Bi-bi-bip, bi-bi-bip...

Le son le plus strident au monde réveille Maxence, lui arrachant un grognement. Être tiré du sommeil par son réveil est peu agréable.
Le châtain regarde l'heure, il ferait mieux de ne pas perdre de temps. Il aplatit presque sa main sur le réveil pour l'éteindre, et se lève. C'est une journée spéciale qui s'annonce.

Max passe une main dans ses cheveux désordonnés, tout en consultant son téléphone. Ce soir, l'équipe de football du lycée hébergera le match avec un autre établissement. Lui, il ne joue pas spécialement au football, il n'a pas vraiment le temps puisque le plus souvent, il compose des morceaux en grattant la guitare et en chantant. Mais, par manque d'effectifs, ce soir il fera partie des remplaçants de l'équipe. Maxence ne s'en plaint pas ; il n'est pas forcément mauvais dans cette discipline. Le garçon espère simplement ne pas être trop rapidement nécessaire.

Il publie un tweet en rapport avec le match, histoire de rappeler à tous ce qui se passera ce soir, et file se préparer.

Le soir même, Maxence est confiant. Ils mènent 2 à 1, la foule d'adolescents présents dans les gradins les acclame. Tout semble indiqué pour qu'ils gagnent. Le brun n'a pas encore eu l'occasion d'aller sur le terrain, il se contente donc pour l'instant de regarder le match depuis son banc, ne pouvant tout de même cacher une légère anxiété.

- Tu t'inquiètes, Max ? lui demande Martin d'un air sarcastique

- Toi même, réplique-t-il

Martin est son meilleur ami, et s'il leur arrive de se chercher, c'est purement affectif.

Le garçon doit laisser Maxence pour aller jouer, et ce dernier tape nerveusement du pied sachant qu'il est le prochain. Il reste peu de temps de jeu, mais tout peut arriver.

Lucas, lui, observe Maxence. Non pas depuis la foule, où tout le monde crie en coeur, mais depuis sa cachette. En dessous des gradins, plus exactement. Là, au moins, il est tranquille, et peut observer le jeune homme dans toute sa splendeur sans que lui ne le remarque ; ce serait affreusement gênant pour tout le monde.

Depuis qu'il est au lycée, il a remarqué Maxence. Comme beaucoup d'autres. Maxence, il dégage beaucoup de charme, il est beau, adorable, et en plus de ça, il sait tout faire, que ce soit dans le domaine du sport ou de la musique. Sa voix, elle est magnifique, surtout quand il chante.

"Il est parfait"

Lucas pense très fort ces mots, il l'aime bien trop pour que ce soit normal.
Mais Lucas, le problème c'est qu'il est timide, et ne fait même pas partie des populaires. Maxence ne doit même pas savoir qu'il existe, alors il se contente de l'entourer au feutre rouge sur toutes les photographies qu'il possède de lui. Le musicien est son rêve, le plus doux des rêves face à une réalité bien trop brutale.

Brutale. C'est comme ça que Maxence définirait la façon de jouer de l'équipe adverse. Ils font presque exprès de foncer dans les joueurs, et de les faire tomber. Tout ça parce qu'ils perdent, le châtain en est convaincu. Il n'a jamais compris le manque de fair-play des sportifs.
C'est vrai, quoi, faites l'amour. Pas la guerre. C'est quand même bien plus intéressant.

D'un coup, l'arbitre siffle, le faisant sursauter.

- Maxence ! Bouge ton cul !

Sorti de ses pensées, Max constate qu'un de leurs joueurs n'est plus sur le terrain. Il saurait ce qu'il s'était passé s'il avait été attentif.
Il se lève donc, sans poser de questions, et va jouer pour la première fois du match, à moitié confiant.

Lucas sourit en le voyant à l'action. Il n'est pas le meilleur joueur, mais il est très bon. Ça vaudrait presque le coup de prendre une photo. Immortaliser Maxence...
Dommage, il n'a pas son téléphone sur lui. Il pourrait appeler ça une erreur de débutant s'il n'avait pas l'habitude d'exercer.

Pendant ce temps, Max se donne à fond pour contribuer à la victoire de son équipe. Il possède la balle, et se met donc à courir. Le garçon s'approche des buts adverses, et tout semblait aller pour le mieux, jusqu'à ce qu'un joueur arrive et le percute, récupérant la balle.
Se prenant sa jambe, Maxence roule sur le gazon avec un petit grognement.

Pendant que l'autre continue de jouer et marque un but, tout le monde pousse une exclamation en voyant le jeune homme toucher le sol. Lucas arrête presque de respirer, inquiet, et tente d'apercevoir quelque chose de l'endroit où il est. Peine perdue, étant donné que les joueurs de leur équipe entourent Maxence.

