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20 Le deuxième : Ire (1/2)


« Un douloureux acharnement »


     Je n'ai jamais possédé de grandes richesses, mais ce que j'avais, je le devais à mon dur labeur. J'ai tout bâti de mes propres mains. Ma maison, mon exploitation, mes amis, ma famille. Nul n'avait le droit de me les retirer. J'ai sué sang et eau pour obtenir ce que j'avais, pour protéger ceux que j'aimais. Que ces misérables pourrissent dans les royaumes de Mérénos...


     Le jour de mes vingt ans, mon père m'accompagna au château du seigneur local. On m'y félicita chaleureusement d'avoir enfin atteint l'âge adulte. Beaucoup de jeunes avaient été appelés au chevet de Mérénos cette année, à cause de la peste et des mauvaises récoltes. Mais le dieu de la mort n'avait pas voulu de moi, et j'en retirais une certaine fierté. Pendant deux jours, je fus mis à l'honneur, on organisa une belle fête. Tout le village y était présent. Il y avait de la musique. De la bonne nourriture. On dansait, on riait, on chantait. Le vin coulait à flot, la nuit s'emplissait de nos festivités. J'étais enfin adulte ! À moi la nouvelle vie !

     Alors que je riais et buvais avec mes amis qui me promettaient de venir m'aider à construire ma ferme, j'aperçus la fille du boulanger, celle que je rêvais de courtiser. Nos amours à nous, les paysans, étaient moins formels que celles des nobles : nous épousions qui nous voulions, sans soucis de caste ou d'influence. Mais je savais que, pour obtenir la main de ma belle, il fallait posséder un toit et un début d'exploitation. Je n'étais pas le seul à la convoiter. Il fallait faire vite.

     Un mois plus tard, j'avais une maison de bois, fragile, mais étanche. Le mois suivant, j'avais remplacé les murs de bois par des murs plus solides, en pierres grossièrement taillées. J'avais acheté trois vaches et un vieux taureau, quatre poules et un coq. Je commençai alors ma cour qui dura presque deux ans avant que son père ne m'accorde enfin sa main. Nous fêtions nos noces trois jours plus tard.

     Tout ce que je touchais me comblait de bonheur. Ma ferme prospéra rapidement, mon blé moulu servait à confectionner les meilleurs pains de la région, que même les plus grands seigneurs réclamaient à leur table. Mon troupeau s'agrandit avec l'arrivée de deux veaux, un mâle et une femelle, des poussins sortirent de leur coquille. Et mon épouse attendait notre premier enfant.

     L'hiver et son froid épouvantable arrivèrent, les barbares de l'est, assoiffés de conquêtes, mugissaient à la frontière. Cependant, j'étais confiant, l'Arcane demeurait puissante, indestructible. Notre bon roi nous sauverait de ces sauvages belliqueux. J'avais confiance.

     Ma femme accoucha au printemps d'une petite fille. J'avais cru être heureux avant, je me trompais. Le bonheur arrivait maintenant. C'était une enfant éveillée, avec de grands yeux curieux. Je l'ai aimée dès les premiers instants. Ma fille, ma petite fille. La fierté et la joie gonflaient ma poitrine.

     Au fils des jours, des semaines, des mois, je développai une musculature que beaucoup enviait. Ma force me permettait d'accomplir des travaux que certains qualifieraient de colossaux. Mais je n'ai jamais usé de mes bras pour autre chose que les travaux quotidiens. Je ne voulais pas que ma force serve de mauvaises intentions. Il y avait trop de voleurs, trop de malhonnêtes, trop de violences. J'avais une fille, désormais, je voulais qu'elle voie ce qu'était quelqu'un de bon. Une vie honnête, il n'y avait que ça d'important.

