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25 Toavec moa (4/4)


     Aljinan referma son livre et le reposa doucement à côté de lui.

     — Puisque t'es décidé à papoter, tu veux boire un truc ? J'veux dire, autre chose que de l'eau ?

     — Je n'aime pas l'alcool.

     — Tu sais pas c'que tu rates, gamin... Les Nâémois non plus, mais ils raffolent de jus de fruit.

     — Alors volontiers, sourit le prince.

     Aljinan opina du chef et le quitta quelques instants. Celtica se rallongea, la tête dans ses mains. Une sorte de tranquillité feutrée s'installait dans la cabane. La krièn't, appelée à la nâémoise. Il se sentait bien ici. Il aimait cette simplicité, ce naturel qui lui faisait souvent défaut au palais. Les insectes allaient et venaient comme bon leur semblaient, sans jamais dénoter dans ce décor. Il mourrait d'envie de les dessiner, mais sans matériel...

     Jamais il n'aurait cru cette intimité possible auprès de cette montagne de muscles et de connaissances ! Aljinan n'était pas homme facile à approcher, Celtica avait la conscience aiguë de compter parmi les privilégiés. Près de lui, malgré sa personnalité écrasante, il se savait en sécurité. Il ne maniait pas la flagornerie, il disait ce qu'il pensait, et pensait ce qu'il disait. Il le stimulait par sa présence, son intelligence. Il tirait Celtica vers le haut, l'appelait sans cesse à s'améliorer.

     L'imberbe revint avec deux bols, lui en donna un avant de s'asseoir à sa place. Ils trinquèrent et burent en silence. Qu'est-ce qui motivait cet homme, toujours au plus près de l'action, à rester sur cette île ? Pourquoi ne retournait-il pas à Port Lumis, où sa fille l'attendait ? Elle devrait pouvoir sortir du lit, à présent.

     — Comme je te disais, reprit-il, cet endroit est un piège pour nous. Pour toi, surtout. Les Nâémois se marient pas, leurs unions sont libres. Et ce sont les femmes qui mènent la danse. Tu les as vues, elles sont redoutables ! Leurs techniques de séduction reposent aussi bien sur tous les moyens conventionnels que tu peux imaginer, que sur leur magie. Elles connaissent sur le bout des doigts les théories élémentaires, et savent parfaitement doser leur pouvoir pour ferrer un amant. Et contrairement aux Anciens, elles en ont une parfaite conscience. Tu devrais t'inspirer d'elles pour te découvrir, et apprendre à maîtriser ce charme qui t'es si particulier. Mais ne l'exerce pas ici.

     — Et pourquoi donc ? demanda Celtica plus par curiosité que par vrai intérêt.

     — Parce qu'une femme et un homme conçoivent des enfants. Et qu'un de tes gosses est aussi sacré que tu l'es, toi. Or, cette terre est pleine de magie. Tu as dû te rendre compte que les Anciens et Térrà Nâèm sont étroitement liés. Et c'est pas un hasard. Beaucoup d'Anciens naissent ici, dans ce berceau de la magie. Donc, si t'avais un gamin à Térrà Nâèm, il pourrait être un Ancien, et donc impossible d'en faire ton héritier. Les dieux seraient très fâchés.

     — Tout le monde m'a déjà mis en garde sur le risque de concevoir des enfants, rétorqua Celtica. De toute manière, je suis déjà fiancé.

     — Si naïf ! Bref, tout ça pour t'dire que céder aux sirènes nâémoises serait la pire des idées possibles.

     — Je ne suis pas aussi malléable.

     — Oh ! Détrompe-toi ! T'as rien d'un gars lubrique, mais le jour où l'amour te tombera dessus, tu pourras rien y faire !

     Celtica haussa simplement les épaules. Il ne se sentait pas menacé, pas le moins du monde ! On allait le marier à Annya, et il comptait bien lui rester fidèle ! Non pas parce qu'il espérait qu'une quelconque affection éclose, mais parce que cela l'embêterait bien. S'il se montrait droit et respectueux de ses engagements, elle n'aurait d'autres choix que de suivre son exemple si elle voulait garder son titre. Il n'avait jamais caché son désir de voir la branche impériale des Noblargent mourir avec lui.

