8 : La dame rouge (3/3)
Les deux semaines qui suivirent furent studieuses pour les quatre combattants qui avaient survécus au programme Berserker. Le matin était lié aux apprentissages en armures. L'après-midi, au maniement des armes blanches. Le soir était réservé aux discussions sur l'actualité, et sur ce qu'il convenait de faire pour survivre aux champs de batailles. Manuel amena un soir un vieil échiquier à trois joueurs appelé ''Yalta''. Il le modifia de façon à ce qu'il corresponde à ses besoins. Le rouges avaient désormais la reine, les deux fous, et deux rangées de pions. Les blancs avaient le roi, les fous et les tours. Les noirs disposaient du roi, des fous, des tours, et de quelques pions.
« - Je vais tenter de résumer tout ce que l'on sait actuellement : les rouges : les Silridriss. Très nombreux, et si l'on exclu les dernier modèle de machine qu'ils utilisent, seuls leurs navires ont la capacité de frapper fort et loin. Fait important : c'est la dame qu 'il faut prendre chez eux. Condition de victoire : les deux autres camps sont exterminés. Particularité, la reine sera difficile à vaincre, même mise en position d'échec et mat. Les Blancs maintenant : le peuple chimère. Ils peuvent frapper vite et fort. En revanche, le nombre joue contre eux. Fait important, on ignore toujours les faits et gestes du nouveau roi. Et je doute que cela nous plaise. Condition de victoire : le maximum de pièce blanche doivent survivre à la guerre. Particularité : ils peuvent communiquer sans problèmes entre-eux. Pour finir, les noirs : l'espèce humaine : Bien équipé, ils peuvent aussi frapper vite et fort, comme les chimères, il y aura victoire s'il reste des survivants après cette guerre. Même chose pour les conditions de victoire.
- Et dans quel camp sommes nous ? » Demanda Tégos.
Manuel posa un cavalier bleu sur le plateau.
« - Notre propre camp. Ni Chimère, ni Humain, ni Silridriss. Des individus motivés uniquement par la volonté de mettre fin à ce conflit.
- Ça me va.
- Et comment comptez-vous vous y prendre ? » Demanda Yin, s'invitant dans la conversation.
Manuel coucha la dame rouge : « C'est la pièce qui est responsable du conflit. Tant qu'elle est là, il perdure. Elle doit disparaître, les chances de revenir sont faibles, mais c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Tout le monde est bien conscient de cela ? »
Les uns après les autres, les trois autres protagonistes hochèrent la tête.
« - C'est bien résumé en fait : une pièce contre trois armées. Si l'on réussi, tu crois qu'ils en feront un film ?
- Va savoir.
- Je ne viendrais pas, dit Yin, je ne me vois pas risquer ma vie pour ce genre de chose.
- Yin, tout les quatre, nous sommes désormais des erreurs de la nature, crées par accident. Ces trois armées nous recherchent, je ne vais certainement pas te demander de risquer ta vie avec nous alors que tu n'as rien à voir dans cette histoire. Maintenant, il faudrait savoir comment l'on va aller mettre à terre la dame rouge.
- Y'a deux solutions, déclara Tégos, aller la chercher, ou la forcer à venir nous trouver. Et pour cela, y'a pas trente-six méthodes.
- Passer un portail, murmura Salida, une pointe d'inquiétude dans la voix. Aller chez les Silridriss...
- Oui, et y mettre autant de souk que possible. Leur faire une guérilla d'enfer. » Compléta Fernand.
Un silence, se fit. Chacun se demandant s'il serait à la hauteur de la tâche à accomplir. Manuel rompit le silence avec une simple constatation :
« - Commençons par atteindre un portail, définir un itinéraire, et des points de regroupement en cas de problèmes. »
*
* *
*
Sur le pont de son navire, Arsear regardait le soleil se lever, une tasse en terre cuite remplie d'un liquide rose dans la main. Il avait remit sa cote de mailles, et ses vêtement habituels. Il savourait le lever du soleil autant que le breuvage dans sa main. Un mélange de jus de viandes, d'eau et d'alcool.
« - Capitan ? Résonna une voix à ses oreilles.
- Qu'il y a-t-il Osrak ? Répondit-il en activant la broche lui aussi, un léger sourire aux lèvres.
- Les démons d'Alikaross ne se montrent pas.
- Soit patiente. Désormais, ils n'ont plus d'autres choix. Ils seront face à nous bien assez tôt. Je te sens impatiente d'en découdre, mais, savoure cette attente comme un chasseur patient. Car c'est le privilège du chasseur que d'attendre que sa proie se montre.
