Ω Ruben Ω

Six mois sont passés. Nina a maintenant sept ans et notre petit garçon a un an. Notre fille s'occupe à merveille de son frère. L'entreprise dans laquelle je travaillais a changé de directeur. Ce qui fait que je me suis fait virer. Cela ne lui a pas plu que je sois en congé maternité. Comme ça, l'entreprise ne paie pas mon congé. Ciro m'a fait plusieurs propositions. J'adore travailler avec les enfants alors il m'a dit que je pouvais passer des diplômes pour devenir nourrice. Soit, je travaillerai à la maison soit, en crèche. J'avoue que ça me plait bien comme idée mais je ne sais pas. Ça m'a démoralisé de me faire renvoyer de la sorte. En plus, je n'ai vraiment rien touché comme indemnités. Je ne sais pas comment le directeur s'est débrouillé mais il a réussi à magouiller pour que je n'ai rien. C'est vraiment dégueulasse.

– Arrête de tout le temps penser à ce qu'il s'est passé. Intervient Ciro.

– C'est plus fort que moi. Je sais que ça fait plus d'un an maintenant mais c'est compliqué. Je ne sais vraiment pas quoi faire.

– Comme je te l'ai dit, tu peux juste rester à la maison. Avec les commissions que je me fais, on a de quoi très bien vivre. La preuve, on a une incroyable maison.

– Je le sais mais je n'aime pas ne rien faire.

– Tu sais, tu peux être bénévole pour différentes associations. Je sais que tu aimes défendre des causes.

– C'est une idée. Il faut que je réfléchisse.

– Parfait. Tu te prépares ?

– Pour ?

– Je t'embarque toute la journée. Aeson et Corey s'occupent des enfants.

– T'arrête de faire ce genre de chose dans mon dos ?

– Si je te demande la permission, tu n'acceptes pas alors je prends les devants. Je sais que tu as l'impression de profiter de ton frère et de Corey mais ils adorent s'occuper de Nina et de Liam.

– Bon, tu as gagné. Je vais me préparer. Il faut que je mette quoi ?

– Habille-toi simplement.

– D'accord.

J'embrasse mon amoureux avant de partir dans la chambre pour prendre des affaires. Je vais, ensuite, dans la salle de bain pour me préparer. Je sais que Ciro fait ça car le fait de me faire virer me déprime. Même encore maintenant. C'est encore une preuve qu'il prend toujours soin de moi. Une fois que je suis prêt, je sors de la salle de bain pour rejoindre mon bêta.

– Tu es prêt ?

– Oui, on peut y aller. On va où ?

– Tu verras bien.

Ciro me sourit avant de m'embrasser chastement. Je le suis sans broncher et on monte dans sa voiture. Je ne sais pas où l'on va mais je suis certain que je vais aimer cette journée. Peut-être qu'il va me demander en mariage aujourd'hui. C'est vrai qu'on n'en a pas trop reparlé depuis le mariage de mon frère et de Corey mais on s'est dit qu'on était d'accord pour se marier. Ciro m'a promis de faire sa demande. Alors je me dis que c'est peut-être aujourd'hui. Mais je veux tellement qu'il le fasse que j'imagine sans cesse qu'il va la faire dès qu'on se retrouve à deux.

Il y a deux mois, je pensais vraiment qu'il allait me demander de l'épouser. On s'est fait une après-midi bowling et après, on est aller sur la plage. La vue était incroyable mais je n'ai pas eu ma demande. Pourtant j'y ai cru. Il faut croire qu'il n'est pas encore prêt pour se marier. Je ne peux pas lui en vouloir. On arrive aux jardins botaniques de la Huntington Library à San Marino près de Pasadena. J'adore cet endroit et Ciro le sait. On y venait souvent quand on était plus jeunes. On sort de la voiture et je souris comme un débile. Je crois que ça va me faire du bien de me promener dans ces jardins.

– Tu es content ?

– Évidemment. Comment ne pas être heureux ?

– Je suis ravi alors.

Je souris à mon amoureux avant de l'embrasser tendrement. On se dirige, ensuite, vers l'entrée. Ça fait tellement longtemps que je ne suis pas venu ici. La dernière fois, c'était avec Ciro. C'était peu après que j'ai découvert quand j'étais enceint de Nina. Ça remonte à plus de sept ans. On fait un peu le tour avant de s'assoir dans l'herbe. Il fait beau alors autant en profiter.

– J'adore cet endroit.

– Je sais. C'est pourquoi on est là. Je voulais te faire changer d'air.

– Merci Ciro. Je sais que ce n'est pas forcément simple pour toi non plus. Mais je vais mieux.

– Je sais que tu vas mieux. Je le vois. Mais je vois aussi que tu n'es pas encore pleinement heureux.

– Je suis heureux. Je t'ai toi et les enfants.

– Je ne parle pas du plan familial. Je sais que tu es heureux avec nous. Je parle mentalement parlant. Tu n'es pas pleinement heureux dans ta tête. Tu vas encore mal par rapport à ce qu'il s'est passé. Et c'est normal alors je vais faire en sorte de redoubler d'effort et te faire te sentir mieux.

– Merci mais je pense qu'il faut que ça vienne de moi. Temps que je ne m'y serai pas fait, je ne pourrai pas aller de l'avant. Il faut juste que je trouve quoi faire de ma vie. Il faut que je réfléchisse aux idées qu'on s'est dites.

– Prends ton temps. Ne te précipite pas. Sois sûr de vouloir ce que tu veux. Je ne veux pas te revoir aussi démoralisé. Ça m'a fait du mal de te voir comme ça. Je déteste te voir dans cet état et ne pouvoir rien faire pour que tu ailles mieux.

– Ne t'en fais pas, je vais faire le bon choix.

– Je n'en doute pas. Je t'aime.

– Moi aussi je t'aime.

Je souris à mon bêta avant de l'embrasser avec tendresse. J'ai tellement de la chance de l'avoir à mes côtés. Depuis que je suis né, il est là. Que ferais-je sans lui ? Il est vraiment mon pilier. J'espère sincèrement savoir quoi faire de ma vie assez rapidement. Je sais que ça lui pèse de me voir ainsi. Il ne sait pas vraiment quoi faire pour que j'aille mieux car ce n'est pas à lui de faire quoi que ce soit. C'est à moi de trouver mon futur travail, rémunéré ou pas. Il faut juste que je sache comment occuper mes journées. Mais on n'est pas là pour ça. On est là pour profiter.

ß Ciro ß

Ruben a vraiment besoin de sortir. Il faut qu'il se change les idées et je pense que ça va être le cas aujourd'hui. On est tous les deux à profiter du moment. Et puis, ce n'est pas pour rien que j'ai laissé les enfants à Aeson et Corey. Rien ne nous empêchait de les prendre avec nous. Mais j'ai une idée derrière la tête et je préfère être seul avec mon oméga quand je mettrai en place mon idée.

– C'est paisible. Intervient Ruben.

– Je suis d'accord. On est bien.

– Pour une fois qu'on n'a pas les cris de Liam.

– Il n'hurle pas toute la journée non plus.

– Je sais mais des fois, il est insupportable. Il fait exprès de crier quand tu es là pour que tu le prennes dans tes bras. On dirait qu'il ne te voit jamais.

– Il s'est quand même calmé depuis quelques semaines.

– C'est vrai. Mais il criait moins quand il était petit.

– Ce n'est pas faux. Tu... Tu en voudras d'autres ? Demandé-je.

– De quoi ?

– Des enfants.

– Évidemment. Je t'ai déjà dit que j'en voulais d'autres. Pas tout de suite car Liam n'a qu'un an mais ça arrivera. J'aime bien être enceint. Mais ça ne veut pas dire que je veux dix gosses.

– Dix ça en fait beaucoup. J'aimerais bien en avoir trois minimum. Après, on verra. Mais même si on en a plus que trois, ça sera maximum quatre. C'est assez.

– Ça me va. Répond mon oméga.

