Au loin, des ombres bougent très vites, elles semblent courir, voler au dessus du sol, elles vont très vite. Elles semblent former un cercle, autour de cette jeune femme, vêtu que d'une simple robe blanche. Elle a le regard perdue...
J'ouvre soudainement les yeux, je me trouve au beau milieux d'une forêt. Je regarde autour de moi. Je viens d'entendre une branche craquer au sol ! "Qui est là ?" je n'arrive pas à sortir un seul son de ma bouche... Je relève la tête, lentement. Là ! J'ai vu quelqu'un courir, ou serais-ce une ombre ? Elle allait si vite... Mon regard redescend sur le sol, je regarde mes pieds, nu et froid. En regardant mieux autour de moi, je vois des sortes de touffes, salie par la terre. Non... On dirait des cheveux. Je m'accroupi et commence à bouger les feuilles, puis la terre, ainsi que les êtres y vivant, ma vision floutée par les larmes. J'y suis, oui... Non, Alex... Devant moi, il est là, allongé sur le sol, son corps retournant à la nature. Une colère prend possession de moi, je me met à taper sur son ventre, aillant l'espoir qu'il reprennent une bouffé d'air, suivit d'une blague. Soudainement, je me lève, me rappelant les autres butes de terres. J'accoure à chacune d'entre-elles, Sébastien... Adrien... Thomas. Tous sont là, sans âmes qui vivent... Je me relève, les ombres sont toujours là, elles semblent courir tout autour de moi, pourquoi? Une vive lumière blanche vient transpercer ce moment stressant, de pure folie. Je lève la tête vers cette lumière, le ciel me l'envoie. Je me sens tellement apaisé, elle m'apporte de la chaleur, du réconfort, puis d'un coup, un énorme rayon de lumière semble se rapprocher de plus en plus, avec un sentiment de rage, je me met à hurler, attendant mon heure, que cette lumière vienne me transpercer, qu'elle me brise et me face éclater en un million de bout de verre. Un chuchotement me parvint alors, "Élisabeth..." "Elizabeth...!"

- Elizabeth ! Réveille toi bon sang !

J'ouvre subitement mes yeux, poussant Thomas loin de moi par reflex. Ce dernier se rattrape avant la chute puis se rapproche avec méfiance de moi.
- Ça va aller ? Me demande-il.
Je le regarde un moment, dans l'incompréhension. Je reprend peu à peu mes esprits.
- J'ai fais un drôle de rêve.. C'est comme si j'y était vraiment... J'aurais aimé lui répondre que oui, ça va, puis je serais aller prendre un verre d'eau, mais je viens de me réveiller et il n'y a que ce rêve qui occupe mes pensées.

Thomas s'assit sur le bord du matela.
- Tu veux en parler ?
J'hoche la tête, puis lui explique.
- Je suis debout, dans une forêt, autour de plusieurs arbres et entourée de verdures, puis beaucoup plus loin, c'est comme s'il y avait des personnes qui couraient très vite autour de moi. Thomas fronce légèrement les sourcils, mais ne m'interrompt pas. Puis j'ai baissé les yeux, et j'ai remarqué quatre butes de terre, chacune orienté soit vers le Sud, soit vers l'Est, l'Ouest, où le Nord... Ce que la terre recouvrait, c'était vous quatre, vous étiez mort. Puis d'un coup il y a eu une énorme lumière blanche venant du ciel, puis je me suis réveillé.

Thomas semble réfléchir un moment, puis il s'approche de moi et vient me serrer dans ses bras, je passe également mes bras autour de lui pour ne pas le laisser seul dans son mouvement, même si je ne comprend pas ce geste, il essaye sûrement de me rassurer à sa manière... C'est à dire que ça ne fait qu'une semaine que je le connais, et on ne s'est jamais autant parler que maintenant.
Je me desserre un peu de son étreinte,
- Pourquoi m'avoir réveillé, au fait ?

Thomas éloigne de quelques centimètres son visage du mien.
- Tu était beaucoup agité dans ton sommeil, et puis il est bientôt l'heure de manger. Il me répond simplement, sans en rajouter. Puis il se lève et s'en va dans la pièce à côté.
Je reste un moment assise sur mon lit, le regard vide sur le mur en face de moi, je réfléchis sans vraiment réfléchir. Vous savez, c'est ce genre de rêve que l'on fait, ceux qu'on arrête pas d'y penser toute la journée, ou on se dit qu'il y a un truc qui ne colle pas. Enfin, ça m'a surtout pas mal perturber, je viens à peine de les rencontrer et je rêve d'eux, mort qui plus est.
Après cinq bonnes minutes je me lève, m'habille puis rejoint Thomas dans la pièce d'à côté.

- Ou sont les autres ? J'attrape une pomme posée sur un tissu propre et croque dedans.

