Chapitre 16
Cela faisait maintenant un mois et huit jours que la blanche et son camarade avaient quittés le quartier général. Ils voyaient enfin le bout de leur mission se profiler. Plus que deux prisonniers à attraper, dont l'un était déjà en chasse. Un homme-bête caméléon très difficile à attraper. Cela faisait bien quatre jours qu'ils lui couraient après. Mais cette fois, ils avaient bien préparé leur embuscade afin de le faire tomber dans un piège. Kooritsuki et Sora couraient après le lézard. Quand ils approchèrent de leur piège au sol, Sora se décala et la blanche obligea le fuyard à se rabattre sur le piège. Leur plan était très banal, mais ce sont souvent les choses les plus simples qui nous échappent. L'homme tomba en plein dans le trou caché au sol et la jeune fille lui sauta immédiatement dessus pour l'assommer.
« Eh bien, il nous aura fait courir, soupira le brun, en tirant hors du trou le bandit que sa collègue venait de ligoter.
- En effet.
- Au moins, il n'en reste plus qu'un après lui.
- Oui, mais c'est probablement le cas le plus difficile. »
Sora pris le dossier restant dans ses mains et lut à voix haute.
« Sexe : femme.
Crime : Assassin
Pouvoir : Sécrétion de venins et poisons paralysant et mortel. »
Il referma le dossier avant d'ajouter :
« En effet, ça va pas du tout être une partie de plaisir. C'est bien la femme la plus dangereuse à affronter. Comment se battre sans risquer de se faire empoisonner au moindre coup ? »
« Il nous faudrait demander à la prison des informations complémentaires sur ses poisons et qu'on nous fournisse si possible des antidotes.
- Certes, nous demanderons ça en ramenant celui-là. »
Après un voyage de quatre jours jusqu'à la prison ou ils déposèrent le prisonnier et entamèrent une discussion avec le directeur de celle-ci, concernant la dernière évadée.
« Je peux vous fournir une liste des poisons qu'elle est en mesure d'utiliser et de quelle façon elle s'en sert. Cependant certains d'entre eux n'ont pas encore d'antidote à ma connaissance.
- Je vois, fit la blanche en prenant la liste.
- Elle peut utiliser toute muqueuse corporelle, telle que la sueur et la salive pour secréter du poison ou du paralysant. Les morsures, la salive ou son corps peuvent être une arme. D'après nos observations, sa sueur aurait un effet paralysant, et sa salive ainsi que ses morsures contiennent des poisons puissants. Avec le temps, elle a fini par apprendre à les modifier et les induire sur des lames pour commettre ses crimes. Nous avons donc les formules de base de ses poisons purs et de certains utilisés sur ses victimes. Cependant, rien ne nous dit qu'elle n'a pas d'autres recettes en tête. »
« Ça va rester un grand problème pour la battre. Je pense qu'il serait trop risqué de s'en prendre à elle sans renfort du QG. »
Cela lui paraissait même impossible.
« Peut-être pas, dit la blanche en fermant le dossier des poisons. Je suis tolérante voir même immunisée, à un très grand nombre de ces poisons. »
En effet, la formule de base du poison principal du criminel était assez connue et avait été de nombreuses fois dérivée et testée sur elle quand elle était captive.
« Si on prend en compte le fait qu'on aura en plus des antidotes à certains poisons, et que je peux me créer une carapace, les risques son grandement minimisés. »
Sora était dubitatif.
« Il reste tout de même un risque important de faire face à un poison sans antidote.
- Je ne peux pas le nier, mais nous restons les plus à même de nous en charger avec ma résistance et ta vitesse. Ajouter les autres à notre combat serait risquer qu'ils soient touchés rapidement. Sans compter qu'ils ne pourront pas se déplacer vu notre effectif réduit. »
Cela contrariait beaucoup le vampire. Vraiment beaucoup ! Il avait peur pour sa camarade qui allait devoir être en première ligne. S'il lui arrivait quoi que ce soit, sans qu'il puisse intervenir, il ne se le pardonnerait pas.
« Je n'aime pas ça. Si le combat s'avère trop risqué, promets-moi de renoncer pour cette fois.
- Je ne suis pas suicidaire, crois-moi, je n'aime pas plus que ça l'idée de me frotter à ça. Mais on ne peut pas ne rien essayer. »
En effet, elle n'aimait pas vraiment l'idée de subir l'effet du poison en connaissant la douleur que certains pouvaient causer, mais elle n'en restait pas moins la candidate idéale pour cette mission. Sora soupira un bon coup avant de reprendre la conversation avec le gérant.
« Il va nous falloir un support de quatre ou cinq snipers pour encadrer la zone de combat.
