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1 - L'Épouvanteur le plus retors du Comté

Journal de Thomas J. Ward,

apprenti de John Gregory.

    Maître Gregory et moi étions assis face à face à la table de la cuisine. C’était une froide soirée d’automne. La pluie battait aux carreaux de la maison, l’air était humide et froid.

    L’Épouvanteur, dont le visage sévère semblait sculpté dans la pierre, braqua sur moi son grave regard vert.

— Les sorcières qui se sont réunies sont largement trop nombreuses, maugréa-t-il. De plus, elles ne sont pas seules. J’ai eu vent qu’elles étaient accompagnées d’un semi-homme ainsi que de six mages noirs. Si nous ne faisons rien, elles invoqueront dans quelques jours l’une des plus puissantes créatures des tréfonds de l’Obscur. Elles s’en prendront d’abord aux habitants du Comté, puis elles marcheront vers Chipenden pour nous éliminer, et il serait impossible que nous parvenions à les arrêter une fois leurs ravages commencés. Leurs pouvoirs, des suites de l’évocation, auront gagné en force et en puissance ; nous ne ferions pas le poids.

    De retour de notre voyage à Horshaw, l’Épouvanteur et moi étions toujours trempés à cause de la pluie, épuisés, et dépités d'apprendre une terrible nouvelle : les sorcières de Pendle s’étaient de nouveau réunies en Conventus, dans le but d’invoquer une créature de l'obscur dont nous ne savions rien, et de régner sur le Comté.

— Combien sont-elles ? m’enquis-je.

— Presque une quarantaine, petit, me répondit mon maître d’un air dur.

— Que faire, dans ce cas ? interrogeai-je.

— Je ne vois qu’une seule solution : leur faire barrage avant qu’il ne soit trop tard. Pour cela, seuls, nous ne serons pas de taille. Aussi, nous aurons besoin d’alliés pour nous prêter main forte.

— Pensez-vous à quelqu’un en particulier ? demandai-je.

— Je pense que Bill Arkwright nous sera d’un soutien précieux.

    En effet, l’ancien apprenti de l’Épouvanteur était très doué au combat, possédait un caractère fort et intransigeant, et ne montrait aucune pitié envers ses ennemis.

— Quelques épouvanteurs ne suffiront pas, intervint Alice, que je remarquai debout dans l’encadrement de la porte de la cuisine. Et vous le savez.

— Je sais à quoi tu penses, jeune fille, répondit fermement mon maître, et c’est hors-de-question.

    Je savais à quoi mon amie faisait allusion. Pourtant, il lui faudrait de meilleurs arguments pour convaincre l’Épouvanteur. Cette requête allait à l’encontre de ses convictions. Tolérer Alice dans sa maison était déjà beaucoup lui demander.

— L’aide de Grimalkin ne serait pas seulement un danger de plus pour nos ennemis, elle nous est indispensable, répliqua la fille aux souliers pointus.

— C’est non, trancha l'Épouvanteur.

    Mais Alice était déterminée à ne pas lâcher l’affaire pour autant.

— Les sorcières de Pendle sont infiniment plus nombreuses que tous les épouvanteurs du Comté réunis, rétorqua-t-elle. Même en unissant toutes les forces dont vous disposez, vous ne leur arriveriez pas à la cheville ! s’exclama-t-elle, entêtée.

— Dans ce cas, la présence d’une tueuse dans nos rangs n’y changera rien, fit l’Épouvanteur. Une alliée de plus ou de moins, quelle différence, n’est-ce pas ? dit-il d’une voix emplie de sarcasme. Le combat est perdu d’avance, comme tu le dis. Nous n’avons plus qu’à nous déclarer vaincus avant même d’avoir essayé de résister…

— Vous ne comprenez pas ! s’écria Alice. J’ai vécu parmis elles auparavant, je sais de quoi elles sont capables !

— J’ai parcouru le Comté pendant toute ma vie, traquant sans relâche le moindre être venu de l’obscur pendant toutes ces années, fillette ! J’ai vécu des horreurs sans nom ! Crois-tu savoir mieux que moi la manière de les combattre ? lança mon maître avec humeur, la foudroyant du regard.

