Comment avait-elle fait pour se retrouver dans cette situation ? Elle était coincée, en face de Zach pour déjeuner. C'était atroce. Elle avait tout fait pour ne pas penser à lui depuis qu'elle lui avait hurlé dessus, mais c'était impossible. Chaque sourire qu'elle faisait, chaque parole qu'elle prononçait la ramenait à lui. Et le fait de ne plus du tout le voir était presque une torture pour son esprit. Il avait déserté à partir du lundi qui avait suivi la scène du parking. Il ne trainait plus qu'avec Betsy et ses amies, comme si eux n'avaient plus aucune importance. Etait-ce aussi facile pour lui de tirer un trait sur plusieurs mois d'amitié ? Monica ne semblait pas comprendre non plus ce qu'il avait et c'était sûrement le pire. Plus le temps passait, plus elle était en colère contre Zachary et son flegme. Mais là... c'était le summum. Betsy n'arrêtait pas de bavasser, Ethan lui répondait le plus souvent, Clara souriait et acquiesçait, mais Zach lui restait froid et taciturne comme à son habitude. Son téléphone vibra et il sourit. Cependant, il sursauta la minute d'après.

-Qu'on partage la limousine ? Pardon ? Quelle limousine ?

Clara se connecta à la réalité et se rendit compte qu'ils parlaient du bal de promo où elle avait accepté de se rendre avec Ethan. C'était de la faiblesse, elle le savait. Elle ne voulait pas ne pas avoir de cavalier et il remplissait parfaitement le rôle. Elle le connaissait, savait comment il se comporterait et avoir un peu de contrôle dans sa vie, ça lui faisait un bien fou.

-Bah voyons mon chéri, la limousine pour le bal de promo.

-Je m'en suis déjà occupé, intervint Ethan. Je passerai te prendre Zachary.

-Pour le coup, il faudra aussi prendre Monica et Greg, ils sont tous les deux chez moi.

-Tiens d'ailleurs, c'est vrai que tu passes beaucoup de temps avec Monica..

Clara observa le rictus de Zach.

-Je peux savoir ce que tu insinues au juste ?

-Rien du tout.

Ethan rosit et Clara réprima un petit rire. Ethan et ses sous-entendus... A la fin du repas, elle sortit son argent pour payer, comme d'ordinaire mais Zach posa sa main sur elle.

-Laisse, je vais régler pour toi.

-Non merci, j'ai de quoi payer.

Le visage de Zach devint froid.

-Ce n'est pas une raison. Ce n'est pas parce que ton mec n'est pas galant que je ne le suis pas.

Il tendit sa carte bleue et Clara retira sa main. Elle ressentait des picotements à l'endroit où il l'avait touchée. Elle sortit pour rejoindre les autres, troublée. Pourquoi son amour s'était enraciné comme ça ? Elle sourit à Ethan qui l'embrassa avant de la laisser devant la porte de son cours. Zach l'avait transformée, c'était certain. Avant elle n'aurait pas pu embrasser et sortir avec un gars dont elle n'était pas amoureuse. Mais depuis qu'il était passé par là... tout était différent. Elle entra dans la salle de cours et elle le vit, assis dans le fond. Lily était assise à côté de lui et manifestement, elle lui parlait. La jeune femme soupira en prenant place près de sa meilleure amie. Il fallait qu'elle soit forte. Le soir venu, elle fit comme tous les autres soirs depuis que sa mère avait commencé à retravailler, elle cuisina. Cela lui permettait de se vider l'esprit et de l'entrainer à sa vie future sur le campus de Princeton. Quand son père arriva, il lui embrassa la joue tendrement.

-Tu vas beaucoup me manquer l'an prochain Clarabella. Tu n'oublieras pas d'appeler ton vieux père.

-Toi vieux ? Mais non. Tu seras jeune à jamais Papa. Et tu seras toujours mon seul Papa. Je ne veux pas que tu penses qu'il a acheté mon affection, ce n'est pas vrai, d'accord ?

-Je ne le crois pas.

-Je voulais te l'assurer tout simplement. Je sais que Maman t'a mise au courant pour l'argent et je ne veux pas que tu te sentes... je ne sais pas, mal ?

-Ma chérie. Je comprends son raisonnement, il n'a pas été là pour toi et il espère que c'est juste. Je ne t'en voudrais jamais de... d'accepter de l'argent que je ne suis pas en mesure de te donner. Non, laisse-moi finir Clarabella. Ta mère et moi avons payé tes études, et lui subviendra à tes besoins quotidiens par son chèque. C'est très bien comme ça. Tu fais partie de sa famille, c'est normal. D'ailleurs je l'ai appelé tout à l'heure.

-Pardon ?

-Oui, je lui ai demandé si pendant ta remise de diplôme, il voulait venir dormir chez nous, à la maison.

Clara contempla son Papa. C'était probablement l'homme le plus fort de sa connaissance, le plus doux, le plus aimable.

-Il t'a répondu quoi ?

-Qu'il ne voulait pas avoir l'air d'un plathelminthe.

-D'un quoi ? balbutia la jeune femme.

Le père de Clara sourit et lui embrassa la joue.

-C'est un parasite qui ressemble à un ver plat. Je suis content de voir que j'ai encore des choses à t'apprendre.

-On ne cesse jamais de le faire, c'est toujours ce que tu m'as dit. Mais tu m'as appris beaucoup plus Papa. Tu m'as appris à être une bonne personne. Je sais que je ferai les bons choix dans la vie parce que je t'ai eu comme professeur.

Monsieur Gonzales attrapa sa fille et la serra dans ses bras.

-Mi pequeño angelito... je sais que tu es trop vieille pour me faire des câlins.

-Y'a pas d'âge pour ça.

Ils restèrent un instant ainsi dans les bras l'un de l'autre. Ils finirent par se détacher et continuer à rire. Son petit frère arriva alors qu'ils allaient se mettre à table. Clara savait qu'il cachait quelque chose et elle le taquina jusqu'à ce qu'il craque.

-Tu sors avec Ethan ?

Il y eut un silence à table et Clara rosit.

-C'est possible en effet.

-Je comprends pas comment tu peux sortir de nouveau avec ce gros con.

-Alors déjà, c'est pas un gros con, un con sûrement, mais certainement pas gros. Et puis je te rappelle que j'avais besoin d'un cavalier pour le bal de promo vu que Zachary m'a fait un coup de pute.

-Clara ! Tu aurais pu utiliser un autre vocabulaire. Je ne savais même pas que tu allais au bal avec...

-Zach sort avec la cousine d'Ethan depuis quelques... semaines maintenant. J'ai eu le plaisir de l'apprendre alors qu'il m'avait déjà invité au bal. Alors, oui je suis vexée, et oui j'y vais avec Ethan. Tu as une objection au fait que ta sœur ne soit pas la seule de ses amies à ne pas être accompagnée ?

-J'ai une objection sur le fait que tout le monde l'ait su avant moi. On se dit tout, Clara. Je vois pas comment tu peux ressortir avec le mec que tu appelais « petite bite », mais bon, parait que chacun ses goûts.

-Juan !

Clara croisa le regard de son frère et se mit à rire comme une dingue. Cela lui faisait un bien fou et le rire incontrôlable de son frère ajouta fortement à son bien-être. C'était une chose formidable que de pouvoir compter sur les membres de sa famille.

Le lendemain, ils devaient mettre un point final pour le bal de promo et ses décorations. Le comité de préparation devait aller tout décorer après la remise des diplômes et Clara avait promis à Monica d'en être. Sa mère l'emmena au lycée comme tous les matins depuis qu'elle avait trouvé un travail.

-Chérie, tu es heureuse ?

-Oui Maman.

-Je veux dire, est-ce que tu es vraiment heureuse ? Je suis inquiète pour toi. Vraiment. Tu ressors avec Ethan alors qu'il t'a brisé le cœur ?

-Je vais te dire un secret Maman. Je déteste la pensée d'être toute seule. J'ai détesté être toute seule pendant ces derniers mois. Bon, je n'étais pas toute seule parce qu'il y avait... Zach et qu'il était une bonne distraction, mais... il a envie de faire sa vie en dehors de moi à présent., alors je ne peux pas me raccrocher à une sorte de vie rêvée. Ethan, lui, il est là et il m'aime. Alors le temps d'un bal, je peux le rendre heureux, pas vrai ?

