𝐉𝐨𝐮𝐫 𝟏𝟖 - 𝐋'é𝐭𝐢𝐧𝐜𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐞𝐧𝐝𝐫𝐞𝐬
Hello, avec un petit peu de retard voici l'extrait du jour de @e-g-rohan et son histoire qui se nomme :
★ 𝐋'é𝐭𝐢𝐧𝐜𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐞𝐧𝐝𝐫𝐞𝐬 ★
Bonne lecture !
Le Souffle du Solstice
Point de vue de Ambre :
❝ Depuis que j'ai découvert la vérité, tout s'est effondré autour de moi. Ma vision du monde, qui me paraissait pourtant immuable, s'est écroulée, comparable à un château de cartes soumis à une tempête. La colère grondait en moi, semblable à un brasier insatiable. Je m'étais précipitée dans le déni, enfouissant la tête dans le sable, espérant que tout cela disparaîtrait avec un peu de temps, comme une mauvaise passe qu'on traverse. Mais comment pourrais-je oublier ce que j'étais devenue ? Comment pourrais-je ignorer que, tout à coup, j'étais une démone ?
Je gardais le silence sur ma transformation auprès d'Elizabeth, de Silas et de Willow. C'était mon secret. Le poids de cette révélation me paralysait, mais je n'avais pas la force de le partager avec eux. Seuls Dorian et Jasper étaient dans la confidence. Ils avaient tous les deux menti. Ils m'avaient laissée dans l'ignorance pendant si longtemps, comme si c'était une vérité qu'ils avaient le droit de me cacher. Comment ont-ils pu me faire ça ? Dorian, avec son regard glacial, et Jasper, mon cousin, pensaient que je laisserais passer. Que je ne serais pas affectée par leurs mensonges ! Mais ils se trompaient.
Le mois de novembre s'était transformé en une mer de non-dits et de faux-semblants. Je les évitais tous les deux comme la peste : Dorian, avec sa froideur insupportable, et Jasper, qui n'avait jamais été aussi distant. Je ne pouvais plus les regarder en face sans ressentir une douleur profonde au fond de moi. Comment quelqu'un peut-il mentir avec une telle aisance ? Mais la vérité était là, accablante et incontournable. Quelque chose avait changé après Halloween, quelque chose qui me faisait sentir étrangère à ma propre existence.
Cependant, le 1er décembre, je ressentais comme une envie de renouveau. À mesure que Noël approchait, une sensation de réconfort, un léger frisson d'optimisme dans l'obscurité commençaient à s'installer en moi. Des souvenirs d'enfance me revinrent soudainement, tout comme une odeur de cannelle emplissant l'atmosphère. Les réunions familiales autour de la grande table, les éclats de rire, la chaleur des voix, l'étincelle d'enthousiasme devant un sapin scintillant de mille feux. Je fermais les yeux et je revivais ces moments, ces instants simples, mais merveilleux, où je me sentais vraiment moi.
Noël a toujours été ma fête préférée. La magie de cette saison, les rues couvertes de neige, les paquets soigneusement emballés dans du papier doré et multicolore, l'odeur délicieuse du chocolat chaud. Tout semblait possible, l'espoir était palpable, l'avenir brillait d'un éclat pur, exempt d'ombre. Et même si je ne pouvais m'empêcher de penser à mes parents disparus, cette époque de l'année me rappelait ce que la vie avait de plus doux. Ce qui me manquait le plus, c'était ce que j'avais perdu.
Je m'arrêtai un instant pour me questionner sur mes géniteurs. Et j'eus un pincement au cœur. Ces personnes étaient-elles toujours vivantes, quelque part, à l'autre bout du monde ? Mes pensées se bousculaient, tournoyaient, semblables aux flocons de neige, sans que je parvienne à trouver une réponse.
Pour me changer les idées, je décidai de m'échapper pendant un moment. Je me dirigeai vers la librairie « The Book Nook », mon sanctuaire. Les étagères en bois foncé, remplies de livres aux couleurs vives, formaient un labyrinthe accueillant. L'arôme du vieux papier se mariait à celui du café fraîchement moulu et des cookies au chocolat proposés à la caisse. Je m'installai dans un fauteuil moelleux près de la fenêtre, où la lumière tamisée du soleil caressait les pages d'un roman. C'était mon endroit favori pour m'évader.
J'avais besoin d'un peu de douceur, de la magie de Noël, même si je savais au fond de mon cœur qu'elle ne pourrait pas effacer ce que je ressentais. Je pris mon caramel macchiato glacé, un petit plaisir que je me permettais, et me dirigeai vers la section des romances.
