-Tu montes en voiture. Immédiatement.

Son père avait l'air furieux contre lui alors qu'il sortait de la maison des Gonzales.

-Merci de nous avoir prévenus, lança-t-il à la mère de Clara.

-Ne soyez pas trop dur avec lui, je crois qu'il a beaucoup sur le cœur, répondit-elle.

Sans déconner. Il les observa avec une sorte de dégoût et attendit que son père referme la portière.

-Qu'est-ce que tu as à dire pour ta défense ?

-Je ne parlerai qu'en présence de mon avocat. David arrive à quelle heure ?

-Ne joue pas au plus malin avec moi Zachary.

Le jeune homme soupira et ne dit rien alors que son père s'engagea sur l'autoroute. Apparemment son parrain arrivait ce matin là. Il voyait les voitures défiler sur le côté.

-Clara m'a appelé hier soir et elle n'allait pas bien. Je sais que c'est de ma faute. Tout est de ma faute. Je l'ai blessée Papa. Vraiment blessée. Et je ne savais pas quoi faire d'autres que mon mea culpa. C'était un besoin impérieux. Et finalement, je suis resté chez les Gonzales.

-Est-ce qu'elle t'a pardonnée ?

-Elle n'a rien dit en ce sens. Je m'en veux d'avoir été une source de problèmes alors que j'ai tout pour être heureux et pourtant... j'y arrive pas. J'arrive pas à être heureux constamment. Je ne sais pas comment l'expliquer.

Zachary fixa la main de son père agrippé au volant.

-Je suis heureux quand je suis derrière un volant et que je file. Je suis heureux quand je suis concentré sur un dessin et que je le perfectionne. Je suis heureux quand..

Il allait dire « quand je suis avec Clara », mais il se retint au dernier moment. Il ne voulait pas apprendre à son père son infamie.

-Quand je suis à Montréal, avec Greg. Je n'arrive pas à...

-Finir tes phrases ? essaya son père.

-J'aimerai être comme toi Papa. Mais je ne le suis pas. J'ai pas ta force et je me sens sale et stupide. J'ai failli tout gâcher encore une fois.

-Je ne te dirai pas que tu n'as pas gâché quelque chose avec Clara parce que je ne connais pas votre relation. Mais en tout cas, je vois que tu es sincère et sache que je te pardonne ta faiblesse passagère. Je sais que tu ne recommenceras pas. Par contre, sache que David est au courant.

-Quoi ? Mais...

-Il m'a appelé et je n'ai pas pu lui cacher. C'est mon frère tu le sais bien. Nous sommes en avance, tu veux un café ?

Zach acquiesça et décida de changer de sujet et de parler à son père de la course alors qu'ils étaient attablés dans l'aéroport.

-Tu veux toujours être mon entraineur ? Je ne ferai plus de vague. Je te le promets Papa.

-Très bien Zachary. Je vais le faire mais à une seule et unique condition. Je veux ta parole que tu ne toucheras jamais plus à une drogue dure, tu comprends ?

-Maintenant qu'on en parle Papa... il m'arrive de fumer parfois. Pas de la drogue mais du tabac. Est-ce que je dois mettre ça de côté aussi ?

Son père leva les yeux au ciel et hocha la tête. Zachary replongea dans son café. Il savait que son père se demandait s'il touchait au cannabis.

-Je voulais te dire un truc. Je sais que j'ai agi comme un con, mais je ne veux pas que ça t'empêche de faire ce que tu voulais faire... je veux dire vis à vis du divorce.

-Je sais. Je cherche un appartement pas loin de la maison pour que tu puisses venir quand tu veux. Je laisse la maison à ta mère ajouta-t-il. Je ne vais pas la mettre dehors. J'ai déjà quelques visites programmées dans la semaine. Je vais déménager dès que j'ai le feu vert de l'agence. Mais ça ne changera rien entre nous deux.

-Tu seras juste heureux. Et je crois que Maman aussi. Tu lui laisses une chance de refaire sa vie et c'est bien.

-Jill est une femme qui mérite de trouver un homme qui sera là pour elle, quoi qu'il arrive. Un homme bien. Tu as raison. Je n'ai pas de bonheur à lui offrir. C'est trop tard maintenant.

Le jeune homme observa son père. Il venait de comprendre qu'Andrew ne se sentait pas assez bien pour sa femme et que c'était sûrement pour ça qu'il avait été voir ailleurs. Il voulait se punir de quelque chose mais il ne savait pas quoi... d'avoir rendu sa mère malheureuse ? De ne pas avoir pu tenir tête à son père ? Andrew avait pris un coup de vieux ces derniers jours. Il avait des cernes sous les yeux et un regard très soucieux. Zachary fit une chose qu'il n'avait jamais faite avant. Il posa sa main sur celle de son père.

-Merci Papa. D'être resté ensemble autant de temps pour moi avec Maman alors que tu ne l'as jamais...

-Quoi ? Aimé ? Si Zachary, je l'ai aimé, je l'ai énormément aimé. Contrairement à ce que tu penses, je ne suis pas resté avec elle pour toi. Je suis resté avec elle parce que je l'aimais et que je n'envisageais pas ma vie sans elle. C'est pour vous deux que j'ai arrêté les courses. Parce que je vous aimais. C'est tout. Et là.. excuse-moi. Mais je ne suis pas heureux de mettre fin à l'histoire d'amour de ma vie, tu vois. Mais ça va passer. Elle va trouver un homme bien pour s'occuper d'elle. Je n'en doute pas.

Est-ce que Zach s'était trompé ? C'était la sensation qu'il avait. Est-ce que dans le fond, son père aimait toujours sa mère, non pas comme une vieille amie mais comme un homme aime une femme, sa femme ? Il n'arrivait pas à lire la réponse dans les yeux de son père.

-Et toi aussi. Je ne dis pas que tu tomberas amoureux, je n'y crois pas tellement mais..

-L'Amour existe Zachary. Il existe vraiment. J'étais comme toi avant. Je pensais aux filles comme des objets pour mon propre plaisir. Je n'avais pas confiance dans la gente féminine et c'est pas les expériences que j'ai pu avoir ou que David a pu avoir qui m'ont conforté dans mon choix.

-Tu essayes de me faire croire que tu as changé d'avis avec Maman ?

-Oui. Je te l'affirme.

-Je peux te poser une question indiscrète ? Pourquoi tu n'as présenté David tout de suite à Maman ? Elle me l'a dit, qu'elle ne le connaissait pas avant...

-On t'a raconté cette histoire des dizaines de fois ! On s'est rencontré à Monaco, elle était partie en Europe avec une de ses copines pour les vacances. Moi j'y étais pour un championnat. On s'est rencontré par hasard. J'ai insisté et je suis resté plus longtemps sur le vieux continent à cause d'elle. Ensuite on s'est quitté, parce que pour moi c'était plus une amourette qu'autre chose. Pour elle aussi d'ailleurs. Elle était très timide et ne voulait pas être sur le devant de la scène. Ça m'allait très bien. C'est reposant de ne pas être sous le feu des projecteurs. On s'est retrouvé six mois plus tard en Allemagne, elle avait décidé de s'y installer. Elle était venue assister à une course, et j'y étais aussi. Je ne sais pas si elle l'avait prémédité. Je ne pourrais pas le dire, j'ai toujours pensé que oui, elle a toujours nié. Peut-être qu'avec le divorce, elle va enfin avouer, tu ne crois pas ? ajouta-t-il d'un ton un peu amer.

Andrew se mit à rire et il prit une gorgée de café. Qu'est-ce que Zachary avait fait ? Est-ce que c'était les paroles d'un homme heureux de mettre fin à son mariage ?

-Bref. On a revécu une amourette de quelques semaines, j'ai gagné une course alors qu'elle était là. On a fêté ça à notre façon. Je suis retourné chez moi. Elle est restée en Europe. Et pratiquement un an après notre toute première rencontre, on s'est retrouvé, au même endroit, à Monaco. C'était assez dingue d'ailleurs, je l'ai revue alors que je faisais une interview impromptue. Elle est passée sur le trottoir d'en face, je suis monté en voiture, je l'ai suivie.

-Wow, un stalker.

-Ne critique pas, tu ne serais pas de ce monde à l'heure qu'il est. Bref, je l'ai suivie parce qu'une part de moi savait qu'elle faisait partie de ma vie. Je ne peux pas l'expliquer. Je pense pas qu'il y avait nécessairement du hasard à notre rencontre. On se croisait, on s'aimait quelques temps, on se séparait. Je pensais que ce serait différent cette fois-là parce que comme me l'avait dit David quand je lui avais raconté : une fille qui veut de toi non pas deux mais trois fois, il faut que tu la gardes, personne n'arrivera à supporter ton caractère de merde.

Zach se mit à rire franchement et appela un serveur pour avoir un autre café.

-Je voulais lui demander de sortir pour de bon avec moi mais j'ai reçu l'appel de mon père à propos de David et je suis revenu très rapidement. Ta mère m'en a sûrement voulu parce que je suis parti le lendemain très tôt et je lui ai laissé un message pour lui dire que je devais rentrer chez moi. Mais je lui avais laissé mon numéro de fixe. Je crois que dans mon esprit, si elle m'appelait après l'avoir laissée en plan comme ça, ça voulait dire que rien n'était perdu. J'ai guetté mon téléphone comme une femme désespéré dans les comédies romantiques. C'était pitoyable. C'était pas du tout une bonne période pour moi. Entre David et ça... Et un jour plusieurs semaines plus tard, je me souviens encore du jour. David venait de se réveiller de son coma, j'allais me rendre à l'hôpital quand j'ai reçu ce coup de fil. J'ai décroché, prêt à dire à la personne que j'avais pas le temps et elle s'est présentée. Je suis resté assez abasourdi et elle a compris que j'étais occupé. Elle m'a juste dit : avant que tu retournes à ta vie, je voulais juste te dire que je suis enceinte, et que je compte garder le bébé. Voilà, tu peux vaquer à tes occupations.

-Je crois pas que vous aviez été autant dans les détails de votre rencontre pour être honnête. Moi je savais juste que vous vous étiez rencontrés à Monaco, que vous étiez sorti ensemble et qu'elle est tombée enceinte.

-Tu as eu la version très abrégée, mais visiblement tu veux connaître la version semi-abrégée, ce que je suis entrain de faire. J'étais choqué, je dois bien l'avouer. J'ai juste eu le temps de lui dire de me rejoindre à Montréal et que j'irai la chercher à l'aéroport. J'ai filé à l'hôpital, je me suis pris une amende, je roulais trop vite. Et je me souviens avoir dit à David le truc directement. Il était à peine réveillé que je lui ai dit : je vais être père. Je crois qu'il a pas percuté immédiatement contrairement à mon père.

-Il l'a pris comment ? demanda Zach, intéressé.

-Mal ? Il était derrière, je ne l'avais pas entendu. Ton grand-père a cru que c'était une catin qui voulait l'argent des Ferguson au début, quand je lui ai annoncé vraiment qu'il allait avoir un petit-enfant. Ne lui dis pas hein.

-Je ne vais pas lui dire non. Continue.

-C'était tellement ridicule. Elle ne connaissait pas mon vrai nom de famille de toute façon.

-Ouais, je sais que tu te faisais appeler Drew Ferg.

Son père acquiesça d'un hochement de tête et il replongea dans ses pensées.

-Elle est arrivée une semaine après, je l'ai ramenée chez mes parents et il a changé d'avis. Ta mère a une manière bien à elle de se faire apprécier. Elle est arrivée avec sa mise de petite fille de bonne famille et j'ai eu l'approbation de mon père pour la première fois depuis longtemps. Je lui ai demandé de m'épouser le matin de la présentation. Elle n'a pas accepté. Elle m'a dit qu'elle attendait de voir comment était ma famille.

-Et elle a accepté en voyant la maison... je présume.

-Elle m'en a voulu de ne pas lui avoir donné mon vrai nom de famille déjà. Et non, elle m'a dit qu'elle ne voulait pas se marier si c'était juste pour le paraitre. Et je lui ai dit que je l'aimais. Je le pensais vraiment et que j'avais hâte de te voir. Bon, je ne m'attendais pas à ce que tu sois prématuré mais... je vous aimais tellement tous les deux. C'est pour ça que je ne veux pas que tu te détruises Zachary. Avec la drogue, avec l'alcool. Tu es mon enfant, la prunelle de mes yeux. Et je n'arrive pas à comprendre pourquoi tu veux te faire du mal.

Zach ne répondit rien. Il ne savait pas quoi dire.

-Je suis un sale gosse de riche qui a les moyens financiers de se détruire. Voilà pourquoi.

Il releva les yeux et vit que l'avion de son parrain venait d'arriver. Il avala son café et prévint son père.

-Cette discussion n'est pas terminée. Il y a une chose dont je veux te parler, c'est important, mais nous ne le ferons pas devant David.

Zach sentit sa froideur naturelle revenir. Il voulait lui parler de la paternité de Clara. Il le savait. Son dégoût revint immédiatement et quand son parrain arriva, il n'arriva pas à cacher son état de trouble et de stress.

-Zachary, va vraiment falloir que tu reviennes à Montréal, tu n'as pas l'air d'aller bien du tout.

-Si ça va. J'ai bu trop de café. Ça me fait plaisir de te voir, dit-il en le prenant dans ses bras.

-Et ça allait aussi quand tu as pris de la coke ou ?

Le jeune homme baissa les yeux.

-Je suis très fâché contre toi Zach. Tu aurais pu m'appeler et me parler tout simplement. Tu sais bien que je suis toujours à l'écoute pour toi. Tu es comme mon fils. Tu es un pilote bordel. On ne fait pas ces choses là nous.

-Je suis désolé David. Mais, j'ai appris une chose récemment qui... m'a perturbé.

-Clara n'est pas enceinte pas vrai ?

Zach blêmit largement et son père s'arrêta pour le regarder, les yeux écarquillés, légèrement horrifiés. Il était entrain de réfléchir à toute vitesse.

-Je ne vois pas comment elle pourrait l'être, rétorqua Zachary.

-Je dois t'expliquer comment on fait des enfants ? Merde Drew ! s'esclaffa David. Tu lui as rien appris ou quoi ?

-Je voulais dire, si elle est enceinte, c'est sûrement pas de moi Dave. Et c'est pas ça. J'ai faim. Papa m'a juste payé un café, il a oublié de me payer à manger. Mes parents essayent de m'affamer.

Il se força à sourire et à être heureux. David monta à l'avant de la voiture et son père et lui discutèrent de leurs vies professionnelles.

-Zach ? Est-ce que tu vas aller au lycée aujourd'hui ?

-Je ne sais pas. Je ne pense pas. J'ai un seul cours cet après-midi.

-Okay, tu vas venir avec moi sur le circuit alors. Ton père a une réunion dans l'après-midi et ça le faisait chier de la louper pour moi.

-Mais non, c'est juste que..

-Pas besoin de te justifier Drew. Le travail avant tout. Alors Zach qu'est-ce que tu as de beau à me raconter ?

-Rien de particulier. Papa et Maman vont divorcer, il cherche un appartement.

Andrew le fusilla du regard.

-Quoi ? Mais... pourquoi ?

-Parce que je vais lui laisser sa liberté, c'est tout. Elle en a besoin, pour créer. C'est une artiste, pas une mère au foyer. Je l'ai juste oublié pendant longtemps. Mais j'ai pas envie d'en parler maintenant.

Son téléphone sonna. C'était Jillian Ferguson.

-Hello Jill, je suis avec David.

-Salut les garçons. Zach est avec vous ?

-Oui, je suis parti à l'aéroport avec lui. Zach, dis bonjour à ta mère.

-Salut M'man, désolé pour hier, Clara allait pas bien et Madame Gonzales n'a pas voulu que je reparte en pleine nuit.

-Ne me refais plus jamais ça. D'ailleurs, je te signale que tu es privé de sortie.

-M'man. J'ai 18 ans. Tu ne peux pas me priver de sortie.

-Vu que tu as bousillé ta voiture en étant sous l'emprise de la drogue, crois-moi tu as intérêt à t'amender.

Zach n'avait jamais entendu sa mère employer un ton aussi sévère avec lui et il ne savait pas comment réagir. Devait-il rire ou avoir peur ? Il décida d'acquiescer d'un ton neutre. Son téléphone sonna peu après l'appel de sa mère. C'était Clara. Il ne savait pas s'il devait lui répondre.

-Salut Clara. Que puis-je pour toi ?

-Je voulais juste te dire que les cours étaient annulés ce soir. On avait trois heures de chimie mais le prof est malade. Est-ce que tu veux que je passe chez toi après le cours pour t'apporter ce que tu as manqué ?

-Chez moi ?

-Heu oui ?

-Attends deux secondes. Papa ? Est-ce que tu peux passer au lycée pour prendre Clara ? Elle a des cours pour moi et ça se serait plus facile que je les prenne en passant.

-Tu l'as au téléphone, là ?

-Oui !

-Mets-la en haut parleur.

Zachary le fit.

-Clara ? C'est Andrew Ferguson. Est-ce que tu veux venir déjeuner avec David, Zachary et moi ?

-Je ne veux pas vous déranger ! Je suis sûre que vous avez beaucoup à vous dire.

-Il n'y a aucun souci Clara, répondit le père de Zach. On sera devant ton lycée dans une petite heure.

-C'est parfait pour moi, j'ai un cours de 50 minutes qui va pas tarder à débuter. À tout à l'heure alors !

Zach ne savait pas s'il était content ou pas de déjeuner avec Clara et son père. Il passerait le déjeuner à les observer, il le savait. Clara arriva assez rapidement après la sonnerie. Zach observa sa jolie démarche et secoua la tête. Il ne devait plus penser à Clara en tant que jeune femme, en tant qu'objet de son désir. Elle l'embrassa sur la joue et fit de même avec les deux hommes qui l'accompagnaient.

-Est-ce que vous avez fait bon voyage ?

-Il était excellent. J'ai hâte de voir ce que Drew vous a apprit sur un circuit !

-J'ai eu un bon professeur mais je ne sais pas si je vais lui faire honneur !

Zachary eut un léger sourire et lui ouvrit la portière de la voiture. Ils finirent dans un restaurant de sushis. Clara n'en avait jamais mangé et elle adora si Zach comprenait bien son sourire. Elle était assise en face de lui entre David et Andrew. Zach resta le plus clair de son temps les yeux rivés vers son plateau. Son père voulut les déposer au circuit, ce qu'il fit. Pendant que son parrain et la jeune fille marchaient vers l'entrée, Andrew attrapa Zach par le bras.

-Je peux savoir ce que tu as ? Je crois que David a raison et que la seule raison pour laquelle tu boudes et que tu dérailles c'est Clarabella. Alors j'aimerai savoir de quoi il en retourne.

-T'es sérieux là ? Tu comptes en parler maintenant ?

Zach était tellement abasourdi qu'il s'arrêta immédiatement et fixa son père.

-Ce n'est pas Clara le problème Papa. C'est toi le problème. Toi qui est incapable de rester fidèle. Et tu oses me dire que tu aimais Maman ? Sérieusement ? Tu me dégoûtes. J'ai pas envie de te parler, là tout de suite. Alors va à ta réunion et lâche-moi, j'ai pas envie de te faire une scène devant David.

Non, il n'avait pas envie du tout. Il s'éloigna à toute vitesse et mit toute l'énergie de son désespoir dans le circuit. Il roula vite, il roula bien, il roula autant qu'il en avait envie. Il freinait à peine et ne s'occupa pas du tout de Clara. Elle était entre de bonnes mains avec David. Il partit plus tôt d'ailleurs pour rentrer chez lui, auprès de sa mère. Son père l'avait détruit, tout était de sa faute à lui. Pourquoi ? Mais pourquoi avait-il fallu qu'il vienne habiter dans cette ville précise ? Dans la ville où sa fille habitait ?

-Maman ? C'est moi, tu es par là ?

Il ouvrit le bureau de sa mère mais il ne la trouva pas. Non. Il trouva son père à la place. Il était entrain de regarder les dessins de Jillian au mur.

-Salut Zach. J'ai envoyé ta mère faire des courses. Il faut qu'on parle. Sérieusement. Je ne sais pas ce que tu crois savoir sur moi, je ne sais pas ce que j'ai pu faire pour que tu penses que te droguer était la solution alors je t'écoute. Dis-moi mes torts, je t'écoute.

-Tes torts ?

-Tu m'as affirmé tout à l'heure que je te dégoûtais, pourquoi ?

-Je sais la vérité Papa.

-Quelle vérité ?

-Je sais que... que...

Zach baissa les yeux, inspira et expira longuement avant de river son regard sur celui de son père. Il allait tout lui révéler et ensuite, ils devraient assumer tous.