Chapitre 2 : Partie IV
Sora et Keita arrivèrent en carriole devant un vieil hôtel, proche du lieu de travail de leur cliente. Ils déchargèrent leurs bagages et se rendirent à l'accueil, où ils récupérèrent les clefs de la chambre que Sora avait pu réservé à l'avance. Par chance, la saison et le quartier faisait qu'il y avait peu de réservations en ce moment. Ils purent donc demander la chambre qui donnait sur le bar où travaillait Mme Beletre. Les deux jeunes hommes montèrent installer leurs affaires et leur matériel d'espionnage près de la fenêtre, de telle façon à ce que ce soit le plus discret possible. Puis ils sortirent tout deux de leurs valises des habits de style « gang de rue » pour changer totalement de look et avoir plus d'impact. Keita sorti un pantalon troué dont la matière serait, deux siècles plus tard, appelé jean, ainsi qu'un vieux tee-shirt blanc, une veste en cuir noir ainsi qu'un genre de bonnet rouge et noir.
« J'ai toujours rêvé de jouer les racailles.
- Pourquoi tu ne le fais pas alors ?
- Si ma sœur me voyait habillé comme ça, elle me ferait la peau. Et puis, je ne voudrais pas que ma grand-mère fasse une crise cardiaque.
- Je vois le genre. »
« Mais elle est mal placée pourparler de goût vestimentaire. Elle est la première à choisir toutes les missions qui peuvent demander un déguisement, et à changer constamment de look » pensa Sora.
Keita s'empressa de se changer pourvoir ce que cela donnait sur lui.
« Regarde ça, Sora. Ça claque comme allure non ?! Ça me va bien tu ne crois pas ? »
Sora, qui venait de terminer de se changer avec un vieux pantalon noir troué, une chemise blanche et une veste noire lui jeta un regard en coin.
« Ouais, mais n'oublie pas qu'on n'est pas là pour s'amuser...
- Je sais, t'inquiètes pas. Mais rien n'empêche d'en profiter. Bon viens, on va faire un petit tour de repérage, puis on ira au bar dans l'espoir d'en apprendre un peu plus sur les clients.
- D'accord, Je suis prêt, je te suis. »
Sur ce, les deux collègues ne tardèrent pas à sortir dans la rue et faire quelques tours de quartier pour connaître un peu mieux ce coin. Keita regardait les passants d'un œil analytique, seulement à priori, aucun n'avait l'air suspect, du moins pas dans leur affaire. Le mieux était donc de s'installer au bar et de discuter avec quelques gars en attendant le concert de la cliente. Sora vint s'asseoir au comptoir du bar avec Keita.
« Un Blue lagon et un whisky. Tout de suite monsieur. »
Sora discuta discrètement avec Keita le temps que le barman revienne avec la commande.
« Et voilà monsieur, Ça fera 11 sylve 80 »
Sora lui tendit la monnaie.
« Je ne vous ai jamais vu dans le coin, vous n'êtes pas du quartier.
- Non, on est là pour affaire, répondit Sora avant de siroter sa boisson. Mais j'ai cru comprendre qu'il y avait une chanteuse de talent, alors on est passé voir ça de plus près. »
Beaucoup de regards se tournèrent vers Sora, qui parlait fort pour attirer l'attention sur lui. Keita, en voyant certains regards plutôt insistants en rajouta un peu.
« Ouais, faut dire qu'il a un faible pour les femme de scène, surtout les chanteuses. »
A cette phrase, les regards sur les deux enquêteurs se firent plus insistants et des murmures s'échappèrent dans la salle. Keita commençait déjà à se faire une petite idée des gens à aborder après la soirée, s'ils ne venaient pas les aborder eux-mêmes. Sora eu un sourire malicieux, qui lui donnait un air pas très saint d'esprit. Cela renforçait le fait qu'il n'était pas là simplement pour écouter bien gentiment la prestation de ce soir.
« Peut-être que cette fois je vais trouver une perle rare. »
Keita s'accouda au bar et pris le verre de whisky qu'il porta à ses lèvres pour en prendre quelques gorgées, puis il l'éloigna de sa bouche pour ajouter en souriant.
« J'en connais qui vont t'envier si tu la ramènes, mais c'est toi le patron, tu fais comme tu veux.
- Oui, bien avant ça, je jugerai de son talent et de son physique. »
Sora et Keita restèrent au bar jusqu'à l'heure du spectacle.
Keith et Kurtz escortèrent la dame jusqu'au bar. Dans la petite pièce qui servait de salle d'attente à la chanteuse, Keith attendait qu'elle eût terminé de se préparer avant de monter sur scène. Kurtz attendait debout dans la salle, dans un coin d'ombre à côté de l'estrade. Il fit un tour rapide des personnes présentes, notant la présence d'individus qu'il avait vu trainer dans les ruelles tout au long de la semaine.Il passa sans insister sur Sora et Keita, par prudence, même s'il doutait que les voyous pourraient remarquer un lien quelconque entre eux. Après environ cinq minutes, Anne arriva, précédée par Keith. Il se posta du côté opposé de l'estrade et la chanteuse monta sur scène. Elle fit une courbette qui reçut un bon nombre d'applaudissements, et commença à chanter. La prestation se déroula sans accro apparent et Anne retourna dans la loge improvisée en compagnie de Keith et de Kurtz. Mais ce dernier avait remarqué une personne au milieu de la foule qui ne semblait pas ravie d'être là, et pourtant portait une attention toute particulière à la jeune femme. Il retint d'un coup d'œil ses traits physiques. Des cheveux noirs courts, des yeux bruns foncés, plutôt grand, un haut à capuche rouge, pantalon bleu, chaussures de toile grises et visage... tellement quelconque que l'on pourrait le croiser deux fois d'affilée dans la rue sans vraiment y faire attention. Quelconque, voilà comment il était, sans aucun trait pour le différencier. Kurtz suivit Keith et Anne dans la loge, espérant que ses deux compères dans la salle l'auront remarqué.
Keita avait en effet vu cet homme qui se détachait du lot et en fit part à Sora. Ce dernier porta alors aussitôt une attention toute particulière à cet homme banal parmi cette bande de lascars. Sora se dit que s'il était dans la pièce, c'était le moment de le provoquer un peu de façon indirecte, pour qu'il vienne les voir à la sortie et que Keita puisse se charger de lui à l'abri des regards. Juste au cas où ils se tromperaient de suspect. Sora partit alors vers la loge en affichant un large sourire factice.
« Bah, patron vous allez où comme ça ? demanda Keita.
- Voir la demoiselle, quelle question !
- Finalement, il semble qu'elle vous plaise.
- Plutôt, mais j'ai envie d'avoir un peu plus qu'une chanson.
- Comme vous voulez, on n'est pas pressé de toute façon. »
Sora passa tranquillement vers l'arrière de la scène jusqu'à la loge, sous le regard noir du suspect, qui s'était inconsciemment beaucoup approché de la scène. Le vampire arriva au niveau de la loge et y croisa Kurtz, qui visiblement ne devait pas s'attendre à le voir venir. Il surveillait la salle depuis l'extérieur de la loge. Il jaugea la situation et fit un pas en avant.
« Tout l'arrière du bar est hors limites monsieur, et cela inclus la loge. Vous n'avez rien à faire ici. »
Sora sourit légèrement.
« Allons, je ne suis pas un client banal, dit-il en jetant un coup d'œil discret à l'homme au haut rouge au loin, avant de replonger son regard dans celui de Kurtz. Je veux juste discuter avec la belle demoiselle et lui offrir un verre. »
Le regard rapide de Sora raffermit Kurtz dans sa position. Il ne renvoya aucun signe en retour et se contenta de continuer la joute verbale.
« Elle n'attend personne. Vous ne pouvez pas entrer si elle ne nous a pas dit au préalable que quelqu'un viendrait. Et ce peu importe la personne. Simple mesure de sécurité, monsieur. Maintenant je vous prie de faire demi-tour. »
Sora resta fixe face à son collègue.
« Allez, c'est bon, mon gars, elle n'est pas en sucre la demoiselle ! »
Il bouscula légèrement Kurtz du bout de l'épaule, en feintant un passage forcé. L'ancien policier répliqua aussitôt et bloqua le passage d'un bras, duquel il saisit avec force l'épaule de Sora. Le ton de sa voix se fit plus menaçant.
« Peu importe ce que vous pouvez dire, je ne vous laisserais pas passer. Maintenant partez avant que je ne vous mette dehors.
- Si c'est ainsi que vous le prenez, je repasserai demain avec des amis. »
Il le bouscula, et partit vers la sortie.
« Gamin, on file prendre l'air, amène-toi.
- J'arrive patron ! »
Sur ces mots, le blondinet reposa son verre et sauta de son tabouret pour rattraper Sora. Ils firent quelques pas, puis s'arrêtèrent tous deux au coin de la ruelle pour discuter à voix basse.
« J'espère que ça a suffit à le faire paniquer et à bouger... »
Après le départ de Sora et Keita, Kurtz rassura Keith. Il avait ouvert la porte pour voir ce qu'il se passait, mais le vampire n'était déjà plus là. Le chef retourna dans la loge. Puis l'ancien policier s'avança de manière à avoir une meilleure vue sur la salle et vit l'homme sortir furieusement du bar, suivit par quelques loubards.
Sora leva le nez.
« Ça a marché.
- Comment tu le sais ?
- Je viens de sentir son odeur portée par le vent, mais il n'est pas tout seul... »
Leur cible se dirigeait vers eux, suivie de quelques gars du bars. Sora ne bougeât pas même un muscle, toujours adossé au mur.
« Alors les gars, il y a un problème? »
L'homme en tête de la petite troupe s'arrêta tandis que les autres le dépassèrent et l'un d'entre eux pris la parole :
« On peut savoir à quoi vous jouez ? On ne vous a jamais vu dans le coin et vous vous permettez d'approcher la demoiselle comme ça ?
- Ouais, pourquoi ne pourrait-on pas ? As-tu un problème avec ça ? La demoiselle n'est pas tienne à ce que je sache, rien ne m'empêche de l'approcher et faire autre chose...
- Tout le monde sait ici qu'elle est déjà prise de toute façon ! »
Keita reprit la parole, toujours en souriant de façon provocante.
« Ce n'est pas ce qu'on a entendu dire, mon boss ne lâchera pas l'affaire, alors si tu la veux, viens nous la prendre !
- Ha ? Bah bien sûr ! Comme si on allait se laisser faire ! »
Il s'approcha de Keita pour le dominer de toute sa taille, un air menaçant sur le visage. Keita ne bougea pas même d'un cheveu, un sourire malicieux toujours collé à son visage. Il regardait l'homme fixement.
« Boss, je peux vous le laisser et m'occuper directement de la tête du complot ?
- Ouais, je m'en charge, mais te loupe pas ».
A ces mots, l'homme concerné fronça les sourcils et ouvrit la bouche, mais sans bouger les pieds.
« Max, recule. Combien de fois je vais devoir te dire d'arrêter de chercher des noises à tout va ? »
Il se tourna vers Sora.
« Toutes mes excuses, mes gars sont un peu vifs. Je ne cherche pas à me battre. Cependant j'aimerais clarifier quelque chose. »
Il prit un air si menaçant que ses compagnons frémirent de terreur. Il laissait suinter une intention meurtrière sans la moindre retenue.
« Anne n'est pas prête à se laisser tomber dans les bras de voyous tels que vous. »
Sora sourit légèrement pour jouer les effrontés, sentant déjà bien sa colère d'ici.
« Ho, dans ce cas j'ai autant de chance de que toi...
- Qui a dit que c'est moi qui la veux ? Si tu en as autant que moi, nous sommes tous deux au point mort.
- Non, vois-tu, j'ai passé quelques coups de fils, d'ici demain j'aurai mon petit tête-à-tête... »
Keita, qui allait tranquillement vers l'homme, s'arrêta finalement devant un grand musclé et le fixa du regard un moment avant qu'il ne s'écarte et le laisse approcher son« boss ». L'homme qui conversait avec Sora hocha les épaules avant de déclarer :
« Eh bien tant mieux pour toi alors ! Dans tous les cas, je ne compte pas m'attirer des ennuis maintenant. Bien à vous. »
Sur ces mots, il tourna les talons et laissa en plan les deux autres gars, qui se retournèrent d'un air confus. Sora ne trouva pas judicieux de le laisser filer maintenant alors qu'il était clairement impliqué dans les problèmes de leur cliente. Il n'eut pas besoin de dire quoi que ce soit que les hommes qui allaient le suivre se mirent à rattraper leur patron, quand Keita lâcha simplement :
« Attrapez-le ».
Les deux hommes saisirent fermement leur leader, chacun d'un côté pour éviter qu'il ne s'enfuie en se débattant.
« Mais qu'est-ce que vous faites, bande d'imbéciles ?! »
Keita repris la parole calmement sans détacher le regard des deux hommes.
