Le lendemain, à la tombée de la nuit, Leyra se trouvait face à la grille arrière du manoir. Elle la déverrouilla rapidement et l'ouvrit en prenant soin de ne pas la faire grincer. Elle prit forme de louve après l'avoir refermée et procéda à une rapide inspection du jardin. Un certain nombre de plantes aux alentours d'une trappe menant à un niveau souterrain étaient desséchées, sinon mortes. La femme-louve remit en cause l'efficacité d'un quelconque jardinier dans cette demeure.

A l'intérieur, quelques objets étaient tombés d'une table.

Intriguée par la trappe, Leyra tourna un peu autour. La louve ne put trouver que l'odeur d'un seul homme. Une brise légère s'engouffra dans les bords de la trappe. Non. Ça n'était pas le vent. Elle leva le nez et huma l'air. Les courant magiques étaient aspirés au sous-sol. Elle repris sa forme habituelle pour ouvrir la trappe qui menait sur un petit escalier en pierre. Elle en descendit lentement les marches. Une faible lueur éclairait le bas de l'escalier. Elle s'arrêta à mi-chemin. Elle sentait l'énergie magique glisser le long de son corps, aspirée dans la cave. L'odeur de l'homme se faisait plus prononcée. Elle avança à nouveau, sourcils froncés. Ce qu'elle découvrit dans la cave lui déplu davantage. Le maître de maison pratiquait une magie bannie, qui prenait l'énergie des êtres vivants autour comme source, à la place de prendre la magie de l'utilisateur. L'homme en prenait tellement de l'extérieur que les courants magiques avaient prit une forme presque palpable, capable de faire bouger de petits objets sur son passage. Elle rebroussa chemin. Une fois dans le jardin, elle ouvrit une fenêtre et se faufila dans le manoir. La femme-louve trouva facilement la trace du passage de Maria et la suivit.

En passant dans un couloir, l'ampoule au plafond se mis à clignoter. Autour de cette dernière, le courant magique avait pris une légère teinte bleutée. Étrange. La magie n'a pas de couleur. Dans la pièce adjacente, un chandelier en cuivre vibrait, produisant un son inaudible à l'oreille humaine. Leyra s'arrêta entre les deux phénomènes pour réfléchir. Il avait été prouvé que l'électricité pouvait passer par les métaux... Mais dû à la nouveauté qu'était le courant électrique, aucune recherche n'avait été conduite quant à sa réaction au contact de la magie. La femme-louve redressa la tête, tous sens en alerte. Elle se changea en louve pour prendre en vitesse de déplacement sans pour autant produire des bruits de pas et suivit la piste de Maria jusqu'à sa chambre. Elle repris sa forme habituelle avant de l'appeler doucement. De faibles bruits venaient de l'intérieur de la pièce, elle n'était donc pas encore couchée. Maria, sur le coup, pensait avoir rêvé, mais après avoir entendu son nom une seconde fois, elle alla ouvrir la porte et fut surprise de découvrir la femme-louve.

« Leyra ?! Mais qu'est ce que tu fais là ? » murmura-t-elle avec étonnement.

Elle entra dans la chambre sans y être invitée et ferma la porte derrière elle.

« Visite surprise. Comme le cas semblait intéressant, je me suis dis que j'allais y jeter un coup d'œil. Et je pense avoir trouvé ce qu'il se passe ici.

- Hein... Quoi, déjà ? Comment tu as trouvé ? balbutia-t-elle d'un air surpris.

- Ne pas être humain offre bien des possibilités. Comme je suis entrée ici de manière pas très légale, je ne vais pas m'attarder. Et en parlant de choses illégales, c'est le cas de ce qui cause ce phénomène. Muchenberg en est à l'origine. Je donnerais les détails à Sora avant qu'il vienne demain, pour que vous puissiez l'arrêter. »

Maria hocha la tête.

« D'accord. Mais maintenant file avant que quelqu'un ne nous surprenne. »

Le visage de la femme-louve se barra d'un léger sourire en alors qu'elle ouvrait la fenêtre de la chambre, juste assez grande pour la laisser passer.

« Ferme bien la fenêtre » chuchota-t-elle avant de sauter souplement dans le jardin.

Maria s'approcha de la fenêtre pour la voir partir puis la ferma en soupirant.

« Encore une acrobate, je commence à me sentir lésé. »

Leyra rentra au quartier général alors que la nuit était déjà bien avancée. Elle rejoignit sa chambre, où Kurtz dormait à poing fermés.

     Au matin, elle accosta Sora qui s'apprêtait à partir.

« Prépare des menottes, j'ai trouvé de quoi il s'agit.

- Oh, intéressant... Dis-moi tout. »

Elle lui expliqua sa découverte des actions illégales conduites par Muchenberg ainsi que sa théorie concernant l'électricité et la magie pour rationaliser le phénomène, faute de mieux.