    Un silence pesant s’installa dans la pièce. Je n’aimais pas la tournure que prenait la conversation.

— Moi, non, fit Alice d’un calme étrange. Mais oseriez-vous remettre en question le talent de Grimalkin pour tuer ?

— Oh que non, fillette. Le problème est bien là. Un épouvanteur ne se compromet pas avec l’obscur. Ni avec un ennemi. Je ne souhaite pas me retrouver avec un couteau planté dans le dos.

    Alice se tut. Elle avait joué sa dernière carte. Elle n’irait pas plus loin avec M. Gregory, la discussion était close.

— Bien, déclara l’Épouvanteur en se levant. Allons dormir. Nous partons pour le moulin de Bill Arkwright dès le lever du soleil.

    

    Aux premières lueurs de l’aube, nous nous empressâmes d’avaler notre petit déjeuner. J’enfilai mon manteau à capuchon, j’emplis mes poches de sel et de limaille de fer, et saisis mon bâton et ma chaîne d’argent avant de quitter la maison.

    Nous nous mîmes en route. À la fin de la soirée, nous avions atteint Caster, car notre allure était rapide et nous étions partis tôt. Nous étions épuisés, mais le temps nous étant compté, nous ne fîmes pas de halte. Nous dûmes traverser les marécages au milieu de la nuit.

    Je restai sur mes gardes. Une sorcière d’eau pouvait surgir devant nous et nous barrer la route à tout moment. L’Épouvanteur marchait devant, Alice et moi sur ses talons.

    Nous parvînmes au moulin sans encombres. Lorsque Bill nous vit arriver, il vint à notre rencontre. Un chandelier à la main, il nous salua chaleureusement et nous invita à entrer.

    Après l'humidité glaciale des marais, être à l’intérieur avait quelque chose de réconfortant. Bill nous invita à nous asseoir autour d’une table craquelée et bancale.

— Je suis heureux de vous revoir tous les trois, dit-il avec un sourire.

— Pour quelle raison étiez-vous debout à une telle heure de la nuit ? lui demanda mon maître.

— Je reviens d’une petite ronde nocturne ; je m’assurais que tout était dans un état normal autour du moulin, répondit-il calmement. Je me suis absenté quelques jours pour une histoire de selkie, à Kendal, et je suis rentré il y a seulement quelques heures. Et vous, qu’est-ce qui vous amène ? demanda-t-il gentiment.

    Bill devait se douter que nous n’étions pas venu jusque chez lui en pleine nuit pour prendre le thé.

    Mon maître lui expliqua brièvement la situation avec les trois Conventus de sorcières. Je vis du coin de l'œil Alice se renfrogner, sûrement repensait-elle à la conversation d’hier soir.

— Je pense donc que la meilleure solution est d’unir nos forces pour lutter contre nos ennemis, déclara M. Gregory. C’est notre meilleure chance d’en arriver à bout.

    Arkwright acquiesça, du même avis.

— Seulement, une fois réunis nous ne serons même pas une demie-douzaine, dit-il. Nous sommes peu nombreux dans le métier. Même si nous avons des compétences, j’ai peur que cela ne soit pas suffisant pour arrêter cette troupe de sorcières.

— Nous avons jusqu'à Halloween pour réunir le plus grand nombre d’entre nous, rétorqua mon maître. Ensuite, nous aviserons.

    Je savais ce qu’Alice se disait. Et une part de moi commençait à croire qu’elle avait raison. Sans Grimalkin à nos côtés, nos chances de victoire paraissaient bien minces.

— Pour commencer, déclara Bill, je connais un épouvanteur remarquable qui n’hésiterait pas une seconde avant de se joindre à nous.

    Le sourire mystérieux qu’il affichait n’était pas des plus rassurants.

    Cette nuit-là, je dormis mal. L'humidité suintait des murs de la chambre que l’on m’avait donné, et je grelottais sous ma couverture. Je repensai aux esprits des parents de Bill, que j’avais finalement réussi à renvoyer vers la lumière. C’était à l’époque où j’avais passé six mois d’apprentissage chez Arkwright, dont la formation m’avait coûté de nombreux bleus et bosses.