« Amenez-le-moi ici, dit-il en montrant Sora. Puis battez-vous gentiment jusqu'à ce que la police arrive. »
Ils exécutèrent les commandes de Keita et se jetèrent sur le vampire. L'autre homme resta un instant planté là où il avait été laissé, dépassé par la situation. Sora esquiva puis cria à Keita :
« A quoi tu joues, espèce de débile ! Je n'ai pas envie de perdre mon temps !
- Il faut que je les garde occupés en ne les laissant pas s'éloigner de moi de douze ou treize mètres si je veux garder le contrôle en même temps que je m'occupe de l'autre.
- Tu aurais pu les faire se battre entre eux ! »
Le jeune blond fixa le suspect dans les yeux puis ajouta en souriant, pour Sora :
« J'ai toujours voulu voir un vampire en action... »
Sora n'avait guère le temps de répliquer car déjà les deux hommes se jetaient à nouveau sur lui. Keita, qui fixait le suspect, lui ordonna de se mettre à genoux et il s'accroupit face à lui avant de lui demander de tout lui révéler sur cette histoire. L'homme le fixa un moment, hagard, avant de commencer à parler d'un ton monocorde.
« J'ai vu pour la première fois la demoiselle pendant une soirée au bar. J'ai été subjugué par sa beauté. Je l'ai voulue pour moi. Mais quoi que je fasse, elle ne me regardait pas. Alors je l'ai suivie chez elle pour avoir son adresse et lui écrire des lettres. Comme je ne pouvais pas la suivre partout moi-même, j'ai engagé quelques voyous du coin, qui ont tout de suite acceptés contre une petite récompense. Ils m'ont rapporté tous ses faits et gestes, les endroits où elle allait pour que je puisse connaître ses préférences. Mais avec son travail au bar, elle attirait trop l'attention. Alors j'ai essayé de réellement la ramener rien qu'à moi. J'ai envoyé plus de lettres, plus insistantes. Mais vous êtes arrivés et avez tout gâché. Vous lui avez fait peur. Maintenant elle va se méfier et je vais avoir plus de mal à la faire mienne. »
Sora avait fini par assommer les deux hommes et revint vers le principal intéressé.
« Bien, maintenant que tout est dit, il ne me reste plus qu'à donner ce monsieur aux autorités. »
Sur ces mots, il donna un bon coup derrière la nuque du coupable qui s'effondra au sol comme un château de cartes.
« Keita, tu veux bien faire le rapport au chef ? Je m'occupe de le porter au commissariat le plus proche.
- C'est comme si c'était fait. »
Il partit alors dans la direction opposée à Sora. Il arriva devant la maison où il fut évidemment vite repéré par ses collègues. Keith sortit et s'avança vers lui.
« Du nouveau ? »
Keita sourit légèrement puis répondit :
« Ouais, mieux que ça ! On a attrapé l'individu qui était à l'origine du harcèlement de la cliente et on l'a envoyé au commissariat. »
« Oh, très bien. Je vais y aller alors. Je suppose que c'est celui proche du bar ? Je rejoindrais Sora là-bas. Avant de rentrer au QG, tu peux entrer et dire à Kurtz que je m'en vais. Il pourra partir aussi quand je lui aurai téléphoné après avoir confirmé l'identité de l'homme.
- Pas de soucis, je m'en occupe. »
Keita entra dans la maison tranquillement. Kurtz et la cliente étaient tous deux dans le salon, Anne assise dans le canapé, et il les rejoignit. Kurtz présenta rapidement la femme à Keita, puis le questionna.
« Alors ? »
Keita expliqua en détails les révélations du harceleur face à la situation dans laquelle ils l'avait mise, ainsi que ce qu'ils en avaient fait.
« Donc, plus d'inquiétude. »
Anne soupira de soulagement et remercia chaleureusement les deux hommes, en disant de transmettre au chef. Kurtz répondit par quelques politesses avant de se tourner vers Keita.
« Tu rentres au QG ou tu attends là que le chef m'appelle ?
- Je pense que je vais rester avec toi, je n'ai rien de prévu. »
Après avoir attendu et discuté environ une demi-heure, le téléphone de la cliente sonna. L'ancien policier se leva et décrocha le combiné.
« Oui, chef ?
- J'ai confirmé, le gars est le bon. Vous pouvez rentrer. Dites à Mme Beletre que je la salue.
- D'accord, à tout de suite. »
Il raccrocha et rapporta les paroles de Keith aux autres.
« Sur ce, prenez soin de vous,Madame.
- Ah oui, Kurtz, tu sais si Sora a eu le temps de récupérer le matériel dans notre chambre d'hôtel ?
- Ah, je ne sais pas. »
Ils prirent congé de la jeune femme et sortirent de la maison.
« Bon, eh bien je vais passer à l'hôtel vérifier rapidement puis je vous rejoins au QG.
- Ça marche. »
Kurtz s'arrêta sur le trottoir
« Ah, le chef a pris la voiture. Je suppose que je vais devoir marcher jusqu'à trouver une carriole.
- Il y en a pas mal qui passent sur la grande rue du commerce un peu plus au sud, essaye par là. Sur ce, j'y vais.
- Merci, à plus »
Kurtz décida cependant de marcher. Il n'était pas si tard finalement, à peine 20h30. Il avançait dans les rues mal éclairées jusqu'à arriver à la gare où il héla finalement une carriole. Keita quant à lui avait déjà discuté avec le maître d'hôtel qui lui avait dit que son camarade avait rendu les clefs peu de temps avant qu'il n'arrive. Il rentra donc les mains vides au QG après avoir lui aussi payé une carriole pour rentrer.
Quand Kurtz arriva au quartier général, il ne vit personne. Les filles devaient être dans leurs chambres. Il rejoignit la sienne, où se trouvait Leyra.
« Tu n'avais pas dit que tu avais des choses à faire cette semaine ?
- Si, mais pour le moment je ne peux pas aller plus loin, il va falloir que j'attende.
- Je vois. »
Il déballa les affaires de son sac et s'habilla dans une tenue plus confortable que celle de garde du corps. Keita arriva peu après.
« Tiens, c'est bien vide... Je suppose que tout le monde dort. Je vais aller faire de même. »
Il entra dans la chambre et y vit sa sœur endormie, étalée de tout son long telle une étoile de mer, avec les draps en vrac, ce qui le fit sourire d'exaspération.
« Bon sang, elle a vraiment aucune classe quand elle dort. Heureusement que je ne dois pas partager un lit avec elle. »
Sur ces derniers mots il monta dans son lit, au-dessus de celui de sa sœur, et s'emmitoufla dans les draps. Le chef arriva quelque temps plus tard, et alla directement dans son bureau.
A 12h, le jour indiqué par l'homme-ours, Leyra se dirigea vers le lieu de rendez-vous. Elle traversa tout le secteur nord avant d'arriver devant un grand bâtiment en construction. Elle entra par ce qui devrait devenir une porte et alla se poster derrière une cage d'escalier, hors de vue de la rue. Personne ne s'y trouvait. Elle s'adossa contre le mur et attendit. Quelques minutes passèrent dans un silence complet avant qu'un bruit de pas étouffé se fasse entendre. Un jeune homme d'une vingtaine d'année, un couvre-chef vert vissé sur la tête se présenta à elle. Il s'arrêta un instant avec une expression de surprise qui disparue aussi vite qu'elle fut apparue.
« On ne m'a pas dit que le client changeait.
- Changement de dernière minute, Brince n'a pas pu venir.
- J'suis pas censé filer quoi que ce soit quand j'connais pas.
- Mais il y a toujours moyen.
- Non, c'est non.
- Même pour quelques billets en plus ?
- C'est plus que quelques billets que j'vais perdre si j'accepte.
- Alors je change ma commande. Tu as des informations sur tes employeurs ?
- Tu veux vraiment ma mort !
- Alors j'achète ta protection en plus.
- Et quelle preuve j'ai que tu n'mens pas ? »
Leyra sortit une feuille pliée en quatre de sa poche et la lui tendit. Il la prit, méfiant, et la déplia. Il se raidit, ses mains commencèrent à trembler légèrement et il leva vers la femme en face de lui un regard où se mêlait peur, choc et incrédulité.
« C'est pas sérieux...
- J'ai l'air de plaisanter ? »
Sa voix ferme trouvait écho dans son visage inexpressif, presque glacial. Le jeune recula d'un pas, frissonnant.
« Tu veux juste la dose et des infos c'est ça ?
- J'aime quand les enfants comprennent vite. »
Elle se fendit d'un sourire moqueur et continua.
« Exact. Alors commençons »
Elle sortit du bâtiment en réfléchissant. Comme prévu, elle n'avait pas obtenu grand-chose. La seule information de valeur était un nom. Argan Balti.
Alors que Leyra était partie depuis un petit moment déjà, le jeune accroupi au sol sanglotait silencieusement, le corps secoué de frissons, sa bourse encore plus vide qu'avant.
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