« Dans ce cas, pour éviter les problèmes et lui mettre la main dessus, je vais devoir venir comme d'habitude pour qu'il ne se doute de rien et prendre un collègue disponible... Tu fais quoi, là, tout de suite, maintenant ? » ajouta-t-il à l'intention de cette dernière en la regardant avec insistance.

Elle eu un rire très léger, à peine audible, et haussa les épaules.

« Maria est sur place, je ne vois pas l'intérêt de faire venir une troisième personne. Qui disait que ça allait faire suspect ?

- Je me disais qu'un homme avec des menottes passerait pour quelqu'un de louche, et on ne me laissera pas entrer... Mais bon... Je passerais pour un homme louche, tant pis. »

Kooritsuki, qui passait par là, lança sans même les regarder.

« Tu n'as qu'a les cacher dans ta sacoche, espèce de crétin.

- Bonjour à toi aussi, nabot. »

Leyra se retint de rire et maintint seulement un sourire, ne s'engageant pas dans leur échange haut en couleur.

« D'accord le nabot a pas tord, j'aurais dû y penser... Je vais faire comme ça. Je donne un dernier cours au gamin et demande à voir le père ensuite. »

Sora la laissa à ses occupations et se pressa pour ne pas arriver en retard.

     Comme à son habitude, il toqua à la porte et, quand on lui ouvrit, se dirigea vers la salle réservée aux études du jeune garçon. Il croisa Maria au loin et lui fit signe de le rejoindre plus tard sur le balcon. Elle comprit son signe discret et reprit son travail comme si de rien n'était. Avec le temps passé à travailler ensemble dans l'ancien bureau, il ne leur fallait que peu de mots pour se comprendre. Il entra dans la salle en saluant le garçon et s'installa près du bureau.

« Que dirais-tu d'une petite évaluation aujourd'hui ?

- C'est toi qui vois. »

Sora sortit une feuille avec des questions de son sac puis le referma avant de le poser devant lui et de sortir une montre.

« Voyons voir en combien de temps tu peux finir ce test. Tu es prêt ?

- Idéalement, en combien de temps je devrais le finir ?

- Je te révélerais ça à la fin du test. »

Mathéo, peu amène, commença son test. Il rendit sa copie après environ une heure et demie. Sora resta un peu à l'ouest tout du long. Il sortit de ses pensées pour regarder sa montre quand Mathéo dit qu'il avait terminé. Il pris la copie entre ses mains.

« Bien, voyons ça... »

Le garçon avait terminé plus rapidement que prévu, et visiblement, la grande majorité des questions avaient été résolues sans problème. Sora regarda sa montre, puis examina la copie.

« Plutôt bien joué compte tenu du temps imparti. Tu avais encore à peu près trente minutes. J'aurais bien aimé approfondir le test en histoire mais ce sera pour une prochaine fois, quand tu en auras appris plus sur les échanges entre les pays de leurs débuts à aujourd'hui. Sur ce, je vais t'accorder une pause, profites-en pour trouver quelque chose là dessus. Je dois parler au maître de maison. »

Mathéo hocha la tête et alla se perdre entre les étagères de la bibliothèque. Sora pris son sac avec lui et sortit de la pièce pour se diriger vers le bureau de M.Muchenberg. Il toqua pour vérifier sa présence.

« Entrez ! »

Le vampire ouvrit la porte et entra dans la pièce.

« Bonjour monsieur, j'ai à vous parler.

- Je vous écoute.

- Votre fils est un petit génie... Mais malheureusement, cela ne semble pas être votre cas. Sinon vous n'auriez pas à aller derrière les barreaux en le laissant sans père à cause de vos actions illégales... En vertu de mes fonctions de membre de l'ordre, je vous demande de bien vouloir coopérer pour ne pas aggraver votre cas, et de bien vouloir me suivre.

- Actions illégales ? Je n'ai rien fait qui pourrait me valoir ce traitement ! Membre de l'ordre ? Allons donc ! Et quelles preuves avez-vous ?

- L'usage de magie qui utilise la force vitale autour de soi est formellement interdite... » Il fouilla dans sa poche tout en continuant de parler. « et les preuves sont au quartier général » ajouta-t-il avant de sortir son badge et une paire menottes. « Maintenant venez avec moi s'il vous plaît, je n'ai guère l'envie de vous courir après, en vous rappelant que la fuite aggraverait votre cas.

- Hmpf, emmenez-moi où vous voulez, vous n'arriverez à rien contre ma personne. »

Sora le menotta puis l'emmena avec lui au quartier général. Il le laissa aux soins de Maria tandis qu'il alla expliquer la situation au chef.

« Donc si j'ai bien compris, vous l'avez pris pour un crime grave sans la moindre preuve ? Et maintenant qu'il n'est plus là-bas, qu'est ce que tu comptes trouver comme preuve ? Retourner là-bas ? Après l'avoir arrêté ? Avoir des preuves solides est la base avant toute arrestation ! Maintenant tout ce qu'il a à faire est de trouver un avocat et il sera libre comme l'air !

