Chapitre 7 - Sans nouvelles
Le matin se levait tout juste. Octave fut réveillé par le son des voix de ses parents. Ils parlaient de manière anxieuse et précipité.
- Allons bon, que se passe-t-il encore pensa-t-il
Il se leva et passa la tête par l'entrebâillement de la porte de sa chambre. Son père lui passa devant sans même le voir, puis sa mère en fit autant dans l'autre sens.
- Prends plus de vêtements Frédéric, on ne sait pas combien de temps nous serons partis ! interpella sa mère d'une voix inquiète.
- Hé Ho ! Bonjour ! intervint Octave d'une voix forte. Il était à présent au milieu du couloir. Quelqu'un peut-il m'expliquer ce qui se passe ici ??
Il surprit le regard entre ses deux parents.
- Viens ici mon grand, lui dit son père
- Mon grand ?! s'indigna Octave, mais je n'ai pas trois ans !
L'absence de réaction de son père face à son insolence finit d'inquiéter Octave.
- Ecoute Octave, commença son père qui cherchait visiblement ses mots, l'école de Laurens nous a contacté ce matin très tôt et heu... sa blessure de l'autre jour a semble-t-il empiré... Mais ça va aller hein ! ajouta-t-il précipitamment
Enfin, il nous a semblé plus judicieux avec ta mère de nous rendre sur place pour heu... tu vois... enfin voir ce qui se passe de nos propres yeux.
Octave sentit la colère monter en lui sans qu'il ne puisse la contrôler. Ca y est, son imbécile de frère se faisait encore remarquer. Même absent, on ne parlait que de lui, encore et toujours.
- Octave ? intervint doucement sa mère, nous te tiendrons informés. Nous ne partons que quelques jours je pense. Pour se rassurer, tu comprends ?
J'ai tout arrangé, tu passeras la semaine chez papy et mamy, lui appris-t-elle
- Oh non ! Pas question ! protesta Octave, j'ai 15 ans, presque 16 la semaine prochaine, je peux rester seul et me débrouiller !
- Bon Octave, ça suffit, coupa son père. Nous n'avons pas le temps de discuter, un véhicule de l'école passe nous chercher dans 10 minutes. Il va nous conduire à un porte avion (Portoloin ! corrigea sa mère). C'est comme ça, fin de la discussion !
Sur ces mots, il tourna les talons et repartit terminer sa valise. Au même moment, quelqu'un frappa à la porte. Voyant que personne ne se décidait à aller voir, Octave s'en chargea et ouvrit la porte violemment, complètement excédé. Dans l'entrebâillement se tenait une femme minuscule aux cheveux blonds en pétard d'une trentaine d'année.
- Bonjour, Mademoiselle Maccari, école de BeauxBatons, se présenta la petite sorcière d'une voix la plus aigüe qu'Octave n'ait jamais entendu de sa vie, je viens chercher M. et Mme Luthier.
Elle n'avait pas l'air de se formaliser de la mauvaise humeur d'Octave, ni du fait qu'il ait ouvert la porte, pieds nus et en pyjama. A ses côtés, et qui la dépassait de deux bonnes têtes, se trouvait une charmante jeune fille de l'âge d'Octave environ. De longs cheveux noirs encadraient son visage et son regard doux lui souriait.
- Bonjour, je suis Pauline Lecours, préfète à Beaux-Bâtons. On s'est déjà écrit il y a quelques temps, c'est moi qui vous avait envoyé la tourterelle pour vous informer de l'accident de Laurens. Tu dois être Octave ?
Puis, sans attendre sa réponse, elle continua :
- Laurens a reçu ta réponse, à ce propos.
Octave se sentit rougir en repensant, honteux, au courrier envoyé à Laurens sous le coup de la colère. Mais Pauline ne pouvait pas l'avoir lu, essaya de se rassurer Octave. Il n'eut heureusement pas à répondre, car son père débarquait dans le hall avec deux grosses valises, suivi de près par sa mère. La voix suraigüe de Melle Maccari les fit tous sursauter, pas sûr qu'on s'y habitue un jour !
- Bon, nous avons un timing serré... Alors, si vous êtes prêts ?...
- Heu, oui bien entendu, acquiesça Ornella, la mère d'Octave.