Je feuilletai un livre, souhaitant retrouver cette féerie qui avait fait naître en moi l'espoir. Mais à chaque chapitre, une sensation de vide grandissait en moi. Ces récits d'une famille unie et d'un amour triomphant me paraissaient éloignés, inatteignables. Pourquoi n'avais-je pas le droit à cela ? Pourquoi, même entourée de mes proches, me sentais-je si seule ? Les mots sur les pages devenaient flous, se mélangeant à la frustration qui bouillonnait en moi. Je tenais fermement le livre, ressentant un sentiment de colère profondément ancré dans ma poitrine.
Tout autour de moi, la librairie était remplie de rires et de conversations animées. Les gens se retrouvaient, échangeaient des sourires et partageaient des instants de bonheur. Et moi, j'étais juste une spectatrice, me sentant comme une étrangère à tout ça, à ce bonheur que tout le monde semblait pouvoir atteindre.
Je fermai les yeux, m'abandonnant à la chaleur du lieu, au bruit ambiant, et à l'odeur de café. Malgré tout, je me sentais plus seule que jamais à l'approche de Noël. Je n'étais pas certaine de vouloir y participer, car les secrets et la haine qui me consumaient, ainsi que les questions sans réponse, me laissaient dans un état d'instabilité. Les festivités, les sourires, tout cela me semblait maintenant une mascarade. Pourtant, au fond de moi, j'avais encore envie d'y croire.
Je tournais les pages du livre entre mes doigts, essayant de me calmer, mais la frustration me nouait le ventre. Je ne voulais absolument pas que les gens autour de moi remarquent quelque chose d'étrange. Je mordais ma lèvre, tentant désespérément de retenir mes pulsions. Un simple mouvement aurait pu révéler ma nature, faisant briller une lumière inconnue et des flammes dans mes prunelles. Et je savais ce qui se passerait ensuite : la panique, la peur et des questions auxquelles je ne pouvais pas répondre.
— Garde ton calme, pense de manière optimiste, Ambre... me dis-je mentalement, en répétant une fois de plus les paroles de Jasper.
Des pensées positives... Mon cul ! Un sourire amer se forma sur mes lèvres. Je jetai un coup d'œil furtif dans la vitrine de la librairie et, comme toujours, mes yeux me trahirent. J'aperçus la lueur rougeâtre qui les envahissait. Les flammes... Elles ondulaient lentement, s'infiltrant dans mes iris comme des serpents de feu. Je sentis la chaleur monter dans ma gorge, mais je me mordis plus fort la lèvre inférieure, cherchant à me maîtriser. À ne pas exploser. À ne pas laisser ce pouvoir prendre le contrôle.
Soudainement, une fine neige commença à tomber à l'extérieur. Le ciel s'était assombri, recouvert d'une mer de flocons. « Je dois me concentrer », pensai-je. La neige... je l'adorais. Son doux manteau apaisant balayait tous les tourments qui assaillaient mon esprit. La
beauté silencieuse des flocons, leur danse délicate dans l'air glacé, me permettait de reprendre mon souffle et de retrouver un semblant de sérénité.
Je prêtai distraitement l'oreille aux conversations des clients qui m'entouraient.
— Habituellement, il ne neige pas encore à cette époque de l'année.
— C'est certainement le réchauffement climatique qui perturbe tout cela !
— Maman, regarde la neige ! C'est trop beau ! s'exclama une petite fille, les yeux écarquillés de joie.
— Oui, ma chérie, c'est magnifique.
Tout à coup, mes réflexions s'envolèrent et je me retrouvai à me remémorer ces instants d'enfance, ces souvenirs si chers où mes parents et moi rions en construisant des bonhommes de neige ou en nous lançant des boules de neige. Ces sourires emplissaient l'air, cette joie spontanée et sincère... Je me sentais moins désemparée, un peu plus connectée à un passé que je ne voulais pas oublier.
J'emmitouflai mon corps dans mon manteau, bien que je ne ressentisse plus le froid de la même manière depuis que j'avais pris conscience de ma nature. Désormais, le temps ne m'oppressait plus comme auparavant. Malgré tout, je ne pouvais pas m'empêcher de prendre un certain plaisir à contempler les petits détails : les doudounes en fausse fourrure, les bonnets épais, les gants chauds et les écharpes enveloppantes.
Enfin, je sortis, la fraîcheur mordante me saisissant instantanément, me revitalisant. Je fermai les yeux tandis que les flocons se posaient sur mon visage, sur mes cheveux. Ce froid, cet instant parfait, c'était ce qu'on appelait le bonheur. Fragile, mais me rappelant que tout n'était pas perdu, que je pouvais encore apprécier ces moments, même si le monde qui m'entourait semblait se désagréger.