     Lorsque ma fille eut deux ans, ma femme attendait notre second enfant. Cette année fut rude. Les barbares de l'est frappaient à notre porte. Pour soutenir l'effort de guerre de notre roi bien-aimé, il nous avait fallu verser plus d'impôts. En toute bonne foi, je n'avais rien contre le fait d'entretenir notre valeureuse armée, mais il ne nous était rien resté. Ces impôts tombaient plutôt mal, l'année beaucoup trop pluvieuse avait gâté les récoltes avant leur maturation. Nous n'avions presque plus rien à manger, presque plus d'argent pour acheter des réserves.

     Je craignais pour la vie de ma petite, de l'enfant à naître et de mon épouse. Alors je pris une décision, une décision grave.

     Une nuit de plein hiver, je me faufilai silencieusement hors de la maison. Je savais que je le regretterais, mais je n'avais pas le choix. La survie de ma famille en dépendait. Mes vêtements usés étaient trop fins pour empêcher le vent glacial de mordre ma peau. J'attendis un ami qui vint me rejoindre sous un gros frêne. Nous restions silencieux, graves. Ce que nous allions faire, nous ne pouvions le prendre à la légère.

     Nous traversâmes à la hâte le petit village qui entourait le château de notre seigneur, tâchant de ne faire aucun bruit. Les fantômes inquiétants qu'étaient les tours du château nous intimidaient, mais nous ne pouvions renoncer. Nos familles avaient faim, l'hiver était encore long. J'avais peur. Non, j'étais terrifié. Jamais je ne me serais cru capable d'un tel acte. J'avais honte. Si honte...

     Nous assommâmes les deux gardes à l'entrée, cachâmes leurs corps dans un buisson. La voie désormais libre, nous nous introduisîmes dans la bâtisse noire. Mon ami attrapa un flambeau et ouvrit la marche. Je n'avais mis qu'une seule fois les pieds ici, c'était à l'âge de mes vingt ans, il y avait moins de dix ans. J'ignorais où se trouvait ce qu'on cherchait. Notre plan, on l'avait rapidement bâti, nous ne nous étions pas préparés. J'avais des frissons terribles à l'idée que nous puissions nous faire prendre. Mais quand je pensais à ma famille, mon sang se réchauffait et le courage emplissait mon cœur.

     Nous tournâmes à un couloir, prîmes un escalier. Nous ne savions pas où nous allions. Mais nous y allions avec détermination.

     J'imagine que le dieu de la chance, quel qu'il fût, veillait sur nous avec bienveillance car nous trouvâmes le garde-manger. Nous emportâmes tout ce que nous pouvions, de la charcuterie essentiellement, car nous pourrions assez facilement la garder pour tout l'hiver, quelques légumes, un peu de vin. Puis nous nous enfuîmes.

     Des bruits de pas dans les couloirs. Mon cœur sur le point de bondir hors de ma poitrine. La culpabilité dans mon esprit. Rien n'était aussi fort que la peur de perdre ceux que j'aimais faute de pouvoir les nourrir. Mon ami tremblait. Lui, il était petit et mince, moi j'étais grand et fort. Je l'envoyai se cacher dans un coin sombre avec la nourriture que nous avions l'intention d'emporter avec nous.

     Puis les gardes me trouvèrent.

     Je les affrontai à mains nues. Leur chair était molle sous mes doigts, leurs os craquaient facilement, le sang se répandait. Jamais je n'eus aussi peur. Peur de moi et de ma violence. Ils étaient cinq, armés, au travail. J'étais seul, sans arme, je faisais partie de leur travail. Et il n'y eut plus rien. J'étais debout, au milieu de ces cadavres. L'étroitesse des couloirs ne leur avait pas permis de travailler convenablement, ils n'avaient eu aucune chance. Cette idée me répugna, je m'isolai pour vomir, seulement de la bile puisque je n'avais rien mangé depuis longtemps.

     Mon ami me rejoignit, quelque chose dans son regard avait changé. Je sentis qu'il se défiait de moi. Cela me blessa, mais je continuais d'avancer. Nous ne rencontrâmes aucune autre résistance, nous filâmes directement chez moi où nous nous partageâmes notre butin. Lorsqu'il eut sa part, il s'en alla. Je ne le revis plus jamais.

