15. Kim Seungmin de Marché-aux-Copeaux
15.
Hyunjin et Seungmin ne savaient plus où se mettre, c'était tel un jeu où le premier qui croisait le regard de qui que ce soit sortait perdant. L'un était assis dans le canapé du séjour, l'autre pratiquement roulé en boule sur le fauteuil, alors qu'aux côtés de Calcifer, les mains sur les hanches, Jisung leur faisait la morale.
— Dans la cuisine ? s'insurgea-t-il de nouveau. Ta chambre et les auberges où tu désertes la nuit ne te suffisent plus ? Maintenant il faut que tu t'accapares la cuisine pour batifoler ?
Décidément, Hyunjin ne pourrait plus jamais entendre le mot « cuisine » de la même façon. Et même si les remontrances lui étaient directement destinées, Jisung lançait quelques regards en coin à Seungmin, le visage toujours camouflé contre ses genoux à misérablement attendre que la querelle prenne fin.
— Et d'abord, reprit le châtain. Depuis quand tu remets le couvert avec quelqu'un ? Venant de toi j'ai jamais vu ça de ma vie.
— Tu as neuf ans en même temps, marmonna Hyunjin en rentrant piteusement sa tête dans ses épaules. Je suis plutôt inquiet de me rendre compte que tu en sais autant sur ma vie... privée.
— A qui la faute !
Seungmin leva très doucement la tête, ses bras faisant un minimum barrière aux mouvements qu'il ne voulait pas discernables pour les deux autres garnements. Il jeta un coup d'œil rapide à la porte d'entrée, se demandant s'il ne ferait pas mieux de s'enfuir en profitant de l'attention qu'avait Jisung sur le mage. Il ne s'était jamais senti aussi mal à l'aise, cette situation était surréelle, et il savait que le pire était encore à venir.
Il le sentait arriver, son poil se hérissa au moment même où le nom interdit grinça dans la bouche de l'enfant.
— Et vous osez faire ça alors que papy Seungmin est juste à côté !
Là, Seungmin sentit dans toute son échine que Jisung s'adressait aussi à lui, tout en parlant -ironiquement- de lui. Et à ses côtés, Calcifer fit une espèce de roulade des yeux que le petit garçon ne voyait pas.
— Intéressant, intégra le familier en regardant les deux jeunes fautifs blêmir de concert. Tu devrais aller le voir et lui demander s'il n'a rien entendu d'un peu trop sonore.
La catastrophe était imminente et tous sauf Jisung le savaient. L'esprit du feu ne pensait sûrement pas que le bambin l'aurait écouté directement, donc lui-même se vit désarçonné quand l'enfant marcha d'un pas lourd jusqu'à la chambre évidemment vide de l'homme de ménage.
— En plus il est malade, pesta-t-il. Vous n'avez vraiment aucune considération !
Jisung se fichait bien du train de vie sulfureux de Hwang Hyunjin -bien qu'il trouvât que le noiraud s'était considérablement calmé depuis l'arrivée du vieillard dans la maisonnée-. Justement, il pensait que sa venue aurait rendu Hyunjin un peu plus responsable, ou du moins plus discret, mais voilà qu'il embrassait un inconnu à pleine bouche à côté des carottes et des poireaux.
L'enfant avait à peine observé ledit jeune inconnu, qui avait passé les longues minutes de morale recroquevillé contre lui-même de honte, incapable de prononcer le moindre mot pour se défendre. C'était particulier comme comportement, ça ne donnait pas l'allure de quelqu'un qui débarquerait dans la maison d'un étranger pour passer du bon temps. Un peu plus, et il s'incrustait dans les coussins comme un petit chiot.
Il ne fit pas attention à tous les regards écarquillés qui le suivaient, au glapissement soudain de l'étranger, et aux paroles inintelligibles qu'il semblait finalement être en train de lui adresser. Juste que Jisung ouvrit doucement la porte de la chambre du vieillard, pour ne tomber sur personne, à part un lit qui était encore défait, les murs, quelques vêtements dans la penderie sur le côté, et la fenêtre. Ses sourcils se haussèrent, Seungmin faisait toujours son lit le matin.
— Jisung, je te conseille de t'assoir quelque part, lui partagea Hyunjin d'une voix peu sûre.
— Pourquoi ?
L'enfant tourna sur lui-même. Devant le tableau qui se dressa sous ses yeux, il eut l'impression qu'effectivement, quelque chose clochait. Il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Sûrement que ses sens étaient encore trop chamboulés par ce qu'il avait vu plus tôt.
Seungmin s'était redressé, bien que toujours assis et le visage encore rosé. Il ne regardait ni Hyunjin ni Calcifer, mais avec difficulté, il réussit à planter son regard dans celui de l'enfant. Le châtain fronça les sourcils de plus bel, quand pour la première fois, il baissa ses prunelles sur l'accoutrement de l'adolescent.
— Pourquoi vous portez des vêtements de nuit ? Et... ces vêtements...
Et ? Ces vêtements lui étaient bien trop familiers, comme certains traits de son visage, là, bien exposés à lui. La forme de ses lèvres et de ses yeux, la cambrure certes plus douce de son nez, et cette manie qu'il avait de figer son expression déboussolée entre une grimace et un plissement des yeux.
Plus le temps passait, plus les pupilles du petit garçon s'agrandissaient, semblant faire le cheminement de tout, depuis la première image, pour passer par l'hallucination qu'il avait cru avoir quand Hyunjin avait invoqué les esprits, puis se terminant par le faciès qui l'observait maintenant. Il descella ses lèvres, et un balbutiement lui échappa.
— Où... est Seungmin ?
Le jeune homme aux cheveux gris déglutit.
— Juste ici.
***
J'ai dit que je mettais le Château ambulant en hiatus le temps de finir la rédaction de Dumb Bitch ! Puisque je l'ai enfin terminée, je peux me remette à écrire sur cette histoire et sur Adrénaline. Ce chapitre est court mais c'est transitoire, un peu comme un entracte pour se remettre dans le bain.
Me revoilà et je vais faire mon possible pour ne pas me lancer dans la création d'une autre fic avant d'avoir fini ces deux-là !
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