-Je m'en fiche d'Ethan. Ce que je veux c'est que toi tu sois heureuse. Que tu trouves l'Amour, que tu vives un vie pleine de rebondissements et de bonheur. C'est ce que je souhaite pour toi.

-Maman. Je l'aurais cette vie, mais je ne suis qu'au lycée. J'ai 18 ans, j'ai le temps pour retrouver l'Amour.

Et pour oublier Zach. Elle aurait aimé le dire mais elle ne le pouvait pas. Elle ne pouvait pas dire à sa mère qu'elle avait couché avec Zach en allant à Montréal et que depuis, elle en était tombé amoureuse.

-Oui, tu as raison. Excuse-moi si je t'ai parue indiscrète.

-Ce n'est rien Maman, répondit Clara. Bonne journée.

Elle l'embrassa et sortit de la voiture. C'était encore une journée pleine de faux-semblants qui l'attendait. En réalité, il avait fait de lui une hypocrite de la pire espèce. Le voir déambuler dans les couloirs était une vraie torture pour elle, mais elle souriait, comme si de rien était. Elle vivait comme si de rien était mais dès qu'elle se trouvait près de lui, qu'elle sentait son odeur, c'était son cœur qui se remettait à espérer avant de se rappeler de sa trahison. C'était encore plus douloureux qu'avant. Elle se rappela ce que sa Abuela disait toujours : ne montre jamais à un homme qu'il t'a fait souffrir, ça lui donnerait de l'emprise sur toi.

Son téléphone vibra, c'était sa mère.

-Mon chaton, je suis désolée, mais je vais rentrer plus tard que prévu, est-ce que tu pourrais...

-Je vais faire à manger ce soir pour Juan et moi. Tu sais Papa est à sa soirée testostérone.

-Ah oui, c'est vrai ! Merci mon chat.

Sa mère rentra tard, ce soir là. Elle était fatiguée, mais heureuse comme tout. Elle s'installa directement sur le canapé et attrapa une part de pizza maison.

-C'est délicieux ! Je vous aime mes chatons.

-Même si tu es riche comme Crésus ? fit Juan en attrapant une chips.

-Comment es-tu au courant ? Oh. Clara...

-Non, ce n'est pas moi qui lui ai dit.

-Je vous ai entendus en parler avec Papa. Vous allez faire quoi de cet argent ?

-Réfléchis un peu Juan. Tes études vont coûter cher, vu que t'es tellement bête que tu vas tout redoubler !

Juan se pencha vers elle et la frappa sur la tête et ils recommencèrent à se chamailler. D'ailleurs, pendant le week-end entier, ils passèrent leur temps à faire les fous. Leurs parents avaient décidé de partir en week-end familial pour fêter encore une fois l'emploi de sa mère et se retrouver entourée de personnes qui l'aimaient et la respectaient était une chose fabuleuse pour elle. Elle se sentait en totale harmonie avec la Clara qu'elle avait toujours voulu être... Mais voulait-elle encore être ainsi ? Elle avait toutes ses années de fac pour déterminer la personne qu'elle voulait être et pour le moment, se rattacher à ce sentiment de bien-être, c'était tout ce dont elle avait besoin. Se recentrer sur soi et sur ses propres envies sans avoir à vivre pour un autre. Voilà ce qu'elle voulait. Se couper de tout pendant deux jours lui fut tellement salutaire qu'elle n'avait plus envie de rentrer chez elle du tout.

Alors qu'elle venait juste de rentrer chez elle, elle reçut un appel de Monica. Cette dernière était stressée par les résultats du lendemain. Ce n'était guère étonnant, ils avaient été assez peu à être accepté dans une fac de l'Ivy League. Monica voulait tout mettre de son côté pour avoir un bon métier. Elle en aurait besoin rapidement avec le bébé à venir... la pensée du bébé la ramena à Zach. Elle ne le comprenait plus. Ne savait-il pas que Monica n'aimait pas du tout Betsy ? Comment pouvait-il sortir avec une fille pareille ? Son cœur lui faisait toujours mal mais son esprit lui, lui montrait la stupidité du garçon. N'avait-il donc pas conscience qu'elle se servait de lui ? Qu'elle s'intéressait plus à son nom qu'à lui ? Qu'elle était l'opposée de celle qui lui fallait ?

