Chapitre 2 : Partie II
Le lendemain matin, l'ambiance était très calme au bureau. Keith s'occupait de finir la paperasse concernant la création de ce nouveau bureau. Maria avait lancé une partie de cartes avec son frère et quiconque les rejoindrais en cours de route. Sora, comme d'habitude, était encore au lit à faire la grasse matinée. Il n'avait pas parlé à nouveau avec Koori la veille et se demandait s'il pouvait continuer à faire comme si de rien n'était et lui parler comme avant, ou si elle faisait en quelque sorte la tête. En effet, la révélation sur la jeune femme la veille et sa façon d'esquiver le sujet avait laissé un gros froid dans l'ambiance générale. Kooritsuki était sortie récupérer des papiers officiels à la mairie, sur demande de Keith, car elle était la première debout à passer devant son bureau. Ces papiers attestaient du droit à l'utilisation de pouvoirs et d'armes en toute légalité et attestait officiellement du droit aux missions de tout niveau de ce bureau. Kooritsuki ramena donc en même temps des copies de requêtes faites à la mairie par des particuliers. En arrivant, elle déposa le tout sur le comptoir, faisant lâcher à Maria et Keita leur partie de carte, par curiosité. Keith sortit du bureau à ce moment-là et pris la liasse de papier en main. Il ramena les documents dans son bureau avant de ressortir quelques minutes plus tard.
« Nous avons une demande qui couvre protection et enquête. Pour cette fois, nous allons procéder par binômes. Kurtz et moi allons nous occuper de la protection de la cliente, tandis que je veux mettre Keita pour la partie enquête. Kurtz est réveillé ? »
Ce dernier sortit à ce moment de sa chambre.
« Du boulot ?
- Oui, tu vas travailler avec moi pour la protection de cette jeune femme, Anne Beletre. »
Il tendit une fiche descriptive de la cliente et de la demande à Kurtz.
« Maintenant, il nous manque quelqu'un pour aider Keita. Un volontaire ? »
Kooritsuki regarda autour d'elle, puis prit la parole.
« Si personne n'a envie, ça tombe sur celui qui n'est pas encore là. Attendez-moi ici, je vais le chercher. »
Elle alla dans la cuisine prendre une casserole qu'elle remplit d'eau puis se dirigea vers la chambre où Sora dormait jusqu'alors. Cinq secondes après, on entendit crier.
« Bordel c'est froid !
- Ça compense la douche que t'auras pas le temps de prendre ce matin.
- Tu es complètement folle ! J'irai quand même à la douche. Maintenant il va falloir que je m'amuse à sécher mes draps. Je te déteste sérieusement. »
Il sortit de la pièce les cheveux trempés, suivit par la jeune femme. Il rejoignit le groupe avec un regard interrogateur.
Keith allait faire un commentaire, mais il se rétracta.
« Il nous faut une personne pour aider Keita dans son enquête, et tu as visiblement été choisi. Tu rattraperas les détails de la demande avec une copie que je vais donner à l'équipe chargée de l'enquête. »
Sora soupira mais répondit :
« Ok pas de soucis, je m'en charge. Mais c'est urgent ou j'ai le temps d'aller prendre une douche et de sécher mon oreiller ?
- Tu peux y aller, l'équipe chargée de l'enquête reste ici de toute façon. Kurtz, nous partons pour le domicile de la cliente dans un quart d'heure, soit prêt
- Ok, chef ! »
Kurtz repartit dans la chambre et ressortit presque aussitôt avec un grand sac à dos.
« Je suis toujours prêt !
- Bien. Alors je vais appeler la cliente et nous partons. »
Le chef entra dans son bureau. Sora s'imaginait bien qu'à un moment donné il leur faudrait sortir pour collecter des informations et d'autres choses. Mais pour le moment, il alla déjà à la douche en demandant à Keita de commencer à regarder les papiers sans lui, s'il le souhaitait. Maria, pendant ce temps, mit en ordre tout ce qui ne l'était pas, pendant que Kooritsuki accrochait au panneau d'affichage une copie des missions et requêtes reçues ce matin. Sora revint très vite rejoindre Keita juste après avoir étendu par la fenêtre son drap et sa taie d'oreiller.
Quelques minutes passèrent et Keith ressortit du bureau, un grand sac à la main, et s'adressa à Kurtz.
« Nous allons prendre la voiture pour nous rendre chez Madame Beletre. Les autres, appelez-moi s'il y a un problème. Vous pouvez aussi prendre des missions de bas rang en attendant. Des questions ? »
Sora et Koori secouèrent la tête négativement en répondant « C'est entendu » et « Non monsieur ». Maria en revanche demanda :
« Oui, qui se charge de l'accueil entre moi, Kooritsuki et Leyra, histoire de savoir qui peut partir en mission ? Et autre question qui peut attendre, avez-vous fixé une date pour désigner votre bras droit ? Le maire a posé la question à Kooritsuki ce matin.
