Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

2. La fête du cinq mai

2.




Junha entra dans l'atelier avec une hâte durement dissimulée. Assis à son bureau, épingle aux doigts et breloques sur la table, Seungmin tourna la tête et cligna plusieurs fois des paupières.

Tout sourire, l'assistante d'Eunha quémanda l'attention du jeune héritier de la chapellerie.

— Seungmin, comptez-vous nous rejoindre pour la fête de mai ? Nous pourrions assister au défilé et fermer plus tôt.

Même si ça ne l'enchantait pas vraiment, Seungmin se surprit à considérer la proposition. Son couvre-chef inachevé sous la pulpe des phalanges, il soupira. Il arrivait des choses intéressantes dans la vie de tous les jours, aux autres, pas à lui.

Lui, il était comme le narrateur du quotidien. Il voyait tout, mais ne participait pas.

— Je voudrais terminer mon travail, peut-être vous rejoindrai-je à la fin de la journée.

Madame Junha fit une petite moue, gardant pourtant quelque chose de très formel dans sa posture. Elle était douce, amicale, mais n'oubliait pas les affaires. La fête du cinq mai était une exception, c'était à cette occasion que la population marchait dans les rues vêtue de ses plus beaux vêtements.

Elle se tourna, mais garda une main posée sur le cadre de la porte.

— Ne vous tuez pas au travail, mon garçon. Vous êtes encore bien trop jeune pour vous faire aigrir par les responsabilités.

Mais des responsabilités, Seungmin en avait depuis tout petit.

Et si dehors, Ingary brillait sous les festivités d'un jour de printemps, soit.

La locomotive fit son raffut en passant devant la chapellerie. Seungmin fixa la vitre qui se vit tout à coup noire de gris. La fumée camoufla sa vue sur le paysage, pendant quelques instants, le bruit fut hérissant et sa vision bien fade.

Décidément, il s'ennuyait.

Demoiselles et damoiseaux s'apprêtaient à partir, quand la fumée se dissipa. Et les collines des Landes se dressèrent sous leur visage. Seungmin n'eut pas vraiment le temps de dire un mot, et son regard s'ouvrit à peine quand dans la salle principale de la boutique, l'amie de Junha s'exclama :

— Le château de Hyunjin !

Encore.

Encore une fois, les jambes de fer se dessinèrent dans le lointain. Quelle jeune fille Hyunjin avait encore ensorcelée dans Marché-aux-Copeaux ? Ce mage aussi, devait avoir une vie bien trépidante pour se retrouver en une journée aux quatre coins du pays. Cette petite ville semblait être sa préférée, pour qu'il vienne aussi souvent y flirter.

Une cliente se mêla au début d'effervescence, Seungmin tendit l'oreille quand un nom bien particulier se fit entendre.

— Il y a une rumeur qui court, comme quoi Chaeli, l'employée de chez Cesari se serait fait arracher le cœur !

Seungmin fronça les sourcils. Il avait rendu visite à Chaeli il y a trois jours, son cœur semblait être bien à sa place, enfin, métaphysiquement parlant.

C'est terrifiant ! scanda une autre dame.

— Madame, vous ne risquez rien, vous.

Ils gloussèrent de son embarras, et peu après, la porte claqua. Le château ambulant disparut derrière les nuages.

Ce ne fut qu'une heure plus tard que Seungmin se leva, le visage plus grave. Il entendait la cohue de dehors, et les soldats qui venaient de Magnecourt, la capitale. Il pensa à ce qui avait été dit un peu plus tôt. Il n'avait pas fini, mais ne parvenait plus à se concentrer.

D'accord, les rumeurs avaient tendance à être hyperbolisées. Mais puisqu'il s'agissait de sa petite sœur, il voulait s'en assurer. L'appréhension le fit maladroitement ranger ses affaires, la locomotive repassa et de nouveau, les plaines se noyèrent dans la brume noire. Il ferma précautionneusement l'atelier puis se posta devant le miroir de la chapellerie.

Seungmin resta quelques secondes à observer son reflet. Il n'était clairement pas laid, mais de la fratrie, il en allait de soi qu'il était le plus négligé. Surtout quand il travaillait. Et pour une fête où le principe est de mettre en avant son charme et ses atouts, Seungmin se retrouverait vite fondu dans la masse. Ça ne l'aurait pas dérangé, seulement, la masse le révulsait.

Attrapant un chapeau melon, -celui de son père-, il tenta de sourire à son image quand il le posa sur sa tête. Et d'un coup de main habile, il défroissa sa chemise blanche, tirant sur les bretelles extensibles et arrangeant son col. Pourtant, son sourire devint une grimace désinvolte, il abattit son couvre-chef devant ses yeux, grogna et prit la porte.

Dehors, les couleurs et la musique explosèrent. Toutes les nuances d'une journée modèle de citoyenneté, le cinq mai, et les coiffures si excentriques qu'elles grandissaient tout le monde. Seungmin attrapa le dernier tramway, son corps à demi pris dans le vent quand le véhicule démarra. Il faillit perdre son chapeau, le maintint d'une main, une paupière rabattue sous les bourrasques.

— Vous fermez la chapellerie plus tôt monsieur Kim ?

Assise sur une banquette, madame Lee lui souriait avec les yeux. Monsieur Kim, c'était comme ça qu'on appelait son père. Lui, ça a toujours été Seungmin, jusqu'à ce qu'il décède.

Je serai de retour dans un peu moins de deux heures, lui répondit-il avec un air qu'il espérait assez lumineux.

Une trentaine de minutes plus tard, alors que le véhicule se laissait fondre dans la populace, Seungmin en descendit car il ne pouvait pas aller plus loin. Les soldats et la garde royale obstruaient le passage, pièce maitresse de la cérémonie. De ce fait, la circulation était discutable, presque misérable. De retour sur les galets de la place, il leva les yeux au ciel et observa quelques secondes le défilé bruyant des machines volantes.

Pour y être allé très peu de fois, Seungmin ne connaissait pas le chemin de chez Cesari sur le bout des doigts.

Si le peuple se réunissait en un uniquement mouvement de masse, comme une fourmilière autour d'un festin de rois, Seungmin fut telle la feuille qui tombe de l'arbre. D'un point de vue lointain, on pouvait apercevoir sa silhouette, tête basse, se rendre dans les ruelles. Pour échapper à la plèbe qui s'amasse.

Si Seungmin s'inquiétait souvent pour ses sœurs, il n'avait définitivement pas assez de jugeote pour voir quand c'était vers lui que rampait le danger.

Une poignée de pas, des minutes se déliaient. Le bruit de la foule s'estompa et les environs, malgré lui, devinrent un peu plus hostiles. Seungmin ravala le brouillon de crainte qu'il avait dans l'estomac, il rasait presque les murs, les silhouettes observaient le claquement de sa semelle.

Si Seungmin se trouvait assez banal, il ne pouvait nier qu'il était au goût de quelques femmes, et parfois même de quelques hommes.

Alors il entendit un craquement derrière lui, furtivement, le brun se retourna. Des pas résonnaient, à peine discrets. Il entendit un mot, une sorte d'onomatopée. Les machines passèrent au-dessus des ruelles, trainant le drapeau du pays sur la voûte céleste. Le bruit fit diversion, et Seungmin se mit à marcher bien plus vite.

Et bien sûr, la surprise passée, les pas revinrent et se calquèrent à son rythme. Ils étaient deux, ou trois. Du coin de l'œil, il n'avait vu qu'une carrure et des couleurs vives, du rouge et du bleu, et c'étaient les couleurs de la garde royale.

— Jeune homme, vous enfuir vous rend suspect.

Leurs voix tonnèrent avec sévérité. Seungmin sentit son cœur s'acharner contre ses côtes. Ça pouvait réellement n'être qu'une simple patrouille, mais la garde royale avait une réputation bien peu flatteuse quand elle se trouvait dans des ruelles désertes. Et personne ne disait rien car justement, c'était la garde royale. Royale. Ils pouvaient faire comme bon leur semble.

La crainte monta, il les entendit l'interpeler encore une fois. C'était une situation bien trop délicate, sa seule échappatoire était d'au moins se rapprocher du défilé avant de s'arrêter, et leur faire croire qu'il ne les avait pas entendu l'appeler.

Le problème : il avait tellement fui le défilé qu'il ne savait plus où il se trouvait, et pour donner plus d'impact à son escapade, il s'était mis à emprunter n'importe quelle route. Voilà, il s'était perdu.

Seungmin retint un cri, quand un voile opalin passa devant lui. Et une main se posa sur son épaule, freinant sa course.

— Où étais-tu, toi ?

Une voix parvint à ses oreilles, et quand Seungmin reprit ses esprits, un bras passa autour de lui.

— Je te cherchais.

La voix avait quelque chose d'espiègle et d'élégant, même quelque peu enjôleur. Le chapelier regarda autour de lui, la garde les rattrapa mais les hommes, que Seungmin pouvait maintenant voir avec clarté, avaient le visage tout à coup fermé.

Il leva les yeux, et à ses côtés se tenait un jeune homme. Peut-être de son âge, peut-être un peu plus vieux. Il avait les cheveux mi-longs, blonds, qui se balançaient autour de son visage. Il souriait, de manière presque candide, l'air de dire « Que voulez donc messieurs ? Ce damoiseau est avec moi ».

Deux prunelles bleues se plantèrent dans les siennes, c'était une couleur étrange, entre l'azur et le cobalt. Il avait des traits fins et une bouche rieuse.

Et il ne fallut pas plus à Seungmin pour le comprendre, à son aura et sa prestance : c'était un mage.

— Qui êtes-vous ?