- Justement. J'ai fais ça car Leyra a des preuves sur le lieu du crime et certaines connaissances apparemment sur cette magie. Avec son aide on pourra avoir des témoignages des employés et les livres sur ses recherches dans la bibliothèque, cela devrait suffire. Mais pour prendre ces livres, il me fallait me l'enlever des pattes... »

Le chef soupira, agacé.

« J'aurais tout de même aimé un rapport ou une explication avant de faire une chose pareille. On ne peut pas le mettre en garde à vue plus de trois jours, alors dépêchez-vous » dit-il en le chassant du bureau d'un geste de la main.

Sora sortit, puis, une fois la porte fermée, il soupira un bon coup. Il se dit qu'il avait prit les propos de Leyra un peu trop au sérieux et n'avait pas prit assez de temps pour réfléchir avant d'agir. Cela ne lui prendrait qu'une journée pour ce qui était de récupérer les livres et contacter les employés pour demander à les voir. Mais cela demandait du travail. Il fallait aussi mettre la main sur Leyra pour lui demander de retrouver le chemin jusqu'au lieu dont elle avait parlé. Il soupira.

« Quelle plaie... »

Il alla toquer à la porte de la chambre où Leyra logeait avec Kurtz, en espérant la trouver ici. Cette femme était rarement là où on l'attendait. Le blond lui ouvrit.

« Besoin de quelque chose ? »

Leyra n'était visiblement pas dans la pièce.

Sora soupira à nouveau.

« Dis-moi que tu sais où est Leyra.

- Mmh... Exactement, je ne sais pas, mais elle a dit qu'elle allait dans le centre ville. Elle est parti il y a quelques minutes à peine, avec un peu de chance tu peux la rattraper. »

Sora soupira de plus belle, exaspéré. Cela voulait dire qu'il fallait courir. Il ne perdit pas une seconde et fonça dehors.

« Haha, bonne chance. » marmonna Kurtz en refermant la porte.

      Il finit enfin par la rattraper au bout de la rue et l'interpella. Il pris une petite pause pour reprendre son souffle. Elle s'arrêta et lui lança un regard interrogateur par-dessus son épaule.

« Désolé. Je vais avoir besoin de ton aide. J'ai arrêté Muchenberg pour avoir le champ libre avant de récupérer les preuves mais je ne sais pas exactement où est son espère de labo secret... J'ai besoin que tu m'y emmène. »

Elle eu un sourire légèrement moqueur.

« Je t'ai tout apporté sur un plateau d'argent et tu arrives encore à me demander de l'aide ? Essaye de mieux faire la prochaine fois. Mais comme je suis indulgente, je vais te montrer. »

Elle repris sa marche, cette fois en direction du manoir. Il ne trouva rien à redire, même si dans cette mission, il a été le seul à gérer le problème malgré le fait qu'il soient deux. De toute manière, il avait l'habitude de ce genre de commentaire avec Koori.

« Merci... du coup de main. »

Il la suivit jusqu'au domaine. Une fois là-bas, elle crocheta à nouveau la grille arrière du jardin et se dirigea vers la trappe, qu'elle ouvrit pour dévoiler l'escalier. Ils descendirent. Dans la cave se trouvait une table croulant sous le papier. Sora fouilla dans les papiers et en lu certains.

« Si ça, ce ne sont pas des preuves, je ne vois pas ce que c'est. »

Il lui fallait en embarquer quelques unes bien écrite de sa main, ainsi que faire un détour à la bibliothèque avant de rentrer pour contacter les employés. Il remercia Leyra avant de lui dire que maintenant il pouvait se débrouiller seul et qu'elle pouvait retourner à ses occupations. Elle ne se fit pas prier et partit, ne trouvant plus rien d'intéressant dans cette cave.

Le jeune brun réunit un bon paquet de papiers puis les glissa dans sa sacoche avant de sortir de la cave. Il la ferma en passant une paire de menottes dans le verrou afin que personne ne puisse y accéder et cacher les preuves le temps que lumière soit faite. Il partit vers la maison et entra, la porte d'entrée n'étant étrangement pas verrouillée. Il se dirigea vers la bibliothèque et notamment vers les livres exposés sous scellé dont Mathéo avait parlé. Il réussi à l'ouvrir et à récupérer les livres en question. Il les feuilleta en souriant, content de trouver ce à quoi il pensait, c'est-à-dire des preuves flagrantes de plus. Il pris deux des vieux bouquins qu'il arriva à glisser dans son sac. Après avoir fini ses affaires, il repartit au quartier général exposer ses trouvailles au chef.

Pendant ce temps, Maria avait finit par se décider à filer un coup de main en contactant les anciens employés qui avaient fuit le manoir, pour qu'ils viennent déposer un témoignage écrit, le lendemain soir au plus tard.

     Le lendemain, l'affaire était réglée. Ou tout du moins, les preuves et témoignages avaient tous étés recueilli. Il ne restait plus qu'à la police de finir le travail.

Maria reprit en charge l'accueil comme à son habitude et Sora était repartit pour reprendre une activité du type sieste. Mais les choses n'allaient apparemment pas se passer comme il l'entendait.