop longtemps. Quelqu’un vient m’arracher à ma proie. Et lorsque je me retourne, fou de rage, je frappe Rubis en pleine face. Quel réflexe de merde j’ai en feulant. Elle recule de quelques pas, presque terrorisée. 

— Tout le monde dehors ! s’écrit violemment Langford en s’approchant de plus en plus de moi. 

Je redeviens moi-même lorsque l’enseignant me lâche une déflagration au beau milieu de la salle commune. 

— Dehors ! insiste-t-il en gueulant toujours plus fort. 

Alors que tout le monde s’active dans un mouvement de panique, mon regard s’abaisse vers le cadavre que Langford tente à présent d’examiner. Deux trous rougeâtres dégoulinants de sang se trouvent sur sa jugulaire. Je souris lorsque je me rends compte que je n’entends plus le moindre signe de vie : ni son pouls, ni sa respiration, ni son cœur. 

— Cherchez pas, elle est morte. Lentement, il relève les yeux. 

— Tu vas le payer très cher, sois en sûr.

— C’est ça, mon cul. Rien ne sera pire que de vous supporter tous autant que vous êtes dans cette école de bon à rien. Hâte de finir mon cycle parce que votre gueule commence à me donner la gerbe. 

— Dégage ou je t’aide, et tu vas le regretter.

Un rire s’échappe de ma gorge. 

— Je trinquerais pour vous quand je tuerais le prochain professeur qui ose se montrer indécent de cette manière envers moi et ma race. 

— Ta demi-race, me rectifie-t-il. Sans ta pauvre mère tu ne serais que poussière, un humain parmi des milliards d’autres, piétiné parmi des milliards d’autres également.

Je fais abstraction de sa remarque, encore et toujours sur ma mère et préfère tourner les talons. 

— À la prochaine, M’sieur, dis-je avec sarcasme en lui faisant signe de la main.

    Je quitte la pièce, on peut mieux satisfait de moi. Elle m’a provoqué, elle est morte, terminée la mascarade. Toujours sidérés, je retrouve les quatre fantastiques dans le couloir menant à l’aile Ouest. Silencieux, nous nous rendons tous dans nos dortoirs où nous nous séparons des deux filles, bien que Rubis ne prenne pas le temps de nous saluer et s’enfonce directement dans l’allée des Piques. Simon et Cæsar grimpent les quatre étages devant moi, toujours sans un mot. Les mains dans les poches, je réussis à les rattraper et observe Simon s’enfoncer dans sa chambre sans saluer son homologue comme il le fait d’ordinaire. Lorsque je regagne à mon tour notre chambre, le Cœur est posé sur son lit, les yeux rivés vers la fenêtre. Je referme le battant derrière moi avec mon pied, puis me retourne, presque avec hésitation. 

    — Comment fais-tu pour dormir encore dans la même chambre que moi ?   

— Je te fais confiance, voilà tout, répond-il, impassiblement, comme insensible face à ce qu’il a vu.

— Même moi, je ne me fais plus confiance.  

— Justement. C’est pour cette raison que tu l’as tué. Tu ne te fais pas confiance, plus tu vis et plus tu te détestes. 

Merci, très utile… 

Il soupire, puis se tourne lentement vers moi. 

— Prends tes somnifères, on verra plus tard. 

— J’ai pas envie, là. Je veux juste faire nuit blanche. 

Il préfère ne pas débattre et me laisser tranquille le reste de la soirée. Il se couche bien avant moi, ce qui me permets de l’entendre s’endormir et de ronfler légèrement. Dehors, le ciel est clair, et la lune est toujours là, bien plus petite que tout à l’heure. Mon voisin de chambre est enfoncé sous sa couette, dormant à poings fermés. J’en profite pour me glisser hors de mon lit, puis hors de la chambre avant de traverser le couloir et de descendre les quatre étages. Il n’y a vraiment personne, et tant mieux pour moi, parce que je sais que demain j’aurais droit à la pire sentence pour un vampire : le chant de la mort. Le chant de la mort est appris dès la première année chez les Nécromanciens et dès la deuxième année chez les autres spécialités. Son efficacité n’est présente que pour ces premiers, en revanche, d’où son nom. Ironie du sort, je ne peux pas le chanter moi-même, étant obligé de quitter chacun des cours où il est utilisé. En ce qui concerne les effets secondaires de cette maudite invention… Saignement du nez, de la bouche, des oreilles, acouphènes menant obligatoirement à une surdité et une cécité permanente. Puis dislocation des organes internes, et bien d’autres choses vraiment moches. 

Je ne préfère pas y penser trop longtemps et m’extirpe du château afin de regagner le bord des falaises qui deviennent au fil es années un endroit qui m’est bien trop familier. Cela faisait un moment que je n’étais pas venu ici de nuit. D’habitude, je suis toujours là de jour et ne prends pas le temps de profiter du bruit des vagues et de l’écume s’écrasant sur les rochers se trouvant tout en bas. C’est ce qui me guide actuellement jusqu’au bord du terrain. Debout, face au vide et à la lune qui se reflète sur l’eau, je tends les bras de chaque coté de mon visage. Mes jambes flanchent et mon corps tombe en avant, dans le chaos. Un puits sans fond où l’on y fait une chute sans fin. 

Dans l’eau, je n’ai plus de poids, ni physique ni mental. Je laisse le liquide transparent infiltrer mes poumons, les yeux grands ouverts au beau milieu de cette étendue sans réelle fin.    Je laisse l’eau posséder mon âme, me laisser partir et revenir, de vaciller entre le monde des vivants et celui des morts. J’ai tout fait pour être normal mais je ne suis devenu que plus dangereux.  

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