II. un étranger
Point de vue — Neil
Sept jours donnent cent soixante-huit heures, donnant dix mille quatre-vingts minutes donnant elles-mêmes six cent quatre mille huit cents secondes précisément. C'est aussi le temps depuis lequel mon estomac n'a pas reçu la moindre chose consistante à part de l'eau et une cinquantaine de chewing-gum à la fraise des bois. Je n'ai rien mangé depuis mon arrivée dans, imaginez une voix d'une potiche de secrétaire pour ce qui suit, ce centre de redressement pour adolescents. Non pas que j'ai eut envie comme ça à mon arrivée de faire la grève de la faim, mais plutôt parce que je ne suis pas sorti de ma chambre depuis tout ce temps, sauf pour aller aux toilettes, je ne porte plus de couches depuis bien longtemps.
La seule raison, qui est la plus évidente possible, est que je n'aime pas cet endroit, dès mon premier orteil arrivé ici, j'ai haïs cet institut du plus profond de mon âme. Tout le fratras de médecin m'avait dit qu'apparemment j'étais un addict à l'alcool. Je ne suis absolument pas d'accord, j'adore juste profiter de la vie en buvant en soirées. C'est une énorme différence bien réelle. Je sais encore mieux ce qui se passe dans ma vie que tous ces étrangers.
Je suis complètement un étranger dans ce monde, de ce que j'ai pu voir lorsqu'on a gentiment voulu me faire visiter les locaux, qui, il faut le dire, sont très rustiques et perdus au milieu de nulle part ; la plupart des gens ici, étant privé de leur ancienne addiction, deviennent complètement fêlés. Je n'ai absolument pas envie de me retrouver au milieu de tous ces adolescents dont certains sont à la limite de devenir des assassins en séries pour pouvoir retrouver le plaisir de leur indépendance à n'importe quoi.
Après tout ce temps passé sans manger, mon cerveau ne pense presque plus qu'à manger et c'est plutôt mon estomac qui commande que ma raison à présent. En même temps me laisser crever dans cette chambre vide de toute décoration n'est pas une bonne idée. Je ne compte pas personnaliser ma chambre, même si j'en ai totalement le droit. Tout simplement parce qu'au final ce n'est pas ma chambre, ce n'est pas chez moi et ça ne le sera jamais. Ma vie à moi, est à Boston avec toute ma bande d'ami pas dans ce centre censé me libérer de ma dépendance en alcool. C'est tellement pathétique et niais de dire ces mots qu'ils ont de moins en moins de crédibilité au fur et à mesure que je me les répète. Ils ne me convaincront pas de cette façon de laisser ma boisson de côté.
Je prend enfin la décision d'aller manger quelque chose, je sais pertinemment qu'ici ce n'est pas le self service et encore moins un restaurant cinq étoiles ou bien même une seule. Mais je m'en fous clairement, je fais un effort pour aller dans les salles communes donc ils me donneront bien gentiment de quoi me restaurer sinon ils auront ma mort sur la conscience. Je coupe la musique actuellement diffusée dans mes écouteurs, Renegades de X Ambassadors, ce son est juste de la pure tuerie. Je sors de ma chambre en laissant pendre mes écouteurs à mon cou, pour me diriger vers le réfectoire qui devrait être vide à cette heure-ci, mais pas le couloir apparemment ...
« Non, mais tu ne peux pas regarder devant toi espèce de folle ! »
Oui, je lui ai clairement hurlé dessus, mais bon le couloir est pratiquement désert et elle trouve le moyen de me rentrer en plein dedans, c'est pas comme si je faisais un mètre vingts non plus. Et le pire dans tout ça c'est qu'elle ne s'excuse pas, je hais les gens comme ça.
« Bon, tu t'excuses ? » m'impatientai-je.
Elle est où sa politesse, purée ? Qu'elle s'excuse et qu'elle arrête de fixer ma nuque comme si elle était une vampire assoiffée de sang. En fait c'est peut-être ça son problème, elle est une accro aux séries vampiriques et elle se croit être une vampire, elle aussi. Mon dieu, si c'est réellement le cas, je préfère sauter du haut du toit que de rester avec ces gens plus fous les uns que les autres.
« Donne-moi tes écouteurs. » me lâche-t-elle froidement les dents serrées, son regard toujours rivé sur mon cou ou plutôt sur ma paire d'écouteurs.
Il y a quand même un point positif, ce n'est pas une fille complètement folle qui veut me vider le sang. Non, elle est juste une petite racaille qui croit qu'elle peut me voler aussi facilement.
« Va te faire, je ne suis pas un donneur de charité. »
Elle peut toujours vouloir me les prendre, elle ne les aura pas. Je suis déjà en manque de boisson et de nourriture alors si en plus je dois céder mes affaires à la première demoiselle qui passe devant moi, je ne donne pas cher de ma peau ici. Encore une raison de plus pour que je trouve un moyen de partir d'ici sans renoncer à boire de l'alcool.
« Ferme ta tronche et donne les moi ! » hurle-t-elle.
Dans un même temps elle me saute littéralement dessus pour me prendre l'objet de sa convoitise. C'est quoi son problème à celle là ? Elle est complètement tarée ! Tout compte fait, j'aurais préféré qu'elle se prenne pour Dracula au lieu de m'agresser de la sorte. Sans retenu, je la pousse pour qu'elle arrête de m'agripper comme elle le fait.
« Mais ferme ta tronche toi-même ! Tes parents ne t'ont jamais appris à pas agresser les gens purée ! »
L'absence d'alcool, de nourriture ou de quoi que ce soit de consistant me rends très facilement irritable. Surtout que je n'ai pas vraiment fait attention dans la façon dont je l'ai poussé, ne prenant pas la peine de savoir s'il elle est blessée ou non. Je lui ai simplement hurlé dessus, plus qu'elle ne le fait, pour lui montrer mon mécontentement. Si j'avais su ce qu'il allait se produire après ce geste et ses paroles, j'aurais sûrement un peu plus réfléchis avant d'agir ...
Élodie.
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