Je lui souris avant de l'embrasser avec amour. J'ai toujours voulu avoir plusieurs enfants pour qu'ils connaissent la vie entre frères et sœurs. Je n'ai pas eu cette chance alors je ne veux pas que mon enfant se retrouve seul. Enfin, j'ai déjà Nina donc Liam n'est pas seul mais deux enfants, ce n'est pas assez. Je suis content que Ruben pense comme moi. On est très souvent sur la même longueur d'ondes. On n'est pas âmes sœurs pour rien.

Après plusieurs minutes à contempler le paysage, je tourne le regard vers Ruben. Il tourne la tête vers moi. Je me lève donc pour me mettre accroupi devant lui. L'oméga me regarde en arquant les sourcils. Il doit se demander ce que je vais faire. Il doit penser que je vais faire une connerie. Après tout, c'est bien mon genre. Mais cette fois, ce n'est pas du tout une connerie. Je suis très sérieux. Je sais également qu'il ne s'y attend pas du tout. Je soupire un bon coup avant de commencer à parler.

– Ruben, ça fait des années qu'on se connait. Vingt-cinq ans pour être exact. Je me souviens que tu es venu me réconforter quand mes géniteurs m'ont foutu dehors. Tu avais dit qu'ils étaient des nuls. Tu n'avais que trois ans mais tu avais l'air de comprendre. Tu dis souvent que j'ai toujours été là pour toi, ce qui est vrai, mais toi, tu fais la même chose pour moi. Quand on s'est quitté avec Adam, tu es venu me voir pour me dire que si j'avais besoin, tu étais là. Mais ce que tu ne savais pas, c'était que je m'en fichais de la rupture car je t'aimais. Comme tu le sais, quand tu étais avec Kian, je l'ai très mal vécu mais j'ai pris sur moi car ton bonheur était important à mes yeux. Enfin, il y est toujours. Je me suis tellement senti impuissant quand tu t'es fait violer. Je m'en suis voulu. J'aurais dû t'accompagner comme je l'ai souvent fait. J'en ai voulu à la terre entière sauf à toi. Même Aeson subissait ma colère de temps à autre. Mais il s'avait pourquoi j'étais comme cela donc il ne disait rien. Tu es tout pour moi, Ruben, sans compter nos enfants. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. Je ne serais sûrement pas le même. Je t'aime comme un fou et ça depuis tellement longtemps. On a tout, une maison, des enfants. Je t'ai laissé une jolie marque au cou ce qui prouve qu'on est âmes sœurs. Il ne manque qu'une seule chose. Et je pense que tu sais de quoi je parle. Je sais ce que j'ai souvent dit à ce sujet. Mais tu sais également que j'ai changé d'avis. Alors je me lance.

J'avoue que je stresse beaucoup même si je me doute qu'il va dire oui. On ne sait jamais, c'est peut-être lui qui a changé d'avis après avoir attendu aussi longtemps. Bon Ciro, ne pense pas à des conneries pareilles. Je souffle un bon coup avant de sortir un petit écrin de ma poche. Je l'ouvre et prononce la phrase qu'il attend depuis tellement longtemps.

– Je sais que je ne suis pas parfait mais Ruben Capps, me ferais-tu l'honneur de m'épouser ?

Je le vois se figé, sûrement dû à la surprise. Mais les secondes passent et il ne bouge toujours pas. Dois-je m'inquiéter ? J'espère sincèrement qu'il n'a pas changé d'avis. Je crois que je ne supporterais pas son refus. Sérieux Ruben, fais-moi un signe. Je le vois enfin bouger et des larmes coulent le long de ses joues. Il met ses mains devant sa bouche avant d'arriver à prononcer quelques mots.

– É-évidemment que je veux t'épouser.

Je souris comme un imbécile avant de lui passer la bague à l'annulaire. Je pose, ensuite, mes mains sur ses joues avant de plaquer tendrement mes lèvres contre les siennes. Je le sens sourire dans le baiser, ce qui provoque le mien. Je vais réellement me marier ? Il faut croire que oui. Mais je n'ai pas choisi n'importe qui. J'ai choisi la personne la plus incroyable du monde. La personne faite pour moi. La personne dont je suis amoureux depuis des années. La personne qui m'aime en retour. J'ai vraiment choisi le plus merveilleux des hommes, mon Ruben.