     — Et Cléon ? s'entendit-il dire. Quel avenir pour elle ?

     Aljinan se pencha calmement sur lui, menaçant.

     — T'avise même pas de la reluquer. Parce que c'est moi qui te les couperai. Et t'auras alors une bonne raison de concevoir aucun enfant !

     — Je m'inquiète pour une amie, c'est tout, se défendit-il. Elle me semble... triste.

     Aljinan laissa échapper un long soupir, se passa sa grande main sur son crâne poli et luisant, si las qu'il lui fit de la peine.

     — Je sais. Oh oui, bon sang, je sais ! Mais j'peux rien faire. J'ai pas de pouvoirs, j'suis pas médecin, j'suis pas alchimiste. J'dirige un fichu port qui doit sa survie à l'effort commun et à ma hargne. C'est un travail de longue haleine, qui m'laisse pas l'occasion de m'occuper d'mes enfants comme j'le voudrais. Ouais, j'aim'rais bien être un jour grand-père, mais c'est un rêve inaccessible, des deux côtés. L'une est malade, plus fragile qu'un oisillon, l'autre est une tête brûlée qui défie l'autorité parentale.

     — Mais Arkh ne pourrait-elle pas vous aider ? Avec ses pouvoirs...

     Aljinan eut un petit rire sans joie.

     — Elle peut pas m'apporter ce genre d'aide. Elle en a déjà trop fait pour moi.

     — Qu'en est-il alors des autres Anciens ?

     — Les Anciens sont pas des mécanos qu'on appelle en cas de pépin ! C'est injuste, mais Cléon est malade, c'est comme ça. Faut s'y faire.

     Celtica renonça à répliquer. Il ne pouvait croire que Cléon soit condamnée. Elle, si pleine de vie, si...

     — Aljinan ! appela une triple voix. Viens vite, c'est urgent !

     L'imberbe soupira.

     — Reste là, je vais voir ce que m'veut la vieille. Dors, on discutera demain.

     Celtica le regarda sortir de la cabane, l'écouta s'éloigner. Cerbère gémissait et couinait, l'air nerveux. Le cœur du prince se comprima à l'idée qu'il pût arriver quelque chose à l'Ancienne. Malgré son caractère... particulier, il l'appréciait et l'estimait. Il lui confierait même sa vie, en cas de nécessité.

     Agacé par les moustiques et rongé par l'inquiétude, Celtica attrapa ses vêtements et se rhabilla. Pas question de rester enfermé ! Une nuit propice à la réflexion lui tendait les bras. Il dévala les marches de roches, œuvre d'Arkh, et s'engouffra dans la forêt.

     Il savait la zone sûre et assez fournie en végétation basse pour se rapprocher de l'étrange habitation de l'Ancienne. Ainsi, il pourrait l'espionner en toute quiétude. Ou presque. L'odorat du chien à trois têtes risquait de poser un problème, à moins que le vent ne souffle dans une autre direction. En bon néophyte, il en oubliait le pouvoir de l'Ancienne.

     Quelle plaie, cet Aljinan ! Il évoquait sa vie intime avec une telle facilité ! Il ressemblait aux courtisans sur ce point, et se montrait même bien plus intrusif qu'eux. Mais il restait bien plus agréable, plus sincère.

     Celtica regrettait cependant d'avoir laissé échapper le nom de sa chère amie. Quel doux imbécile... Il n'y avait rien à espérer... Il était fiancé, comme il se plaisait tant à le dire ! Cléon ne s'intéressait d'ailleurs pas à lui. Et même dans le cas contraire, cela restait sans avenir. Les premiers jours, il avait été plutôt aisé de ne pas penser à elle, à cause de ce qu'il lui restait à découvrir, de la jovialité des Nâémois, de l'exotisme des paysages. Mais maintenant qu'il en avait fait le tour, ce manque se révélait de plus en plus insupportable. Viscéral. Un peu à l'instar d'Ironie, dans un genre bien différent.

