Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Le dîner


Avec mes souvenirs
J'ai allumé le feu
Mes chagrins, mes plaisirs
Je n'ai plus besoin d'eux !


C'était, après tout, sa dernière soirée à l'hôtel. À moins qu'il ne reste un peu plus –il ferait son choix plus tard. Basile se rasa de frais, opta pour son plus beau costume, une chemise de soie et un nœud papillon très chic. Il dompta ses cheveux récalcitrants à coups de peigne et d'un peu de cire. Il se trouvait beau, prêt à assurer un numéro de charme exceptionnel.

Allons donc, se dit-il, ce n'est pas un numéro. Rien que les usages de la vie en société.

Lorsqu'il descendit au restaurant, il commençait déjà à faire nuit. Les rideaux étaient à peine entrebâillés ; les appliques dans le couloir et les lustres dans les salons brillaient de mille feux. La lumière ici était tamisée, il faisait assez chaud.

Contrairement au déjeuner, une seule table ronde avec été dressée, avec cinq couverts. Le positionnement des convives avait déjà été acté par Ferdinand, qui d'ailleurs réapparaissait pour placer un dernier bouquet de fleurs fraîches.

Basile tourna autour en regardant les cartons. Il fut soulagé de voir son nom à gauche de celui de Sophia, tandis que Prospero fermerait sa droite. Un candélabre allumé le protégerait d'Archibald, c'était mieux que rien.

La jeune femme apparut alors. Elle portait une robe de soirée blanche et nacre, élégante, différente de la veille ; un décolleté sage et une rivière de diamants. Sa coiffure était simple, en apparence seulement, et ses boucles d'oreilles, les coquillages irisés qu'il avait déjà vus.

Elle était éclatante, rayonnante ; il chercha les compliments en la voyant s'avancer vers lui. Elle s'assit à sa place et ôta ses gants de velours.

« Vous êtes magnifique, dit-il avec honnêteté.

— Vous aussi, se défendit-elle avec un sourire ravageur.

Un rouge légèrement brillant soulignait ses lèvres et un trait de maquillage suffisait à embellir ses yeux. Son teint n'était pas artificiel.

— Alors, Basile, après cette journée, comment trouvez-vous l'hôtel ?

— Il y a beaucoup plus de choses qu'il n'y paraît au premier abord.

— Vraiment ? Comment est-il au premier abord ?

— Très calme, presque... presque un sanctuaire. Puis il se révèle ensuite complexe. On dirait que de nombreux secrets sont entreposés entre ses murs.

— Nous avons tous nos secrets, dit-elle en penchant délicatement sa tête vers lui. Il est normal qu'ils fassent eux aussi partie des lieux, au bout d'un certain temps.

Les trois autres convives apparurent. Ils arboraient eux aussi des tenues plus recherchées qu'au déjeuner ; le costume de Prospero était rehaussé de fraises, celui d'Archibald s'ouvrait sur un pourpoint de soie et la légion d'honneur était épinglée à sa boutonnière – tandis que le poète y avait mis une rose rouge.

— Mademoiselle, dit-il en s'approchant. Permettez-moi de vous dire que vous êtes superbe.

Il lui fit le baisemain non sans préciosité, cela la fit sourire.

— Vous avez dû être un grand séducteur, dans vos jeunes années, remarqua Sophia.

— Je le suis toujours, se défendit-il.

— Chers amis ! Tonitrua Archibald Stockholm. Je suis ravi de vous voir tous réunis. Ravi aussi de voir que nous sommes cinq, et non plus seulement quatre.

Le scientifique balbutia quelques syllabes. Le repas commençait déjà ; Ferdinand, lui aussi en livrée digne de temps révolus, gants blancs et boutons de manchette en or, leur apporta des rafraîchissements.

— Merci, cher Ferdinand ! S'exclama Archibald.

Puis il s'extirpa à moitié de sa chaise et leva son verre. Son bras tremblotait.

— Donnons le coup d'envoi de ce dîner, mes amis. Je vais vous faire un petit discours, si vous le permettez bien. À moins que Prospero ne veuille nous faire l'honneur de bénir nos agapes d'un petit poème de son cru.

— Cela tombe bien, dit ce dernier, car il me vient justement des vers à l'esprit.

— On ne saurait faire taire l'appel de l'inspiration, dit Archibald – un peu déçu.

— Bien dit, compléta Sophia en rapprochant un peu sa chaise de Basile.

Prospero se leva pour déclamer, une main contre son cœur et l'autre en l'air, battant la mesure comme un chef d'orchestre :

Un dada mangeait un yogourt pantagruélique,
Pané, il grignotait les compassées tactiques.
Une oille acidulée tortorait des caris,
Protestés, ils doraient un corsé tandoori.

Un magret goinfrait des moulins nourriciers,
Conservés, ils jeûnaient les brouillés cafetiers.
Pourquoi cuisines-tu, ô confit sucrier,
Qui, béquillant, préviens les caris huiliers ?

On applaudit.

— Excellent, dit Archibald. Excellent. Vous devriez rejoindre l'Académie Française. Vous êtes réellement un homme de lettres, Prospero. Vous devriez être plus connu. Je vous mettrai en relation avec mon cousin. Ministre de l'éducation nationale, oui, voilà ce qu'il vous faudrait. L'avenir de notre jeunesse serait assuré. Je lui dirai. Je lui ferai une lettre. Il faut que je retrouve son adresse.