- J'ai une question, mais j'hésite à la poser, car elle est plutôt personnelle.
- Si c'est au sujet de Berik, il n'y en a aucune à se poser : il a contredit mes ordres, je n'ai plus confiance en lui, mais je le conserve tout de même car il a certaines qualités.
- C'était plutôt sur la favorite, et la gnome.
- Ha... d'accord. Même si je la devine, pose ta question.
- La favorite Myanate vous a accordé un vœu pour votre abnégation a pourchasser les démons. Pourtant, vous avez utilisé ce don précieux pour soigner une simple esclave, n'était-ce pas un peu excessif ? »
Arsear sourit en pensant aux profondes interrogations qui devaient agiter le cerveau de sa subordonnée. En entendant ce silence, Osrak s'empressa de continuer :
« Désolée : je me mêle de ce qui ne me regarde pas...
- Tu as raison, j'aurais pu demander n'importe quoi ou presque, elle me l'aurait accordée. Qu'aurais-je pu demander selon toi ? Vas-y, je t'écoute.
- Non, je ... euh...
- Eh bien vas-y. Je t'en donne l'occasion. Profite-en.
- Euh... de l'or par exemple.
- Pour en faire quoi ? Je suis Capitan, un ordre de réquisition de ma part et j'ai le matériel dont j'ai besoin.
- Des femelles alors.
- La reproduction ? Je verrais quand cette campagne sera finie. Nul doute que je serais présenté à quelqu'un dans ce but, si je n'ai trouvé personne avant.
- Des pouvoirs, insista l'Enseigne.
- Je suis un pilote de Sarback à la base, je suis proche du terrain et des stratégies. La quatrième flotte me suffit amplement.
- Des terres, un domaine alors, ou des esclaves.
- Pour tout laisser à l'abandon à cause de ce conflit ? Non, pas une bonne idée. Et si tu laisses les esclaves seuls ils font n'importe quoi. »
Pour le coup, la Silridriss ne parla plus, elle n'avait plus d'idées. Arsear, que le sourire n'avait pas quitté, décida de la pousser un peu : « Alors ? Rien d'autres ?
- Je ne comprends toujours pas l'utilité de sauver cette esclave : d'autres auraient été aussi compétents.
- Oui, mais il aurait fallut de nouveau tout reprendre à zéro. Sans compter les erreurs. J'ai préféré m'assurer de notre avenir. Je vais te dire la même chose qu'à Berik : seuls les ordres de l'Impératrice me sont absolus. Et, pour cela, j'utilise tout les moyens à ma disposition.
- Mais les Kalieks sont finis. Objecta-t-elle.
- Non, ils ont atteint un stade où l'on peut les utiliser contre le démons d'Alikaross. Mais ces derniers évoluent sans cesse, je suis persuadé qu'il nous faudra de nombreux essais avant d'arriver à les mettre a terre. »
*
* *
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« - C'est fait.
- Merci professeure. Je savais que vous réussiriez.
- De rien, écrivit le professeur Belamour sur l'écran de son ordinateur. Où est ce que vous m'avez promis ?
- Du calme professeur, écrivit le joyeux soleil, pour commencer, je dois vous prévenir que, dans le cas où il vous viendrait à l'idée de revenir sur vos paroles, le code du programme Berserk opérationnel et corrigé sera disponible sur le réseau mondial.
- Vous plaisantez ?
- Absolument pas. Les chinois et les Américains seront heureux de mettre la main dessus. Mais c'est une sécurité nécessaire quand on voit comment la base de Clermont est dirigée. Mais vous désirez toujours obtenir des réponses non ? »
Piégée, la jeune femme, rouge de colère tapa sur le clavier avec violence.
« - Crache le morceau putain de pirate à la con !
- Que de vulgarité, commenta le soleil sans perdre son sourire, vous m'avez habitué à bien plus de courtoisie. Bref, regardez donc ceci... »
L'écran se scinda en deux et des lignes de codes se surlignées en rouge apparurent sur le coté gauche.
« ... L'erreur est multiple. Elle se situe là où les lignes sont surlignées.
- Te fout pas de moi ! Ça, se sont les verrous pour empêcher que le Berserker ne crée n'importe quoi. Ça limite les commandes pour permettre d'obtenir une forme exploitable.
- Précisément.
- Ton information ne vaut rien, l'échange ne tient pas.
- Professeur, je vais vous poser quelques questions, vous verrez que vous ne voyer qu'une partie du tableau. Avons nous tous les mêmes caractères ?
- Vas-y si cela t'amuse, tu verras aussi ton erreur gros naze. La réponse est non.
- Avons nous tous les mêmes rêves ? Continua le soleil
- Non.
- Avons nous tous le même système de réflexion, ou de mémorisation ?
- Bien sur que non ! A quoi riment ces questions ?
- Professeur, écrivit le soleil, si nous avons tous des rêves, des envies, des caractères et des pensées différentes, comment rentrer cela dans un système qui possède des filtres pour avoir une norme ? L'équation est forcément bancale... »
Le professeur resta interdite face à l'évidence.
« ... cela reviendrais à vouloir faire rentrer un cercle dans un carré alors qu'ils ont la même aire. A vouloir tout contrôler, les concepteurs originels ont tellement bridé le programme que ce dernier n'a plus l'amplitude nécessaire à son fonctionnement et à son évolution. D'après mes calculs, si vous supprimez ceux en rouge, vous devriez obtenir un système relativement stable. Je pense avoir rempli ma part du contrat, tenez la votre et vous n'aurez pas travaillé en vain. Un listing des points à corriger se trouve sur le bureau de votre ordinateur.
- Attendez ! Écrivit précipitamment le professeur Belamour.
- Oui ?
- Avec vos compétences, vous devriez venir travailler au centre, je garanti votre sécurité.
- Merci pour votre offre généreuse, mais j'ai un passif particulièrement lourd. Je pourrais vous faire confiance, mais ce n'est pas le cas pour certains de vos collègues. Je reviendrai vous voir si je vous sens bloquée. »
La scientifique écrivit quelques mots encore, mais il n'y eut aucune réaction. Le bureau informatique redevint normal à l'écran, avec, en son centre un petit fichier qu'elle ne connaissait pas.
*
* *
*
Tégos, Fernand et Manuel sortaient de la zone d'entraînement aux AMC lorsqu'un énorme camion de carrière arriva et se gara juste à coté. Salida et le chauffeur en descendirent pour venir à la rencontre des trois combattants. Le chauffeur était un cyborg prononcé.
« - Oneshot ? Putain, Oneshot c'est toi ?
- Qui veux-tu que ce soit d'autre Twister ? T'en connais beaucoup des malades qui vous suivraient dans vos conneries ?
- Ça fait plaisir de te voir mon vieux, c'est toi que le vieux Weng nous envoie comme chauffeur ?
- Ouais, tu as des nouvelles de notre major préféré ? »
Les deux chimères et Fernand regardèrent instantanément Manuel, s'attendant au pire dans ses réactions.
« - Elle a été tuée, répondit simplement le jeune soldat, une vague de tristesse sur le visage.
- Ha merde. Désolé Doux-dingue, et Véro ?
- Aussi, répondit Fernand qui revit sa petite amie se faire dévorer vivante.
- Et Redcross ? Grundig ?
- Arrête Oneshot, demanda Salida en lui posant la main sur l'épaule, il n'y a que nous.
- Comment as-tu survécu à la bataille ?
- Je veux bien t'en parler, mais devant un verre, autre chose, le vieux Weng m'a dit que vous alliez vous lancer dans la bataille en Freelance, mais vous avez un plan au moins ?
- Tu as raison, allons boire un verre. »
Il ne fallut pas longtemps au petit groupe pour trouver l'établissement dont ils avaient besoin. Le sniper leur raconta alors son aventure, la même que celle qu'il avait résumé à Tégos la première fois. Comme d'habitude, le serveur eu quelques réticences à les servir, deux jeunes bizarres, deux créatures étranges, à mi-chemin entre des humains et des chimères et un cyborg, ce n'était pas un groupe normal. Pourtant, en écoutant, le récit du soldat, il offrit les consommations en les considérant comme des vétérans. Virent ensuite l'histoire des deux pilotes de Berserker et des chimères. Le tireur d'élite laissa échapper un sifflement admiratif à la fin de leur histoire.
« - Eh bé, les mecs, vous aussi vous avez sacrément morflé ! Mais bon, le vieux m'a dit que vous aviez un objectif maintenant, c'est quoi ?
- La reine rouge : L'Impératrice Silridriss.
- Ok, vous savez où elle est ?
- Nan, mais on va bien trouver, répondit Fernand, je suis sûr qu'un de ces lézards a la réponse. Vu leur nombre, on tombera bien sur le bon.
- D'après les rumeurs, elle aurait les pouvoirs d'une déesse. Est-ce que vous vous savez comment vous occuper d'elle ?
- On en prendra soin si c'est ce qui t'inquiète, fit Tégos.
- Pour le moment, on doit rejoindre le front, on obtiendra des infos de première qualité là-bas. » Finit Manuel.
Oneshot réfléchit un moment, avant de leur demander :
« - Comment comptez-vous convaincre les soldats déjà en place que vous êtes là pour aider ? »
Les différents protagonistes se regardèrent interloqués : ils n'avaient pas réfléchit jusque là.
« - Qui dirige le groupe alors ? »
Il y eut quelques explications évasives fournies par Fernand et Manuel. Le sniper se massa le front en regardant son verre d'alcool face à lui avant de reprendre :
« - Vous êtes malades, plein de bonne volonté, mais aucune organisation, méthode, ou recul. Oui, vous êtes complètement malades. Si vous partez comme cela, vous irez droit dans le mur.
- Je serai la chef du groupe. Dit Tégos.
- Plus tête brûlée, y'a pas. Je ne suis pas d'accord, déclara Fernand.
- Hé ! Tu veux que je t'explique la vie ? Riposta la chimère.
- Calme-toi Tégos, murmura la princesse.
- Et voilà, commenta le sniper, c'est le bordel. C'est précisément ce qui ne doit pas arriver en plein combat. Là, vous êtes tous morts. »
Un silence gêné s'installa entre les différents protagonistes de la petite réunion.
« - Et toi ? Tu ne voudrais pas être le chef de groupe ? Demanda Manuel.
- Non mon ami, je suis désormais un cyborg de sixième catégorie, je ne suis plus apte au pilotage. Alors je n'ai plus ma place dans ce genre d'équipe... Peut-être en support radio, mais je ne peux plus piloter : mes nerfs sont trop endommagés et mon oreille interne me joue parfois des tours. La machine dans la remorque est simplement un souvenir. Mais toi, je crois que tu correspondrais au poste.
- Hein ?
- Ouais, tu as les qualités nécessaires, mais là encore, tout le monde devra te faire confiance lors des coups durs. Si ce n'est pas le cas, restez tous chez vous et oubliez cette idée, cela vaut mieux.
- Attends une minutes, demanda Tégos une pointe de défi dans la voix, qu'est-ce qui te fait dire qu'il est le plus apte ?
- Salida est une princesse déchue, elle manque encore de maturité, elle a été élevée de manière ultra protégée et la rencontre avec la vie réelle est un vrai choc. C'est pas bon... Toi, tu es une puissante guerrière, mais la stratégie et toi, ça fait bien plus que deux. Toujours pas bon... Twister, est un très bon combattant également, mais, en dehors des tactiques classiques, il lui manque l'audace nécessaire pour surprendre l'adversaire, en particulier quand il est plus fort que lui. Pas encore ça... Doux-dingue pour finir, je n'ai jamais rencontré un pilote plus taré et plus réfléchit que lui. C'est un paradoxe à lui tout seul ! Je crois sincèrement qu'il est le plus à même de guider tout le monde. »
Les uns après les autres, Manuel croisa le regard de chacun des protagonistes. Ces derniers le regardaient avec insistance, attendant une réaction de sa part.
« - Hé, j'ai rien demandé moi !
- La question n'est pas là, corrigea le sniper, est-ce que tu te sens prêt à rentrer dans le costume de chef du groupe ? Et à prendre avec toi la vie des personnes à cette table ? Comme tu l'avais fait lors de la rencontre avec Kouiros.
- Je ne sais pas. »
Tégos se laissa tomber contre le dossier de sa chaise de désapprobation. Oneshot l'ignora et continua :
« - Bon, réfléchis-y, on décidera plus tard. Autre question, de quels fonds disposez-vous ?
- Des fonds ? Demanda Salida.
- Oui, des sous. La guerre et le combat coûtent cher en plus d'être dangereux.
- Bah euh... en dehors de quelques économies personnelles, je ne crois pas que l'on ai prévu quelque chose, dit Twister.
- Les bastos, la bouffe, et le carburant, vous les payez comment ?
- Ça s'achète ? Demanda la princesse, à personne en particulier.
- Eh, va vraiment falloir vous réveiller là. Vous pensiez vraiment partir avec la bite et le couteau ?
- Par quoi commence-t-on alors ? » Interrogea Manuel.
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