7 - Quand la douche s'impose
Il se relève et me tend la main, sourire mesquin pendu aux lèvres. Je me lève sans prendre sa main. Qu'est ce qu'il m'énerve ! Mais c'est vrai que depuis le début de ce cauchemar, il s'est avéré être moins con que ce que je pensais. Il m'a porté secours et m'a conseillé comme un véritable ami. Mais évidemment, mon ego et ma rancune ne me permettent pas de lui faire ces compliments. Je replace mes cheveux en arrière. Je dois avoir une tête de déterrée. Je m'époussète puis m'avance dans l'obscurité oppressante. La lumière qu'offre notre passage dans le mur se dissipe peu à peu. Nous nous enfonçons dans le noir complet. Je distingue à peine mes pieds. Will brise le silence qui s'était installé :
« Ça va ?
- Comment dois-je répondre à cette question ?
- Ouais c'est vrai... On peut pas dire que ce soit la grande forme.
- On est en vie, il faut voir le positif ...
- Je n'y comprends vraiment rien. J'aurai dû rester chez moi, rit-il.
- Moi aussi ! Mais comment j'aurai pu deviner bon sang.
- Peut-être que c'est juste un cauchemar, pince-moi pour vérifier.
- Après ce qu'on a vécu je pense que tu te serais réveillé bien avant que je te pince.
- Pas tort.
- Pour une fois... je soupire.
- Comme tu l'as dit, tu n'aurais jamais pu deviner tout ça. Dis, tu pourras mettre la lampe torche de ton portable ?
- Plus de batterie...
- Je te tiens comme ça on se perd pas si l'un va dans une autre direction.
Il m'agrippe la manche. Un blanc s'installe au milieu du noir. Un clapotis, puis deux, puis une centaine d'autres se mettent à résonner de partout. Une goutte d'eau vient chatouiller le bout de mon nez. Il pleut. J'ouvre ma bouche sèche face au ciel sombre et me délecte des rares gouttes qui viennent s'y loger à l'intérieur.
- C'est notre heure de gloire !! crie Will. Il me lâche pour faire un bol avec ses mains.
Je ris de bon cœur. Enfin.
- Youhouuh ! Fis-je à mon tour.
Les gouttes sont de plus en plus nombreuses et inondent mon visage avec bonheur. Mes cheveux qui dégoulinent dans mon dos nettoient ma peau sale.
- On se fait une douche ? Je balance.
- Tous à poil !
Je m'éloigne un peu. J'éclate de rire et retire mon haut et mes chaussures, ainsi que mes socquettes. De toute façon il n'y verra rien donc c'est pas grave. Je tends les bras vers le ciel et inspire le parfum de l'air humide. L'eau ruisselle sur mon buste à moitié nu. Je m'allonge au sol et fais l'ange dans une immense flaque. Un pied me rentre dans les côtes. Will se rattrape :
- Ahouww ! Fais-je.
- Ouch !! Mais qu'est-ce que tu fabriques parterre ? Désolé de t'être rentré dedans mais je ne vois vraiment que dalle maintenant...
- T'inquiète je te crois, j'ai même du mal à distinguer le passage qu'on a creusé dans le mur.
- Il est vraiment minuscule. Mais regarde il y a autre chose qui scintille là-bas, on dirait que ça bouge.
Will m'aide à me remettre sur pied. Debout, j'en profite pour remettre rapidement mon sweat, mes chaussettes et mes Converse trempés.
- Viens on va jeter un œil, dit-il.
- On n'a que ça à faire de toute façon.
Au loin, à l'opposé du mur, une petite lumière jaune brille. J'attrape le bras de Will. Il sursaute.
- Je t'ai fais peur ?
- Haha.
- C'est toi qui as dit qu'il fallait qu'on se tienne pour ne pas se perdre. »
Nous avançons guidés par le point lumineux agité. L'eau au sol s'évapore au fur et à mesure de notre avancée. Même moi que l'on aurait pu essorer, je suis presque sèche. En même temps, l'air est extrêmement chaud, l'inverse total du néant blanc. La peau de Will brûle ma main.
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