Chapitre 8 - L'annonce du père
A la fin du week end, les parents de Laurens et Octave furent de retour chez eux. Sans Laurens. Leur mère avait l'air épuisé et les yeux rouges par trop de pleurs. Même si, devant Octave, elle affichait une espèce de faux sourire et prétendait que tout allait bien. Ce fut son père qui vint enfin apporter des explications à Octave.
Il entra dans sa chambre et commença à en inspecter les moindres recoins, regardant les photos et coupes de football qu'avait remporté Octave. Après un long moment, il s'assit au bout du lit et invita Octave à faire de même. Frédéric se racla la gorge :
- Je voulais t'expliquer un peu les récents évènements ; et comment va Laurens. C'est un peu complexe, à vrai dire, mais je vais te dire ce que j'en ai compris.
Octave acquiesça, sans prononcer un mot.
- Comme tu le sais, ton frère a eu cet accident avec une potion magique. Il semblerait que plusieurs ingrédients n'auraient pas dû s'y retrouver. Il y a aussi une histoire de mauvais alignement de planètes Mercure et Pluton le jour de l'accident, à ce que j'ai compris... Bref, les guérisseurs, ces sortes de médecins sorciers, ont analysé la potion dans tous les sens. Ils l'ont même envoyé à un spécialiste à Paris, un certain Nicolas Flamel, dont on attend l'expertise.
Frédéric semblait réfléchir à mesure qu'il parlait et Octave gardait le silence, ne souhaitant pas l'interrompre.
- Comme la potion lui a giclé dans l'œil, mais qu'elle s'est également mélangée à son sang par le biais de l'énorme entaille qu'il s'est fait en tombant, il semblerait que le sang de ton frère soit comme... empoisonné.
- Empoisonné ?! réagit brusquement Octave, ils ne peuvent pas lui donner un antidote et on en parle plus ? Ce sont des sorciers après tout !
- Ce n'est pas si simple malheureusement, expliqua son père, le poison a interagit avec son système, ce qui a créé une sorte de tumeur derrière son œil. Et ce n'est à priori pas possible de l'enlever.
Mais il prend déjà des tas de traitements pour la faire réduire, ajouta son père précipitamment, voyant le visage d'Octave se décomposer.
Puis, tu connais ton frère, il est en forme malgré tout, il garde le sourire et son caractère de cochon !
- Et il va guérir ? s'enquit Octave
- L'état de Laurens est considéré comme sérieux. Sans traitement efficace, ce poison est mortel.
Octave mit sa main devant sa bouche, littéralement choqué. Son père continua :
- Pour l'instant, l'empoisonnement le rend également très contagieux. Alors, ils ont placé Laurens dans une pièce isolée de l'infirmerie, le temps que ce ne soit plus le cas.
- Combien de temps ?
- Personne ne peut le dire. Peut-être six à huit semaines ? C'est ce qu'ont prédit les guérisseurs. Tout dépendra de l'effet des remèdes.
- Et il va guérir ? redemanda Octave
Son père lui posa une main sur la cuisse et leva les yeux vers lui,
- Je l'espère mon grand, je l'espère...
Ce soir-là, Octave eut le plus grand mal à trouver le sommeil. Il avait l'impression que son monde entier perdait pied. Il tournait et retournait les paroles de son père dans son esprit, revoyait les yeux rougis et inquiets de sa mère. Par-dessus tout, une petite voix s'était également insinuée dans sa tête : Et si tout cela était de sa faute ? Combien de fois avait-il eu la pensée inavouable de se débarrasser de son frère ? Bien sûr, il n'y pensait pas réellement... Pas réellement... Mais si le monde magique l'avait entendu ? Octave chassait ces pensées de sa tête. Pour ne rien arranger, il surprit encore une fois une conversation entre ses parents.
- Frédéric, je veux aller chercher Laurens, implorait sa mère. Comment être sûrs qu'on nous dit vrai et que son sang est vraiment empoisonné ? Je ne fais pas confiance à ces guérisseurs ! Je ne veux pas que Laurens boive ces potions !!
Elle pleurait à présent et Octave sentit son estomac se contracter.
- Enfin soit raisonnable, la raisonnait son père. Que crois-tu que notre médecin de famille Docteur Chauvet puisse bien faire face à un empoisonnement magique ?! Bien sûr que c'est vrai, tu as bien vu la taille de son œil ! Voyons, Ornella !
- Je ne sais pas... sanglotait sa mère
- Il faut faire confiance à ces guérisseurs. On n'a pas le choix. Le cas de Laurens semble complexe, même pour le monde magique. Mais les plus grands guérisseurs s'occupent à présent de lui. Il doit prendre ses traitements, au contraire ! Il n'y a que ça qui peut lui donner une chance de guérir !
- Tu crois ???
- J'en suis sûr ! répliqua son père d'un ton sans appel. Maintenant, arrête de réfléchir, il faut suivre les instructions des guérisseurs et leur faire confiance.
Octave se rallongea dans son lit, encore plus mal. Il aurait tout donné à cet instant pour voir son frère en chair et en os ! Soudain, il entendit tapoter doucement à sa fenêtre. Il vit les deux tourterelles grises. Son cœur se mit à battre plus vite lorsqu'il se leva pour les laisser entrer. Les deux volatiles atterrirent tant bien que mal sur son lit, vu qu'ils transportaient ensemble un gros paquet. Bien qu'elle n'ait écrit qu'une seule fois auparavant, Octave reconnu l'écriture ronde de Pauline et il ressentit comme un baume au cœur. Le paquet contenait une grosse brioche, un petit miroir rond et une lettre, qu'il lut aussitôt :
« Cher Octave, écrivait Pauline, ce qui le fit rougir ;
Je ne t'ai pas oublié et je t'envoie comme promis quelques nouvelles.
Laurens, malgré son enfermement et sa maladie râle toujours autant et rit toujours autant. Voilà qui devrait te rassurer. Je pense toutefois que rien ne saurait plus te réconforter que de lui parler de vive voix, c'est la raison pour laquelle je t'envoie ce Miroir à Double Sens. Laurens en a un également et si tu prononces son nom en le regardant, alors il apparaitra dans ton miroir et vous pourrez communiquer.
Je tiens néanmoins à te prévenir que les potions qu'il prend modifient parfois son apparence physique. Cela n'est pas irréversible, ne t'inquiète pas !
Je te joins également, si les tourterelles ne se sont pas servies en route, une brioche au sucre enchanté, qui a pour effet de rendre le cœur léger à quiconque la mange.
Si tu as envie de correspondre, n'hésite pas, je le ferai avec joie.
Bien à toi,
Pauline »
Octave croqua un morceau de brioche et tandis que le sucre fondait dans sa bouche, il se sentit effectivement le cœur plus léger qu'il ne l'avait été ces derniers terribles jours. Il n'aurait toutefois pas su attribuer si l'effet venait de la brioche ou de la lettre. Il prit le miroir entre ses mains, se promettant de l'utiliser dès le lendemain. Rasséréné, il tomba dans un profond sommeil.
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