Le sourire qu'il leur adressa s'estompa sous un voile de mystère. Ses yeux, eux, brillaient toujours comme ceux d'un gentilhomme.

— Son chevalier servant, déclara-t-il de but en blanc. Et vous, mon petit doigt me dit que vous avez envie de vous dégourdir les jambes.

Seungmin fut pris d'un sursaut. Le jeune mage leva un doigt orné d'une pierre précieuse, et les gardes se raidirent, tels les soldats avant leur dernier salut. Leurs pupilles se dilatèrent et leurs corps firent volte-face avec des souffles ahuris. Ils partirent d'une démarche solennelle mais bien trop rigide. A croire que ces mouvements n'étaient pas leurs.

— Où vous rendez-vous donc ? Que je vous y conduise.

Seungmin se tendit d'un coup, comme s'il revenait enfin à lui.

— Ne vous donnez pas cette peine ! Je me rends simplement chez Cesari.

Mais le magicien se pencha à son oreille, comme porteur d'un bien grand secret.

— Nous sommes suivis.

Le chapelier ouvrit de grands yeux, le blond l'incita à s'accrocher à son bras quand ils repartirent. Cette simple phrase mis Seungmin dans un état presque second, il se sentait patraque. Il essaya de rendre sa démarche naturelle, mais ses épaules se crispaient, et peu à peu ses sourcils se froncèrent.

L'autre sembla le comprendre, néanmoins, son air empli d'alégresse était le meilleur des camouflages.

Depuis les murs de ciment, pauvres en couleurs mais riches en fissures, des ombres s'extirpèrent pour les poursuivre. Des silhouettes amorphes qui se laissèrent maladroitement trainer sur leurs talons.

Mais dans un monde où il y a des mages, des sorcières et des bottes de sept lieux au quotidien, ce n'est pas plus effrayant que d'avoir un simple humain à vos trousses.

Bon, juste un petit peu plus effrayant.

Elles n'attaquaient pas, ces ombres, elles restaient sur leurs gardes sans leur laisser trop de distance. Seungmin pouvait les sentir croupir sur le sol, leur regard sans yeux, leur bouche qui dévorait le néant.

— Navré de vous entrainer dans une histoire qui ne vous concerne pas, vous m'aidez à faire diversion.

— Qu'importe ce pourquoi on vous recherche, répondit Seungmin un peu plus froidement. Je ne crois pas que vous retrouver au bras d'un autre homme soit une diversion.

Un léger rire résonna.

— C'est justement car j'aime trop les femmes qu'ils n'ont pas encore la certitude que ce soit moi.

Avant que Seungmin ne pût rétorquer, la prise du mage se fit plus ferme.

— Courez.

Ils tournèrent dans la ruelle d'à côté, et se mirent à courir. Les ombres s'agitèrent comme une nuée de frelons, brouillard de chaos qui se cogna aux cloisons. Si Seungmin ne savait plus où donner de la tête, quand les silhouettes d'ectoplasme se dressèrent de l'autre côté de la rue, les piégeant, il sentit la main du blond agripper sa taille et le plaquer contre lui.

D'une impulsion, ils se retrouvèrent dans les airs, au-dessus des toitures. Seungmin hoqueta, pour s'empêcher d'hurler, les pupilles verrouillées sur le sol, les genoux pliés, presque recroquevillé. Son corps frappait l'air, il avait peur de se briser.

Il entendit encore sa voix, alors qu'ils paraissaient flotter au ralenti, elle était douce et calme, essayant de le rassurer.

— Cessez donc de baisser les yeux, joli cœur. La vue d'en bas ne fera que vous crisper.

— Joli cœur ? s'offusqua le brun.

Il se tourna avec un air froissé, mais il ne croisa qu'un sourire. Le mage lui prit une main pour qu'il garde un appui stable.

— Faites comme si vous marchiez.

Troublé, Seungmin parvint à progresser dans le vide, sous les directives d'un garçon qu'il n'avait jamais vu de sa vie. En-dessous la fête battait son plein, les couleurs des robes et des costumes donnaient l'impression de se laisser choir contre le sol. L'expression pincée de Seungmin fit rire son vis-à-vis, et dans un tel état de choc, le brun n'arrivait plus à rien dire.

Ils atteignirent le balcon de la boutique de Cesari, Seungmin y posa les pieds avec douceur, mais vacilla quand même. La main toujours prise dans celle du blond, glissa lentement quand ils se regardèrent.

— Ne bougez pas, je vais les attirer loin d'ici.

— D'accord.

Il se tint face à lui un instant.

— Vous êtes très courageux, lui dit-il.

Les doigts du mage frôlèrent les siens une dernière fois. En secouant la tête, Seungmin eut un très faible sourire, « Courageux, pas vraiment. »

— J'aime beaucoup votre collier.

La pierre du brun parut scintiller une unique fois, avant que le mage ne disparaisse. Il porta ses doigts à l'émeraude de son père, fébrile, et sa tête tournait.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro