15 : Chocs (2/3)
« – Je ne cautionne pas ce que tu as fait Manuel ! Pesta Kouiros devant sa bière.
– J'en avais marre de rester coincé sans rien faire... Je ne peux même pas me changer les idées dans l'atelier. Je reste à la maison ou au centre de commande à me tourner les pouces. J'ai besoin de bouger, de faire des choses de mes mains. Je n'en peux plus d'être oisif, Merde alors ! » Répondit le jeune homme avec énervement.
Les trois individus s'était installés dans un à l'écart du reste de la salle. Le café-restaurant n'étais pas vide, mais personne ne faisait attention à la discussion du petit groupe. Manuel, avec en face de lui Fernand et Kouiros répondait de son escapade buissonnière.
« – Mais tu es le Roi ! Et le médecin t'a mis au au repos.
– Il n'a pas tort Manuel, évite de te mettre en danger comme ça, sinon, personne pour t'épauler en cas de problèmes, remarqua calmement Fernand... D'un autre coté, ce serait bien de le laisser un peu respirer non ? Adressa-t-il à la chimère. Il étouffe complètement là...
– Ha ! Merci Fernand, fit Manuel.
– Mais avoue quand même que tu as quand même un peu merdé...
– Merci Fernand, ajouta le bouquetin sur le même ton que Manuel.
– En fait, vous avez tout les deux raisons, Mais vous êtes tout les deux dans les extrêmes, trouvez un juste milieu. Ce devrait être possible non ?
– S'il meurt dans un combat c'en est fini de notre espèce et de nos espoirs, riposta Kouiros. C'est hors de question ! Pas après tous les efforts qui ont été faits ! Nous avons enfin rassemblé le peuple Chimère hors de la tyrannie d'Hillgearim, C'est pas le moment de tout foutre en l'air pour une histoire de respiration !
– Si tu ne le laisses pas un minimum libre, constata Fernand, ce sera comme si c'était toi qui le tuait. Une mort lente et douloureuse, enfermée dans une cage dorée.
– Houlla, Fernand ? Demanda Manuel inquiet devant le faciès mélancolique de son ami.
– Ouais ?
– Est-ce que tout va bien ? Demanda Kouiros qui venait aussi de prendre conscience de l'état du soldat à la peau rouge.
– Ça va.
– Ça n'a pas l'air.
– Problèmes personnels les mecs, vous ne pouvez rien y faire.
– Féminins ? Supposa Manuel.
– Ouais.
– Ton infirmière... Tu t'es engueulé avec elle ?
– Et on s'est séparé, ajouta le pilote qui se mit à regarder ailleurs. Avec tout ce qui s'est passé et mes différentes réactions, elle sait que je pense encore à Véronique, mais c'est bien normal non ? Avec ce que j'ai vécu, elle fait partie de moi... Elle m'a dit qu'elle savait se défendre contre une autre femme, pas contre un fantôme... Et elle est partie.
– Merde, commenta doucement Manuel. Je vais pas te faire chier avec un adage à la con, mais...
– T'inquiète, coupa le soldat à peau rouge. J'ai déjà fait l'impasse sur elle. Avec ce qu'elle m'a dit, je suis pas prêt de la revoir... Kouiros, t'es un bon ami, mais, soit gentil : Pas d'infos là-dessus dans la mémoire.
– Trop tard, fit le bouquetin en avalant une gorgée de bière, le sourire aux lèvres.
– Merde, non... »
Manuel rit, la situation devenait comique.
« – J'ai accès à la plus grande... euh... agence matrimoniale de toute la cité d'argent, et je ne laisse pas un de mes amis dans la détresse. Vu ce que tu es, tu vas avoir du monde. Fait ton choix, mais ne te trompe pas, c'est tout.
– Attends... Comment ça ''ce que je suis'' ? Tilta le combattant.
– Pilote d'une armure de type Berserk, et un grand ami du Roi. Tu viens de devenir le meilleur parti de cette ville... D'ailleurs je reçois les premières questions, tu es plutôt carapace, plume ou fourrure ?