Puis, se tournant vers lui :
- Prends soin de toi d'accord ? Ne fais rien d'inconscient et souviens toi que ce soir, à la sortie du lycée, tu vas directement chez tes grands parents, je compte sur toi !
Octave acquiesça, mal à l'aise de se faire traiter comme un bébé en public, d'autant plus qu'il sentait sur lui le regard de Pauline. Et qu'il était en pyjama ! Son père lui tapota la tête, ce qui accentua sa honte, et sa mère l'embrassa.
- Et bien, au revoir ! le salua Melle Maccari
Son père saisit les bagages et entreprit de les mettre dans le coffre d'une grosse berline bleue ciel garée devant la maison.
- Je t'envoie des nouvelles si tu veux ? lui demanda Pauline
Octave, la gorge serrée sans bien savoir pourquoi, n'arrivait pas à répondre. Alors il hocha la tête, ce qui sembla suffire à Pauline. Puis ils partirent tous. Le laissant là. Seul devant le pas de sa porte.
Les jours passèrent et Octave ne recevait aucune nouvelle. Ses grands-parents, chez lesquels il avait fini par aller, n'en avaient pas non plus, mais Octave se sentait particulièrement insulté. Il alternait entre colère et inquiétude tout au long de la journée. Ses grands parents avaient adopté l'adage « pas de nouvelles, bonnes nouvelles » et semblaient sereins, du moins en apparence. Le troisième jour sans nouvelles, Octave s'emporta :
- Qui ça intéresse de me tenir informé hein ? Qui ?? Je ne suis que le grand frère, je ne fais partie de cette famille ou quoi ?! Ils n'ont pas inventé le téléphone chez les sorciers ? ou la politesse ?
Puis, une vague d'inquiétude refaisait surface. Peut-être que c'était grave ? Ses parents n'avaient pas eu le temps de se préoccuper de lui parce que Laurens était entre la vie et la mort ? Puis il essayait de se raisonner : ses parents n'avaient pas encore eu le temps de l'informer, voilà tout. Il allait bientôt recevoir des nouvelles rassurantes, il se faisait un film pour rien, très certainement. Puis, la colère reprenait le dessus. Même Pauline qui lui avait promis des nouvelles, ne lui envoyait rien !
Enfin, après trois interminables jours, une tourterelle se posa sur le rebord de la fenêtre de la cuisine chez ses grands-parents. Au bond que fit sa grand-mère pour ouvrir la fenêtre, Octave sut qu'il n'était pas le seul à se faire du mauvais sang. Son grand père, dont les mains tremblaient, essayait en vain de libérer l'oiseau de son message. Octave lui prit la tourterelle des mains et réussit à détacher le message de la patte de l'animal. Aussitôt, la tourterelle reprit son envol par la fenêtre restée ouverte. Fébrile, il déroula le parchemin et lu son message, ses grands-parents penchés au-dessus de son épaule.
« Les nouvelles sont mitigées. Laurens est en pleine forme, mais il semblerait que la potion qui lui a giclé dans l'œil ne soit pas des plus sympathiques. Les guérisseurs (sorte de médecin sorciers) lui ont fait passer plusieurs examens, assez farfelus si vous voulez mon avis ! Ils tentent d'établir un diagnostic.
On vous redonnera des nouvelles dès qu'on en saura plus. Pour le moment, on garde l'espoir que ça s'arrange rapidement.
On vous embrasse,
Frédéric et Ornella »
Octave et ses grands-parents se regardèrent en silence sans savoir que dire. Ce fut sa grand-mère qui brisa le silence :
- Bon, tout va bien ! C'est ce que Frédéric écrit. Laurens va bien, alors pour l'instant, on se raccroche à ça et on attend les prochaines nouvelles.
- Ta grand-mère a raison, approuva son grand-père, Laurens va bien. C'est cela qui compte. Attendons la suite.
Sur ces mots, il se replongea dans son journal et sa grand-mère sortit du salon. Ce qui signifiait que la discussion était close.
Même si ses grands-parents semblaient le nier, Octave n'était pas très rassuré. En son for intérieur, il avait la sensation qu'on lui cachait quelque chose. Son père avait tout de même écrit que les nouvelles étaient mitigées. Tout cela n'était pas très clair. Une nouvelle fois, Octave sentit la colère monter en lui devant le manque d'informations et le sentiment d'exclusion. Lui aussi aurait aimé être auprès de son frère et savoir ce qui se passait.
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