Lucas accompagne Maxence aux toilettes pour que ce dernier puisse se nettoyer le visage. Un peu d'eau et le tour est joué. En revanche, on ne peut pas en dire autant de sa salopette: plus il frotte et plus les tâches deviennent grosses. Toujours la salopette qui prend !

Lucas de son côté regarde Maxence d'un air attristé. Il ne comprend pas pourquoi tout cet acharnement sur son ami, lui qui est si gentil, ne cherchant de noises à personne. Il voudrait l'aider, mais comment, il ne le sait pas encore.

Maxence a fini de se nettoyer (plus ou moins) et Lucas est sur le point de sortir des toilettes.

- Attends, l'interpelle Maxence, je dois faire pipi.

- Euh, d'accord.

Lucas attend de nouveau devant la sortie des toilettes, attendant sagement son camarade.
Le temps commence a être étrangement long, Maxence se fait de plus en plus attendre et Lucas perd petit à petit patience.

- Bon, Max à quoi tu joues là ? le questionne Lucas.

Pas de réponse. "Il doit faire caca", pense-t-il d'abord.

Mais plus le temps passent et plus Lucas tient de moins en moins en place.

Cinq minutes sont passées que Maxence n'est toujours pas sortit de la cabine. Lucas marche d'un pas décidé vers les WC occupés par Maxence, s'apprête à toquer, mais  se stoppe net lorsqu'il entend un bruit sortir des toilettes. Ces bruits sont presque inaudibles, et il jurerai, du peu qu'il entend que se sont des sanglots.

- Max ?

Pas de réponse.

- Maxou !

Un grognement qui semblerait dire "kestuveux ?" se fait entendre derrière la porte.

- Maxence, tu pleures ?

- Nan, je pleure pas, répond maladroitement Maxence: un sanglot l'a trahis.

- Bien sûr que si tu pleures espèce d'idiot, je l'entend ! Sors de là, insiste Lucas.

La serrure se déverrouille lentement, puis sort de la cabine un Maxence aux joues trempées de larmes, les yeux rouges arborant un regard ravagé à Lucas. Maxence baisse la tête, regardant ses pieds. Il n'aime pas paraître faible, d'autant plus devant le seul ami qu'il s'est fait. Il déteste ça.

- Pourquoi tu pl ...

Il n'a pas le temps de finir de poser sa question que Maxence se précipite dans les bras de Lucas, le serrant si fort que ce dernier est à la limite de l'étouffement. Lucas lui rend
machinalement l'accolade, ne sachant pas réellement quoi dire ni quoi faire. Ils restent dans les bras l'un de l'autre pendant une bonne minute, quand Lucas se décide enfin à briser ce silence.

- Max, pourquoi tu pleures ?

Maxence se détache de Lucas, montrant une mine triste, des yeux gonflés et encore rouges reflétant un regard complètement vide. Maxence regarde Lucas, plongeant le néant de ses yeux dans les deux océans du plus petit.

- J'en ai marre ... Pourquoi c'est toujours moi ? A cause d'eux, je doute de moi tout le temps ! J'ai rien demandé, moi ... J'suis pas un être si confiant, je suis faible ... Trop faible. Quand on me regarde, j'essaie de paraître joyeux, mais malgré les apparence je crois pas trop en moi, et ... et ... Et c'est trop dur comme combat ! éclate-t-il enfin.

La rage et la tristesse se ressentent dans sa voix, c'est comme si une bombe qu'il contenait depuis trop longtemps avait fini par exploser. Ce ne sont plus quelques larmes qui coulent sur son visage, mais un torrent tout entier. Lucas ne sait pas quoi lui répondre. C'est vrai au final, il n'a jamais vécu tout ça, et il n'est pas vraiment apte à lui sortir un discours. Tout ce qu'il peut faire, c'est lui donner l'amour qu'il cherche désespérément. S'en suis un gros câlin cette fois-ci lancé par Lucas.

- Eh Max, j'suis là moi, le rassure Lucas.

- Merci ... répond faiblement Maxence.

Il paraît toujours un peu triste, mais au fond de lui, il a retrouvé un lueur d'espoir. Il s'efforce de sourire à Lucas, il lui doit bien ça. Il lui donné en quelques jours tout l'amour qu'il aurait voulu recevoir en toute une vie. Il ne lui en sera jamais assez reconnaissant.

Lucas se détache de Maxence. Il sont sur le point de quitter pour de bon les WC quand Lucas interpelle Maxence.

- Oui ?

Lucas s'approche de Maxence et lui fait un bisou sur la joue. Ce dernier ne sait pas comment réagir, il a l'air un peu confus. Lucas qui souriait et pensait bien faire voit bien que Maxence fait une tête bizarre.

- Euh, pourquoi t'as fais ça ? demande Maxence.

- Bah mon papa, il fait ça des fois à ma maman, et il dit qu'on fait des bisous aux gens qu'on aime bien ...

- Ah oui ?

Maxence réfléchit quelques secondes, puis en souriant:

- Et bien dans ce cas là ...

Maxence embrasse à son tour Lucas sur la joue, faisant revenir le doux sourire d'il y a quelques secondes. Les deux acolytes se mirent à rire et se dirigent vers la cantine. N'oublions pas qu'ils n'ont toujours pas mangé, et la nourriture, c'est important, parole de morfale !

Maxence avait séché ses larmes et rentre dans le bâtiment, plus radieux que jamais, Lucas, toujours à ses côtés. Ils reprennent un plateau chacun et partent s'asseoir. Ils n'ont pas vu le temps passer aux toilettes, si bien que tout les primaires avaient déjà mangé, excepté quelques CM2. Même les collégiens commençaient à arriver. Maxence et Lucas ne firent pas attention et mangèrent entre eux, Lucas toujours souriant et donnant le maximum de joie et d'amour à Maxence dans ses paroles.

Leur repas terminé, ils se précipitent pour débarrasser et se dirigent en courant vers la cour de récréation et profitent des dernière minutes qu'il leur reste. Comme d'habitude, des regards malveillants fusent en direction de Maxence, mais maintenant, il n'en a plus rien à faire: il a Lucas !

Ce dernier est d'ailleurs très prisé par ses camarades. Plusieurs lui demandent s'il veut jouer avec eux, que se soit des filles, ou des garçons, mais à chaque fois il refuse, répondant qu'il préférait jouer avec Maxence. Ce n'était que la vérité qui sortait de la bouche de Lucas, et pourtant, à chaque fois qu'il le disait, Maxence se sentait touché.
L'heure du début des cours a sonné, et les élèves se précipitent vers leurs salles de classes respectives. En chemin, dans le couloir, Maxence et Lucas aperçoivent Maxime, assis sur une chaise devant le bureau de la vie scolaire.

Ils s'empêchent de rire, même si au final ils esquissent quand même un petit sourire.