- Je ferai le nécessaire pour vous avoir des unités mais je ne promets rien. Les snipers sont peu nombreux dans les forces de l'ordre du coin et la plupart sont réquisitionnés sur le front. »
Finalement, ils ne purent avoir en soutien que deux snipers, l'un encore peu expérimenté. La chance n'était pas avec eux.
« Voici, Eiden et Roland, les deux snipers qui nous accompagnerons. » présenta la blanche au brun.
Les deux hommes puis Sora seprésentèrent de concert. Ils abordèrent ensuite le rôle dechacun.
« Vous devrez blesser ou rabattre le criminel vers nous. A priori, elle n'est pas stupide et une fois qu'elle vous aura remarqué elle se cachera dans un bâtiment. D'après nos études sur les attaques récentes au poison, elle devrait se trouver au nord de Toran, vers cette ville qui possède un grand centre commercial. Vous vous doutez bien où je veux en venir. C'est là où nous essayerons de la coincer. »
Les trois hommes regardaient la carte sous leurs yeux en essayant de trouver des planques, immeubles et impasses, afin de se mettre en situation. Il y avait au moins un jour de route en voiture, ce qui laissait aux deux membres du bureau et à leurs coéquipiers de fortune de peaufiner les derniers détails du plan. Le lendemain, les attendais déjà sur place, les brigades de police de la ville qui avaient été réquisitionnés en grande partie pour cette chasse et pour les informations qu'elles détenaient. La criminelle avait été localisée et surveillée depuis peu. Mais cela était suffisant pour arriver à entrer contact. Après moult échanges d'informations et de changements de leur plan, ils étaient prêts à lancer celui-ci la nuit tombée.
« Sniper un et deux en place.
- Bien reçu !
- Cible en visuel, elle se dirige dans la direction attendue, communiqua un policier dans un boitier.
- Bien, répondit Sora. Pas d'intervention inutile tant qu'elle va vers le centre commercial.
Tous étaient aux aguets. Le véritable assaut débuterait dès que la femme irait sur un chemin opposé à leur plan.
Le silence et le calme fut rompu après dix minutes. Prise au dépourvue par les barrages de la police elle ne put que se retrancher que vers le point voulu.
« Je l'ai en vue » annonça le jeune sniper avant de tirer pour la blesser. Mais il manqua sa cible de peu. Le deuxième tira deux coups pour rattraper l'erreur du nouveau. Alertée, une balle lui frôla juste l'épaule avant qu'elle ne saute à travers une vitre du centre commercial.
« Cible manqué, juste frôlé. Elle vient d'entrer ! »
Les deux amis l'attendaient de pied ferme. Si elle sortait par la même fenêtre, elle se ferait tirer dessus. Elle n'aurait pas d'autre choix que de les affronter.
Sora sortit le premier sur la gauche puis Koori sur la droite. Elle était prise au piège, et sortit immédiatement deux lames des pochettes accrochées à sa ceinture avant de jeter sa veste, un sourire amer aux lèvres.
« Bande de salauds, je vais vous crever ! »
Elle se jeta sur celle qui semblait être la proie la plus faible. La jeune blanche avait rarement vu une femme aussi souple et rapide. Elle n'avait pas volé sa réputation de vipère. Elle esquiva deux ou trois coups avant de bloquer le suivant entre ses mains et de lui assener un violent coup de pied. La femme recula, surprise, mais avec un sourire sur le visage.
« Tu es douée, mais stupide ! j'ai enduit ma lame de poison. Je n'avais même pas besoin de te planter pour te tuer.
- Vraiment ? » lâcha la jeune blanche, qui ne semblait pas affectée par de souffrances atroces.
La vipère resté bouche bée.
« Attend comment c'est possible... J'avais pourtant ... ! »
Elle ne termina pas sa phrase car Koori et Sora se jetèrent sur elle pour la frapper, prenant bien soin d'éviter les parties de sa peau nue.
« Putain, mais vous êtes quoi au juste vous ! » cria-t-elle en reculant puis en essayant de frapper Sora au visage. Kooritsuki bloqua d'un coup de bras recouvert d'écailles son attaque et Sora lui encastra son pied dans le ventre.
La femme se ramassa à terre en toussant, puis retira son haut.
Sora et Koori furent surpris. Sora était même distrait en voyant la femme en soutient gorge.
« Ce n'est pas le moment Sora !
- Je le sais très bien ! »
La femme se rua sur le jeune homme.
« Les hommes, tous les mêmes !
- Sora ne la touche pas ! »
Le brun fut sauvé de justesse par la blanche qui prit le coup à sa place, puis changea de forme pour celle d'une buse, lui lacérant le visage avant de reculer en reprenant sa forme normale.
La victime criait de douleur.
« Mon visage ! Mon visage ! Salope je vais te tuer ! »
Sora attrapa Kooritsuki et l'entraina plus loin, avant de lui donner un remède pour limiter la paralysie.
« Dépêche-toi et profites en pour la coincer ! »
Il lâcha sa camarde, mais quand il se retourna, elle était déjà là et lui planta en partie sa lame sous les cotes. Sora se renversa et éjecta la rousse avant de poser sa main sur la plaie. Sachant qu'il ne pourrait pas agir bien longtemps, il se dépêcha et encastra la jeune femme la tête la première dans le sol. Celle-ci perdit connaissance momentanément, mais quelques secondes plus tard, c'était Sora qui tomba à genoux au sol. Koori était fiévreuse et encore partiellement paralysée et bouger lui était difficile.
« Sora ! »
Ce dernier avait l'impression de bruler de l'intérieur et de ne plus pouvoir respirer. Désorienté, il ne savait plus où étaient les antidotes. Il fallait pourtant qu'il se dépêche de trouver celui dont il avait besoin avant de ne plus pouvoir respirer. La femme rousse repris connaissance avant qu'il n'y parvienne, se relevant lentement, puis s'approcha de Sora, les yeux exorbités par la rage.
Kooritsuki sentit montée d'adrénaline et rassembla ses forces pour se jeter sur elle avant qu'elle ne commette le pire à ses yeux. Même avec ses mouvements entravés, il lui restait une solution. Elle se changea en un anaconda vert, aussi connu sous le titre du plus gros serpent du monde. Elle immobilisa sa victime de toute sa longueur et l'étouffa par la force. Cette fois, elle mettrait bien plus longtemps à se réveiller.
Avant même que la blanche n'eut le temps de penser à l'état de Sora, elle le retrouva par terre, agonisant. Au vu de la seringue à terre et du flacon, il avait surement réussi à trouver l'antidote correspondant à ses symptômes mais n'avait pas eu la force de se l'administrer.
L'ancienne sous-chef se précipita tant bien que mal vers lui et reprit forme humaine.
« Sora s'il te plait tiens bon ! »
Elle attrapa le flacon et la seringue. Ses mains tremblaient au contact de celle-ci, la peur commençait à l'envahir, comme dans le laboratoire, mais celle de le perdre était encore plus grande. Elle essaya de garder la tête froide et prit le flacon où elle planta la seringue avant de trouver une veine sur le bras de Sora et de lui administrer, paniquée. Mais son état était alarmant, si bien qu'elle ne put retenir ses larmes.
« S'il te plait, je t'en supplie, il faut que tu tiennes le coup ! je t'en prie ! »
Sora peinait de plus en plus à respirer. L'antidote ne faisait pas effet assez vite, alors elle doubla la dose, même si cela ne changerait probablement rien. Elle ne pouvait pas rester là à ne rien faire.
« Qu'est-ce que je peux faire !? Qu'est-ce que je peux faire !? »
En pleurs et paniquée, elle cherchait néanmoins une idée. Soudain, quelque chose lui traversa l'esprit. Sora avait la capacité momentanée d'utiliser quelques minutes les spécificités relatives au sang qu'il boit. Elle était résistante au poison de la criminelle, peut-être que s'il s'appropriait une infime partie de cette résistance, cela laisserait le temps au remède de faire effet.
La blanche mordit sa main jusqu'au sang, et serra le poing juste au-dessus de ses lèvres.
« Allez Sora, il faut avaler ça ! Allez ! »
Mais ça lui était impossible, l'air lui manquait, et son esprit s'engouffrait peu à peu dans la brume.
« Non non non ! Réveille-toi, ne lâche rien ! Tu ne peux pas me laisser ! C'est ma faute. Qu'est ce que je dois faire ?! s'écria la blanche, désespérée. J'aurai dû t'écouter et appeler de l'aide du bureau, j'ai eu tort. Je t'en supplie, tu ne peux pas partir sans me sermonner ! »
Elle réunit ses dernières forces et ses derniers espoirs puis posa sa bouche contre la sienne, pour lui faire avaler son sang de force. Le brun perdait déjà connaissance, mais quand le peu d'air qu'il arrivait encore à respirer lui manqua, il suffoqua, tenta d'inspirer plus fort, mais avala le liquide rouge.
