8 - l'Océan
Arrivés face à la lumière, nous nous penchons : elle ressemble à un petit pompon. Étonnant. On dirait un minuscule soleil poilu. Will est lui aussi sous le charme. Je commence à desserrer ma main de son bras mais finalement la laisse. On ne sait jamais si quelque chose survient tout à coup. Ok, d'accord excuse pourrie. J'ai juste peur du noir et j'avoue que sa présence me rassure et m'apaise. Antistress. Bizarre. Moi qui ne peux pourtant pas le supporter.
Il tend sa main. La petite lumière se pose dedans. Elle est magnifique. Soudain, d'autres petites lumières apparaissent et commencent à nous encercler. De l'eau sortie de nulle part monte lentement jusqu'à nos genoux, puis au bassin jusqu'à ce que seuls mes orteils puissent frôler le sol. Tout ça devient effrayant. Will se redresse brutalement et me chuchote :
« Je le sens mal.
- Moi aussi.
- Je surveille tes arrières.
- Et moi les tiens. »
Will se met dos à moi en position défensive. Les lumières plongent dans l'eau et illuminent le monde obscur. Il s'avère qu'elles sont en réalité reliées à d'immenses tentacules. Des algues se mettent à pousser à nos pieds. De nombreux poissons aux mines affreuses ou semblables à ceux qu'on pourrait trouver dans des contes sortent d'un peu partout. Des coraux bioluminescents surgissent. Comme si toute cette vie était enfouie là depuis toujours.
Je sens alors un frisson désagréable me parcourir. Je lève la tête doucement pour prendre mon souffle avant de plonger sous l'eau. Les tentacules approchent dangereusement ma cheville droite. Je m'esquive et rentre dans Will. Ses pieds reliés entre eux par une algue tenace, le pauvre nage comme il peut. Je remonte à la surface pour reprendre un peu d'oxygène avant de l'embarquer par la main et nous échapper. Nous nageons le plus vite possible.
Plus nous parcourons l'océan, plus celui-ci s'étoffe : des oursins et des méduses colorées se développent, ainsi que toutes sortes de crustacés et coquillages. Il faut dire que ce paysage est vraiment superbe. Si je pouvais, je prendrais une photo avec mon... mon portable ! Il doit être foutu maintenant, avec toute l'eau qu'il s'est prit, génial.
Nous sommes poursuivis par des algues et des poulpes géants dans un monde inconnu et tout ce à quoi je pense c'est mon téléphone ? Je m'exaspère.
Tout à coup, nous tombons sur un sol bel et bien sec. Will délie ses pieds. Je me tourne face à l'océan. On dirait un aquarium fantastique géant. Je touche l'eau retenue par une sorte de champ de force puis m'assois en tailleur devant. C'est si beau. Will vient me rejoindre.
« Tu crois qu'on finira par sortir de cet endroit ? Je souffle épuisée.
- Je ne pense pas.
Mes yeux s'humidifient malgré moi. Une larme dévale ma joue en silence. J'aimerais ne pas être pessimiste mais je suis affamée, crevée et j'ai perdu espoir de me réveiller.
- Tu pleures ? demande Will soucieux.
- Nan. Le sel me pique encore les yeux.
Il essuie la perle salée du revers de la main.
- Je ne te juge pas tu sais.
- C'est juste que... j'en aie assez de tout ça.
- Je te comprends, moi aussi j'en peux plus.
C'est vrai qu'en ce moment, il est le mieux placé pour comprendre ce que je ressens. J'avais encore eu faux. Will n'est peut-être pas aussi idiot que ce que je pensais.
- Merci, lui dis-je finalement.
- De quoi ?
- De m'avoir accompagnée, je lui avoue.
- De rien. »
Tandis que le niveau de l'eau commence à descendre et la vie qu'elle contient s'effacer, j'adresse un sourire reconnaissant à Will. Mon regard se fixe de nouveau sur la vaste pellicule d'eau brillante qui peu à peu s'évanouit dans la pénombre. Nous sommes à nouveau dans le noir complet.
Doucement, une main fraîche se glisse sur la mienne puis vient chercher ma paume. Mon cœur tambourine à mille à l'heure. Ce voyage est de plus en plus surprenant.
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