- Ils ne vont pas tarder.

- Oui d'accord mais ça ne répond pas à ma question. Thomas me lança un regard puis m'ignore en sortant son téléphone. Je déteste quand l'on me cache des choses !
Je me laisse finalement tomber sur une chaise.
- Arrête de me fixer.
Je ne détourne pas les yeux, il est vrai que sans m'en rendre compte, je n'arrête pas de le fixer.
- Pourquoi tu es là, je veux dire...
Le jeune homme prénommé Thomas lève les yeux de son écran bleu pour les poser sur moi.
- Je vois, Alex a du te raconter pour nous.
- Évidemment, il m'a raconté son histoire aussi.
- En réalité la mienne n'est pas plus folle que la sienne, ou que celle des autres. Je le regarde attentivement, paraissant absorbée par ses paroles. J'avais un frère, lui et moi nous étions très proches, puis il s'est engagé dans l'armée, mes parents étaient heureux pour lui. Tandis que lui se battait pour la justice et l'honneur de la famille, je faisais tout l'inverse. Mon frère malgré tout, le savais, on ne se cachait rien lui et moi. Mais mes parents le savaient également, je ne sais pas comment ils l'ont su, cependant ils ne me disaient rien, de simples regard réprobateur de temps en temps c'est tout... Jusqu'au jour où les problèmes sont arrivé, ça a commencé par moi, puis ils m'ont suivit jusqu'à chez moi. J'avais d'énormes problème, dans ma famille, ça explosé. Personne ne pouvait plus me supporter, moi et ce que je faisais... J'ai été renié et on m'a fichu dehors. Mon frère n'en sait toujours rien, je n'ai aucune nouvelle de lui aujourd'hui.

Je laisse un silence s'immiscer entre nous, je ne sais pas trop quoi dire... Peut-être que les mots ne suffisent pas. Son vécu a lui aussi est digne de quelques chose d'irréel. Ça me surpasse un peu quand même. Pendant qu'il me racontait ça, Thomas n'a laissé aucune émotion traverser son visage, à part moi et le vide, il n'a posé ses yeux nulle part ailleurs.
J'attire Thomas vers moi puis l'enlace un moment. J'agis envers lui comme il a réagit avec moi ce matin. Je ne sais pas trop pourquoi. Un léger parfum masculin se dégage de lui, je ne le remarque que maintenant. Je l'aime bien, c'est une odeur presque nouvelle pour moi.

Un raclement de gorge nous interrompt.
- Je vois que vous ne perdez pas de temps !
Seb s'approche de nous, avec des yeux de biches.
- Regardez j'ai des étoiles dans les yeux, c'est plus émouvant qu'au cinéma.
- La ferme Seb. Grogna Thomas apparemment mécontent que son ami se moque de lui, ou de nous. Même s'il n'y a aucun "nous" qui tiennent. Et puis quoi encore ?

Alex et Adrien entrent juste après ma petite pensée personnelle, des sacs pleins les bras qu'ils déposent sur la table, enfin ce qu'il en reste. Les mites ont encore frappé !
Une agréable odeur émanant des sacs me donne le sourire.
- On mange ? Propose Adrien.
On acquiesce tous sans hésitation et nous commençons à partager le repas ensemble. Adrien m'explique entre deux bouchées de frites qu'il s'est fait jeté de chez lui après avoir fait son coming-out. Mais heureusement il en rigole aujourd'hui. Je pense qu'il se sens vraiment bien ici avec ses amis, ils se sentent tous bien. Je commence à m'y faire également. Bon, je pense quand même investir dans un nouveau lieux d'habitat parce que je ne tiendrais pas plus de deux mois ici, mais ce n'est pas tant ça qui compte. Ce sont plus les moments partagés ensembles et l'ambiance qui règne entre nous tous.

*

Pour la première fois depuis 3 mois et 4 jours, je me lève de mauvaise humeur, je pense que je commence à ne plus supporter le fait de vivre là, surtout avec l'hiver qui approche à grand pas. Il fait déjà assez froid comme ça, mes nuits ne sont pas des plus douce et je grelotte toujours malgré le surplus de couverture. Je me croirais presque dans "la princesse et le petit pois" sauf qu'il n'y a pas de petit pois.
Aujourd'hui encore je me réveille seule. Les garçons sont partit faire leurs "trucs", je n'ai toujours pas réussis à percer ce mystère mais j'y arriverais. Depuis le début je sais qu'ils me cachent quelques choses. J'ai bien essayé de savoir ! J'ai interrogé tout le monde, sans résultats. Ma quête de réponse n'est pas fini et j'atteindrai mon but. Je me le suis promise, on ne laisse pas de côté une curieuse doublement têtue.
C'est alors que je pris la seconde décision importante de ma vie.