J'ouvris les yeux. Je pouvais voir les gens autour de moi, les parents qui couraient dans les magasins pour acheter des cadeaux, leur joie simple et naturelle. La scène me réchauffa de l'intérieur. Je ressentais... la vie, toujours présente en moi. Mon visage s'éclaira d'un sourire franc, dépourvu de toute trace d'artifice. Parce qu'à cet instant précis, malgré tout, je croyais encore un peu en la magie des fêtes.
Point de vue de Dorian :
J'errais paisiblement dans la ville, les mains enfouies dans les poches de mon manteau, les yeux perdus dans le tumulte de la rue. Le marché de Noël était en pleine effervescence, les lumières scintillantes dans l'air glacé, mais je n'y prêtais guère attention. Mon esprit était ailleurs, préoccupé par un sujet qui m'obsédait depuis un certain temps.
Je me rendais dans mon magasin de musique préféré, comme je le fais toujours lorsque mon violon nécessite une révision. Il était temps pour moi de reprendre le jeu après une longue période d'absence. Depuis son arrivée dans ma vie, tout s'était mis à évoluer différemment. Ambre. Une force de la nature, une tornade qui balaie tout sur son passage. J'avais l'impression que rien ni personne n'échappait à l'impact de sa présence. Et, plus que quiconque, je ressentais ces secousses dans ma tête, dans mon cœur, jusqu'à ma peau.
Elle s'était métamorphosée depuis qu'elle avait découvert sa véritable forme, celle d'une démone. Elle avait complètement changé, c'était indéniable. Avant, elle était pleine de
doutes, fragile, hésitante. Mais, à présent ? Elle était puissante. Plus sûre d'elle, plus déterminée. Un mélange d'incertitude et de force brute. Et pourtant... c'était cette transformation qui m'attirait encore plus. Elle me fascinait.
Cette nouvelle Ambre m'intriguait et me mettait mal à l'aise à la fois. C'était déroutant. Maintenant qu'elle savait que je lui cachais la vérité sur ce qu'elle était, sur ce que nous étions, elle m'en voulait. Chaque moment passé à ses côtés, chaque seconde de silence, lui rappelait que j'avais trahi sa confiance. Mais qu'est-ce que j'étais censé faire ? Comment l'aider, alors qu'elle semblait plus désorientée que jamais dans cette spirale de découvertes ?
Cette nuit-là, son désir de vengeance m'a bouleversé. J'avais discrètement observé la scène de loin, sans oser m'y impliquer. J'étais prêt, à deux doigts de faire quelque chose, de l'arrêter avant que tout ne dégénère. Mais quelque chose dans l'air avait changé. Une tension, une pression m'ont assailli, m'avertissant que c'était trop tard. C'est au moment où j'ai senti sa puissance émerger que j'ai su que ses actions allaient s'écarter de l'humanité. Elle s'est métamorphosée devant moi, d'une manière terrifiante.
Je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit aussi brutale. Ses yeux brillaient comme des braises, et, d'un mouvement rapide, elle a arraché la gorge de cet homme. C'était un acte d'une violence inouïe. Une pure démonstration de force. L'image restera gravée dans ma mémoire : elle, couverte de sang, se tenait droit devant moi, à la fois sublime et effrayante, avec un regard rempli de colère et de pouvoir.
Elle m'énervait, me rendait fou. Scarlett était jolie, mais Ambre... elle dépassait la perfection. C'était quelque chose de différent, une beauté brute, sauvage, insaisissable. Chaque geste, chaque expression, chaque rictus — car elle était trop furieuse pour sourire — me perçaient comme des éclairs. Elle semblait provenir d'un autre univers. Cette femme. Cependant, elle n'en avait aucune idée. Elle ignorait sa propre valeur.
Je n'arrivais pas à la sortir de mes pensées. Toujours. Quand je la rencontrais, c'était comme une déflagration dans mon esprit. Pourtant, je ne parvenais pas à m'approcher d'elle. Pas maintenant. Elle me repoussait, et c'était justifié. Je ne pouvais plus me réfugier derrière des prétextes. Je connaissais mes actes. Mais la réalité, c'était que je la désirais. D'une manière brutale, égocentrique, presque autodestructrice. Cependant, elle n'avait aucune idée de mes véritables sentiments. Elle pensait que j'étais son ennemi. Et, en un sens, peut-être l'étais-je. Mais ce que je ressentais pour elle était bien plus que ça.
