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Les loups hurlaient


Il y avait ces nuits noires, à l'époque.

Ces nuits où l'obscurité extérieure cherchait à s'infiltrer dans la maison, poussant les fenêtres, faisant grincer les portes.

Ces nuits où même la lune était voilée de nuages, et où sa lumière hésitante ne faisait que survoler le tapis blanc qui couvrait le sol.

Ces nuits où les arbres hurlaient sans fin, où le froid vous enveloppait comme un mur d'eau gelée et vous happait dans le brouillard.

Il y avait ces nuits, que je passais sur le grand fauteuil troué, une lourde couverture enveloppant mon corps frêle d'enfant, les yeux rivés sur le feu tout proche. Ces nuits que je passais à attendre, guettant le moindre bruit.

Dehors, les rayons de lune découvraient la lointaine silhouette des montagnes, squelette décharné et froid qui grimpait dans le ciel. Le vent hurlait, et les poutres de bois grinçaient si fort qu'on aurait pu croire que la maison allait s'envoler.

Moi, j'attendais, seul et frissonnant sous ma lourde chemise, essayant d'ignorer le froid et l'obscurité qui régnait au-dehors. Mes yeux restaient rivés sur le feu. Par moments, je jetais un rapide coup d'œil par la fenêtre, priant pour apercevoir la lueur d'une lampe torche dans le noir.


Mon père m'avait toujours interdit de sortir la nuit, surtout l'hiver. J'aurais bien été capable de faire fi du froid, et d'aller à l'orée du bois pour l'y attendre, mais ses mises en garde résonnaient encore trop fort dans ma tête.

- L'hiver, les fées des bois font leur nid dans la neige. Ne quitte jamais la maison, car elles aiment attirer les voyageurs égarés dans la forêt, et tous ceux qui en ont aperçu une un jour ont disparu dans la nuit. Ne sort jamais, même si tu vois de la lumière. Leur lueur dansante ressemble à celle du feu, mais leur corps est aussi glacial que le givre.

Alors, je restais en sécurité, sous ma couverture miteuse, attendant patiemment que mon père revienne à la maison. Il connaissait les fées, m'avait-il dit, et savait éviter leurs ruses espiègles, mais les hurlements des loups me faisaient toujours frissonner de peur. Une hache ne suffisait pas face à ces bêtes-là, et l'expérience de la vie dans la forêt n'excluait pas tout danger.


Je me rappelle de tout. Je me souviens de chaque détail, de chaque seconde de ces nuits qui s'étiraient à l'infini.

Je me rappelle du doux crépitement du feu qui me gardait du froid, de ces lumières calmes projetées sur les murs, comme une danse silencieuse des pierres sur le ciment.

Je me rappelle des mots que murmuraient les bûches craquantes et des battements de mon cœur qui s'apaisaient avec la danse envoûtante des flammes.

Je me rappelle de l'odeur de fumée que gardaient mes vêtements, de la cendre étalée sur le tapis, des braises rougeoyantes dans l'âtre.

Je me rappelle de cette paix et de cette chaleur que je ressentais lorsque je me concentrais sur la sécurité de ce foyer, de cette petite pièce remplie de bois, de fourrures et d'outils de chasse.

Je me souviens aussi du vent hurlant au-dehors, des craquements sinistres des branches au lointain, des cris mélodieux des loups.

Je me souviens de la lune, enterrée sous les nuages noirs, et de la neige qui tombait sans jamais s'arrêter, duvet blanc qui lavait le monde.


Dans ces instants, on aurait dit que le temps s'arrêtait, car cette nuit obscure était si puissante qu'elle imposait ses propres règles au monde. Elle distordait l'espace, le temps et ses griffes gelées raclaient les murs de la maison, agacée de ne parvenir à y entrer. Elle m'isolait du monde. La forêt devenait un trou noir dans lequel je sombrais sans que rien ne puisse me retenir. Les secondes battaient à l'envers.

