PDV SCELLIA

     J'arrive dans la chambre, en colère, et claque la porte derrière moi, faisant sursauter mon petit ami. Je me dirige vers le lit et me laisse tomber dessus tête la première dans l'oreiller en jurant.

     Je ne savais même pas que j'avais un vocabulaire d'insultes aussi avancé.

Rayan : chérie, qu'est-ce qu'il y a?

     Je relève la tête et dis, ou plutôt, crie :

Moi : je la déteste! Je vais la tuer, cette sorcière!

Rayan : okay... Alors, tu vas tout d'abord te relever.

     Je le regarde en arquant un sourcil, puis soupire et m'exécute.

Rayan : viens vers moi, prends de grandes inspirations et calme toi.

     Je fais ce qu'il me dit et il passe son bras gauche autour de mon cou en m'attirant contre lui avant de m'embrasser le sommet du crâne.

Rayan : maintenant, dis moi ce qu'il se passe.

Moi : en fait, même Avery est au courant de ce qu'il s'est passé ce dimanche. Et elle me menace d'écrire un article dessus si je ne te quitte pas dans deux jours.

Rayan : la connaissant, elle changerait beaucoup de choses.

Moi : oui, je sais... Tu me conseilles de faire quoi?

     Il ferme les yeux et semble réfléchir.

Rayan : dis la vérité avant qu'elle ne le fasse.

Moi : mais... Ils vont sûrement me trouver bizarre.

Rayan : et alors? Ceux qui te soutiennent vraiment resteront, le reste, c'est leur problème.

     Après mûres réflexions, c'est la meilleure solution.

Moi : d'accord... Je le ferai. Maintenant.

Rayan : tu ne voudrais pas plutôt attendre demain?

Moi : que je me libère de ça une bonne fois pour toute, ça sera mieux.

     Ceci dit, je prends ma tablette et demande à Rayan de la tenir pour moi après être entrée dans l'application YouTube et être passée au direct.

Moi : salut tout le monde! Je sais qu'il est tard pour faire une vidéo, mais bon. J'ai un gros problème. Enfin, je ne sais pas si c'est vraiment un problème, mais il me tracasse beaucoup. Attendez que je vous explique. En fait, je suis en crush sur deux garçons. Je sors avec l'un, mais je fréquente aussi l'autre.

     J'explique en détail ce que je vis, tout en lisant les commentaires que les gens m'envoient. Pour terminer, je leur demande :

Moi : si vous étiez à ma place, vous feriez quoi? Merci infiniment de m'avoir écoutée et bonne fête du nouvel an à tous!

     Je fais un discret signe à Rayan de couper la vidéo et regarde le nombre de vues qu'a la vidéo.

Rayan : cinq cents milles vues. Ça ne fait même pas cinq minutes.

     Je lui souris en lui montrant la langue.

Moi : on peut y aller maintenant, je lirai tous les commentaires avant d'aller me coucher.

Rayan : tu liras plus d'un million de commentaires avant d'aller te coucher?

Moi : je continuerai demain jusqu'à finir. Si je vois qu'un commentaire contient la même idée que plusieurs autres, je verrai si le contenu est exécutable.

     Je me lève du lit et vais lui prendre le bras.

Moi : pour l'instant, allons profiter de la fête. Je n'ai plus à stresser que quelqu'un connaisse la relation qu'il y a entre nous trois.

     Nous sortons donc, mais je m'arrête.

Moi : quand as-tu vu Dean pour la dernière fois?

Rayan : samedi... Maintenant que tu le dis, il n'est pas sorti de sa chambre. Tu crois qu'il s'en veut?

Moi : je vais aller le voir. Seule.

Rayan : pourquoi seule?

     Je soupire.

Moi : d'accord, tu peux venir, mais tu n'entres pas dans sa chambre. Je laisserai un petit espace pour que tu puisses mieux écouter la conversation, puisque c'est ça que tu veux.

Rayan : je n'ai jamais dit que c'était ça que je voulais.

Moi : je te connais.

     Nous allons donc vers la chambre de Dean et j'entre sans toquer puis, referme la porte à moitié.

Dean : qu'est-ce que tu fais là? Tu devrais être avec les autres et pas avec quelqu'un comme moi.

Moi : lève toi et sors d'ici. Tu n'as pas mangé de toute la journée et tu es resté enfermé ici durant trop longtemps.

     Il doit sortir la nuit, quand plus personne n'est là, pour aller se faire à manger. Mais ce n'est pas suffisant.

     Il se relève sur son lit et me regarde en arquant un sourcil.

Dean : tu n'as pas peur de moi? Tu l'as bien dit ce jour-là pourtant.

     J'avoue, j'ai merdé. Mais c'était la seule chose qui me passait par la tête à ce moment là.

Moi : c'est vrai, j'ai dit ça. Mais ça ne va pas t'empêcher de sortir d'ici et de me parler, si?

     Il baisse la tête, honteux.

Dean : j'ai failli abuser de toi Scellia. Et même si je ne l'ai pas fait, et tant mieux, je m'en veux tout de même. Je me déteste d'avoir essayé de te faire ça.

Moi : moi aussi, je t'en veux beaucoup. Mais tu étais ivre, même si ça n'explique pas tout. Tu aurais dû te contrôler.

Dean : tu devrais partir maintenant. Je veux rester seul.

Moi : mais...

Dean : j'ai dit vouloir rester seul!

     Je sursaute et le regarde, triste.

Moi : puisque c'est ce que tu veux...

     Je sors de la chambre et souffle.

Rayan : viens, ne pense plus à lui. Tu souffriras pour rien.

Moi : ce n'est pas rien.

     Il enlace ses doigts aux miens et nous allons dans le salon. Cameron s'approche de moi tandis que Rayan s'éloigne pour aller parler à... Avery...

Cameron : tu as vu l'état de Dean?

Moi : oui. Je lui ai parlé, mais ça ne sert à rien.

Cameron : pourquoi est-ce qu'il est comme ça?

Moi : j'en sais rien.

     En fait, si. Mais je préfère ne pas en parler.

     Plusieurs minutes passent. Minutes durant lesquelles je suis sortie et me suis installée sur les marches menant à l'arrière de la maison.

     Je m'en veux. C'est un peu à cause de moi qu'il est aussi renfermé.

     Quelqu'un s'assoit à ma droite et je tourne la tête pour voir qui c'est.

Moi : tu fais quoi ici, Maxence?

Maxence : bah, j'ai vu une amie avec un visage triste et j'ai décidé de venir la consoler. Allez, crache le morceau.

     Je secoue négativement la tête.

Moi : je peux pas. Mais merci d'être venu. Puisque tu es là, parlons.

     Eh c'est ce que nous faisons jusqu'à très tard.

Maxence : tu viens? On va à l'avant de la maison.

     Lorsque nous traversons la porte qui mène à l'avant, je sursaute légèrement et lève mon regard pour voir des feux d'artifice. Je souris, et dis en même temps que tout le monde :

Moi : joyeux nouvel an!