Je ne savais plus quoi faire. Comment devrais-je m'y prendre ? Je la désirais ardemment, elle m'attirait irrésistiblement. Je souhaitais la toucher, l'embrasser et la consumer, tout en sachant que cela serait une action tout aussi dangereuse qu'inévitable. Je percevais son pouvoir, cette énergie chaude qui bouillonnait sous sa peau, prête à exploser au moindre signe. J'étais conscient qu'il était nécessaire que je me tienne à l'écart. Pas parce que je ne le voulais pas, mais parce que me rapprocher d'elle serait un désastre. Pour elle, pour moi, pour tout le monde.
Je n'étais pas une bonne personne. Je le savais. Je ne me faisais pas d'illusions. L'obscurité circulait dans mes veines, et j'y étais habitué depuis si longtemps que cela ne me choquait plus. Je commettais des actes répréhensibles, je manipulais et j'infligeais de la souffrance sur ordre de mon père. C'était ma routine, mon monde. Mais ce n'était pas ce qu'Ambre méritait. Elle n'avait aucun lien avec tout cela. Elle était unique. Elle dégageait une lumière, une énergie qui n'avaient pas encore été éteintes par tout ce que la vie lui
avait fait subir. Elle était toujours là, contrairement à nous, tandis que j'étais simplement un être abject au milieu de nombreux autres. C'est pourquoi je restais loin d'elle.
Ma famille était la raison pour laquelle je n'étais plus qu'un écorché vif. Je n'arrivais pas à décrire ma mère autrement que comme une vipère, une manipulatrice et un être froid et calculateur. Je la détestais profondément. Elle représentait tout ce que je méprisais. La belle-mère de Blanche-Neige ? C'était elle. Elle incarnait son personnage à la perfection.
Et puis, il y avait Ethan. Mon frère. Le seul d'entre nous qui n'a pas été détruit par notre famille et qui a conservé une certaine clarté dans ce chaos. Il était trop normal, trop sain d'esprit pour être un véritable membre de notre famille. Trop pur, trop... bien. Il me déstabilisait, peut-être parce qu'il était la version de ce que j'aurais pu être si je n'avais pas été exposé à l'obscurité qui m'entourait. Ethan n'avait pas de lien avec les affaires de notre père ni avec les actes répréhensibles que j'avais dû commettre. Il s'était toujours tenu à l'écart de tout cela. Il avait choisi de ne pas sombrer. Je ne pouvais m'empêcher de me sentir étranger à lui. Comme si nous venions de mondes parallèles. Il était la voix de la raison, tandis que je n'étais que l'ombre de moi-même.
Quant à Jonathan... Je n'osais même pas en parler. Il n'y avait rien de positif en lui. C'était un sadique, un héritier des pires parts de notre génétique. J'étais incapable de décider lequel des deux, lui ou mon père, était le plus abject. Ils étaient trop similaires, l'un comme l'autre, dans leur cruauté et leur absence de scrupules. Jonathan était un autre monstre de la lignée, une preuve vivante que parfois l'hérédité ne pardonne pas. Peut-être que c'est pour ça que je déteste Noël. Les magasins bondés, les rues engorgées, les rassemblements familiaux, les sourires forcés, l'argent gaspillé par les fenêtres, les montagnes de cadeaux qui finiront probablement à la décharge dès janvier. La gêne de se réunir, de prétendre être unis alors que nous n'avions rien en commun, si ce n'est un nom.
J'ai toujours eu du mal à saisir le concept de Noël. Chez nous, cette fête n'existait pas. Chaque événement servait plutôt de toile de fond pour que chacun endosse son rôle dans cette pièce de théâtre et que l'apparence reste intacte pendant un moment supplémentaire. Nous devions constamment afficher une attitude joyeuse, même si cela signifiait trahir nos véritables sentiments... Tout cela me remplissait de dégoût. C'était du néant. Du tumulte. Des artifices.
C'est le lien familial. Voici l'excuse principale : un principe abstrait qui ne voulait rien dire. J'avais grandi dans un monde où l'amour n'était qu'un concept, une idée floue, lointaine, une théorie qu'on nous vendait dans les films et les livres.
Pourtant, il y avait ces instants où, en admirant Ambre et en captant l'étincelle dans ses yeux, je me disais que, peut-être... Peut-être que c'était encore possible. C'était tout ce que je souhaitais.
Je secouais la tête pour tenter d'éloigner ces pensées. J'avais simplement besoin d'acheter deux ou trois articles pour mon violon et d'éviter de me perdre dans une profonde réflexion sur moi-même. Les questions revenaient inlassablement, comme des vagues qui ne pouvaient plus être arrêtées par une rive impuissante. Comment résister à l'envie d'être avec elle, alors que chaque minute passée en sa présence me consumait et me soignait simultanément ?