Tac.

Tic.


Les pires moments étaient les plus calmes. Quand le vent cessait de hurler et que les arbres arrêtaient leur danse effrayante. Le ciel et les forêts se tournaient vers ma maison et semblaient se rapprocher des murs, jusqu'à effleurer la fenêtre. Je m'efforçais d'être le plus silencieux possible. Alors, ces figures sombres et monstrueuses s'éloignaient et reprenaient peu à peu leur danse funeste.

Je craignais ces mauvais esprits plus que tout. Plus que les loups aux yeux d'or qui grimpaient sur leur rocher quand la lune peignait ses couleurs. Plus que les Hommes du village, sombres et marqués par les cicatrices du passé. Plus encore que le cri des chiens quand la tempête se préparait à frapper.

Je les craignais plus que tout. Ils n'avaient ni forme ni visage, mais leur hurlement glacial me faisait frissonner de terreur, et je n'osais prononcer un mot, de peur que l'un d'entre eux ne se rende compte de ma présence. Je priais pour qu'ils n'entendent pas les gémissements de Pépin, le vieux chien qui cauchemardait dans son sommeil. Mon père disait qu'il veillait sur la maison. Au vu du temps qu'il passait à dormir, je n'y croyais pas trop.


Oui, je me rappelle bien de ces nuits. Ces nuits à compter cent fois le nombre de bûches sur le tapis pour s'assurer de tenir le feu allumé jusqu'à ce que la lune ait voyagé sur l'autre versant de la voûte ténébreuse.

Ces nuits à murmurer les comptines des bois pour tenir à distance la peur et le froid.


Loups de ces plaines aux oreilles pointues,

Seigneurs et maîtres des terres connues,

Quand vient la nuit vous éveillez vos cœurs

Et gambadez sous la lune sans peur.


Loups de ces bois aux fourrures d'argent,

Vous qui courrez sous la neige et le vent,

Quand l'aube avance et disparaît la nuit

Regagnez vos tanières, sans un mot, sans un bruit...


J'imaginais les êtres de la nuit, animaux et cauchemars, tâchant de retracer les histoires de mon père. Ces histoires qui avaient un goût de mystère et de feu de bois, et qui donnaient vie à la forêt...

Je m'imaginais lièvre, bien en sécurité, au creux de la terre.

Je m'imaginais loup, pattes ancrées dans la neige et museau tourné vers le ciel.

Je m'imaginais chouette, les yeux perçants posés sur les aventures de la nuit.

Je m'imaginais arbre, tronc solide réchauffé par la lune.

Je me voyais proie et prédateur, ici et bien loin, à l'autre bout des montagnes.

Puis, un craquement sinistre des arbres au-dehors me ramenait chez moi. Dans mon fauteuil, sous ma couverture, dépendant de ce feu vacillant et des poutres du plafond qui grinçaient.





Et j'attendais.





Le vent soufflait et sifflait, la forêt gémissait d'horreur.





J'attendais.





La lune découpait les silhouettes monstrueuses des arbres qui s'éveillaient. La neige s'abattait avec force contre la fenêtre, contre les murs de pierre, contre le toit.





J'attendais encore.





Le feu craquait, grognait et enflait, enflait encore dans l'âtre, et grandissait, grandissait jusqu'à monter sur le mur, emplir la pièce et brûler, brûler le froid, brûler la maison, brûler le monde, brûler encore, et projetait ses lueurs angoissantes tout autour de mon visage. Et la neige frappait le sol, les arbres hurlaient, le vent s'abattait sur les terres et faisait voler les montagnes en morceaux, et le monde tombait en morceaux, et j'avais peur, si peur, si peur que je couvrais mes oreilles de mes mains, que je criais, et criais encore pour me soustraire à cet univers nocturne qui m'aspirait.














Puis, soudainement, alors que le monde entier semblait s'effondrer autour de moi...














La lueur vacillante d'une lampe éclairait l'orée des bois.

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