Ce dernier se redresse en position assise dans l'herbe, le visage étiré dans une légère grimace de douleur. Il n'a pas raté sa jambe, l'autre con. On lui demande si ça va, le match est en pause, et les lycéens présents dans les gradins se taisent.

Maxence n'est pas certain de vouloir décevoir l'équipe. L'équipe, les autres élèves, et qui plus est... Flavie. Il aime beaucoup Flavie.
De toute façon, ça va déjà mieux. Alors, motivé, il hoche la tête.

- Ça va, ça va !

Le garçon se relève, sans l'aide de personne.
Ses camarades le regardent, et, finalement soulagés, reculent pour continuer le match. La tention retombe, et les lycéens applaudissent.

Martin, inquiet, observe Maxence. Il l'a vue, sa grimace de douleur, et dieu sait que le musicien prend parfois des décisions stupides malgré sa santé physique inadéquate.
Maxence le dévisage.

- Quoi ? lui demande-t-il

- Max, ça va aller ?

- Toujours, il affirme avec un sourire. Ils ont profité de ma PLS pour marquer, on ne va pas laisser gagner ces mecs !

Le jeune homme, enjoué et déterminé, attend le coup de sifflet pour se remettre à courir sur le terrain, suivi par un Martin dubitatif. Max est à fond, il ne se voit pas perdre face à ces tricheurs.

Lucas, dans une contemplation du garçon, ne pense à rien. Rien d'autre que lui. Il rêve, encore et toujours, de pouvoir le contempler de bien plus près, lui parler, l'embrasser en passant ses mains dans ses cheveux, lui donner les plus beaux compliments, et lui arracher les plus beaux sourires.

Son coeur se serre en voyant le peu de chances que cela arrive.

Maxence est heureux. Il vient de marquer un énième but. Oui, lui, Maxence Lapérouse, vient de marquer le but qui leur a permis de gagner.

Le grand panneau affichant les scores est bien là, surmonté d'un magnifique 3 - 2. Le châtain est fier, à peu près autant que Lucas. Bon, beaucoup moins que Lucas, autrement serait impossible. Lucas, il sourit amplement. Un instant, lui traverse l'esprit d'aller voir Maxence tout à l'heure pour le féliciter. Oui, peut-être que tout a l'heure, il ira lui parler, même s'il s'agit du détail le plus insignifiant. Le brun, s'il le voyait lui répondre, serait aux anges.

Maxence, après avoir été félicité par à peu près tout le monde, rejoint les vestiaires. Le vainqueur est un des derniers à se changer, à vrai dire. Le trajet ne se fait pas sans encombres ; l'adrénaline étant retombée, la douleur de sa chute s'est réveillée. Mais qu'importe, la sensation est légère, et probablement que demain, il ne la sentira même plus.

Avant d'entrer dans les vestiaires, le garçon croise Lucas. Lucas, c'est ce mec beaucoup trop cool avec qui Maxence aimerait bien être pote. C'est vrai, le brun à l'air sans prétention, drôle... il lui sourit rapidement, et Lucas le salue simplement avant de continuer sa route, les yeux rivés sur la fermeture éclair de sa veste.

Si Maxence avait entendu les pensées de Lucas, probablement qu'il en aurait été étonné. Probablement, qu'il n'aurait pas pensé que Lucas n'en avait rien à faire qu'il lui fasse un sourire de ce type.
Parce que, dans la tête de Lucas, il a réussi à créer un sacré bordel.

Dans les vestiaires, il ne reste qu'un seul joueur, quand Max s'y rend. Ce n'est pas vraiment un de ses amis, à vrai dire, mais bon, qui ne serait pas amical, après une victoire ?

Valentin lui fait un rapide tcheck, visiblement de bonne humeur.

- T'as géré, ce soir, Max !

Maxence lâche un sourire et un simple "merci" en commençant à s'habiller. Ce qui est peu pratique avec son genoux douloureux.

- Eh, tu vas à la soirée de Seb tout à l'heure, mec ?

- Évidemment, je voudrais pas rater ça, affirme le châtain

On ne va pas se mentir, le garçon est plutôt crevé, et se verrait bien comme tout ado normal derrière des séries, ce soir. Comme un dimanche.
Ce soir, il a la flemme de faire le zozo.
Mais sa réponse suffit à Valentin, qui sort. Max étant enfin seul, il se décide à sortir son téléphone et aller dans ses contacts. Le téléphone sonne, il attend en se dirigeant à son tour vers la sortie des vestiaires.

Une dame finit par décrocher, femme dotée d'une voix fatiguée et assez traînante.

- Bonsoir, vous êtes bien chez Pizza Hut, je vous écoute.

- Oui, alors ce serait pour passer une commande... commence le garçon

La suite, il n'a aucune idée de ce qu'elle est. Tout arrive d'un coup, on lui saute dessus sans qu'il n'aperçoive rien, et Maxence lâche son téléphone, paniqué, il ne voit plus rien.

Il y a juste le noir complet.