J'allais entrer dans la boutique quand une odeur me frappa soudainement. Ce parfum qui m'extirpa instantanément de mes pensées. Ambre. Je la sentais, même sans la voir.
C'était une sensation étrange, mais je savais qu'elle était proche, comme si son essence m'appelait. J'étais profondément attiré par elle, c'était une évidence.
Je commençai à chercher, balayant les rues de mon regard, poussé par une force qui échappait à ma raison. Tout à coup, je l'aperçus. Elle se tenait derrière la vitrine d'un café- librairie, si belle, si douce, dans le décor hivernal. Je la reconnus instantanément. C'était toujours ainsi avec elle. Je l'observais souvent, de loin. Pas par malice, mais par nécessité. Je devais savoir qui elle était sans pouvoir m'y aventurer.
Elle avait fréquemment un livre entre les mains. C'était un détail qui m'avait frappé : son petit penchant pour ces histoires où tout finit bien. Peut-être qu'elle cherchait dans ces endroits un peu de réconfort, une étincelle d'innocence qu'elle avait perdue avec le décès de ses parents adoptifs. Ce qui me frappa à cet instant précis fut ce sourire qui illuminait son visage, cette joie qui brillait dans ses yeux lorsqu'elle lisait. C'était presque intime, cette vision, comme si je la voyais dans un moment fragile qu'elle ne partageait avec personne d'autre. Je n'arrivais pas à m'empêcher de l'admirer.
J'allais détourner le regard quand, comme si elle avait ressenti ma présence, elle tourna la tête dans ma direction. Instinctivement, je me camouflai derrière un mur, voulant éviter qu'elle découvre que je la fixais.
Après quelques minutes, je la dévisageais à nouveau. Elle mordit sa lèvre inférieure, comme si elle était prise par un sentiment intense. Ses yeux s'étaient progressivement teintés de rouge, laissant présager un dénouement inévitable. Chaque fois que ses émotions la submergeaient, des flammes brûlaient dans son regard, un incendie qui grandissait en elle, que je pouvais presque sentir à travers la vitre. La terreur, la rage et le chagrin. J'en ai vu assez pour comprendre.
J'allais m'éclipser discrètement de la rue lorsque quelque chose en moi me retint. Je ne souhaitais pas qu'elle perde ses moyens, pas dans cet endroit, pas en public. Alors, sans hésiter, j'employai une de mes cartes maîtresses : je fis tomber de la neige. Des flocons légers se mirent à tourbillonner autour du café, formant un voile doux et apaisant qui assombrissait le monde extérieur. C'était la chose la plus facile à offrir à Ambre, sachant qu'elle ne risquait pas de se briser entre mes doigts.
Je l'observai avec émerveillement, et une expression de joie apparut sur ses traits. Ce court moment de tranquillité. Ce sourire... Il me transperça, me fit oublier tout le reste. Avec tant de simplicité, j'ai pu lui procurer du bonheur en déployant à peine quelques gestes. Des flocons de neige ont commencé à tourbillonner dans l'air. J'avais ce pouvoir. Ce don magique capable de calmer légèrement ses tourments. Et, dans ce silence, dans l'apaisement de la neige qui tombait subtilement, mon cœur se serra. Je désirais qu'elle goûte à cette douceur, à ce réconfort, même s'il ne devait durer qu'un instant.
Ses paupières closes, elle s'abandonnait aux flocons de neige délicats qui virevoltaient tout autour. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire plus large, éclairant son visage. Elle semblait incroyablement libérée et joyeuse, presque humaine. La neige tomba finement sur sa peau et sur ses cheveux. Elle parut s'évader, ne serait-ce qu'un court moment, de toutes ses préoccupations.
Je ne m'attendais pas à ce qu'un instant aussi banal ait une telle influence. Et pourtant, en la regardant, entourée par la neige, je doutais de mes convictions. Peut-être étions-nous en réalité plus proches que je ne l'avais imaginé. Après tout, le feu et la glace forment un contraste saisissant. J'avais toujours cru qu'il y avait une ligne invisible qui nous séparait. Ce jour-là, avec cette neige et son sourire, j'avais un doute. Qu'arriverait-il si nous franchissions cette frontière ? Serait-ce de l'amour ou de la haine ? Peut-être qu'il était trop tôt pour le dire. Mais plus je la regardais, plus je pensais qu'il y avait peut-être une voie possible entre nous.❞
Si vous êtes un/e lecteur/rice de cette histoire, n'hésitez pas à donner votre avis pour les lecteurs du calendrier de l'avent 🎄
À demain pour découvrir la case 19... 👀
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