     Et c'était douloureux.

     La terre commença à trembler, mais il n'y prêta aucune attention. Le volcan s'exprimait, ainsi qu'il le faisait régulièrement. Il ne se passait pas un jour sans que le Nâèm Nyara'ndr'â ne fasse connaître sa colère. De temps en temps, cela donnait lieu à des éruptions extraordinaires, mais il y en avait déjà eu une au petit matin, Celtica ne pensait pas qu'il pût en s'agir d'une. Il continua sa route, sans se préoccuper de cette petite secousse.

     Dans un arbre, un hibou hulula.

     Le prince leva la tête et scruta la dentelle de branches entrelacées. Depuis son arrivée, il n'en avait pas entendu un seul... Il distinguait à peine quelques formes, et chacune aurait pu être ce mélancolique chanteur. Mais de hibou, il n'y en avait qu'un, il en mettrait sa main au feu !

     Un bruissement d'aile derrière lui le fit sursauter. Le hibou se déplaçait ! Celtica aimait les rapaces, et les hiboux figuraient parmi ses préférés. Mais celui-là lui parut étrange, au point de faire passer Arkh au second plan. Il devait s'agir d'un monstre, comme toutes les créatures de l'île. Pourtant...

     Il s'approcha de l'arbre où il pensait l'avoir repéré, et fut récompensé par un nouveau hululement. Il plissa les yeux, mais ne vit rien, hélas ! Son timide petit ami ne se laisserait pas contempler aussi facilement ! Dans l'espoir d'établir une communication, Celtica siffla.

     Une énorme explosion lui vrilla les tympans, le projeta à terre. Il se cogna durement contre l'arbre, le hibou reprit son vol. Sonné, Celtica ne parvint pas à se mettre debout alors qu'une gigantesque lame brumeuse et scintillante frappa un à un tous les individus au sol. Arbres. Monstres. Humain.

     Celtica se retrouva empêtré dans une mer de magie, incapable de réfléchir, de respirer. L'énergie entrait par tous les pores de sa peau, le piquait, le déchiquetait. Son cœur se gonflait et se dégonflait plus que de raison, son sang ne faisait qu'un tour à chaque battement. Il étouffait ! La terreur se saisit de ses entrailles, les tordit plus sûrement qu'une main maléfique.

     S'il tombait, il ne le sentit pas. Distinguer le haut du bas n'avait plus aucun sens, la droite et la gauche se confondaient. Les cicatrices sur ses doigts le brûlaient, comme ce jour à l'auberge, où elles l'avaient réveillé en pleine nuit. Il allait s'évanouir ! Il essaya de crier, d'appeler quelqu'un à son secours, mais cette mer happait les sons, les absorbait, les faisait sien.

     Il ne voulait pas mourir ! Pas ainsi, pas maintenant !

     Le flux se retira aussi vite qu'il était arrivé. Celtica gisait sur le ventre, sur... sur un immense sol de marbre blanc. Lumineux. Il peina à se relever. La tête lourde, les organes en feu, il se demandait comment il pouvait encore être conscient. À moitié debout, il abandonna et s'assit sur ses talons. L'air dense ne rendait pas sa respiration plus aisée. Mais au moins, l'énergie ne l'écartelait plus.

     Celtica leva les yeux sur une voûte tout aussi blanche et lumineuse que le sol. Non. Il reposait dans une gigantesque sphère !

     — Hé ! Quelqu'un m'entend ?

     Les échos de sa voix se poursuivirent le long des parois, rebondirent et le frappèrent durement au retour. Il vacilla et s'écrasa sur le côté. Haletant, il se demanda s'il ne serait pas mieux dans cette position, en attendant une meilleure idée. Après tout, peut-être s'agissait-il seulement d'un rêve. Oui, un stupide cauchemar qui s'évaporerait au petit matin. Il s'était sans doute endormi lorsqu'Aljinan était parti. Et...

     Un hibou hulula.

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