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4. La maison vagabonde




4.


Seungmin marchait sans but, le dos douloureux et les injures collées aux lèvres. Passés le choc et les questionnements sans réponses, il s'était résigné : il avait été maudit.

Encore une fois, dans les rues, sur la place du marché. Il pouvait voir que cette fois, les regards sur lui n'étaient plus les mêmes. En plus d'être relativement moins nombreux, ils n'étaient pas peints de curiosité. Il recevait des sourires, des gens lui baissaient leur chapeau. Il entendait « Mon bon monsieur, passez une belle journée ! ». Des gens l'appelaient déjà monsieur depuis quelque temps, pas par rapport à son âge, mais parce que ce n'était plus son père le « monsieur », c'était lui.

Le gris n'arrivait pas à leur répondre convenablement, il ressentait un frisson désagréable dès que sa propre voix lui parvenait. Alors il déambulait, maladroitement, comme s'il devait réapprendre à marcher. Il se sentait lent et lourd, et quand il ralentissait -encore plus- devant les vitrines des cafés de Marché-aux-Copeaux, il observait son reflet : ses iris ternes, sa peau fripée, ses cheveux blancs qui retombaient devant son front, devenus rêches, et son allure qui donnait l'impression qu'il ne pourrait plus jamais se tenir droit. Les mauvaises postures ont toujours été sa bête noire, lui qui d'habitude avait une tenue irréprochable.

—      Mon bon monsieur, voudriez-vous que je vous conduise ?

Arrivé à la sortie de Marché-aux-Copeaux, à l'orée des landes, où les collines se dressent pour mener aux villes voisines, Seungmin leva les yeux. Malgré son âge maintenant avancé, il fallait croire qu'il avait fait un bon bout de route par lui-même.

—      Où allez-vous ? répéta le citoyen depuis sa charrette.

Le vieil homme s'attarda quelques secondes sur les deux chevaux qui le regardaient, attendant les ordres de leur maitre. Plusieurs bottes de foin occupaient l'espace arrière mais Seungmin y trouva bien vite une place du regard. Il revint vers celui qui lui avait proposé son aide et lui mima un maigre sourire, c'était tout ce qu'il pouvait offrir à cet instant.

—      Un peu plus loin que là où vous allez.

Ainsi il se retrouva intégré au voyage d'un inconnu, sillonnant les premières montées et descendant les mêmes pentes. Ils ne parlèrent pas beaucoup, et donc ils ne connurent même pas le nom de l'autre. Être vieux pouvait s'avérer à double-tranchant, mais ça faisait sur le coup du bien à Seungmin de ne pas être interrogé sur sa vie.

La charrette s'arrêta en milieu d'après-midi, quand les nuages tourbillonnaient encore dans le ciel, laissant supposer que le vent n'était pas très clément dans les hauteurs. Arrêté près d'une ferme reculée pour y déposer les colis, Seungmin remercia l'homme pour continuer la route par lui-même.

—      Vous ne devriez pas continuer par-là grand-père ! s'exclama le livreur. C'est un pays de mages et de sorcières.

Déjà sur le point de disparaitre, Seungmin lui fit signe de la main et de sa voix la moins pessimiste assura :

—      Je sais je sais.

Très rassurant effectivement.

Et Seungmin s'engouffra dans le cœur même des landes.

La nouvelle route devint plus ardue, car il ne pouvait à ce moment compter sur rien de plus que ses propres gambettes. Elles avaient gardé un minimum de leur fermeté, mais n'étaient clairement plus à la hauteur de celles d'avant. L'endurance de Seungmin en avait pâti, bien vite, il se retrouva assis à un rocher, le souffle court. Devant lui, les plaines se multipliaient et il sentait qu'il ne pourrait pas vite trouver refuge à cette allure. Qu'espérait-il ? Que vagabonder au milieu d'un secteur emplit de magie allait lui retirer son maléfice ? Peut-être, autant le laisser espérer, c'était tout ce qui lui restait avec ses dents.

Il soupira, le vent tombait dans les bruyères, il y avait une vague brillante qui surfait sur la verdure. Ça aurait pu être de la magie ou juste le temps qui riait trop fort. Seungmin porta sa gourde à ses lèvres et but quelques goulées d'eau, sa langue était sèche. Il se parla à lui-même, entre les complaintes et au contraire l'encouragement. Il se faisait presque rire, il avait vraiment la mentalité d'un papy.

Il se releva en voyant le soleil commencer son déclin, moins serein. Mais à peine avait-il entamé sa première série de pas qu'un bruissement le fit se figer.

Et ainsi, ses anciens mécanismes revinrent à la hâte, son instinct qui lui disait d'accélérer le pas. Dans ce contexte précis Seungmin savait qu'il n'y aurait pas d'échappatoire, et que donc faire volte-face pour confronter un potentiel mercenaire n'était pas plus suicidaire que de le fuir. Mais Seungmin avait vécu comme ça, en s'enfuyant quand on marchait trop près dans ses pas.

Alors il marcha, le cœur lourd, presque prêt à se jeter dans le lac de la clairière. Dans son dos, ça faisait chlic et chlac, mais ça ne devenait jamais trop, fort, ça avait la même tonalité sur plusieurs centaines de mètres. Au bout d'un moment, l'angoisse de Seungmin devint de la perplexité. Il finit par se retourner.

—      Quelle drôle de chose...

A une distance raisonnable se tenait un épouvantail.

Un épouvantail qui sautillait, arrivant à se déplacer grâce à l'appui d'un long bâton de bois. Le chlic et chlac venait de là, et Seungmin papillonna des yeux.

