Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

16. L'obsession d'une reine

A Ramaé, au palai royal

La capitale était en effervescence. La saison estivale débutait et, comme chaque année, Ramaé la célébrait par une magnifique fête qui durerait toute la nuit, du couché au levé du soleil. En ce jour si spécial, le palais était ouvert aux Garaméens, qui, venus de loin pour la plupart, pouvaient le visiter librement avant de rejoindre leurs auberges. Des saltimbanques avaient investis les places publiques où ils dévoilaient leur art : l'un se servant de sa magie des plantes pour séduire les jolies filles avec des fleurs sorties de nulle part, l'autre en jonglant habilement avec des lames acérées, feignant par moment un loupé pour garder le public en haleine. Des effluves de viandes grillées et d'alcool flottaient dans l'air, gardant ainsi les touristes dans un état de bien-être propice à la fête et aux dépenses.

Toutefois, du haut de la plus haute tour du château, une personne avait l'esprit bien loin de l'agitation parcourant le petit peuple. Les traits tirés et la fatigue dissimulée derrière une bonne couche de maquillage, les cheveux impeccablement coiffés sous une tiare fine en or tissé, la reine Alyna observait les centaines de petits points s'agitant en contrebas.

Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis qu'Alyna avait envoyé son plus précieux serviteur récupérer la Tisseraie, et n'ayant reçu aucune missive de sa part, elle ne savait rien sur l'avancement de sa mission. Il pouvait être mort qu'elle n'en saurait jamais rien. Pourtant, Alyna gardait la foi. Il allait revenir. Il le lui avait juré, après tout, et Arvin n'était pas homme à bafouer ses promesses. Mais le fait qu'il prenne autant de temps la frustrait, et pour oser la faire ainsi patienter, elle le châtierait. Oh ! Pas trop fort. Après tout, il lui était d'une aide précieuse et elle ne pouvait se permettre de le perdre, mais assez pour qu'il comprenne ce qu'il en coûtait de négliger ainsi les demandes d'une reine. Quand à cette odieuse paysanne, il ne faisait aucun doute qu'elle avait pris la fuite à la moindre occasion.

Penser à cette traîtresse ne faisait qu'attiser la colère qui brûlait en elle depuis des années. Elle se retrouvait une nouvelle fois impuissante, et ce sentiment lui était intolérable. Sa peine et sa colère enrobèrent son cœur tandis qu'elle quittait ses appartements. Du bout des doigts, elle effleura une porte fermée à clé, un voile de tristesse passant quelques secondes dans son regard. Mais quand elle atteignit le grand escalier de marbre de son palais, ses yeux ne montraient plus que leur froideur habituelle.

Dans le hall, elle passa sans s'arrêter devant le portrait grandeur nature de son défunt mari. Le roi Estyeban avait succombé quelques semaines après la naissance de leur fille Lucky, et la reine avait dû s'en occuper seule durant deux mois. Jusqu'à ce que, quelques jours après les trois mois de la princesse, cette dernière lui fût arrachée. Depuis, elle n'avait de cesse d'essayer de les retrouver, elle ou les coupables, afin de leur faire avouer ce qu'il était advenu de Lucky.

Arrivée devant les gardes, Alyna prit une grande inspiration, refoulant toutes ses émotions dans un coin de son cœur. Elle passa une main délicate sur ses joues avant de faire signe aux gardes de lui ouvrir. Les portes en fer grincèrent sur leurs gonds et des effluves de pourriture lui agressèrent les sinus. Alyna, toute reine impassible fût-elle, ne put réprimer une grimace de dégoût. Prévenant, l'un des gardes lui tendit un tissu de soie lui permettant de se protéger des odeurs. Mais, loin de voir ce geste comme une marque de gentillesse, la reine s'en sentit offensée. Comment ce simple garde osait-il lui proposer son propre tissu comme il le ferait avec n'importe quelle gueuse du royaume ? Devant le regard assassin de la reine, le garde blêmit et se confondit en excuses. Alyna avança entre les portes, ignorant magistralement le pauvre garde.

A peine eut-elle franchit la porte qu'un haut-le-coeur l'assaillit. Une main sur la poitrine, elle recula de quelques pas et, revêtant tant bien que mal son masque de froideur, elle tendit la main au garde jusqu'à ce qu'il lui remette le tissu qu'elle venait de refuser. Ce dernier noué de façon à lui couvrir entièrement le nez et la bouche, elle inspira profondément. Les effluves de pourriture largement atténuées par l'odeur masculine du garde, la reine marqua un temps d'arrêt. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait été assaillie par un tel parfum qu'elle s'en retrouva chamboulée.

— Vous ne vous sentez pas bien, votre altesse ? Avez-vous besoin que l'on fasse quelque chose pour vous ? lui demanda le second garde en lançant à son collègue un regard de reproche.

Ce dernier, mal à l'aise, s'agita imperceptiblement dans son armure. Mais la reine secoua doucement la main en signe de négation et ajouta d'une voix étouffée par le tissu :

— Tout va bien, gardez la porte ouverte et n'intervenez qu'à mon commandement.

Et sur ces paroles, elle s'engouffra entre les cellules. Le sol, poisseux, collait sur ses chaussures tandis que la puanteur, mélangée à la chaleur étouffante du lieu, obligea la reine à resserrer le tissu sur son nez. Et même ainsi, elle ne put empêcher l'odeur métallique du sang de s'imprégner dans ses narines et sa bouche. Alyna traversa le long couloir d'une démarche se voulant assurée. Sur son passage, des murmures à peine audibles s'élevaient. A sa droite, comme à sa gauche, les cellules étaient pleines. Des voleurs, des meurtriers, des traîtres, tous plus pourris les uns que les autres, cherchant à véroler le système qu'elle avait mis tant de temps à mettre en place. Mais tout ce monde ne l'intéressait pas. La reine savait qu'elle n'en tirerait rien et qu'il était donc inutile de se préoccuper d'eux. Ils allaient pourrir ici jusqu'à leur mort, et les gardes se chargeraient de brûler les corps. Puis d'autres prisonniers les remplaceraient. Tel était le cycle dans les geôles.

Finalement, elle s'arrêta devant une cellule sombre. Face à elle, trois ombres collées les unes aux autres s'agitèrent, se séparèrent. La reine tiqua en analysant les silhouettes de deux des trois prisonniers. Comme elle aurait aimé ne pas avoir à faire ça ! Mais elle n'avait pas le choix. Il lui fallait absolument la Tisseraie. Elle devait retrouver Lucky, c'était impératif. Et elle e reculerait devant rien pour y arriver, peu importe le mal qu'elle ferait sur son passage.

— Votre femme, roucoula-t-elle, est une traîtresse. Pour vous, comme pour moi.

Elle marqua un temps d'arrêt, les observant s'agiter devant elle. Les phrases que la reine allait prononcer étaient terrible, mais également sa seule option. Elle se devait de montrer l'exemple. Elle devait obtenir le soutien de son peuple, et vite. Et quoi de plus efficace que la peur pour dominer rapidement les foules ?

— Voyez-vous, reprit-elle, cela fait si longtemps qu'elle a fuit, qu'il ne fait aucun doute qu'elle vous a abandonnés. Certainement pour refaire sa vie avec un paysan mieux loti que vous. Mais, voyez-vous, avant de disparaître, cette impertinente a eu l'audace de me voler. Moi ! Sa reine ! Elle m'a dérobé un objet qui m'est très cher et je lui aurais volontiers fait comprendre la gravité de sa trahison, mais, malheureusement, elle est introuvable, puis, se penchant vers le plus âgé des garçons, qui devait avoir à peine neuf ans, elle ajouta, ta mère a accepté ton recrutement dans mon armée. Tu t'appelles Ivayk, n'est-ce pas ?

Le garçon acquiesça, faisant tomber de la poussière de ses cheveux gras et sales.

— Bien, conclut Alyna, un sourire satisfait sur les lèvres, d'ordinaire, je n'y accepte pas les traîtres, mais tu me sembles être un bon garçon, alors...Gardes ! rugit-elle, emmenez cet enfant jusqu'à Elmyk, qu'il signe son engagement au plus vite.

— Je vous en supplie, geignit le père, il est si jeune...Non ! Non...

Mais déjà, les gardes lui arrachèrent l'enfant des bras et l'entraînèrent hors du donjon. Impassible, la reine attendit que les cris d'Ivayk se soient tus pour reprendre, faisant abstraction des sanglots des deux créatures restant face à elle.

— Quant à toi, mon petit, quel est ton nom ? roucoula la reine.

— Novayk, répondit l'enfant d'une petite voix.

— Ah ! soupira la reine, ces Borgoliniens, ils ne feront jamais rien comme les autres. C'est bien de Borgoline que vous venez ?

— Oui, votre altesse, murmura le père.

— Parfait, reprit la reine, alors mon cher Novayk, tu seras heureux d'apprendre que tu vas retrouver ta ville natale. J'ai besoin de soldats pour garder la frontière de la ville et empêcher les créatures de la forêt des Bannies d'y semer la terreur.

— Mais ma reine, balbutia le père avec désespoir, la forêt des bannies est remplie de monstres ! Tout ceux qui s'y sont approchés ont été déchiquetés par les créatures qui y vivent. Si vous y envoyez Novayk, il mourra !

— Gardes ! appela la reine en ignorant l'intervention du paysan, faîtes escorter le jeune Novayk jusqu'à Borgoline. Remettez-le au colonel Firenth, il saura quoi en faire.

Le père, dévasté, ne broncha même pas lorsqu'on lui arracha son fils des bras.

— Quant à vous, souffla la reine, une centaine de coups de fouets devraient suffire. Gardes ! Cria-t-elle, apportez- moi le...

Une brume apparut alors dans la pièce, stoppant la reine dans son élan. Devant elle se dessina alors une silhouette familière.

— Arvin, enfin ! lança la reine d'une voix mielleuse qui n'augurait rien de bon, je vous croyez mort.

— Votre altesse, s'inclina le chevalier, j'accompagne quelqu'un qui devait vous parler de toute urgence.

Sur ces paroles, il laissa glisser au sol un serpent qui se redressa pour faire face à la reine.

— Votre altesse, siffla l'animal, je m'appelle Vishka. Je suis un familier. Je connais l'identité du Brodeur de Rêves auquel j'ai subtilisé l'aiguille. Je ne l'ai pas sur moi, mais je vous la donnerai volontiers, à une seule condition...

Le visage de la reine s'éclaira alors d'un sourire diabolique tandis qu'elle fixait Vishka avec avidité.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro