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La soirée


Mirrors on the ceiling,
The pink champagne on ice
And she said, we are all just prisoners here, of our own device
And in the master's chambers
They gathered for the feast
They stab it with their steely knives
But they just can't kill the beast

Balayés les amours
Avec tous leurs trémolos
Balayés pour toujours
Je repars à zéro...


La conversation ne s'arrêta pas au dessert. Les digestifs circulèrent, puis les cafés. Dans le rôle de l'ogre, Archibald mangeait et buvait de tout ; les autres convives ne le suivaient plus qu'à la traîne.

Le scientifique les quitta en premier. Ils allèrent au salon pour laisser Ferdinand à son travail. Le dialogue reprit, même s'il commençait à se répéter. Au bout d'un moment, Archibald s'endormit dans son fauteuil.

Prospero lui donna un coup de coude pour le réveiller.

« Je vais vous aider à remonter, dit-il. C'est pour que vous ne tombiez pas dans les escaliers.

— Je vais bien », grommela Archibald.

Néanmoins, il se laissa faire.

Basile et Sophia se retrouvèrent donc seuls, l'un en face de l'autre. Elle fuyait maintenant son regard, comme si elle était gênée ou troublée de devoir se découvrir plus.

« Ne vous est-il jamais arrivé, demanda-t-elle après un moment, lors d'une soirée comme celle-ci, d'avoir l'impression... comment dire... que ce pourrait être la fin ? L'impression que le monde pourrait disparaître demain, et que tout ceci serait perdu avec le reste, comme les rêves s'effacent au matin ?

— C'est l'impression que j'avais sur cet hôtel, confia-t-il. La fin du monde. Nous discutons, nous mangeons et nous chantons, comme si c'était à chaque fois notre dernière fête, notre dernier repas. N'est-ce pas une manière saine de vivre, en fin de compte ?

— Je ne sais pas.

Elle hésita, puis reprit de l'assurance. Elle le chercha du regard et posa sa main sur la sienne. Sa peau était douce comme du satin.

— Que suis-je pour vous, Basile ? Un fantasme ?

— Plus que ça, dit-il. Cela va vous paraître assez impudent, imprudent peut-être, peut-être vague, mais... vous êtes celle que j'ai toujours recherchée. Je crois que vous êtes une personne dont je rêve, et dont je ne me souviens jamais que par intermittence.

— C'est l'hôtel, se défendit-elle sans conviction. C'est l'atmosphère des lieux qui vous fait dire ça. Fin de siècle. Fin du monde. Nous avons l'impression de devoir tout mettre en ordre dans nos vies, de devoir accomplir ce qui nous reste à faire, avant le saut vers l'inconnu. Comme si nous étions dans l'antichambre de la mort, forcés de faire taire nos plus profonds regrets.

Elle releva la main avec douceur et se leva. Toujours électrisé par le toucher, Basile broncha à peine.

— Je monte à ma chambre, annonça-t-elle. M'y rejoindrez-vous dans une dizaine de minutes ? Nous y serons plus à l'aise pour discuter. »

Basile ne se serait pas permis une contradiction. Il la regarda partir, totalement hypnotisé par sa démarche, et le claquement de ses talons sur le parquet lambrissé.


***


Il feuilleta quelques journaux périmés, avant de se lever à son tour. Au comptoir, Ferdinand rangeait ses registres.

« Bonne soirée, dit Basile.

— Une jeune femme tout à fait charmante, commenta Ferdinand.

— Est-ce que vous croyez qu'il est possible de tomber amoureux en un jour ? Demanda Basile.

Ferdinand leva un sourcil.

— Ma foi, il faut bien qu'il y ait un jour avant lequel vous ne l'êtes pas, et après lequel vous l'êtes. Même si vous ne vous en rendez pas compte. Il y a forcément une transition.

— Sans doute. Mais... jusqu'à quel point peut-on tomber pour une personne que l'on vient juste de rencontrer ?

— Est-ce que vous venez seulement de la rencontrer, ou est-ce que vous ne la connaissez pas depuis très, très longtemps – depuis toujours ? C'est ainsi que cela fonctionne. »

Ferdinand alluma la radio et continua son travail.

Le regard de Basile venait d'être attiré par les clés suspendues derrière lui en ordre de bataille. Quatre d'entre elles manquaient. Cela lui rappela qu'il ignorait le numéro de chambre de Sophia, mais il n'osa pas le demander au tenancier.

Si elle l'attendait là-bas, peut-être reconnaîtrait-il une porte entrouverte.

Il se sentait un peu alourdi en montant les marches, moins par le repas que par l'appréhension. En perdant des yeux la jeune femme, ne fût-ce que dix minutes, il s'exposait au pire : découvrir qu'il ne s'agissait que d'un rêve, que de la personnification d'un fantasme, comme elle l'avait dit. Si c'était une illusion, pourvu qu'elle dure. Pourvu que demain ne soit pas la fin du monde. Pourvu qu'il ne se réveille pas.

Au premier étage, une porte était effectivement entrouverte. Il donna quelques coups. Pas de réponse. Il introduit sa tête. Dans la pénombre, une énorme masse de chair était avachie sur un fauteuil. Manifestement Archibald cuvant ses excès.

Quelque chose brillait sur la veste de l'homme assis. Basile avança pour observer. C'était du sang. Il avait complètement imbibé la chemise. La tête d'Archibald était tombée en avant, ses yeux à demi ouverts. Il n'avait même pas eu le temps de se rendre compte de ce qui lui arrivait.

Basile fit un pas en arrière et trébucha sur un pied de lit. Il se rattrapa difficilement. Puis mû par l'intuition, se précipita dans le couloir, en direction de la bibliothèque.

La porte était encore ouverte. Il alluma la lumière. Quelqu'un était tombé au sol, à nouveau dans une mare de sang, entre des livres et des feuilles éparpillées. Le scientifique.

Il se précipita sur lui et le retourna. Il avait reçu plusieurs coups de couteau. Ses lunettes, brisées dans la chute, étaient encore fièrement accrochées sur son nez.

« Monsieur Basile, siffla-t-il. Monsieur Basile. J'ai compris.

— Quoi donc ? Votre recherche ?

— La vie, le sens... le sens de la vie. Je sais maintenant tout sur l'univers. Je... je crois... »

Ses yeux s'arrêtèrent entre la réflexion et le doute. Il babilla encore des syllabes incompréhensibles, comme un nouveau-né, et cessa tout à fait de parler.

Basile l'abandonna sur le sol, et partit de nouveau en courant.

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