—      Tu n'as pas l'air d'être un mage toi.

La chose sautilla plus fort, une grosse entaille était visible au niveau de son cou. Du moins, la partie qui était censée en représenter un. De cette façon, l'épouvantail avait la tête exagérément penchée sur le côté, comme si elle manquait de peu de se détacher du reste de son corps de paille et de textile. Ce n'était pas très beau à regarder.

Seungmin inspira, il avança dans sa direction et plongea la main dans son sac de voyage pour en sortir une aiguille et un fil.

—      Viens-là.

L'épouvantail se laissa pratiquement tomber contre ses bras, arrachant au vieil homme une demi-plainte.

—      Oulah... tu n'es pas très léger toi. Et t'as une tête de navet, je devrais t'appeler comme ça tiens, ça me fera de la compagnie.

Cela lui prit moins de cinq minutes, il parvînt d'un coup de maître à le remettre sur pieds, pas comme neuf, mais il avait meilleure mine une fois en un seul vrai morceau. Seungmin fut soulagé de savoir qu'il n'avait pas beaucoup perdu de sa dextre. Il avait toujours été très manuel, il aurait été encore plus triste de se dire qu'il ne pouvait plus faire quoi que ce soit de ses mains.

En signe de remerciement, Navet se redressa, d'une manière presque solennelle, et l'un de ses bras de paille s'inclina légèrement vers son torse. Comme une demi-révérence qui fit rire le faux vieil homme.

Le vent souffla, et doucement, Seungmin put remarquer que les environs s'assombrissaient. Il eut un soupir en observant la faible lueur du soir se refléter sur le lac.

—      Mon petit Navet, aurais-tu aperçu un quelconque refuge pas loin d'ici ?

Et Navet disparut en sautillant, dans une espèce de brume épaisse. Le vieil homme pencha la tête sur le côté en fronçant les sourcils, il avait l'impression qu'elle sortait de nulle part. Il appela le nom de ce nouveau compagnon, qui bien sûr ne pouvait pas lui répondre, il n'avait pas de voix. Seungmin rangea ses affaires et amorça quelques pas vers le brouillard. A ce stade, rien ne paraissait trop absurde pour lui.

Alors il s'immobilisa en entendant un son distinct.

De la ferraille, qui grinça. Elle grinça très fort, un peu comme dans la zone industrielle de Marché-aux-Copeaux, les engrenages et les bras mécaniques qui se mettaient à l'œuvre et résonnaient dans la ville. Ou un peu comme la locomotive qui passait devant la chapellerie de manière ponctuelle. Mais pourquoi une locomotive serait ici ?

Il s'avança encore, et ses yeux s'écarquillèrent quand il se retrouva nez à nez avec de longues jambes de métal.

—      Oh Seigneur !

Il faillit bien en tomber par terre, tant l'image se dessina brutalement sous son cristallin.

Des jambes reliées à un corps massif, très massif. De la taille d'une très très grande maison même. Sur le moment, il crut halluciner, et Seungmin resta interdit devant l'immensité de la chose et le contraste flagrant avec le paysage bien trop silencieux un peu plus tôt.

Le monstre n'avait rien d'organisé, on aurait presque dit une décharge sur pieds. Il pouvait reconnaitre la structure approximative de fenêtres et de murs, quelques portes aussi, une cheminée. Mais l'agencement en lui-même était misérable, toutes les pièces semblaient s'écrouler les unes sur les autres au fur et à mesure que la chose progressait le long des landes. C'était stupéfiant, quelque peu effrayant aussi.

—      Navet !

L'épouvantail se dressa sur la matière, son bâton calé dans une fissure. Les yeux dessinés au charbon se tournèrent vers la voix de Seungmin, ce dernier aurait pu croire qu'il lui souriait.

En quelques enjambées branlantes, la maison vagabonde passa au-dessus de son corps, Seungmin leva la tête pour la regarder s'élever. Ce ne fut qu'au bout d'un instant qu'il comprit ce que son nouvel ami avait en tête. Il en demeura éberlué mais se mit malgré-lui à trotter derrière elle.

—      Courir ? s'exclama-t-il. Je dois courir après ça ?

Navet changea d'emplacement, habile, il s'accrochait aux bordures du bordel. Et à la base de la maison, Seungmin le vit se tenir près de la porte la plus basse, qui bien qu'elle frôlât le sol, ne le touchait pas.

Seungmin comprit vite qu'il devait réellement courir, et pas juste trottiner comme il le faisait. La distance entre la maison et lui s'agrandissait, Navet l'encourageait en se trémoussant de manière un peu candide. Le vieillard aurait pu rire, mais sur le moment il dut faire appel à ses dernières forces. Fini la fougue de la jeunesse et les « Tiens-toi tranquille ! » de sa mère. Quoique, c'était plutôt lui qui disait ça à ses sœurs quand il rajustait leurs robe et qu'elles ne tenaient pas en place.

Tant bien que mal, il parvint à s'accrocher à une bordure. La maison se surélevait rapidement, la colline, elle, perdait en altitude. Coincé entre les deux, il ne lui restait qu'une maigre poignée de secondes avant de pouvoir y entrer, ou tomber dans le vide.

Un dernier rocher se présenta avant un précipice, Seungmin grimpa dessus et sauta. Puis son corps s'écrasa bruyamment contre le seuil. La porte s'ouvrit sur un escalier sombre aux coins légèrement moisis, pendant qu'il reprenait ses esprtis, accroché à un château ambulant qu'il devina rapidement être celui du mage Hyunjin.

Il poussa une plainte. Décidément, ce n'était plus de son âge, ce genre de sottises.

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