– Je suis Humain Kouiros, je préfère les Humaines, les femelles de mon espèce si tu préfères. Merde, ça paraît logique : Demande à Manuel !
– Mauvais exemple, constata l'intéressé entre deux rires.
– Ouais mais non... regarde Friedrich...
– Re-mauvais exemple, coupa Kouiros qui se sentit obligé de rajouter : il va épouser une Dryade du poste de commande. »
Fernand laissa tomber ses mains de dépit sur le bord de la table. La chimère le regardait amusé, Manuel, lui riait franchement. Dans la salle principale, deux femelles chimères se retournèrent. Kouiros les remarqua, et le signala.
« – Tiens, je crois que c'est pour toi... .
– T'es un gros enfoiré en fait, déclara Fernand après s'être retourné. L'une des deux créatures lui fit un petit signe de la main. Bon, où est la sortie de service ?
– Y'en a pas, fit Manuel, les larmes aux yeux. T'es dans la merde mec. Et jusqu'au cou ! Je te garantis qu'elles vont pas te lâcher avant que tu ne te cases. Hé les filles ! Venez lui parler ! Il est là ! Héla le Roi avec de grands signes tandis que Kouiros avalait sa bière de travers.
– Avec des amis comme vous, j'ai plus besoin d'ennemis, dit doucement Fernand en se massant les yeux tandis que les deux chimères approchaient.
– Tu nous remercieras plus tard, pour le moment, il faut que tu te changes les idées. »
*
* *
*
Le coeur d'érapha récupéré, l'ensemble de la flotte appareilla vers un monde sous contrôle Silridriss avec pour objectif de rejoindre la Déesse-Impératrice. Assise sur les genoux du saurien, Rig-rid manipulait le coupe-griffe et en étudiait la technique. Arsear, assis dans le fauteuil de son bureau, la regardait avec une tendresse nouvelle. Ce qui s'était passé dans l'atelier les avaient tout les deux un peu plus transformés. La gnome s'était étonné de la fonctionnalité du coupe-griffe, et surtout de ses effets sur le saurien. Le Silridriss jouait avec les cheveux de la gnome, appréciant, la douceur, la couleur de feu et la texture.
« – Quel peuple surprenant... Aucune maîtrise de l'erapha, et pourtant, ils sont capables de prouesses. J'ai... j'ai envie de visiter la cité d'argent. Voir ce que vous avez vu, ce doit être extraordinaire.
– Plus tard peut-être. », répondit Arsear qui savait que ce serait bien peu probable.
Des coups sur la porte lui annoncèrent la présence d'un visiteur. Avec une caresse à un endroit bien particulier pour déclarer sa tendresse à Rig-rid, il la fit descendre de ses genoux. Celle-ci se dirigea vers un recoin où attendaient patiemment des ustensiles de nettoyage avec un sourire entendu. Ces preuves de complicité disparurent dés que l'invitée fut autorisée à entrer : Myanate.
Rig-rid tressaillit, Arsear resta de marbre :
« – Bienvenue Favorite Myanate, c'est toujours un plaisir que d'accueillir une de ses représentantes à bord.
– Merci Seigneur Arsear, fit la jeune saurienne. J'ai un message de la Déesse-Impératrice à votre égard. Toi, hors d'ici ! » Grogna-t-elle à l'attention de la gnome.
Cet ordre fut promptement exécuté par l'intéressée tandis qu'Arsear suivait la scène stoïquement. La porte refermée, Myanate se mit en position de soumission devant le seigneur Silridriss avant de tendre un cube d'airain. Interloqué par cette curieuse attitude, Arsear se leva et récupéra la pièce de métal. Il le glissa sans un mot dans un emplacement de son bureau. Comme il le supposa, les explications étaient clairement écrites dessus. La Déesse-Impératrice venait de dégrader Myanate, et il prenait sa place.
Un choc violent, tel un énorme coup de poing le frappa en pleine poitrine. Il vacilla un instant, s'appuya sur le bureau avant de faire appel au pouvoir de la marque, qui se trouvait à cet emplacement. Le train épicycloïdal venait de recevoir un nouveau satellite. Probablement celui qui manquait à Myanate. Les derniers mots lui annonçaient que désormais, l'ancienne favorite serait à ses ordres.
« – Myanate ? Souffla-t-il difficilement.
– Oui monseigneur ?
– Relève-toi, et appelle-moi Arsear quand nous ne sommes que tout les deux. »
L'ex-favorite de la Déesse-Impératrice, fit ce qui lui était demandé. Mais Arsear décela une forte rancune au fond de son regard : « – Où sont les Kalieks ?
– Ils ont été détruits.
– Comment est-ce possible ? Demanda-t-il en reprenant son souffle.
– Les forges d'Akaba ont été détruites avec eux au cours de la bataille.
– Assieds-toi, et raconte-moi tout ce qui s'est passé. Tu veux boire quelque chose ?
– Oui, quelque chose de fort si possible.
– Allez, raconte-moi donc tout cela... » fit le seigneur des terres de Kalam et de Youriss en tendant un verre contenant un liquide vert sombre.
Myanate prit une gorgée du liquide avant de commencer son récit :
« – J'ai reçu une information signalant la disparition d'esclavagistes près de la ville que je venais de reprendre aux mains des Humains. Le chargement était exclusivement composé d'Humains, et il devait rallier les forges de ce monde. Un voyage sans problèmes à priori, cela éveilla mon intérêt. Les quelques navires que j'envoyais ne trouvèrent que des cadavres de Silridriss et une esclave encore en vie... Mais dans un très mauvais état. Ils l'achevèrent lors de l'interrogatoire. Elle nous donna deux informations très importantes. La première, contenue dans une petite boite noire que les Humains nomment ''disque dur'', la seconde, les responsables de l'attaque : Les démons d'Alikaross.
– Que contenait la boite ? Un disque ? Demanda Arsear.
– Pas vraiment. C'est l'équivalent de nos cubes d'airain : ils servent à stocker toutes sortes d'informations. Je n'ai pas tout bien compris, mais dans celui-là, ce sont les plans pour fabriquer les démons d'Alikaross, ainsi que le ''génome'' de la princesse et de sa garde du corps... »
Arsear tressaillit à cette annonce : après tout, lui aussi avait subi la même malédiction qu'eux. Et à ce titre, il était désormais une cible de l'Impératrice. L'ancienne Favorite continua :
« ... J'ai demandé à un prisonnier comment obtenir ces informations. Il y a travaillé jours et nuit pendant une semaine, il eut le temps de m'expliquer que l'accès était verrouillé avant que je ne l'éventre. Je ne le croyais pas : je suis persuadée qu'il y mettait de la mauvaise volonté. J'ai confié cette tâche au commandant d'un navire d'arrière-garde, qui avait quelques prisonniers sous la main, mais aucun n'y réussit. Entre-temps, soupçonnant une attaque imminente sur les forges, j'y ai posté mes navires en embuscades. Quelques semaines après, l'assaut eut bien lieu, mais je n'envoyais pas mes troupes : je voulais que les démons d'Alikaross se montrent...
– Mais ce ne fut pas le cas n'est-ce pas ?
– Oui. Ne les voyant pas sortir, et la bataille étant mal engagée pour les contremaîtres des forges, j'ai lancé l'assaut. Je suis même descendu personnellement. Paniqués, ils ont commencé à s'enfuir, à quitter ce monde. J'ai tenté de les poursuivre, mais, une fois le dernier esclave passé... Je ne sais pas ce qui c'est passé ensuite. J'ai été... brûlée vive, des membres m'ont été arrachés, je suis devenue aveugle, et j'ai été projetée avec violence. Tout en même temps... Lorsque mes yeux sont redevenus normaux, j'étais à moitié dans les gravas des forges et un immense nuage noir montait dans le ciel. Les troupes que j'avais déployées avaient disparues et les navires survivants s'écrasaient. L'arrière-garde s'est alors déployé et m'a récupéré. Des cendres sont alors tombées du ciel comme des feuilles d'arbres brûlées. Quelques jours après, les premiers malades ont fait leurs apparitions.
– C'était lié à l'explosion ?
– Oui, une survivante humaine me l'a confirmé avant de décéder. Elle a dit qu'il s'agissait de ''la plus terrible des bombes''. Et, après en avoir vu les effets, je veux bien la croire. J'ai remplacé la totalité de l'équipage, mais les nouveaux tombent eux aussi malade... Ils ont maudit ces navires : quiconque monte à bord est condamné à mourir dans d'atroces souffrances.
– Peu probable, objecta Arsear.
– Comment cela ? N'est-ce pas évident ?
– Ce qui est évident, c'est que les humains ne maîtrisent pas suffisamment l'erapha pour arriver à une telle malédiction. Ils ont certainement fait quelque chose à ces navires, non, à l'endroit tout entier. Il faudrait les interroger sur le sujet.
– En attendant, cette perte a mis notre Déesse-Impératrice dans une rage folle. C'est la raison de ma déchéance. Je ne désespère pas de reprendre un jour mon statut d'origine lorsqu'elle sera calmée. J'espère que vous avez eu de meilleurs résultats.
– Oui, j'ai d'ailleurs mis le cap sur son navire.
– Vous l'avez trouvé !
– Oui.
– Où est-il ? Je veux le voir !
– Doucement, calma le seigneur Silridriss avec un regard qui rappela à son interlocutrice sa récente déchéance. Pour commencer, Rig-rid ! Dans mon bureau ! Immédiatement ! »
S'adresser ainsi à la gnome lui déchira le cœur, mais avec Myanate en face de lui, il n'avait pas le choix. Il ne vit pas son interlocutrice avec un regard incrédule sur ce qu'il venait de prononcer dans le bureau. Quelques instants plus tard, une timide frappe sur la porte annonça la présence de l'ingénieure.
« – Entre !
– Vous m'avez faite demandé Monseigneur ?
– Peux-tu refaire des Kalieks ?
– Oui : j'ai tous les plans en tête. Mais je vais avoir besoin d'une équipe pour...
– Osrak, Tu accompagnes Rig-rid jusqu'au marché aux esclaves lors de notre prochaine escale. Tu prends tous ceux qu'elle te dit de prendre et tu t'assures qu'il ne lui arrive rien.
– Vous parlez tout seul ? Demanda Myanate, ne sachant trop quoi penser... Non, comment font-ils pour vous entendre alors qu'ils sont ailleurs dans le navire ?
– Une broche de communication. Très pratique. Venez, je vous emmène à la cale voir le coeur d'érapha. Quand à toi, file à ton atelier ! Et oublie pas de venir me retrouver avant le soleil couchant. »
Tremblante, l'ingénieure courut hors de la pièce sous le regard et le rire sadique d'Arsear.
« – Je sais, fit quelque instant plus tard la voix de Rig-rid à ses oreilles. J'ai compris, je ne vous en veux pas. Faites attention : elle est aussi vieille que maligne. »
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Mylène s'installa à son bureau, à bord du corbeau-couronné. Elle avait refusé le pied-à-terre qui lui avait été proposé lorsqu'une altercation avec ses voisins eut lieue. Chimères, Humains et anciens esclaves de toutes espèces voyaient d'un mauvais œil la présence, même ponctuelle de Shershalla. Sa race et/ou son homosexualité n'avaient pas suscité d'enthousiasme. La capitaine Silridriss avait alors choisit de rester à bord de son navire. La pirate informatique quitta les lieux non sans avoir été dire à chacun d'entre-eux ce quelle pensait de cette réaction. Incrédules devant le nom de Famille ''Ferreira'', ces derniers durent se rendre à l'évidence de l'erreur lorsque le Roi avait tenté de voir sa sœur. Les excuses n'avaient pas suffit à faire revenir les deux jeune femmes. Quand à Manuel, il leur avait adressé un : ''Vous me décevez, énormément. Je vous pensais plus matures, plus tolérants'' Avant de leur tourner le dos.
