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Les joueurs



Elle s'approcha d'une porte largement ouverte, déversant sur le couloir des ricanements et des exclamations joyeuses.

Plusieurs hommes jouaient aux cartes, dans une atmosphère enfumée mais chaleureuse. Ils étaient assis autour d'une table de poker et ne la remarquèrent même pas lorsqu'elle se glissa dans la pièce, collée contre une fausse plante en pot.

« Allez, c'est ton tour, mollasson.

— Gn... mh... »

Elle remarqua d'abord leurs visages, étrangement cireux. Ils étaient en pâte à modeler ; les tubes oculaires littéralement plantés de chaque côté de leur nez plus ou moins bien reconstruit, les bouches à demi ouvertes, les traits étirés ou ramassés par le coup de main d'un potier stagiaire.

Celui qui devait jouer n'avait ni bras, ni bas du visage. Ses manches de toile rapiécée pendaient mollement sur les côtés, il les agitait vainement en essayant de se faire comprendre, tandis que les tubes noirs tressautaient. Ses mèches de cheveux, filaments gras de pâte brunâtre, ondulaient comme des herbes folles.

« Bon, tu passes ton tour, dit le suivant. À moi.

Il souriait, étirant son visage pour que ressorte une énorme dent en or plantée dans sa mâchoire molle. Ses mains avaient sept doigts chacune, pour mieux tenir les cartes. Il abattit sa main avec tant de force qu'un de ses bras se détacha.

— Ça par exemple.

Il se pencha pour ramasser son bras, mais se cassa en deux au niveau de la taille – la pâte ne pouvant s'étirer se brisait comme de la cire, disgracieuse et blanchâtre.

— Par abandon, je remporte la mise, dit le suivant.

Il étendit son bras sur la table et rafla quelques morceaux qui s'y trouvaient dispersés. Là un doigt, là une mèche de cheveux, qu'il s'empressa de se recoller. Récupérant aussi une main, il l'examina, incrédule, avant de la poser.

— C'est ma main, dit un autre joueur. Fais attention.

— Je fais attention, grimaça-t-il. À ton tour.

Posant une carte.

— As de cœur.

— Pourtant, toi, on ne peut pas dire que tu es un as du cœur ! »

Le joueur qui venait de récupérer les mises était le plus imposant d'entre eux. Son corps deux fois plus épais, il fumait ostensiblement un cigare, collé entre ses lèvres de pâte rouges proéminentes et presque vulgaires. Il s'esclaffa bruyamment.

« Eh, relevez-moi, dit celui qui était tombé.

— On finit la partie, d'abord.

— Aide-moi, salaud !

Il jeta son cigare dans sa direction. Le bout qui se consumait se planta dans son visage et la chaleur commença à le faire fondre. Une huile transparente dégoulina sur le sol.

— Ah, c'est malin, dit le bonhomme dont la voix se perdait dans un gargouillis.

— As de cœur, reprit le fumeur... est-ce qu'on ne l'a pas déjà joué ?

— Pas du tout, se défendit le joueur suivant.

C'était celui qui avait misé sa main.

— Mais bien sûr que si ! s'exclama le colosse en s'arrachant les cheveux et en les lui jetant au visage. Tricheur ! Tricheur ! Saperlipopette !

Il essaya de se décoller de sa chaise avec des mouvements frénétiques. La colère déformait ses traits, ses narines dilatées et sa bouche tordue de travers.

— Tu vas voir ce que je vais en faire de ta main ! dit-il.

— Non, pas ma main !

L'autre joueur tenta lui aussi de se lever, mais la pâte à modeler était fixée au bois, et il n'arriva qu'à gagner de piteux centimètres en s'accrochant à la table.

— Ma main ! cria-t-il.

En ricanant, l'autre lui arrachait des morceaux et les mettait en boule. Finalement la pâte rosâtre se mêla à ses propres mains, qui devinrent de vrais battoirs épais.

— Et que je ne t'y reprenne plus, grommela-t-il.

Ils se perdirent tous les deux en invectives silencieuses ; le perdant arracha un morceau de sa main valide pour s'en confectionner une autre.

— Eh, venez m'aider, dit celui qui se traînait au sol.

La flaque de cire solidifiée, il était aussi solidement fixé qu'une mouche sur un papier collant. Mais il avait réussi à reformer à peu près son visage. Il prit appui sur son seul bras, ce qui l'éjecta de son épaule.

— Ça par exemple, répéta-t-il, incapable de réagir. Vous venez m'aider, les gars, hein ? Hein, vous venez m'aider ? »

Alice hésita à s'avancer vers eux, mais elle avait peur – ils étaient beaucoup plus grands qu'elle, et elle se voyait déjà étouffée par une avalanche de pâte à modeler. Une nouvelle partie commençait et on distribuait les cartes. Elle s'enfuit à petits pas par la porte ouverte.

Au milieu du couloir, un chat noir l'observait.

« Que veux-tu ? lui demanda-t-elle.

— Tu ne me reconnais pas ?

Il était petit, mais avait de grands yeux jaunes et brillants.

— Je n'ai jamais eu de chat, dit-elle.

— Ce n'est pas vrai, Alice.

Il bondit sur une commode, se pourlécha en regardant son reflet dans le cadran d'une pendule.

— Regarde, dit-il.

— Tu as un reflet, remarqua-t-elle.

— Oui, mais ce n'est pas important. C'est parce que je fais partie des lieux.

Avec une infinie délicatesse, il monta sur la pendule, à côté d'une chryséléphantine montrant un ange d'ivoire et d'or blanc qui terrassait un monstre cornu en métal sombre.

— Regarde le temps, dit-il.

Alice regarda le cadran. La pendule laissait entendre son battement régulier, mais les aiguilles ne bougeaient pas, bloquées sur neuf heures.

— La pendule est cassée, dit Alice.

— Il y a une horloge comtoise en face de la porte d'entrée, dit le chat. Elle est bloquée à la même heure.

— Il faut les remonter, dit Alice.

— Il faut une clé pour remonter les horloges, remarqua le chat.

— Mais je n'ai pas cette clé !

— Bien sûr que si. Elle est quelque part dans la maison. Tout ce qui est dans cette maison est à toi. La clé est donc à toi. Que tu ignores où elle se trouve, ou à quoi elle ressemble, elle n'en demeure, pas moins, à toi. »

Satisfait de lui, l'animal s'enfuit par une chatière, en bas d'une porte dessinée en trompe-l'œil sur le mur.

Je vais essayer de poser la main sur cette poignée qui n'existe pas, se dit Alice. Si je ne peux pas ouvrir la porte de la maison sur l'extérieur, peut-être que je peux en inventer une.

Alice ouvrit la porte et plongea dans la pénombre.

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