Un léger tremblement de terre me fait rapidement descendre de mon petit nuage. Une lueur émane derrière nos dos. Je fais volte-face. Une porte entourée de branches, feuillages, ronces et lianes luminescentes se tient devant nous. Will s'approche. Il la contourne. Une porte qui apparait de nulle part et qui ne mène sur rien ? Non, c'est sûrement un portail comme la crevasse dans la maison. Sinon à quoi servirait-elle ? Je viens à mon tour observer.

En caressant les lianes du bout des doigts, une épine de ronce me griffe et laisse échapper une petite goutte de sang. L'hémoglobine se met à luire rouge au contact du végétal. Un nouveau micro séisme. Deux troncs symétriquement disposés de chaque côté de la porte poussent. Les petites branches qui trônent leur bout prennent feu. Comme deux torches. Je porte mon doigt à ma bouche.

Will vient me voir après avoir fait son inspection. Il prend la poignée. Mais la porte reste statique, ce qui a le dont de l'agacer sérieusement. Lorsque j'appose ma main sur la porte, la lumière rouge qu'avait fait ma goutte de sang se met à briller de plus belle et un filet de la même couleur s'en dégage. Celui-ci trace un chemin jusqu'à s'arrêter sous mon doigt griffé.

« Comment t'as fait ça ? S'enquiert Will.

- Je me suis piquée y'a deux minutes et ça a saigné. On dirait que la porte a réagit suite à ça.

- C'est vraiment trop bizarre.

- Plus rien ne m'étonne ici. Tente pour voir.

- Tenter quoi ?

- Pique-toi avec une ronce.

- T'as des sacrées idées.

- T'as une meilleure proposition ?

- Nan.

Will pique son doigt sur la ronce qui l'avoisinait puis vient poser sa main à côté de la mienne. Rien ne se passe. Je retire ma main et essaye d'ouvrir la porte à mon tour. Le filet rouge continue sa route jusqu'à trouver la poignée, au rythme de ma main. Les charnières s'enclenchent et la porte daigne enfin révéler ses secrets.

Elle s'ouvre sur une pièce éclairée par des faisceaux étincelants verts. Des colonnes romaines entourées de lianes et ronces soutiennent un plafond bas. Ce sont les mêmes plantes qui ornent la porte. Le sol composé de larges pavés est partiellement recouvert d'une mousse luisante. Au fond de cette immense pièce siège un grand autel en marbre et aux jointures dorées, avec sur sa droite un passage simple. Nous entrons dans le temple.

- J'ai entendu quelque chose, souffle Will aux aguets.

- Ok. »

Nous nous arrêtons net. Un claquement de chaîne résonne dans la pièce et se fait de plus en plus insistant. Will sort un petit couteau suisse de sa poche. Je ne pensais pas qu'il avait ça. Mais je suis focalisée sur le passage à côté de l'autel d'où provient un grognement.

Un grognement ?!

Une patte brune puissante sort de l'ombre. Trois têtes de chiens nous regardent furieusement. Les prunelles rouges sanguinolentes sont toutes braquées sur nous. Immobiles. Cette créature qui se rapproche vivement n'a qu'un seul corps. De la fumée opaque sort de ses narines. Mes jambes tremblent : Cerbère.

Nous sommes donc aux Enfers ?

Nous courons en sens inverse. La chaîne claque car complètement tendue. Le chien mystique est furieux, il ne peut plus nous atteindre. Nous sommes à la case départ, devant la porte. Cerbère est bloqué à trois mètres du seuil du temple. Je regarde les têtes qui nous fixent d'un air mauvais. Cerbère n'est-il pas censé laissé entrer les âmes dans l'au-delà mais les empêcher d'en ressortir ? Dans ce cas, s'il ne nous laisse pas passer c'est qu'il protège forcément quelque chose. Une sortie des Enfers ? Mon cœur se remet à battre d'espoir. Je m'emballe.