Suite du chapitre 1 :

Je me retourne et voit... personne !
Il n'y a absolument personne ... Aucun signe de vie, rien.

Non, je constate en pivotant la tête qu'il y a simplement une main humide et déchiquetée délicatement posée sur mon épaule. Les doigts osseux reliés à la main pâle et membraneuse évoquent des aiguilles pointues qui pourraient trouer la chair d'un simple geste brusque. L'espace d'un instant, je reste figé face à ce spectacle invraisemblable, mes yeux exorbités fixés sur les doigts qui semblent encore frémissants.

Je pousse un cri d'effroi et jette de toutes mes forces le membre sanglant en grimaçant d'horreur.

Je m'enfuis à toutes jambes, des gémissements incontrôlables s'échappant de ma gorge. Tout cela ressemble à un terrible cauchemar.

Quelques virages plus loin je m'arrête et pousse un soupir, tout en essayant de reprendre mon souffle.
Mais ce soupir est étouffé par un liquide gluant qui glisse brutalement dans ma bouche. Je n'ai pas le temps de réagir que celui-ci s'est immiscé aux quatre coins de ma cavité buccale et a obstrué une partie de ma gorge, semblable à un torrent de pétrole déchaîné. Un goût affreux picote ma langue, m'étouffant progressivement.

Horrifié, je recrache la mixture gélatineuse et une flaque verdâtre se forme sur le sol. J'émets plusieurs râles sinistres avant de parvenir à respirer convenablement.
Sans prendre la peine de lever la tête pour voir d'où il provient, j'essuie le liquide moucheté sur mon visage et me lave les mains aux toilettes d'en face. Je ne saurais dire d'où provient ce truc immonde et comment il a atterri sur ma langue, et tout bien réfléchi je préfère ne pas le savoir, ce pourquoi je m'obstine à regarder droit devant moi à la manière d'un robot en marchant fébrilement. D'abord une main sans propriétaire, ensuite ce liquide gluant, et puis quoi encore ? Cet endroit me donne la chair de poule, mais c'est à la fois tellement absurde. Je dois sûrement rêver, je ne vois que cette option.  Bientôt, je vais me réveiller, ce sera le véritable jour de la rentrée et j'irai dans un collège normal qui respecte les règles sanitaires.
J'ai pourtant la désagréable impression que je suis bien dans la réalité...

J'essaie de ne plus penser à rien et file dans les couloirs en regardant attentivement le numéro des portes.

– Je vais être en retard, je vais être en retard ! chuchotais-je avec affolement.

Environ dix minutes plus tard, au bord de la crise de panique, je me mets à courir en tout sens lorsque j'aperçois un tableau sur un des murs. Je m'approche doucement de Celui-ci, redoutant le pire.

Un personnage sans doute historique y figure. Il affiche un sourire radieux et une fière stature.

– Je dois être près des salles d'histoire ! me dis-je, réjouis.

Je suis sur le point de me détacher du mur et de me ruer dans le couloir des salles d'histoires, lorsque quelque-chose attire mon attention.

Ce n'est pas le mur, ni les bordures crasseuses de celui-ci. Non, c'est autre chose... autre chose qui a changé...
Un détail, un infime pixel qui semble avoir été déplacé en l'espace de quelques nanosecondes. Je plisse les yeux et fixe ce qui se trouve en face de mon champ de vision.

Soudain, je me fige sur place, les veines glacées, la bouche tordue d'effroi.

Le... le tableau.

L'homme souriant à la barbichette qui y figurait fait désormais une mine effrayante.
Son sourire est à l'envers, ses yeux sont écarquillés et semblent animés d'une colère noire. Sa peau, auparavant beige et illuminée, est un gris sale, sans éclat. Le tableau entier semble avoir été ensorcelé.
J'ai la désagréable impression que l'homme est en train de me fixer de ses yeux noirs.

Cette fois réellement pris de panique, je sprinte le plus loin possible du tableau maudit.
Durant ma course, je perçois de fines voix brouillées. Je crois percevoir certains mots, mais pas tous, ce qui donne une conversation à trous :
«Tu...danger ! ...dois...partir ! ...professeurs... ! ...danger... ! ...maudit ! »
Ces quelques mots me font froid dans le dos. Mais... attendez... j'entends des voix ?!

Ça y est, je dois être complètement fou.

Si c'est un cauchemar, il va sûrement bientôt se terminer...

Je me mets à crier comme un pauvre enfant, la gorge en feu.

– AUX SECOURS !!!

À suivre...

Et voilà pour ce 2ème chapitre !
J'espère qu'il vous a plu !
Pensez à me donner votre avis !

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