— Ce qui compte le plus, pour un poète, c'est de toucher à l'âme humaine, dit Prospero en se rasseyant. Nous ne rencontrons pas souvent la gloire, et nous restons parfois longtemps dans l'ombre avant que nos écrits atteignent leur gloire véritable.

Ils dégustèrent les entrées. Basile n'avait jamais aussi bien mangé de sa vie, mais par bienséance, il convenait de ne pas le laisser paraître. Et rien ne pouvait éclipser le rire cristallin de Sophia, son sourire magnifique. Charmant.

Le vin blanc fut servi avec le poisson, puis le rouge avec la viande. Les langues se délièrent, surtout celle d'Archibald, car en définitive, les autres convives buvaient fort peu. Sophia se contentait de quelques gorgées, et Basile ne désirait que tout juste assez d'alcool pour avoir le courage de l'aborder, et poursuivre une conversation entraînante.

Entre les plats, on réclamait de nouveaux poèmes, et Prospero s'exécutait ; sa fausse modestie cachait mal son orgueil.

Indicibles condamnations. Il s'agit d'un sonnet sur le langage et l'accusation.

Aristarques railleurs, pleurez vos vers brocards.
Pourquoi consultes-tu, dégoise accusatoire,
Qui, te taisant, bafoues les ponctuels parlers.
Remerciez, adieux crus, vos espoirs ampoulés.

Un stop ordurier mentait un manifeste.
Implorant, redisant, de pleurnicheurs parlers,
Jacassaient les chansons des papotages lestes,
Écriés, ils disaient une fuite zélée.

Un sarcasme ordurier consultait un rappel,
Tchatché, il maugréait une endurcie querelle.
Un sourire rouleur grugeait un chipotage.

Pourquoi maudissez-vous, confidences correctes,
Qui, récitées, saluez une bonté sauvage ?
Un shampoing insistant chialait un verdict.

— Un shampoing insistant, répéta Archibald hébété – et passablement aviné. Je ne sais pas où vous cherchez tout cela. Vraiment, il y a tellement d'invention, de poésie, dans votre langue.

Finaliste infinité. Un sonnet sur la philosophie et son éthique.

Telles des raisons, de générales morales,
Inventaient les vifs des démiurges éthiques,
Qui, exprimés, basaient les logiques mystiques.
Préjugés virtuels, fondez vos vers régals.

Un éon induisait des ressorts empiriques,
Qui, dénoués, racontaient les vagues dialectiques.
Un précepte certain résolvait son principe.
Un kantisme vaillant voyait un archétype.

Un démiurge ordonnait des agents méthodiques,
Qui, induits, révélaient les idéaux éthiques.
Un règlement risqué résolvait son prétexte.

Dans les inconsistants vifs, d'enrichissants tests,
Dénouaient les thèses des factuelles racines.
Un symbole étudié définissait son yin.

Un peu de répétition, songea Basile. En y regardant bien, Prospero se répétait comme un vieux jouet cassé.

Avait-il vraiment inventé ces vers, ou les avait-il lus, recopiés ? S'agissait-il de l'œuvre du désespoir, de l'inspiration perdue ? Une flamme qu'il tentait vainement d'entretenir ?

— Et le dernier pour ce soir, Coite bobine, sur le jeu.

— Ah, commenta Archibald, j'adore le jeu. C'est mon seul péché.

Une reine placée houspillait une carre,
Jouée, elle tançait une plaisante enchère.
Pourquoi rejouez-vous, diabolos toquards,
Qui, jurés, révélez les ludions sincères.

Un trictrac puritain rancardait un damier,
Qui, chamaillé, chialait les calots casaniers.
Un as souscrivait un atout métapsychique,
Qui, triché, exaltait un tranquillisant trick.

Telles des tombolas, de cyniques marelles,
Écartaient les couleurs des crampons sensuels,
Qui, cartonnés, jouaient un inepte poker.

Pourquoi insinuez-vous, tricheuses balançoires,
Qui, renseignées, moquez les impudents billards.
Une folle gênée charriait son enchère.

On applaudit encore.

— Bravo ! S'exclama Archibald. Bravissimo ! Une plaisante enchère ! Un atout métapsychique ! Fabuleux ! Fantastique ! Vous êtes un homme illustre, sachez-le.

— Venant de vous, ce compliment me va droit au cœur. »

Basile songeait que cette micro-société n'était pas si étrange. Elle était à l'image de la grande : faite de faux-semblants et de conventions. En vérité, Archibald ne s'intéressait pas à grand-chose d'autre que sa gloire passée ; Prospero était un poète minable en quête d'une inspiration qu'il avait perdue, et peut-être que derrière la barrière du langage, le scientifique ne comprenait lui non plus rien à ce qu'il faisait.

Et pourtant, tout cela existait toujours, tout cela se maintenait encore. Tout cela gardait son sens car les membres de ce petit cercle voulaient à tout prix que ce sens demeure. Sinon, la vie serait terminée. Il faudrait baisser le rideau sur leur petit théâtre.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro