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46 Le sanctuaire (2/3)


     Une immense statue de hibou accueillit les voyageurs. En bois, elle se couvrait de plumes aux tons cuivrés, leur pointes améthystes ne laissaient guère place au doute. Araane sous sa forme principale. Celtica évita le piège de ses yeux fascinants et arracha ses amis à sa contemplation. Inutile d'agacer davantage la déesse. Moins elle regarderait dans leur direction, mieux ils se porteraient. Un escalier dissimulé derrière l'effigie attira son attention. Il s'enfonçait dans les profondeurs du temple. L'épée serait sans doute au bout.

     — Nasha et moi nous vous attendrons ici, déclara Jàvöna. Si les choses tournent mal pour Fédra et Telnim, nous devons prendre la relève.

     — Coxa pourrait nous trahir, poursuivit la guerrière brune. Qui peut faire confiance à un démon ?

     — Coxa nous trahira pas ! riposta Cléon, indignée.

     — S'il devait le faire, il l'aurait déjà fait, approuva le prince. Allons-y, bonne chance !

     Les deux femmes leur offrirent un sourire et un petit geste de la main, puis se postèrent de chaque côté de la statue, en garde. Vlad prit aussitôt la tête, puisant au plus profond de ses ressources le courage qui lui faisait habituellement défaut. Alors que Celtica l'incitait à passer devant lui, Cléon arma son pistolet alchimique.

     — Je couvre tes arrières.

     L'air farouche qu'elle peignait sur son visage lui interdit toute forme de contestation. La jeune fille inexpérimentée du fameux soir de leur rencontre n'existait plus. Saurait-elle un jour à quel point il la trouvait séduisante avec son air revêche ? Il s'engagea derrière le marquis, le sabre au poing. Elnath n'était peut-être pas seul, un autre démon pourrait les attendre près de l'épée de nacre et d'obsidienne. Il ne prit pas la précaution de rassembler de l'énergie en vue d'une confrontation : l'endroit en était gorgé comme un marécage.

     L'escalier s'enfonçait encore et encore, toujours plus profondément dans les tréfonds de la terre. Nul besoin de lumière, des cristaux magiques, parfois énormes, poussaient le long des parois. En tous points semblables à ceux que l'on trouvait au Nâèm Nyara'ndr'â, ils émettaient de doux rayonnement, comme de petits soleils. Les murs, le plafond et les escaliers se paraient de huit teintes. Ils ne prirent pas le temps de s'émerveiller, l'odeur de la magie enflait à chaque pas et annonçait le cœur de la demeure d'Araane.

     Celtica s'attendait à découvrir un magma épais et bruyant, palpitant comme à Térrà Nâèm. Tous les Anciens qu'il avait rencontrés se massèrent dans son esprit, si clairs, si précis. Il ne les avait pourtant rencontrés qu'une seule fois, et il lui semblait à présent impossible d'oublier leurs visages, leurs espoirs. Une énergie nouvelle s'embrasa dans sa poitrine.

     Un chant solitaire résonna.

      Le jeune homme se figea. Quelque chose l'appelait, loin, très loin. Soutenu par les Anciens, guidé par cette voix antique, il ne pouvait pas échouer. Il inspira et expira profondément pour calmer l'agitation de son cœur. La hâte, l'excitation, les promesses et les doutes l'assaillaient comme autant d'ennemis. Un pas après l'autre... Jusqu'à Ironie.

     Dans son dos, Cléon posa une main rassurante. Il se tourna et sourit. Inutile de l'inquiéter avec ses propres craintes. Elle le dévisageait, le jaugeait. Le jugeait. Oui, le jugeait. Pour qui se prend-elle ? D'un geste rageur, il se dégagea et se rapprocha de Vlad. Il n'avait pas besoin de femme. Il aurait bientôt Ironie. Le marquis avançait à une lenteur exaspérante. Ne peut-il pas presser le pas ? Agacé, il poussa son ami et prit la tête. Quoi ? Il conteste ? Il se retourna et pointa son sabre sur la gorge du géant blond. Voilà qui devrait le faire taire !

     Cléon se glissa à côté du marquis, la mine sombre.

     — Qu'est-ce qui te prend ? s'alarma Vlad.

     — Il me prend...

     Celtica baissa son arme, sonné. Bonne question... D'où lui venait cette agressivité soudaine ? Il lâcha son sabre et étreignit ses deux amis.

     — Je suis désolé... Ce doit être ce temple, toute cette magie... Ils me perturbent.

     — On peut faire une pause, si tu veux, proposa le marquis.

     — Non, Ironie est en bas, nous y sommes presque. Je... Je devrais avancer le premier, ce serait plus prudent.

     Avant que Vlad ne proteste, Cléon accepta. Rasséréné, Celtica récupéra son sabre. Un peu plus, et il aurait tranché la gorge de son meilleur ami ! Il regretta ses pensées et s'élança à corps perdu dans les escaliers. S'il ne pouvait pas voir ses compagnons, il ne courrait pas le risque de verser leur sang. Déjà, la malveillance envahissait ses veines. Il comprit qu'Ironie déversait en lui son fiel. Jalouse amante, elle n'admettait aucun retard, aucune distraction.

     Marche après marche, le prince accélérait le pas. Il les sèmerait bientôt, mais qu'importe. Il n'existait qu'un seul chemin, personne ne se perdrait en route. Très étroit, le corridor semblait s'étirer à l'infinie. Les cristaux scintillaient toujours autant, mais leur charme s'évaporait avec l'adaptation. Elles en devenaient même irritantes.

     Enfin, les escaliers débouchèrent sur une immense salle, claire et épurée. L'odeur de la magie s'affina, évoquait à présent le mystère et la volupté. D'énormes colonnes traçaient un chemin vers un piédestal. Des voiles mauves tendus entre les gigantesques piliers flottaient au gré des courants d'énergie, comme un vent imperceptible. Au-dessus du piédestal, un hibou de bois déployait ses ailes, prêt à s'envoler. Entre ses puissantes pattes reposait l'objet de toutes ses convoitises. Ironie.

     Viens ! Touche-moi ! Emmène-moi !

     L'ordre, violent, heurta le prince de plein fouet, il vacilla. L'épée des contradictions était si furieuse, si indignée, qu'elle ne le ménageait plus. Elle hurlait sa souffrance, tempêtait sa rage. Boule de désolation, elle exigeait vengeance et sang. Elle pulsait comme un cœur débordant de terreur. Elle ressemblait à un enfant éploré. Et Celtica recevait chaque émotion comme un coup de poignard.

     Le moindre pas, le moindre mouvement se révélait mécanique, irréfléchi. Lourds et lents, le prince payait un lourd tribut énergétique. Ses forces drainées l'asséchaient, le transformaient en terre aride. Et un sourire béat s'épanouit sur son visage, telle une rose des sables.

     Ironie se rapprochait, plus personne ne la ravirait. Enfin réunis, après tant d'années, tant d'épreuves. Nul mercenaire pour l'en priver, plus de pays à traverser. Pour ne pas contrarier sa belle, Celtica jeta son sabre qui émit une note cristalline contre la pierre blanche. Il n'en aurait plus besoin. L'énorme hibou disparaissait de son champ de vision, les pas de ses amis ne parvenaient plus à ses oreilles. Ils n'étaient plus que deux. Ironie et...

     Une flûte résonna.

     Le monde se brouilla.

     Les ténèbres le cueillirent.


     — Celtica ! Vlad ! s'écria Cléon.

     Les deux hommes s'étaient effondrés aux premières notes de l'instrument. Elle s'accroupit près de Vlad, le secoua dans l'espoir d'une réponse. En vain. Affolée, elle poussa le marquis sur le côté, de façon à voir un mouvement de poitrine. Il respirait ! Inconscient, il paraissait simplement dormir. Cléon vérifia la présence de blessure, puis se précipita sur Celtica. Elle procéda de la même façon et lâcha un soupir de soulagement. Ils étaient saufs !