Depuis cet incident, les deux amoureuses restèrent là où elles se sentaient en sécurité : à bord du Corbeau-couronné.
En chemise de nuit, elle scruta les quelques rapports qui étaient arrivés dans la nuit. Un message en particulier attira son attention, l'origine était un pirate qu'elle connaissait bien : Crazy Rabbit. Elle le lut rapidement, avant de l'imprimer. Elle s'habilla rapidement, et prit le morceau de papier avant de sortir. Elle passa devant la capitaine qui déjeunait un plat de viande crue dans le mess. L'équipage était au minimum, et ne traînait là que ceux qui n'aimaient pas vivre en ville.
« – Mylène, tout va bien ?
– Non, c'est la merde, je dois voir mon frangin rapidement. Désolée chérie, continua-t-elle en l'embrassant avant d'essuyer le sang qui s'y était déposé. Commence la préparation du Corbeau-couronné : on risque d'en avoir besoin.
– Tu veux que je t'accompagne ?
– Non, pas nécessaire.
– J'ai le temps finir mon repas, ou ça urge vraiment ? Demanda la Saurienne encore surprise
– Prends ton temps, mais commence les préparatifs quand tu auras fini.
– C'est grave ?
– Pas encore, et il ne faudrait pas que cela le devienne. Je te tiens au courant. Bisous ! » Fini la jeune femme en quittant le mess comme une tornade.
Son passage laissa place à un silence interrogateur. La capitaine vit les regards interloqués de son équipage avant de donner ses premiers ordres.
« – Finissez de manger. Zeez, Obenn, vous irez me chercher tout ceux qui sont descendus. Les autres, faites le plein de vivres et vérifiez les tout les équipements. »
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La salle du conseil était similaire à un entonnoir dont la partie inférieure aurait été tronquée. Trois étages de gradins en béton peint cerclaient les bords de pièce. La couleur choisie, le blanc cassé, avait vieillit et il n'était pas à l'ordre du jour de la remplacer. Le long des gradins couraient des fils électriques, parfois nus, parfois dans des gaines de protections. Ces câbles traçaient leur chemins comme les veines de la zone dévastée, ils remontaient les choix de chaque conseiller pour donner la marche à suivre de la ville en un immense panneau récapitulatif des votes. Au centre de la pièce, un piédestal cylindrique, et un pupitre, tout deux dans ce même béton, autorisaient les interventions extérieures. Des néons, à la lumière froide, éclairaient cette vaste pièce nue de toute décoration.
Du haut des gradins entrèrent les premiers conseillers, rapidement suivi par d'autres. Les individus s'installèrent dans les deux premiers gradins. Le brouhaha que leurs discussions provoquaient empli rapidement la petite pièce dont l'acoustique avait été spécialement développée pour permettre aux voix de porter sans nécessité d'élever le ton. Un conseiller revêtit une toge de couleur verte qu'il serra à la ceinture. Il resta debout tandis que les hommes et les femmes de l'assistance s'installaient. Son regard sombre et abîmé par les temps difficiles étudia chacun des visages de cette assemblée qu'il connaissait bien. Chauve, il gardait tout de même une barbe blanche bien taillée de quelques centimètre qui remontait jusqu'aux oreilles. Sur le gradin le plus élevé, des personnes du peuples s'installèrent eux aussi. Parmi eux, un vieux chinois. Il adressa un signe de la mains à un conseiller. Ce dernier le lui retourna. Quelques minutes passèrent avant que le conseiller portant la toge ne fasse claquer une règle en bois sur le béton. Les discussions cessèrent, et ceux qui n'avaient pas encore rejoins leur place le firent durant les deux autres coups.
« – Conseillers et conseillères, membre de cette assemblée, en cette enceinte, le poids de nos choix influera sur les vies que nous avons en charge, annonça celui qui tenait la règle en bois. Au non de notre liberté, je suis chargé aujourd'hui de gérer les débats. Merci de faire en sorte qu'ils soient constructifs. Le sujet du jour est le suivant : l'arrivée des troupes du gouvernement mondial. Ces forces ont soulagé notre front ouest, mais les Silridriss les ont stoppées. Nous accueillons aujourd'hui le commandant en charge de ces opérations à sa demande. »
Le conseiller fit un mouvement, et une personne entra s'installa au pupitre, au centre de la pièce. Sa tenue était celle d''un militaire dans sa tenue de combat : rangers, trellis et gilet pare-balles. Le service de sécurité lui avait retiré son arme de poing, et le holster à la ceinture resta vide.
« – Je vous remercie de me permettre de m'adresser à cette assemblée, commença-t-il. Je suis le commandant Higas des forces régulières. Il ne fait nul doute que la prise de cet endroit n'est qu'une question de temps pour les Silridriss. En accord avec mes ordres, je suis venu pour vous aider à évacuer cette ville...
– Et si vous étiez honnête pour une fois ? Coupa quelqu'un.
– Je le suis, répondit-il en se tournant vers le conseiller qui avait pris la parole.
– Vraiment ? Depuis la mise en place de ce gouvernement ''central'' votre seul objectif à notre égard, ou plutôt envers l'ensemble des ''zones dévastées'' à travers le monde fut de vouloir les faire disparaître. Diplomatiquement pour commencer, militairement par la suite.
– Je regrette conseiller, j'ignore de quoi vous voulez parler. Je suis un soldat, je suis les ordres. Mes ordres sont d'évacuer votre zone dévastée, je n'irais pas plus loin.
– Où devrions-nous aller ensuite selon vous ?
– Bordeaux. » La réponse du commandant provoqua un brouhaha de protestation. Le conseiller chargé de gérer les débats fit claquer la règle de bois pour ramener le calme. Il se leva et déclara :
« – En somme, vous nous demandez d'abandonner notre souveraineté pour sauver nos vie. Dois-je vous rappeler que votre gouvernement central n'est qu'un simulacre de démocratie ?
– Mais il peut vous protéger.
– Je regrette, mais cet état fantoche ne peut nous protéger de lui-même. Avez-vous une autre demande à soumettre à cette assemblée ?
– Oui, j'ai besoin de parler à Mme Lebon. Nous savons qu'elle est actuellement dans votre zone dévastée.
– Pour quel motif ? J'espère que vous n'avez pas l'intention d'atteindre à sa sécurité.
– Nous devons contacter la cité d'argent, expliqua Higas. Or son fils y habite, et il a ses entrées chez le Roi. »
Dans l'hémicycle, un rire étouffé se fit entendre. Les regards se tournèrent alors vers un conseiller qui cachait son fou-rire dans sa manche.
« – Conseiller Sanchez, pourriez-vous garder votre calme et votre réserve : le lieu ne prête pas à la plaisanterie.
– Je comprends, souffla le vieil homme dont le visage rouge était déformé par un fou rire. Mais, c'est ma... belle-sœur, je sais où elle est. Mais je ne crois pas que vous serez bien reçus : n'oubliez pas que vous avez fait de son fils un paria et un cobaye de laboratoire. Elle va vous réserver un accueil corsé ! A ces mots, quelques sourires apparurent sur des visages.
– Peu importe, répondit Higas imperturbable. Les enjeux sont trop grands pour que des interactions personnelles sèment le trouble.
– C'est vous qui prenez les risques... Mais prévoyez une équipe médicale au cas où.
– Conseiller Sanchez, vu que vous connaissez cette dame, pouvez-vous vous charger de l'entrevue ? Demanda le responsable des débats.
– Bien sûr, mais je ne garantis en aucun cas l'intégrité physique de ces personnes au cours de la discussion qui suivra. »
Le commandant Higas changea légèrement de couleur :
« – Je représente le gouvernement central ici. Si vous m'attaquez, vous vous attaquez à notre gouvernement.
– Oulla ! Ne lui dites pas ça ou elle va réellement péter les plombs, et c'est un cercueil qu'il vous faudra. » Répliqua le conseiller.
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