Samedi, 16 Janvier.

PDV SCELLIA

     Je souffle, stressée à l'idée de devoir dire à l'un des deux hommes que j'aime que je préfère rester avec l'autre. Évidemment, j'ai choisi celui que j'aime le plus et je ne le regrette pas.

Alice : hey, t'es prête? La fête a déjà commencé mais la principale concernée n'est pas là.

Moi : j'arrive, juste une petite seconde.

     J'enfile mes chaussures qui sont, comme vous devez vous en doutez, des bottines à talon haut bordeaux et noir. En fait, mon habillement est simple. Juste une robe grenat sans manches à décolleté assez profond et qui m'arrive aux genoux. Le bustier est plutôt simple, juste quelques petits diamants qui le ornent, tandis que la jupe n'a que de magnifiques motifs floraux.

     Je sors de ma chambre, la ferme à clé, et descends en compagnie de ma sœur cadette. Lorsque j'arrive, une tonne de sifflements, d'applaudissements et de cris s'élève dans la grande pièce. Je me fais inviter par certains garçons pour danser, mais refuse poliment, à la recherche de deux autres hommes.

     Après ce qui paraît être deux heures de recherche, je ne les trouve nulle part.

     Ils ont décidé de ne pas venir finalement... Surtout lui.

     Sentant ma poitrine se serrer et les larmes menacer de couler, je porte ma main gauche à mon cœur et ma droite au coin de mon œil gauche pour nettoyer un début de larme solitaire. Je soupire, puis vais au balcon.

     Pendant combien de temps vais-je continuer à m'apitoyer sur ça?

     Je m'accoude sur la rembarde, me passant une main dans les cheveux.

??? : t'as l'air préoccupée.

     Surprise, je me retourne pour voir Dean.

Moi : tu es venu...

     Il s'approche de moi et me regarde dans les yeux, ce qui me fait rougir.

Moi : qu'est-ce qu'il y a?

Dean : va le retrouver.

Moi : pardon?

Dean : va le retrouver. Je sais que c'est lui que tu aimes réellement.

     Je baisse la tête, un peu triste qu'il l'ait appris comme ça.

Moi : désolée.

Dean : c'est pas aussi grave, tu sais.

Moi : pourtant, tu es triste. À cause de moi.

     Il soupire.

Dean : ce n'est pas de ta faute si je suis tombé amoureux de toi. Maintenant, vas-y. Tu ferais mieux de te dépêcher, il va bientôt partir.

     Comment...?

Moi : partir?

Dean : il ne te l'a pas dit? Il a été demandé pour des reportages très importants dans d'autres pays. Ça prendra un certain temps avant qu'il ne revienne. Il est un journaliste réputé.

Moi : il... Part?

     Et il ne m'a rien dit?

Moi : merci de m'avoir prévenue.

     Je m'apprête à y aller lorsqu'il me prend le bras.

Moi : qu'est-ce qu'il y a?

Dean : j'ai une demande à te faire.

     Curieuse, je l'écoute.

Moi : vas-y.

Dean : est-ce que je peux continuer à t'aimer malgré le fait qu'on reste amis?

     Je ne m'y attendais pas.

     Après quelques secondes, je lui réponds, gênée.

Moi : ou-oui, s-si tu veux.

     Il sourit et me lâche.

Dean : merci Scellia.

     Je souris à mon tour et lui embrasse la joue.

Moi : c'est moi qui devrais te remercier.

     Je le laisse dans sa surprise et cours hors de la maison.

     Je prends les clés en sortant de la maison, puis prends la première voiture que j'aperçois, et fonce vers l'aéroport.

     Arrivée, à peine ai-je garé le véhicule que j'en sors et entre dans l'immense bâtiment. Mes fans me reconnaîtront et me harcèleront, mais je m'en fiche. La seule chose, ou plutôt, la seule personne que j'ai envie de voir là, maintenant, est Rayan. Et il faut que je le trouve.

     Je me mets donc à le chercher partout, mais aucune trace. Et alors que je pense qu'il est déjà trop tard, je vois sa silhouette s'éloigner. Je me dirige donc vers lui en courant, bousculant des gens et en m'excusant.

     Je l'atteins bien vite, un peu ralentie par toute cette foule et ces fans, et le tiens par son long manteau beige. Se demandant sûrement qui est la personne qui l'a arrêté, il se retourne, et est choqué en me voyant.

Rayan : Scellia...

     Ça y est. Pour la deuxième fois, il m'a énervée. Alors, je lève la main, et le gifle assez violemment pour que sa tête dévie sur le côté. La tête basse, mes cheveux cachant mes yeux, je laisse une larme couler sur ma joue. Puis deux, ensuite trois et enfin, ça se termine en un torrent.

Moi : pourquoi... Pourquoi es-tu parti sans rien me dire?

     Je relève la tête.

Rayan : tu allais le choisir et j'ai préféré ne rien te dire pour que ça soit plus facile pour moi.

     Il tourne enfin son regard vers moi et est surpris de me voir dans cet état.

Rayan : tu... Pleures...

Moi : à cause de toi. Tu as voulu m'abandonner... Sans même que je ne puisse te dire que c'est de toi dont je suis réellement tombée amoureuse. Imbécile!

     Mes sanglots se faisant de plus en plus forts, je l'enlace, posant mon visage contre son torse et plaçant mes mains dans son dos. En ce moment, je me fous pas mal des regards qu'on doit nous lancer.

Rayan : je...

Moi : espèce d'égoïste.

     Après quelques secondes, je sens ses bras m'enlacer en retour.

Rayan : je suis désolé. Je pensais que tu aurais choisi Dean plutôt que moi. Vous avez le même âge, vous êtes dans le même lycée et vous êtes très proches...

Moi : et alors? Malgré ça, c'est toi que j'aime. C'est toi que j'ai choisi... C'est toi que mon cœur a voulu. Peu importe notre différence d'âge, le peu de temps qu'on passe ensemble comparé à celui que je passe avec Dean, je me sens plus proche de toi. Dès mon arrivée au Japon, tu as été gentil avec moi. Tu m'as guidée et aidée. Mais j'ai fait l'erreur de te rejeter et de sortir avec ton frère.

     Mes larmes redoublent sans que je ne puisse m'en empêcher.

Rayan : pardon. J'ai été stupide et je le regrette. J'aurais dû te le dire plus tôt.

     Je secoue la tête négativement et la relève.

Moi : reste, s'il te plaît. Reste avec moi...

Rayan : je ne peux pas. J'ai déjà accepté leurs offres.

     De nouvelles larmes se créent dans mes yeux alors qu'il dit :

Rayan : mais je reviendrai. Ce n'est pas éternel. J'aurais juste besoin de me rassurer d'une chose.

Moi : quoi?

     Il prend mon visage en coupe dans ses mains tandis que le rouge me monte aux joues.

Rayan : attends moi. D'accord?

     Que je l'attende...

     Je souris doucement et hoche la tête.

Moi : d'accord. Je t'attendrai, je te le promets.

     Il pose délicatement ses lèvres sur les miennes tandis qu'une voix derrière l'interphone annonce qu'il ne reste que quelques minutes avant le vol pour la Russie.

Rayan : je dois y aller maintenant. Ne pleure plus, s'il te plaît.

Moi : je n'allais plus le faire de toute façon. Vas-y, maintenant. Je ne vais pas te retenir plus longtemps.

Rayan : très bien. Mais avant, sache que je t'aime.

Moi : je le savais déjà. Allez, zou!

     Il sourit et se retourne.

Moi : moi aussi, je t'aime!

     Juste assez fort pour qu'il l'entende.

     Reviens vite.