     Un sentiment de malaise la taraudait depuis leur arrivée dans la grande salle. Ironie, posée plus loin semblait darder sur elle des yeux mortels. Elle se souvint alors de la nuit où les rebelles avaient envahi le château de Faranan, de ce sentiment de danger imminent. L'épée la haïssait.

     Cléon éloigna d'elle ces pensées et s'interdit de regarder Ironie. Elle ne tenait pas à se retrouver engluée dans sa toile ! Elle glissa sous la chemise de Celtica une pyrolithe et retourna auprès de Vlad pour lui confier sa seconde gemme. Terne, leur niveau d'énergie s'amenuisait au fil des utilisations, elles ne chaufferaient plus très longtemps... Elle espérait que ce serait suffisant en attendant leur réveil ou l'arrivée des autres !

     Paniquée, elle réprima les larmes qui menaçaient de la submerger et se concentra sur la situation. Les deux hommes avaient perdu connaissance en même temps, mais elle n'avait pas été affectée. La magie devait être en œuvre... et visiblement, la haute concentration énergétique des lieux n'agissaient que sur sa maladie, pas sur son amagie. Un ennemi se dissimulait derrière les piliers. Seule, elle ne pouvait rien faire, mais s'absenter risquait de condamner ses amis.

     Enfin, des pas résonnèrent. Léger, presque mélodieux. Cléon ferma les yeux, serra les dents. Les cliquetis métalliques indiquaient un démon.

     Une mandoline retentit, l'exacte mélodie s'éleva à nouveau. Brève.

     — Une petite fée insensible à ma musique... constata une voix douce et chantante. Non...

     Cléon respira lentement, glissa la main vers son pistolet. Elle n'aurait peut-être qu'une seule chance. Elle tenait fin prête sa dague si les choses se compliquaient. Elle compta jusqu'à trois.

     Un.

     Deux.

     Elle se retourna et tira. Le démon pinça quelques cordes et la déflagration alchimique n'atteignit jamais sa cible. Cléon s'empara de sa dague, terrifiée. L'homme qui se dressait devant elle ne portait pas de heaume. Son visage jeune et délicat dégageait douceur et mélancolie, bien loin de l'image disgracieuse et cauchemardesque qu'elle s'était forgée des démons. Dans un sens, découvrir une figure aussi humaine était au-delà du supportable. La nausée l'envahit.

     Le jeune homme aux longs cheveux bleu nuit fronçait les sourcils, interdit. La jeune fille en profita pour recharger son pistolet.

     — Qu'est-ce que tu leur as fait ?

     — Rien de bien méchant, répondit-il de sa jolie voix. Ils dorment, et sincèrement, je pensais que tu en ferais de même. Ma magie n'a pas fonctionné.

     — Je suis amagique, siffla-t-elle.

     — Amagique...

     Il écarquilla soudain les yeux et se tourna vers la statue. Sans attendre, Cléon pressa la détente. Quelques notes sur sa mandoline et la déflagration se perdit dans les airs.

     — Serais-tu aussi hémophile ? demanda-t-il sans se retourner.

     Cléon serra les dents. En quoi cela le regardait-il ? Elle replaça une capsule alors qu'il s'accroupissait près du prince. Son sang ne fit qu'un tour, elle tira à nouveau. Et échoua encore.

     — Ne le touche pas ! rugit-elle.

     Le démon lui adressa un sourire et se releva. Il n'avait pas posé le moindre doigt sur Celtica. Avait-il obéi ? Troublée, elle ne savait qu'en penser. Pourquoi n'attaquait-il pas ? Elle était faible et sans défense ! Elle l'avait bien remarqué, ce poignard d'argent à sa cuisse, pourquoi ne dégainait-il pas, pourquoi n'attaquait-il pas !

      — Je ne suis pas votre ennemi, bien au contraire. J'ai beaucoup d'affection pour le prince, même s'il l'ignore. Mais je ne peux le laisser récupérer Ironie. Je comprends maintenant pourquoi.

     — Je croyais que les démons devaient le protéger !

     — C'est ce que je fais. S'il te plaît, je t'en conjure, aide-moi à les ramener là-haut.

     Cléon crut s'étouffer. Là-haut, avec l'autre démon ? Qui savait si Fédra et Telnim tenaient le coup ? Elle envisagea un instant d'appeler Jàvöna et Nasha à l'aide, mais les vraies motivations de cette créature restaient floues. Distillait-il un venin destiné à endormir sa méfiance ? Les capsules alchimiques ne fonctionnaient pas contre lui, mais qu'en serait-il de sa dague ?

     Sans prévenir, elle empoigna sa lame et fondit sur le démon. Celui-ci fit un pas sur le côté, la jeune fille le dépassa sans le toucher. Emportée par son élan, elle se dirigeait droit vers Ironie. Une peur indicible glaça ses entrailles, elle percuterait bientôt l'épée ! Cette chose la voulait pour morte !

     Une mélodie retentit, le sol perdit sa consistance. Cléon chuta. La réception fut moins rude qu'elle ne l'avait craint. Elle chassa Ironie de son esprit, cette blancheur perlée, grignotée par un serpent rouge. Malgré tous ses efforts, la lame dévorait chacune de ses pensées, avalait son souffle comme un ogre insatiable. Ce ne serait jamais suffisant ! Après son air, son sang et enfin sa chair ! Elle ne lui échapperait jamais !

     — Tu ne devrais pas rester près d'elle.

     On la souleva, on la traîna loin du piédestal. Cléon put enfin respirer, le danger s'assoupissait. Le démon la déposa près du marquis et s'accroupit, l'inquiétude assombrissait son visage parfait. La jeune fille se rendit compte à quel point il était beau. Une beauté froide, insaisissable, éternelle. Il n'y avait plus une once de vie sous cette peau exempte de défaut. Une statue de marbre, ciselé par un artiste perfectionniste.

     — Pourquoi ? souffla-t-elle, terrifiée.

     — Je te l'ai dit, je ne suis pas votre ennemi ! Je m'appelle Risha, je suis le premier conseiller de l'empereur, jamais je ne ferai de mal à Son Altesse. Ne t'approche pas de l'épée, elle te volera jusqu'à la dernière étincelle de vie. Maintenant, il faut sortir d'ici monsieur Vlad-Alexeï d'Œilbleu et Son Altesse. C'est important.

     — Il y a un autre démon là-haut ! protesta Cléon. Si tu n'es pas notre ennemi, pourquoi il massacre mes amis ?

     Le démon écarquilla les yeux. La surprise lui rendait son humanité. La statue reprenait vie, l'incompréhension dans son regard constituait une source de chaleur, un foyer rassurant. Cléon calma ses angoisses et se releva. Risha l'imita, visiblement très troublé.

     — Quel démon ? A-t-il dit son nom, ou a-t-il nommé son maître ?

     — Celtica l'a appelé... El... El quelque chose.

     — Elnath ? Le Taureau ?

     La Lumissienne acquiesça alors qu'une sourde colère déformait les traits du Poisson.

     — Les fourbes ! hurla-t-il. Ils se sont joués de moi !

     Risha se précipita sur Celtica, troqua à nouveau sa mandoline contre sa flûte et en joua quelques notes. Sans résultat, de toute évidence. Il recommença encore une fois, un nouvel échec.

     — Qu'est-ce qu'il se passe ? s'angoissa Cléon. Qu'est-ce que tu fais ?

     — Je n'arrive pas à le réveiller...

     Livide, il se tourna vers le marquis et rejoua sa mélodie.

     — Lui non plus...

     Cléon sentit le monde se dérober sous ses pieds. Ce devait être un cauchemar... Oui, un cauchemar !

     Une soudaine inspiration les firent sursauter. Vlad reprenait contact avec la réalité, roulait des yeux affolés. Cléon se jeta sur lui et l'enlaça de toutes ses forces. Bon sang ! Qu'elle était heureuse de le retrouver !

     — Les dieux... Il faut récupérer l'épée ! s'exclama le marquis.

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