III
Lundi 24 Juillet 2023
Une fillette d'à peine 10 ans se trouvait sur un ferry, en plein milieu de l'océan, avec un homme barbu, et les deux discutaient ensemble.
— Papa, est-ce que tu as peur de mourir ?
— Oui, j'ai en peur, avoua-t-il.
— Pourquoi ?
— Parce que je ne sais pas ce qui se passera ensuite. Les gens ont peur de ce qu'ils ne connaissent pas, de ce qu'ils ne maitrisent pas.
— Mamie elle dit qu'on ira au Paradis. C'est faux alors ? C'est comme le Père Noël ?
— Comment tu sais pour le Père Noël ? s'étonna l'homme.
— C'est Maman qui m'a racontée. Elle m'a dit qu'il ne fallait pas que je plonge dans les rêves trop longtemps, sinon je deviendrai aussi stupide qu'une moule.
Son père soupira devant la déclaration de sa fille.
— Bref, concernant ce que t'a dit ta grand-mère, c'est ce qu'elle pense, mais on ne sait pas si c'est vrai ou faux. Peut-être qu'on ira au Paradis, peut-être pas.
— Moi aussi j'ai peur de mourir, fit la petite.
— Ne t'inquiète pas, Blanche. Tu as encore longtemps à vivre.
Soudain, un dauphin apparut dans l'eau.
— Papa, regarde ! s'écria la fille. Un dauphin !
Ses paroles se répétèrent comme un écho, et le paysage disparut.
Puis, tout réapparut, mais Blanche était seule, assise dans la salle d'attente d'un hôpital. Elle décida de s'approcher d'une porte, et de coller son oreille contre celle-ci.
« Je suis désolé, madame. Nous n'avons rien pu faire, murmura une voix masculine.
— Il est... commença la voix de sa mère.
— Je le crains. »
La femme éclata en sanglots, sous les excuses et tentatives de réconfort du monsieur près d'elle.
Quant à Blanche, elle pleurait en silence de l'autre côté du mur, recroquevillée sur elle-même, ne pouvant esquisser le moindre geste. Elle était sous le choc.
Soudain, Esther ouvrit la porte, non sans surprise de voir le visage de sa fille recouvert de larmes juste à côté.
— Blanche...
L'hôpital devint flou autour d'elle.
Tout à coup, tout retourna à la normale, mais cette fois-ci, la fillette et son père se trouvaient à Paris, et il faisait nuit.
— Papa, j'ai froid. Il est où l'hôtel ?
— On va le trouver, ne t'inquiète pas, la rassura-t-il.
Mais il n'en était plus si sûr lui-même, car des gouttes de sueur perlaient sur son front plissé, tandis qu'il tenait fermement sa fille par la main.
— Papa, je vois rien, il y a de la neige dans tous les sens...
— C'est bientôt terminé... murmura-t-il.
Devant eux se dressait finalement un hôtel du nom de « Delphine ».
— Tu vois ? lança l'homme, soulagé. Je t'avais dit qu'on y était presque.
Blanche lâcha la main de son père pour s'élancer vers l'hôtel.
Juste avant de rentrer à l'intérieur, elle se retourna pour regarder son père.
Mais il n'était plus là.
— Papa ? l'appela-t-elle.
Mais il ne lui répondit pas.
— Papa ! On est arrivés à l'hôtel ! Qu'est-ce que tu fais ?
La neige se fit encore plus dense, et Blanche avait de plus en plus froid.
— Papa !
Elle entendit derrière elle des bruits d'éclaboussures, et le son d'un dauphin.
— Papa ?
Alors qu'elle se retournait, tout devint flou, avant de tourner au noir.
Blanche ouvrit les yeux. Elle était dans sa chambre, il faisait nuit.
Ce n'était qu'un rêve...
La jeune fille regarda l'heure : 02h43.
Elle soupira. Impossible de se rendormir.
Elle porta son regard sur son tatouage de plume sur l'épaule (difficilement, mais elle y parvint). Puis, elle regarda sa dernière recherche sur Internet sur son téléphone.
La Grande Vague.
Et là, elle comprit ce qu'elle devait faire. Ce qui arrangerait tout.
Elle mit un t-shirt, un pantalon, une paire de chaussettes, et prit ses bottines dans la main. Elle avança sur la pointe des pieds, traversant l'appartement en faisant le moins de bruit possible, et sortit de la maison. Après avoir enfilé ses chaussures, Blanche marcha jusqu'à la plage.
Elle vit sur son chemin de nombreuses étoiles dans le ciel qu'elle n'avait jamais vues auparavant. Soit parce qu'il y avait toujours trop de nuages pour les apercevoir, soit parce qu'elle n'avait même pas pris la peine de les observer.
Et dire que j'avais raté ça tout ce temps... ma vie était aussi monotone que celle des plantes...
Elle continua sa route vers l'océan, tout en gardant sa tête levée vers le ciel.
Lorsqu'elle arriva sur le sable, Blanche enleva ses chaussures, puis ses chaussettes, et s'approcha doucement de la mer.
Je n'ai plus peur.
Elle avança un pied dans la mer, puis un deuxième.
L'eau venait puis repartait, tandis que la jeune fille, elle, restait immobile, contemplant l'horizon.
Je n'ai plus peur.
Elle avait froid, mais ne s'en souciait pas le moins du monde.
Elle s'avança encore un peu plus. Encore un tout petit peu. Encore, et encore, jusqu'à ce que l'eau lui arrive à la taille, et que ses habits soient trempés.
« Arrête ! Au lieu de tendre les bras vers le ciel lumineux, comme tu le dis, tu es en train de tomber en chute libre des nuages que tu pensais solides. »
C'était ce que lui avait dit Pierre.
Mais il avait tort. Blanche allait bien toucher le ciel. Elle n'allait pas tomber des nuages, puisqu'elle allait bien plus loin. Dans un endroit où peut-être qu'elle ne serait plus seule...
Je n'ai plus peur.
Alors, elle continua d'avancer. Pas à pas, elle marchait sur le sable, alors que la marée montait. Et au bout d'un moment, seule sa tête dépassait. Les pointes de ses cheveux était mouillés, son menton touchait l'eau. L'adolescente plongea entièrement dans l'eau.
Et Blanche ne remonta pas à la surface.
•••
17h41
Ester n'avait pas bougé de sa serviette. Après avoir séché ses larmes, elle se leva finalement.
Je n'ai plus peur.
La femme plia sa serviette, et regarda une dernière fois la mer.
Et dire que j'ai raté ce spectacle pendant si longtemps...
Puis, soudain, elle aperçut un dauphin sauter dans l'eau. Ester, sous le choc, courut vers l'océan jusqu'à y plonger ses pieds, et ouvrit grand ses yeux. Le dauphin réapparut. Et cette fois-ci, elle en était certaine.
Le dauphin avait le tatouage d'une plume sur la nageoire droite.
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