Le silence s'installa. Plus un son ne filtrait de sa bouche. Il ne bougeait plus. Au comble du désespoir, Kooritsuki, effondrée, cria son nom. Soudain le silence se rompit. Le jeune vampire se mis à tousser et à avaler de l'air comme après une noyade. Puis il ouvrit peu à peu les yeux, posa son regard sur le visage inondé de larmes de sa camarade, qui ne cessait d'appeler son nom.
« Tu en as mis du temps, essaya-t-il vaguement de plaisanter, malgré la faiblesse de sa voix.
- J'ai cru que tu étais mort ! dit-elle sans pouvoir arrêter ses sanglots. Je suis désolée.
- C'est bon, tout vas bien maintenant » murmura Sora pour essayer de la calmer. Mais la blanche était vraiment effondrée. A cette vison, son cœur se serra et il ne put s'empêcher de la prendre et de la serrer contre lui. Il fallut bien quelques minutes à la jeune fille pour se calmer après avoir versé toutes les larmes de son corps. Après quoi le brun desserra son étreinte et attrapa le boitier de communication.
« Cible sous contrôle, vous pouvez entrer afin de la récupérer. »
Les unités de police rappliquèrent et menottèrent avec précaution la vipère. Les combattants sortirent ensuite pour être pris en charge par les premiers secours. L'état du vampire s'était déjà grandement amélioré, grâce au sang qu'il avait reçu. Il eut juste quelques bandages au niveau de sa plaie sous les cotes, qui ne s'était pas totalement refermée. Quant à Koori, elle eut le droit à quelques petits points de suture sur la main qu'elle n'avait pas hésité à endommager pour que le sang coule.
« Tu es vraiment stupide, soupira amèrement le garçon en effleurant le bandage de sa main.
- Non... c'est probablement la seule bonne décision que j'ai prise ces trois derniers jours, répondit-elle avec regrets.
- Ne te tourmente pas s'il te plait. Tu as fait de ton mieux, et tu avais raison pour les autres. Elle était forte et j'ai été pris au dépourvu. Aucun de nous ne pouvait prévoir ça. Et finalement, c'est encore toi qui m'as sauvé. Il souffla en posant son front contre la tête de la demoiselle puis murmura, près de son oreille. La prochaine fois, c'est moi qui te sauverai. Retiens-le bien. »
Ces paroles à son oreille et son contact firent immédiatement monter le rouge aux joues de la jeune femme.
« Au fait, je ne me rappelle pas avoir bu ton sang... »
La jeune fille, en entendant ce début de phrase, se remémora quelque chose et finit cette fois écarlate. C'était bien trop de montée de chaleur et de gêne qu'elle ne pouvait en supporter sur le moment, au point d'en finir par s'évanouir.
« Hey Koori ! »
Après une nuit de repos et deux jours d evoyage, les jeunes arrivèrent enfin au quartier général avec deux mois et deux semaines d'absence à leur actif. Keita leur sauta dessus à leur retour.
« Bon sang, vous êtes dans un de ces état ! Ça devait être dingue ! »
- Complètement fou, répliqua Sora.
- Une semaine complète de congé voir une de plus s'impose je pense. Je ne m'attendais pas à ce que vous ayez autant de difficultés, ajouta Maria en regardant la main de Koori.
- Certains étaient plus coriaces que d'autres et la dernière l'était au-delà de tout ce que j'avais pu imaginer, souffla la blanche encore contrariée par la tournure des évènements.
- Il va falloir tout nous raconter ! s'exclama le plus jeune du groupe.
- Promis. Mais tout est déjà consigné dans le rapport. C'est Sora qui l'a rédigé à ma place... car j'ai eu la mauvaise idée de mordre la mauvaise main, soupira la jeune fille, se sentant idiote en tendant le dossier de la main gauche.
- Attends c'est toi qui t'es fait sa toute seule ? s'exclama le chef.
- C'est dingue, je veux savoir ! Raconte ! » rajouta Keita.
Maria sourit très amusée.
« Que diriez-vous d'en parler autour d'un bon resto. »
Elle était contente, car depuis leur pari en cours, cela faisait, au plus proche, un mois et demi qu'ils étaient partis. Et par conséquent, celui qui était le plus loin était bel et bien Keith, qui devait payer le restaurant pour tout le monde.
« Rhhaa, vraiment, je vous faisais confiance pour revenir plus tôt, maintenant j'ai perdu mon pari et c'est moi qui vais devoir payer toutes les boissons de cette poivrote. »
Les deux arrivants se regardèrent, surpris.
« Je crois que nous aussi, on aimerait bien comprendre ce qu'il s'est passé pendant ces deux mois et demi. »
Sur ces mots, ils prirent tous le chemin d'un restaurant bien choisit par la gagnante du pari, au plus grand malheur de sa proie favorite.
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