    Au petit matin, nous quittâmes le moulin, guidés par Bill toute la journée. Nous passâmes la nuit suivante dans une auberge, avant de reprendre notre route. L’épouvanteur dont il nous avait parlé vivait à l'extrême Nord du Comté, dans une cité appelée Sherlton, à laquelle nous arrivâmes au matin du troisième jour.

    Les toits de Sherlton apparurent à l’horizon alors que j’allais m’écrouler d’épuisement.

— Nous y sommes, déclara enfin Bill Arkwright. C’est ici.

    Nous atteignîmes une colline à l’Est de la ville, en haut de laquelle était bâti une petite maison isolée. On distinguait des lumières à travers les hautes fenêtres.

    Le ciel commençait à s’assombrir. Le soleil ne tarderait pas à disparaître derrière les épais nuages sombres qui s’ammoncelaient.

    Arkwright sembla hésiter une seconde, songeur, puis se permit d'aller toquer trois coups secs à la petite porte d'entrée sombre.

    Une silhouette vêtue de noir nous ouvrit, jeta un regard à l'extérieur, puis sans un mot, nous invita à entrer d’un geste, et referma la porte derrière nous. Je vis briller une paire d’yeux verts sous un capuchon.

    Ce qui me surprit en premier fut le corps de l’inconnu. Il était de la taille d’Arkwright : pas aussi grand que mon maître ; mais très mince, et avec de fines mains blanches. Son manteau noir luisait, il était trempé, signe qu’il devait revenir d’une excursion pluvieuse.

— Ai-je l’honneur de m’adresser à l’épouvanteur le plus retors de tout le Comté ? fit l’inconnu avec malice.

    M. Gregory écarquilla les yeux de surprise : sa voix était bien trop aiguë pour être celle d’un homme.

    Je me tournai vers Bill, le regard rempli de questions. L’ombre d’un sourire planait sur ses lèvres, il semblait une fois de plus perdu dans ses pensées.

    L'inconnue fit tomber d’un geste son capuchon. Une cascade de cheveux blonds se déversa sur ses épaules.

     Comme nous l’avions deviné, c’était une femme.

    Nous avions été trompés ! Seule une sorcière pouvait se montrer assez fourbe pour se faire passer pour un épouvanteur. Et à en juger par la chaîne en argent qui pendait à sa ceinture, elle avait dérobé les affaires de l’épouvanteur qui vivait ici. Qu’avait-elle fait de lui ? S’était-elle débarrassée de lui afin de prendre sa place, en attendant sagement dans sa maison que quelqu’un vienne demander l’aide de l’épouvanteur, pour se jeter ensuite sur sa pauvre victime comme un loup sur un agneau ?

    Si Bill était surpris, il n’en laissait rien paraître. Il semblait même content. Nous avait-il trahi ? Était-il sous l'emprise de quelque sortilège ? Un mélange d’amertume et d'appréhension me monta à la gorge.

    Celle qui se tenait devant nous possédait une peau claire, un visage fin, et ses yeux d’un vert d’émeraude étincelaient. Usait-elle de fascination comme le faisaient les sorcières pour que leur victime baisse la garde ? Si c’était le cas, Bill semblait y être assez sensible : ému, il la contempla pendant un moment, sans un mot.

    M. Gregory se tenait immobile, sérieux, le regard féroce, prêt à jeter sa chaîne d’argent au moindre geste suspect de la femme.

— Calmez-vous, intervint Bill, sortant de sa torpeur. Il n’y a aucune menace de ce côté-là.

    Je le regardai, immobile, perplexe.

— John Gregory, dit la belle femme avec un sourire ravi. Je suis heureuse de vous rencontrer enfin ! Mon nom est Jane Castle.

    Mon maître ne bougea pas d’un sourcil, continuant de la défier du regard.

— Excusez-moi, dit Bill, j’aurais dû vous prévenir que l’épouvanteur de Sherlton était une femme.

— Je suis Alice, fit chaleureusement mon amie en souriant.

    La femme lui rendit son sourire.

    Une chose était étrange. Quand nous étions entrés, je n’avais pas ressenti l'habituel froid annonciateur de la présence d’un être de l'obscur. Comment une sorcière pouvait-elle dissimuler aussi bien son identité à des septièmes fils de septième fils ? M. Gregory dut en arriver à la même pensée que moi, car il abaissa son bâton et grommela :

— Comment est-ce possible…?

    De plus, étrangement, Alice semblait lui faire confiance.

— Qui êtes-vous ? fit sèchement mon maître.

— Je suis l’ancienne apprentie de Jacob Stone, répondit calmement Jane Castle. Comme vous, je traque les créatures de l'obscur et veille sur ma partie du Comté ; mais seulement depuis une quinzaine d’années. Je ne suis pas une sorcière, ajouta-t-elle avec un air amusé, vous pouvez baisser vos bâtons.

    Une fois rassemblés autour d’une table, elle entama son récit :

— Je suis la septième fille d’une septième fille. Dès mon enfance, on a remarqué que je n’étais pas comme les autres. Je voyais et j’entendais des choses dans le noir. La nuit, j’avais peur, on me murmurait des choses dans l’ombre, je n’arrivais pas à dormir. Et j’étais gauchère.

    Ses paroles me rappelèrent mon propre passé, me plongeant dans la nostalgie.

— J’ai été remarquée par un épouvanteur du nom de Jacob Stone. Il a hésité à me prendre en tant qu’apprentie : jamais aucun épouvanteur n’avait été une femme. Selon lui, il y avait des raisons à cela. Une femme instruite et douée effrayait les hommes, on la voyait comme une sorcière. De plus, il fallait être courageuse pour accomplir les tâches d’un épouvanteur, et une femme est plus sujette à la peur et moins résistante qu’un homme - du moins c’est ce que l’on dit ! Et pour finir, les gens de cette profession-là sont déjà mal vus par les habitants du Comté, alors une femme ? Je vous laisse imaginer.

    Je baissai la tête, honteux. Nous l’avions prise pour une sorcière simplement car elle était une femme. Nous lui devions des excuses.

— Oh, ce n’est rien, ne t’en fais pas, petit. J’ai l’habitude… Je suis heureuse que vous soyez là. William m’a beaucoup parlé de vous, Monsieur Gregory. À propos, c’est bon de te revoir, Bill, glissa-t-elle avec un petit sourire.

    Du coin de l'œil, je crus voir Arkwright tressaillir légèrement. Alice sourit en coin.

— Voici Tom Ward, dit mon maître afin de rompre le silence de gêne qui s'était installé ; en regardant Castle d’un air douteux. Il est mon apprenti.

— Enchantée, répondit-elle, toujours en souriant. Je pense qu’avec un tel maître, tu deviendras un puissant serviteur de la lumière, Tom.

    Je la remerciai d'un hochement de tête. Elle reprit son récit :

— Finalement, Jacob Stone m’a formée. Je suis devenue épouvanteur moi-même quelques années seulement après Bill. J’ai quitté la maison de mon maître et je suis revenue m’installer ici, après que ma famille fut partie. C’est le manoir dans lequel j’ai grandit. Plus tard, j’ai rencontré Bill. C’était quelques années avant que Stone ne soit assassiné de sang-froid par des sorcières, des représentantes du clan Malkin. Aujourd'hui, il repose en paix, enterré quelque part près de sa maison.

— Comment se fait-il que Bill ne nous ait pas parlé de vous plus tôt ? demanda M. Gregory d'un air dubitatif, un sourcil levé.

    Arkwright resta curieusement silencieux.

— Nous ne nous sommes pas vus pendant plus de dix ans, répondit Castle, dont l’expression s’était assombrie.

— Pour quelle raison ? interrogea l'Épouvanteur.

— C’est une décision personnelle, dit simplement Castle.

— Et cela ne vous concerne pas, rétorqua sèchement Arkwright.

    Ils nous demandaient clairement de ne pas nous mêler de leurs affaires. Je sentis qu’il y avait quelque chose de louche là-dessous. Au regard que me fit Alice, je compris qu’elle pensait à la même chose.

    Nous passâmes la nuit dans la maison. Trop de questions tournaient dans ma tête pour que je puisse trouver le sommeil, même si mon lit était très confortable.

    Il était tard lorsque je toquai à la porte de la chambre d’Alice, faisant le moins de bruit possible car je ne tenais pas à ce que quelqu'un soit réveillé et me surprenne. Je n'eus pas à attendre longtemps avant que mon amie  vienne m’ouvrir.

— Entre, Tom, me chuchota-t-elle.

    Après qu'elle eut précautionneusement refermé la porte, je m'assis sur sur lit et engageait la conversation.

— Qu’est-ce que tu penses de cette Jane Castle ? demandai-je.

— Je sais qu’elle disait la vérité, me répondit-elle à voix basse. Pourtant elle n’a pas tout dit, c’est clair.

— Je suis du même avis. Quelque chose m’échappe… Cette histoire est assez étrange, tu ne trouves pas ? Arkwright connaît cette femme depuis plus de dix ans, et il n’en a jamais parlé à personne ! De plus, elle n’est pas une femme ordinaire, c’est un épouvanteur !

    Alice me fixa de ses grands yeux bruns.

— Je sais ce qu’ils n’ont pas dit, Tom. Je sais aussi pourquoi Bill est resté muet tout à l’heure, et pourquoi il a réagi de cette façon lorsqu’elle lui a dit que cela lui faisait plaisir de le revoir.

— Comment pourrais-tu le savoir ? l’interrogeai-je sans comprendre. Tu ne connais Castle que depuis quelques heures...

— Parce que c’est évident ! Tom, pourquoi crois-tu que l’Épouvanteur méprise autant les filles et les femmes ?

— Il a eu des ennuis avec elles dans son passé, déclarai-je. Il s’en méfie.

    Elle me jeta un regard agacé : visiblement, je n’avais pas prononcé la réponse qu’elle attendait.

— À cause de leur charme, Tom. Il t’en a parlé, n’est-ce pas ? C’est l’une des meilleures armes qu’une femme puisse utiliser contre un homme. C’est d’ailleurs pour cela que certaines sorcières se servent de la fascination et de la séduction…

— Où veux-tu en venir ?

— Tu ne comprends toujours pas ?

    Je me tus et réfléchis une seconde sur ce qu’elle venait de dire.

— Cette femme est en réalité une sorcière ? tentai-je.

    Mon amie me regarda d’un air dépité.

— Voyons, Tom. La vérité n’est pourtant pas difficile à comprendre. Bill Arkwright et Jane Castle ont été amoureux…

    Sa réponse me fit perdre mes mots. J’avais été complètement aveugle ! Maintenant qu’Alice le disait, cela crevait les yeux. J’avais été bien idiot de ne pas m’en rendre compte plus tôt.

    Mais si Alice l’avait compris, l’Épouvanteur devait également le savoir. Et il n’était pas compliqué de deviner ce qu’il devait en penser...

— C’est mauvais pour Bill, dis-je enfin. Un épouvanteur ne se marie pas, c’est l’une des rares choses qu’ils ont en commun avec les prêtres.

— De même qu’un épouvanteur ne permet pas à une sorcière de dormir sous son toit ; de même qu’il ne combat pas aux côtés d’une tueuse, quelle que soit la menace à affronter. Le monde change, Tom. Et cette profession avec. Il faut parfois emprunter un autre chemin afin de pouvoir continuer à avancer. Crois-tu qu’une femme ait la possibilité d'être épouvanteur ? Non ! Car cela n’est jamais arrivé. Jusqu'à maintenant. Et c’est un signe de l’évolution de notre condition.

    Ces mots me plongèrent à nouveau dans un profond silence. Toutes les limites auxquelles je me heurtais, toutes les règles imposées, tous les obstacles infranchissables finalement dépassés ; tout ce que je connaissais était en train se transformer. Alice avait raison. Il fallait bien accepter la nouveauté. Le changement est le signe que le temps s’écoule, que le monde vit. Il fallait apprendre à l’accepter.

— Mais il y a autre chose dans le passé d’Arkwright. Quelque chose d’autre que ses parents, que sa vie de soldat, que sa formation d’épouvanteur ; qui a fait de lui l’homme qu’il est aujourd'hui.

    À cet instant, je ne sus pas si le regard d’Alice m'intriguait ou m’inquiétait le plus.

— Et nous allons découvrir quoi, acheva-t-elle.

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