- Je compte désigner mon second après avoir vu plus de ce dont vous êtes capables. Pour ce qui est de l'accueil, ça n'a pas à être toujours la même personne...
- Leyra est déjà partie quelque part ce matin, donc il ne reste plus que Kooritsuki et toi, intervint Kurtz.
- Je veux bien me charger de l'accueil mais je pense que ce n'est pas forcément utile aujourd'hui. On est lundi, les gens travaillent et vu qu'on vient d'ouvrir, c'est peu probable qu'on ait de la visite dès maintenant, affirma Kooritsuki.
- Exact. Donc nous allons partir. Selon la situation, il est possible que nous soyons absents pour une durée d'environ une semaine, donc n'hésitez pas à me contacter. »
Sur ces mots, il sortit avec Kurtz en direction du garage. Keith s'installa au volant et ils partirent.
Sora s'attela avec Keita à leur boulot. Installés dans la salle de réunion, ils commencèrent par résumer la situation en cherchant différentes hypothèses sur les lieux d'apparition du soi-disant harceleur dont la cliente avait parlé, et ce pour quoi elle les avait embauchés. Cela pouvait en effet inquiéter la cliente, qui avait demandé une enquête et une protection. La façon de faire du suiveur indiquait clairement qu'il ne chercherait pas qu'à la suivre.
Kurtz et Keith étaient arrivés devant la maison de la cliente. Elle était de petite taille, comptait un rez-de-chaussée et un étage. Keith sonna. Des bruits de pas se firent entendre et une jeune femme blonde ouvrit la porte.
« Bonjour, je suis Keith Adams, le chef du bureau de la capitale. Nous avons déjà parlé au téléphone.
- Oui, merci d'être venu si vite... Entrez »
Elle les emmena dans le salon et ils s'installèrent. La jeune femme semblait inquiète.
« Nous sommes ici pour la demande de protection. Comme indiqué dans la demande, nous allons loger ici le temps du contrat.
- Oui, Il y a une chambre libre à l'étage... Mais un seul lit...
- Ça ne sera pas un problème, madame, répondit Kurtz, un léger sourire aux lèvres. Nous sommes habitués »
Elle laissa s'échapper un soupir de soulagement.
« Maintenant, Madame Beletre, si vous pouvez nous en dire plus sur la situation...
- Oui... Il y a quelques mois, j'ai commencé à recevoir des lettres anonymes, qui n'avaient rien de très étrange au début... Comme je chante une fois par semaine dans un bar en ville, je pensais qu'il s'agissait d'un fan un peu zélé... Mais comme personne ne m'a jamais abordé après avoir chanté, j'ai pensé qu'il s'agissait juste d'une mauvaise blague et je n'ai pas cherché plus loin. Mais petit à petit les lettres sont devenues de plus en plus fréquentes, et leur contenu de plus en plus violent... Cela fait maintenant une semaine que j'ai l'impression d'être épiée et suivie quand je sors de chez moi... Ce n'est peut-être que mon imagination, mais je pense qu'il y aussi beaucoup plus de personnes, des hommes surtout, dans le bar, mis à part les habitués... Je sais que ma demande peut paraître avoir pour simple motif ma paranoïa, mais j'aimerais que cela cesse...
- Bien sûr, c'est pourquoi nous sommes là. Pouvez-vous nous parler plus en détails de ces lettres ?
- Les dernières reçues étaient clairement menaçantes... »
Elle se retourna et sortit une liasse de papier d'un tiroir. Lesdites lettres. Keith pris la plus récente en main et la lu en silence.
« Mademoiselle Anne, pourquoi ne pas vouloir me rencontrer ! Je suis pourtant venu à toutes vos représentations ! Je connais par cœur les chansons que vous chantez ! Je ne supporte plus ce silence ! Une semaine c'est bien trop long ! Je veux entendre ta voix ! Chante pour moi ! Tu te dois de le faire ! C'est une obligation ! Où je trouverais un moyen pour que tu le fasses ! Tu vas voir ! Tu vas chanter pour moi ! Je ne tolérerais pas que tous ces porcs indignes affalés dans ce bar miteux puissent te voir ! Tu es à moi et à moi seul ! A moi ! Et je vais te le montrer ! »
Keith scruta le visage de la femme, et y lu une grande peur. Il passa la lettre à Kurtz qui la lu à son tour.
Keita mit au point plusieurs hypothèses sur la psychologie du suiveur, mais il aurait fallu plus d'informations pour réellement faire un portrait du suspect. Sora décida donc d'appeler le chef du QG pour savoir s'ils avaient du nouveau. Ils avaient justement de quoi les aider avec les lettres reçues par la jeune femme. Keita pu donc dresser un portrait psychologique du harceleur. Maintenant, il leur fallait déterminer tous les lieux où il aurait croisé la cliente grâce à ce qui était mentionné dans les lettres. Cela mettra plusieurs jours, mais une fois fait, l'interpellation de l'homme sera beaucoup plus simple.
Cela faisait maintenant deux jours que nos enquêteurs mettaient encore au point leur stratégie. Pendant ce temps, Maria et Kooritsuki prirent chacune au hasard une des deux missions du tableau. Kooritsuki examina son papier pour ensuite marmonner :
« Chien errant dangereux qui fait des dégâts dans les quartiers Est... Ça sera vite réglé...
- Parle pour toi ! Demande de journée de prévention contre la délinquance après demain au lycée publique Aster. Je vais devoir faire la morale à des jeunes délinquants des bas quartiers. Je suppose que j'ai le droit de prendre mes flingues pour les dissuader de jouer aux idiots, mais évidemment je ne peux pas m'en servir. Ça aurait été plus simple qu'on fasse l'inverse.
- Non, je ne pense pas qu'on aura le chien si c'est toi qui t'en charges, et je ne pense pas être douée pour parler aux jeunes. Vu ma carrure, je ne vais pas les impressionner ou les dissuader.
- T'as peur de te faire charrier.
- Non, je suis simplement réaliste. Bon, je m'occupe de ce chien tout de suite. Je te laisse l'accueil. »
Sur ces mots elle partit du QG et se dirigea vers l'est de la capitale à pied.
Aux côtés d'Anne, Kurtz et Keith se relayaient. Ils dressèrent rapidement une liste des endroits que la jeune femme fréquentait souvent. De même qu'ils remarquèrent un bon nombre d'individus suspects. Tous étaient des hommes dans la vingtaine, qui bougeaient en groupe et apparaissaient très souvent dans les ruelles bordants les rues où la jeune femme passait régulièrement. En interrogeant quelques personnes, Keith compris que même s'il y avait toujours eu quelques voyous, un tel nombre était inhabituel. Il envoya la liste des endroits où s'était rendue Anne à Keita. Elle comprenait, outre les déplacements de première nécessité comme les divers magasins et la maison d'une amie, un magasin de couture. La jeune femme avait monté un petit commerce où elle cousait et réparait des vêtements, avant de les revendre à une friperie. La fin de semaine approchait, et avec elle la date à laquelle la jeune femme devait chanter au bar.
Pendant que Keith gardait Anne, Kurtz s'était rendu au bar pour examiner les lieux. De l'extérieur comme de l'intérieur, il ne s'agissait que d'un bar tout ce qu'il y avait de plus normal, mis-à-part la petite estrade dans le coin gauche de la salle. Il n'y avait pas d'issue près de l'estrade, pas même une fenêtre. En cas de problème, ils allaient devoir escorter Anne derrière la salle, dans l'endroit réservé au personnel, puis la faire sortir par la porte de service. La salle étant exiguë avec peu de fenêtres, surveiller de l'extérieur avec son fusil n'allait pas être possible. Kurtz passa quelque temps à discuter de la situation avec le propriétaire du bar. Il avait en effet remarqué qu'il y avait beaucoup plus de monde les soirs où Anne chantait, mais ça n'avait jamais été plus loin. Cela lui faisait juste plus de clients. Kurtz finit par rayer le propriétaire de la liste des suspects. Mis à part lui et le personnel, il n'y avait pas d'hommes ayant eu un contact direct avec la jeune femme depuis presque une semaine. Il repartit en direction de la maison de sa cliente.
Sora essayait de faire un rassemblement des profils des personnes qui suivaient la jeune femme au bar, mais il y avait comme un problème. Le criminel semblait agir seul, ou du moins vouloir la cliente pour lui seul. Alors pourquoi cette bande semblait-elle intervenir ? Le mieux serait de les interroger, mais intervenir tout de suite pourrait faire échouer la mission. Finalement, Sora y repensa avec une petite variante. S'il n'intervenait pas en tant qu'agent mais en tant que fan ayant le même but que le harceleur. Cela pourrait pousser celui-ci à accélérer les choses et lui faire faire une erreur. De plus, Keita pourrait utiliser son pouvoir sans éveiller de soupçons. Il décida d'en parler ce soir à Keith.
Kooritsuki quant à elle, arrivait enfin dans les quartiers Est alors que la lumière du soleil commençait à décroître. Elle posa quelques questions aux passants et aux marchands sur les endroits où ils avaient vu le chien pour la dernière fois. Elle réussit à établir un périmètre dans lequel il devait se trouver et commença ses recherches. Elle réfléchit tout haut, en regardant le ciel.
« Pour débusquer un chien qui se croit roi et chez lui, rien de mieux qu'un rival et ennemi... Hum... Un loup me semble bien, et s'il ne vient pas à moi, je trouverais au moins sa trace. »
Elle reposa son regard au sol puis s'accroupit en position de départ de course pour finalement se changer en loup blanc, comme ses cheveux. Une fois cela fait, elle repartit en marchant sur les traces de l'objet de sa mission. Cela lui pris deux-trois heures avant de tomber enfin face à celui-ci. Tout crocs dehors, il se jeta sur elle avant même qu'elle n'eut le temps de réagir, surprise. L'animal lui attrapa la patte à défaut de ne pas avoir réussi à la prendre au cou, mais se prit un bon coup de griffe dans le museau qui le fit lâcher prise et reculer. Kooritsuki profita de son moment de faiblesse pour changer de forme, cette fois-ci optant pour un tigre, puis elle étala le chien par terre et l'y maintint en se servant de tout son poids. L'animal se débâtit de façon acharnée pendant au moins une bonne demi-heure avant de se fatiguer. La jeune agente repris sa forme normale, étant presque à court de magie. Elle attrapa rapidement une muselière de sa poche et l'enfila sur la bête qui semblait reprendre de l'énergie. Elle l'attacha et le traîna jusqu'au bureau de police pour récupérer la prime. En sortant, elle vit le soleil qui commençait à disparaître derrière les maisons et les divers bâtiments du quartier. Elle soupira et prit la forme d'un oiseau pour rentrer rapidement. Évidement, en arrivant elle était cette fois totalement à court de magie.
Maria regarda sa collègue entrer.
« Tu as déjà fini ?
- Oui, ce n'était pas très complexe, mais j'ai tout de même mis plus de temps que je ne le pensais. Je vais prendre une douche. »
Maria la regarda faire un petit signe de la main et aller vers la salle de bain. Quand elle en ressortit, elle ne put s'empêcher de remarquer la marque de morsure au poignet de la blanche.
« Hé ! Attends, qu'est-ce qu'il t'es arrivée ? Tu t'es fait mordre ?!
- Un peu, mais c'est rien, c'est pas profond et ça ne saigne plus.
- Espèce d'idiote va donc désinfecter ça quand même ! Imagine un peu si ce chien avait la rage, tu devrais même te faire examiner !
- Je ne suis pas sensible à la rage. J'y ai été immunisé d'une certaine façon. Alors arrête de paniquer. Il n'y a aucune chance que je vienne te mordre et te la filer.
- Ce qui m'inquiète, c'est toi, pas moi ! Va au moins te désinfecter.
- Oui, oui...
- Je suis sûre que tu dis ça pour que je te laisse tranquille, mais tu n'en feras rien. »
Kooritsuki lui fit un petit signe de la main, mine de s'en ficher, mais Sora passait derrière elle, un café à la main et lui attrapa le bras.
« Écoute donc Maria, ou on s'occupe de toi de force.
- Sora, en quoi ça te dérange.
- A vrai dire, ça me dérange car je commence à avoir soif et l'odeur de ton sang n'arrange rien.
- OK, lâche moi, je vais utiliser pour rien la boite à pharmacie.
- Il n'est pas question de devoir te surveiller toute la nuit pour ne pas me faire mordre. »
Elle s'en allât faire ce qu'elle avait à faire tandis que Maria jeta un petit regard au garçon.
« Ça marche toujours aussi bien avec elle, ce truc. Bien joué.
- Je sais. Par contre ce n'était pas une blague, j'ai la gorge sèche. Mais c'est pas pour autant que je vais mordre quelqu'un. Je ne suis pas une bête. »
Maria tend son bras nonchalamment et lui demanda, sans sérieux :
« Tu en veux ?
- Non, arrête de faire ça tout le temps. Un jour je vais finir par dire oui juste pour te mettre dans l'embarras. J'y vais, j'ai un coup de fil à passer avec ton frère. »
Maria sourit et retira son bras, le laissant retourner à ses occupations.
Dans la soirée, Keith reçu un appel de Keita qui lui demandait l'autorisation pour une enquête sous couverture.
« Keita, je suis heureux de ton initiative, mais je me vois mal t'envoyer seul alors qu'il s'agit d'une mission plus dangereuse qu'il n'y paraît. Je veux que Sora soit présent quand tu entres en contact avec la cible et les autres. Il n'a pas à être juste à côté de toi, mais surveiller à une distance respectable pour...
- Bien sur, Sora viendra évidement avec moi. C'était prévu dans notre plan chef, intervint Keita.
- Très bien, alors je vous laisse vous en charger.
- Comptez sur nous ! » ajouta le blond avant de raccrocher et de dire à Sora :
« C'est bon, on a le feu vert pour se lancer ! Alors on y va maintenant, il ne nous reste plus beaucoup de temps. »
Sur ces mots il partit prendre un bagage déjà prêt et appela une carriole. Il ne restait plus que deux jours avant la soirée.
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