     Le seigneur fit chercher les coupables de ce larcin, je priais nuit et jour pour qu'on ne me découvrît pas. Je ne pouvais pas abandonner ma famille qui avait besoin de moi. J'avais caché la nourriture sous l'étable, où j'avais construit une cave par le passé. Je n'avais rien partagé avec mes voisins car ils m'auraient dénoncé. Je n'avais rien dit à mon épouse, mais je crois qu'elle savait quel rôle j'avais joué là-dedans. Peu de temps après, j'appris que mon ami avait été arrêté et pendu. Fin des recherches.

     Ce fut un véritable choc. Je me sentais coupable de sa pendaison, j'aurais dû me balancer à sa place, au bout de cette corde, car c'était moi qui avais tué ces gardes. Pourtant, je ne pouvais me résoudre à me rendre. C'était injuste, mais j'avais eu plus de chance que lui. Je tentais de me persuader chaque nuit que je n'y étais pour rien, que le dieu inconnu de la chance me supportait encore. Pourquoi me regardait-il, pourquoi moi et non pas mon ami ? Je passais mes journées à me torturer l'esprit avec ces questions d'injustice. Pour leur échapper, je travaillais davantage. Plus fort, plus longtemps.

     Notre second enfant naquit au début de l'été. Encore une fille. J'étais ivre de joie. Néanmoins, l'inquiétude ne tarda pas à revenir me ronger : les temps se présentaient mal. L'armée d'Arcane avait été repoussée et perdait chaque jour plus de terrain face au flot illimité des barbares de l'est. Il me semblait percevoir les rugissements bestiaux du Qirin d'argent à l'horizon. Ils venaient tout juste de se constituer en empire, à ce qu'on racontait. Le très jeune gouvernement accumulait les coups d'éclats, rien ne semblait parvenir à endiguer l'incendie de leur faim de conquête.

     Jamais je n'eus aussi peur. Pas pour moi, pas pour ma vie, mais pour ma famille.

     Les impôts se durcirent, mais le temps était clément, les récoltes, sans être exceptionnelles, nous permettraient de tenir jusqu'à la prochaine belle saison. Mes filles grandirent, comme de petites fleurs éclatantes. J'étais fier, j'étais heureux. Mais j'étais inquiet. Je ne disais rien de mes angoisses, je ne voulais alarmer personne.

     Je construisis de nouvelles maisons autour de la nôtre, pour accueillir ceux que je comptais employer, en agrandissant mon exploitation. Avec ma force, le travail fut rapidement abattu. Nous serions bientôt une vingtaine de travailleurs dans les champs. De quoi améliorer un peu notre quotidien.

     Comme l'aînée atteignait ses dix ans et que sa sœur la suivait partout comme son ombre, je décidai de leur montrer comment s'occuper de la terre nourricière. Je les emmenai un matin frais au milieu des champs et commençai à leur montrer et à leur apprendre à distinguer les insectes utiles des nuisibles, les plantes qu'il fallait arracher et celles qu'il fallait cultiver et entretenir. Nous nous amusions beaucoup, elles posaient sans cesse des questions sur tout ce qui nous entourait. J'étais heureux de partager mon maigre savoir.

     Dans les bois, nous ramassions des fruits sauvages en toute discrétion, car la forêt, et tout ce qu'elle renfermait, appartenaient au seigneur. Si on nous voyait, nous serions pendus pour vol. Fort heureusement, les gardes ne patrouillaient plus dans les bois et tous les villageois profitaient de la générosité de la nature.

     Nous rentrions les bras chargés de fruits sauvages que ma femme s'empressait de transformer en de délicieuses tartes que nous partagions avec mes employés. Nous ressemblions à un petit village, nous nous entraidions, nous devînmes de véritables amis. Tous ensembles, nous résistions mieux aux impôts et aux aléas de la vie. Nous ne craignions plus la famine ni la pauvreté. Nous étions une grande famille, soudée, unie. Rien ne pouvait nous écraser.

     Mais j'ignorais que notre armée partait en débandade.

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