-Ne t'inquiète pas Nickie, ça va aller. Au pire, tu demanderas à Andrew de l'écraser en voiture, je suis sûre qu'il le ferait pour toi, tu es presque de sa famille maintenant.

-C'est ce qu'il m'a dit l'autre jour. Il était à la maison et il m'a dit que si j'avais besoin de quoi que ce soit, je pouvais l'appeler. Tu savais qu'il recouchait avec sa femme ?

Elle éclata de rire et raconta à Clara comment Zach l'avait appris et à quel point ça l'avait choqué alors qu'elle voyait bien l'Amour qu'il y avait entre Jillian et Andrew. Elle les trouvait trop kiki. Cela faisait rire la jeune Gonzales. Elle l'avait dit et redit à Zachary que ses parents étaient faits l'un pour l'autre. Elle aurait appelé Zach directement pour fanfaronner si la pensée même d'entendre sa voix au téléphone ne la perturbait pas au plus haut point.

-Tu n'aimerais pas venir à la maison quelques soirs ? se hasarda-t-elle à demander.

-Ça me ferait très plaisir, mais je ne veux pas que ta mère soit perturbée par le fait que je sois là, ça ne doit pas être facile d'avoir un nouveau travail alors avoir un pensionnaire en plus.

-J'adorerai Monica.

-Je vais voir ce que je peux faire avec Jill. Et puis Greg vient, tu sais ? Je suis très stressée tu sais ? Il... la dernière fois qu'il m'a vue... je ne m'apprêtais pas à devenir mère tu vois...

-Dis-moi... ça va te paraitre bête comme question mais tu n'en pincerais pas un peu pour Greg ? Parce que je ne sais pas si je te l'ai dit, mais à Montréal, il était toujours intéressé par toi...

-Tu sais Clarabella, répondit sa seconde meilleure amie très sérieusement. Quand tu es partie à Montréal, j'étais très très intéressée par lui. Il est charmant, il est canon, intelligent et au lit... MAMMA MIA. Mais entre temps... je ne veux pas bloquer une personne avec un bébé. Mon bébé. Je resterai une mère célibataire très longtemps tu sais. C'est pour me punir sûrement du sexe avant le mariage. Aucun gars bien ne voudra de moi et d'un bébé et je crois que ce ne serait pas non plus judicieux que l'Alien s'ouvre à l'amour avec un homme de passage. Peut-être que Greg et moi ça marchera un jour, mais pas pendant nos études.

-Tu sais que c'est la première fois que tu raisonnes comme une Maman, Monica.

-Oh la vache. Dans quelques mois, y'aura un petit être qui m'appellera Maman, qui comptera sur moi et dont je ne pourrais plus jamais me passer.

-C'est vrai ça. C'est fou de penser que je vais devenir tante comme ça.

Elle faisait son possible pour ne pas évoquer Zach mais elle savait qu'il serait là au quotidien pendant leurs années d'étude. Elle savait qu'il ferait partie de la vie de cet enfant et elle savait qu'elle ne pourrait jamais s'en débarrasser totalement. Elle devait lui dire qu'elle ferait un effort pour arrêter d'être en colère contre lui pour le bien du bébé de Monica.

Seulement, elle ne le vit ni le lundi ni aucun des jours suivants. Le mercredi matin, elle finit par s'inquiéter légèrement et demander à Monica la raison de son absence alors qu'elle mangeait avec ses deux amies.

-Il... il a un mal de crâne, des maux de ventre. Bref, il est malade et sa mère est tellement au soin avec lui, c'est fou. Elle lui fait des soupes, des tisanes... tout ce qu'il veut. Une vraie mère poule. Mais Zach... il se sent vraiment pas bien. Et comme c'est un mec... bah il en fait des caisses. Le seul truc qu'il accepte de faire, c'est d'écouter mon discours pour la remise des diplômes.

-Tu l'as écrit en entrant au lycée... ça fait quatre ans qu'il est prêt.

-Je sais ! Mais j'ai modifié quelques trucs. Vous vous rendez compte... dans quelques jours... on a fini pour de bon. On aura nos diplômes. Et ensuite... on ne sera plus ensemble.

Elle avait ajouté cette phrase avec une sorte de nostalgie prégnante.

-Je verrai plus vos têtes tous les jours.

-J'ai pensé à un truc, fit Lily. On pourrait se skyper tous les jours, ou tous les deux jours selon nos disponibilités ? Comme quand on est en vacances ? Comme ça... j'aurais pas l'impression d'être trop loin de vous tous.

-En même temps... pourquoi Caltech, Lily ? demanda Clara.

-Mes parents m'ont dit que styliste était un rêve, mais pas un métier. Si je vais dans une grande université... j'aurais un métier et je pourrais retomber sur mes pattes. Mais je ne désespère pas vous savez. J'aime beaucoup les sciences. Je vais faire les 4 ans réglementaires et je vais en parallèle prendre de vrais cours de couture. Je compte bien poursuivre mon rêve. Oh ! D'ailleurs, j'ai essayé ma tenue de diplômée, j'ai vraiment hâte d'être samedi.

Clara avait hâte elle aussi mais pour une tout autre raison. Elle savait que David arriverait le vendredi soir et qu'il dormirait chez Andrew. Il avait décliné l'offre de son père de venir dormir chez eux, mais il lui avait si elle serait d'accord dans le week-end d'aller sur le circuit avec lui. D'ailleurs, son père et elle allèrent le chercher le vendredi. Ils étaient entrain de parler d'Abuela quand elle vit la tête de David arriver vers eux. Il salua chaleureusement le père de Clara, comme s'ils étaient des amis de longues dates et il la fixa sans vraiment savoir ce qu'il fallait faire. C'était un peu touchant pour Clarabella. Elle ne savait pas trop quoi faire non plus. Elle décida alors de le prendre dans ses bras quelques secondes.

-Vous êtes certain de ne pas vouloir venir à la maison David ?

-C'était très aimable de votre part Francesco, mais Andrew le prendrait assez mal. Depuis que Jill et lui ont divorcé, il a encore plus de besoin de moi qu'avant.

Clara émit un petit rire qui fit retourner les deux hommes.

-Une chose à ajouter ? demanda son père.

-J'ai ouï dire que Jill et lui allaient se remettre ensemble plus rapidement qu'on ne le pense. Mais comme ce sont des rumeurs, je ne préfère pas en dire plus.

David eut un sourire énigmatique et il passa son trajet à faire la causette avec le père de Clara. Cette dernière était attirée par le dehors. Le lendemain, à cette heure-ci, elle aurait son diplôme en poche. Elle serait une femme à part entière, son enfance serait derrière elle. Son enfance et tout son passé. Il ne resterait plus que l'avenir. Elle avait beaucoup trop de choses à penser ces derniers temps. La douleur de la perte de Zach était toujours présente et elle faisait son possible pour la combler. Elle surjouait sa propre vie pour ne pas qu'on remarque le chagrin dans le fond de ses prunelles, mais elle restait plus longtemps au lit pour profiter un peu plus des lèvres du jeune Ferguson. Plus elle s'efforçait de ne pas penser à lui dans la journée, plus ses nuits étaient enflammées. Dans ce rêve, il ne l'avait pas trahie, elle lui annonçait son amour et il répondait avec ardeur qu'il l'aimait aussi. Mais dès qu'elle ouvrait les yeux, la réalité était plus dure encore.

-Clara ?

Elle se revint à elle et elle sourit.

-Je n'ai pas eu de nouvelles de Zach depuis un petit moment, il va bien ?

-Il était malade en début de semaine mais j'en sais pas plus. On est un peu en froid. Il sort avec une fille que je n'aime pas du tout.

Un peu en froid. C'était un euphémisme à n'en pas douter. Elle croisa le regard de David et se rappela qu'ils avaient couché ensemble chez lui. Il s'en souvenait parfaitement lui et elle comprit qu'il prendrait désormais son parti vis à vis de Zach. Elle devait mettre les choses au clair avec son père biologique pour qu'il ne se mêle pas de cette histoire et qu'il entraine Andrew Ferguson avec lui...