I
Lundi 24 Juillet 2023, 17h28.
Les vagues allaient et venaient, montant de plus en plus, alors que le soleil brillait haut dans le ciel. Il n'y avait aucun nuage, et les gens étaient habillés de vêtements légers et estivaux. Des enfants jouaient sur le sable, leurs parents bronzaient après s'être appliquées de la crème solaire.
En effet, c'étaient les vacances d'été. Les plages étaient bondées, recouvertes de parasols et de serviettes. La mer était magnifique, et remplie de baigneurs.
Bref, tout le monde était heureux. Toutes les personnes ici présentes s'amusaient. Sauf une.
Elle avait un regard vide, inexpressif, tandis qu'elle était assise sur la plage. Ses yeux étaient scotchés sur l'océan, et des larmes silencieuses perlaient sur ses joues. C'était une dame de petite taille aux courts et raides cheveux noirs, avec des yeux bruns, vêtue d'une longue robe noire.
Elle se prénommait Ester. Et tous ses proches étaient partis. Qu'ils soient morts, ou disparus, peu importe. Ils étaient dans tous les cas hors de sa vie à présent.
Et s'ils n'étaient pas partis?
Tous les souvenirs de la femme défilaient dans sa tête, et des flash-backs lui revenaient. Tous ceux qui lui rappelaient les gens auxquels elle tenait.
Et maintenant, elle était seule. Plus personne ne l'attendait.
Avait-elle vraiment le pouvoir de vivre paisiblement après toutes ces pertes ?
« Tu me fatigues ! »
« Où étais-tu ? »
« C'est quoi cette crasse ?! Qu'est-ce que tu as fait ?!! »
« Non mais regarde-toi ! »
« Je n'arrive pas croire que tu es ma fille ! »
« Comment oses-tu me parler sur ce ton ?! »
« Tais-toi ! Tais-toi !!
LA FERME ! »
Peut-être qu'on l'avait punie. On l'avait puni pour avoir défoulé son désespoir sur une simple jeune fille, pourtant tout aussi meurtrie qu'elle. Pour avoir trop aimé un homme, aussi, sûrement. Peut-être payait-elle ainsi le prix de ses erreurs...
Elle aurait pu s'excuser. Elle aurait pu essayer de se racheter.
Mais à ce moment-là, elle ne s'était pas rendue compte à quel point elle avait été atroce avec une innocente, en transformant son chagrin en colère.
Et à présent, il était trop tard.
Trop tard. Il est trop tard. TU ENTENDS ?!! IL EST TROP TARD ! Il est trop tard... trop tard... trop tard...
•••
Vendredi 7 Juillet 2023, 17h.
La cloche ! Elle venait de sonner.
Ouiii ! Au revoir les cours ! Bonjour les vacances !
Blanche, toute excitée, ne put s'empêcher de courir à travers les escaliers, et manqua deux fois de s'ouvrir le crâne.
Mais elle ne s'en souciait pas le moins du monde. L'été lui tendait la main, et elle allait bien la saisir !
— Blanche ! Attends !
C'était Pierre, qui la suivait, haletant, à bout de souffle.
— Tu aurais pu au moins m'attendre ! cria-t-il.
— Ce sont les vacances ! se réjouissait l'adolescente.
— Ah, tu crois ? ironisa son ami.
Blanche et Pierre n'avait pas grand chose en commun.
La jeune fille, brune aux yeux bruns, était très énergique, mais pas très sociable, et préférait laisser les choses venir telles qu'elles étaient.
Tandis que son meilleur ami, blond aux yeux verts, était plutôt calme, mais aimait être entouré des gens qu'il aimait. Contrairement à Blanche, il ne pouvait s'empêcher de tout prévoir à l'avance.
— J'espère que ma mère ne va pas encore me chercher des noises, cet après-midi... soupira Blanche, lasse.
— Toi et ta mère, impossible pour que vous teniez ne serait-ce que plus de cinq minutes sans vous crier dessus, s'exaspéra son ami.
— Mais c'est elle qui s'énerve tout le temps pour rien !
— « Mais c'est elle qui », « mais c'est elle qui »... vous êtes pareilles, toutes les deux ! s'énerva Pierre. Vous n'avez que cette phrase à la bouche pour vous défendre !
— Moi ?! Pareille que ma mère ? Ah ça non, jamais !
Le jeune homme se tapa le front, soupirant toute sa frustration.
— Quelle famille... murmura-t-il. C'est du jamais-vu...
L'adolescente se renfrogna.
— Ah, et surtout, ne refais pas d'autres bêtises, s'il te plaît, la prévint son ami.
— Je sais ce que je fais ! s'emporta la jeune fille. Je n'ai pas besoin d'une nounou ! Et puis, maintenant, je me sens tendre les bras vers le ciel lumineux !
Ce qu'il entendait par bêtises, c'était mentir à sa mère. Une fois, Blanche s'était tatouée une plume sur le bras droit. Lorsque sa génitrice l'apprit, elle avait essayé pendant une heure de le lui enlever. Mais ce tatouage était indélébile.
— Tu commences à perdre les pédales... murmura Pierre. Surtout depuis que...
— Stop ! Je t'ai dit que je savais ce que je faisais !
— Sois quand même prudente...
Mais Blanche n'avait pas vraiment l'air de l'écouter, même si elle savait au fond d'elle qu'il avait raison.
— Je vais aller à la plage cet après-midi, tu viendras avec moi ? lui proposa-t-elle.
— Ta mère n'est pas au courant, j'imagine ?
Il y avait une légère exaspération dans sa voix, mais cela voulait aussi dire oui.
— OK, rendez-vous à 18h, alors !
— C'est la combientième fois du mois ?
— Euh... je ne sais pas trop... je dois y aller à peu près une fois par jour ?
— Mais c'est trop ! Arrête ! Au lieu de tendre les bras vers le ciel lumineux, comme tu le dis, tu es en train de tomber en chute libre des nuages que tu pensais solides !
Pierre adorait les métaphores. Il disait que les images transmises par des mots étaient souvent les plus belles, et parfois les mieux compréhensibles.
Seulement, Blanche lui mentait. Elle n'y allait pas qu'une seule fois par jour. Mais deux. Le matin et le soir. Et parfois, si ce n'était pas le matin, elle y restait toute la nuit. Puis, la jeune fille racontait à sa mère qu'elle avait dormi chez son ami, pour ne pas se prendre de réprimandes et être privée de sortie.
— Laisse-moi tranquille, Pierre ! soupira-t-elle. Fais-moi confiance, d'accord ?
Mais son ami ne lui répondit pas.
— Est-ce que tu me fais confiance ?
— Non, fit-il. Tu me fais peur.
Moi aussi, j'ai peur. Mais depuis que... depuis qu'il...
— J'irai toute seule à la plage, alors.
Depuis qu'il est... depuis...
La jeune fille retint ses larmes, et partit sans demander son reste, malgré l'adolescent derrière elle qui essayait de la suivre tant bien que mal tout en l'appelant en vain.
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